Rochlitz, Gustav
222 rue de Rivoli
A partir de juin 1940, l'adresse est exploitée uniquement à des fins commerciales. Se retire également à cette adresse à sa sortie de prison le 10 juillet 1948.
Friedrichstrasse 1
Cité Bergère
Entreprise sous le nom de Gustav Rochlitz, mais utilise le nom de son comptable Paul Weil.
Marchand d’art d’origine allemande, Gustav Rochlitz ouvre des galeries à Berlin et à Zurich, avant de s’installer à Paris au numéro 222 de la rue de Rivoli à partir de 1936. Avec l’entrée en guerre de la France en septembre 1939, il est considéré comme un « ressortissant de puissances ennemies » et est interné. Après l’entrée des Allemands dans Paris, Rochlitz est libéré et sa nationalité allemande rétablie.
Il ouvre à nouveau sa galerie en novembre 1940 et commence à vendre largement aux marchands allemands, ainsi qu’aux institutions alsaciennes devenues allemandes, tel le musée des Beaux-Arts de Strasbourg. Ses connexions avec le marché de l’art français et européen dès avant la guerre lui auraient permis d’enquêter sur les collections juives en vue de futures réquisitions.
Rochlitz réalise le premier échange d’art « dégénéré » contre des œuvres anciennes en mars 1941. À la demande de Bruno Lohse qui agit pour le compte du Reichsmarschall Hermann Goering, il effectue une transaction dans laquelle il échange un Portrait d’homme attribué à Titien et une grande Nature morte de Jan Weenix contre onze peintures françaises des xixe et xxe siècles. Au total, il procède à dix-huit échanges artistiques avec l’ERR entre le 3 mars 1941 et le 27 novembre 1942, au cours desquels il reçoit quatre-vingt-deux tableaux confisqués contre environ trente-cinq tableaux.
Il peut ainsi multiplier ses transactions sur le marché de l’art français, avec de nombreux courtiers, confrères marchands et galeries d’art, parmi lesquels Alfred Klein, Ignacy Rosner, Philippe Lucien Adrion, Pierre Landry, Mlle Levy, Jean-Paul Duthey, Paul Cailleux, Yves Perdoux, Paul Pétridès, Raphaël Gérard, Hildebrandt Gurlitt.
Dès 1941, Rochlitz obtient un laissez-passer du Reichsmarschall, l’autorisant à des déplacements interzones illimités. Il aurait ainsi fait près de dix voyages entre Paris et la Côte d’Azur de 1941 à 1943, où il achète notamment des œuvres à Thierry, marchand d’art actif à Paris et à Nice.
À la Libération, après avoir pris soin d’envoyer en Suisse toutes les œuvres se trouvant encore à son domicile, il quitte Paris le 20 août 1944 pour rejoindre sa femme et sa fille à Hohenschwangau, localité à la frontière austro-bavaroise dont le château est utilisé comme dépôt par l’ERR.
La plupart de ses acquisitions se trouvent alors en Allemagne. La multiplicité de ces dépôts illustre la manière dont Rochlitz a distribué, puis redistribué en Allemagne les œuvres acquises en France grâce à un réseau d’agents sur place, pour la plupart encore peu connus. L’éparpillement de sa collection entre différents lieux lui permet sans doute après la guerre de brouiller les pistes et de cacher l’existence de certains dépôts.
Rochlitz est arrêté le 13 décembre 1945 à Hohenschwangau. Tandis qu’il est incarcéré en Allemagne, il fait l’objet de trois décisions du Comité de confiscation des profits illicites de la Seine, qui ordonne le séquestre général de ses biens et plusieurs confiscations financières assorties d’amendes, chacune fixées au montant maximum prévu par la loi.
Il est également condamné le 28 mars 1947 par la Cour de justice de la Seine à trois ans de prison, une amende et à la confiscation générale de ses biens pour collaboration économique. Pour raisons médicales, il quitte finalement la prison de Fresnes le 10 juillet 1948. Par décret du 22 novembre 1950, le Président de la République lui accorde la remise de l’amende, de l’indignité nationale et de la confiscation générale de ses biens.
Il entreprend ensuite des démarches pour récupérer ses biens, n’obtient pas la révision des décisions du Comité de confiscation des profits illicites et poursuit son activité de marchand d’art à Füssen et Cologne jusqu’à son décès en 1972, à 83 ans.
Rochlitz a vendu au moins 8 tableaux à Marie Almas-Dietrich entre janvier 1941 et décembre 1943. Référence d'archive : NARA OSS ALIU DIR 4 p. 4.
Maria Almas-Dietrich - Gustav Rochlitz - Bernhard Boehmer
Paul Cailleux - Gustav Rochlitz
p. 115-117, 132, 134, 156, 163f., 181, 192, 220.
p. 385, 225f., 545, 559.
p. 190, 194.
Ardelia Hall Collection : Munich Administrative Records, Restitution Research Records, Rochlitz Gustav : Detailed Interrogation Report (DIR) No. 4, p. 13.
WWII OSS Art Looting Investigation Reports, Final Report, p. 72.
Roberts Commission, Subject File, CIR # 2 - The Goering Collection, p. 58, 68, 74, 78.