Boehmer, Bernhard Aloysius

Né à Ahlen, Bernhard Böehmer fait ses études à l’École des Arts Décoratifs de Bielefeld afin de devenir sculpteur. Il y rencontre sa femme, avec qui il s’installe à Güstrow au milieu des années 1920. Le couple y fait la rencontre du sculpteur de renommée internationale Ernst Barlach (1870-1938), avec lequel il se lie d’amitié. Boehmer en devient l’assistant, puis le marchand après la mort de Paul Cassirer (1871-1926). En 1937, près de 600 œuvres de Barlach sont considérées comme « dégénérées » par le régime nazi. Boehmer obtient cependant l’autorisation du ministre de l’Éducation du peuple et de la Propagande du Reich Goebbels de faire le commerce de ces œuvres et s’arrange pour récupérer et revendre les sculptures de son ami. Se spécialisant progressivement dans la vente d'œuvres dites dégénérées, il ouvre une succursale dans la Tiergartenstraße de Berlin. L’action du marchand ayant permis à de nombreuses œuvres d’échapper à la destruction, sa réputation oscille entre celle de profiteur peu scrupuleux et de sauveur de l’art dit dégénéré. Le rôle de Boehmer sur le marché de l’art sous l’Occupation reste cependant encore assez mystérieux. 

Bien installé sur le marché de l’art allemand, Boehmer vend des œuvres pour le musée que le Führer prévoit d’ouvrir à Linz. Il est également en relation avec Walter Andreas Hofer chargé d’acquérir des œuvres pour Göring, et a sans doute travaillé avec d’autres intermédiaires. Malgré sa solide réputation de marchand et l’obligation faite à ces derniers de s’y enregistrer, Boehmer n’était pas membre de la Reichskammer der bildenden Künste [Chambre des Beaux-Arts du Reich]. 

Les enquêteurs américains le décrivent comme un acheteur actif pour le compte de Goebbels en Hollande et à Paris, où il aurait été client de Paul Pétridès et Lucien Adrion. Il aurait également été impliqué dans la vente d’une œuvre de Degas avec Hans Wendland et Theodor Fischer. Bernhard Böhmer met fin à ses jours à Güstrow en mai 1945, à l’approche de l’armée rouge, ne laissant derrière lui aucun document d’archives.

National Archives Microfilm Publications, M 1782, Record Group 239,

OSS ALIU Final Report, 01.05.1946, p. 22

Roberts Commission, Card File on Art-Looting Suspects in France, p. 112.