Pelliot, Paul
26 rue du Roi-de-Sicile
Hôtel particulier d’Augustine Renault (rue Renault)
Société Henri Deiss, 28 place des Vosges
69 Grande Rue
17 rue Jeanne d’Arc
4 rue Brunel
52 boulevard Edgar Quinet
38 rue de Varenne
Musée d’Ennery, 59 avenue Foch
Appartement de fonction
professeur et titulaire de la chaire des langues, histoire et archéologie de l'Asie centrale
directeur de la revue T’oung Pao
Institut des hautes études chinoises
membre du conseil d’administration de l'Institut des hautes études chinoises
président du comité de rédaction
À l'époque, École des Langues orientales vivantes
Institut des hautes études chinoises
comité-conseil du musée Guimet
Paul Pelliot, une carrière de collecteur au service de la France
Jeunesse et formation
Né le 28 mai 1878 à Paris, Paul Eugène Pelliot est le quatrième enfant de Marie Renault (1848-1923) et Charles Théodore Pelliot (1847-1930), industriel chimiste. Il grandit avec ses six frères et sœurs à Saint-Mandé (Val-de-Marne) puis fait une partie de sa scolarité au Collège Stanislas à Paris. Bachelier ès lettres envisageant une carrière dans la diplomatie, il étudie dans la capitale à la Faculté des lettres, à l’École des Sciences politiques ainsi qu’au Collège de France. Il commence à développer ses compétences linguistiques à l’École pratique des Hautes Études (sanscrit et chinois classique en auditeur libre) et à l’École nationale des langues orientales vivantes (chinois). Il est licencié ès lettres et diplômé en sciences politiques en 1897 puis obtient son diplôme de chinois en 1898. Doté très jeune d’une capacité d’apprentissage hors norme, le jeune Pelliot attire l’attention de ses professeurs, dont la plupart sont des personnalités reconnues, comme les professeurs en langues orientales Arnold Vissière (1858-1930) et Maurice Courant (1865-1935) ; le sinologue Édouard Chavannes (1865-1918) ; les indianistes Sylvain Lévi (1863-1935) et Émile Sénart (1847-1928). Tous reconnaissent le talent de leur étudiant et l’encouragent à s’orienter vers la recherche. L’opportunité de mettre en pratique ses connaissances linguistiques et culturelles rapidement accumulées se présente en 1899 lorsqu’il est nommé pensionnaire de la Mission archéologique d’Indochine qui devient l’École française d’Extrême-Orient (EFEO) l’année suivante. À seulement 21 ans, Paul Pelliot s’engage dans la première grande mission de sa carrière durant laquelle il élabore une méthode d’action érudite qui lui permet de prouver sa valeur, de mettre à l’épreuve ses capacités et de procéder à ses premières collectes.
Débuts à l’EFEO
Membre de l’EFEO de 1899 à 1911, Paul Pelliot n’a directement travaillé pour l’École qu’environ cinq ans (Goudineau Y., 2013, p. 21). Il a cependant mis à profit ses séjours en Indochine et a durablement marqué l’étude des sources chinoises pour la géographie historique de l’Asie du Sud-Est (Bourdonneau E. et Manguin P.-Y., 2013, p. 29), avec des articles de référence publiés dans le Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient comme « Mémoires sur les coutumes du Cambodge, par Tchéou Ta Kouan » (1902), « Le Fou-nan » (1903), « Deux itinéraires de Chine en Inde à la fin du VIIIe siècle » (1904). Il publie également en 1904 une « Première étude sur les sources annamites de l’histoire d’Annam ». Ces productions démontrent son investissement au service de l’École mais aussi les bénéfices d’une approche sinologique des sources historiques locales. Pelliot répond ainsi parfaitement aux attentes placées dans son recrutement, dans la continuité de ses succès précédents en Chine. En effet, entre 1900 et 1902, Il y effectue trois missions de plus de six mois chacune durant lesquelles il réalise des collectes majeures d’ouvrages et de collections pour le compte de l’EFEO. Grâce à Pelliot, environ 10000 fascicules viennent enrichir la bibliothèque de la jeune institution qui détient dès lors un des fonds les plus importants d’Europe (Goudineau Y., 2013, p. 22-23). Véritable tour de force, le résultat de la collecte est décisif pour la sinologie française qui souffrait jusqu’alors d’un déficit en ressources documentaires. Ce succès est lié à la capacité d’action et aux choix judicieux du chercheur, en relation avec ses professeurs qui l’orientent et le conseillent comme le prouve une lettre de Sylvain Lévi du 5 mai 1900 (archives Pelliot, musée Guimet, Pel C1a). Pelliot rapporte également de sa première mission à Pékin 150 peintures chinoises (aujourd’hui conservées au musée Guimet) ainsi qu’une collection de statuettes bouddhiques tibétaines (aujourd’hui conservées à l’EFEO, Paris). À cette collecte prodigieuse s’ajoutent les faits d’armes : plus jeune volontaire ayant participé à la défense des légations lors de la révolte des Boxers (Darcy E., 1901, p. 830), Paul Pelliot est fait chevalier de la Légion d’honneur pour sa bravoure.
La mission en Asie centrale
Le 2 août 1905, Pelliot se voit confier la direction d’une importante mission scientifique en Asie centrale dont les objectifs sont multiples, scientifiques et géopolitiques, en raison du Grand Jeu qui prend place dans cette région hautement stratégique et encore peu explorée au début du XXe siècle. Au grand dam de Pelliot qui a l’impression que les meilleures places sont déjà prises (Trombert É., 2013, p. 49), la France rejoint tardivement les forces déjà en présence. En effet, des découvertes majeures réalisées à partir de la fin des années 1880 ont révélé le potentiel considérable des recherches à mener sur ce territoire où le bouddhisme s’est épanoui durant tout le 1er millénaire de notre ère. Une attention particulière est accordée aux textes anciens inédits qui y circulent et peuvent apparaître lors de fouilles archéologiques. Bien que tardive, la mission française se voit attribuer des moyens conséquents, preuve de l’ambition du projet, grâce au soutien de l’Académie des inscriptions et belles-lettres et, dans une moindre mesure, de la Société de géographie commerciale de Paris et de particuliers, coordonnés par le Comité de l’Asie française. Durant ce périple de 27 mois (départ de Paris le 15 juin 1906 ; arrivée à Pékin le 4 octobre 1908), Paul Pelliot est accompagné par Louis Vaillant et Charles Nouette. Le premier est médecin-major de l’armée coloniale et prend en charge les travaux de cartographie, d’astronomie et d’histoire naturelle, tandis que le second est photographe professionnel. Pelliot a consigné le déroulement de l’expédition dans ses carnets de route conservés aujourd’hui au musée Guimet (Ghesquière J. et Macouin F., 2008, 488 p.).
Si la mission est couronnée de succès, c’est surtout en raison de la collecte réalisée à Dunhuang en 1908. Sans celle-ci, l’expédition n’aurait sans doute pas été considérée comme aussi extraordinaire. Il convient de préciser qu’elle s’est faite dans des conditions difficiles en raison de la concurrence et de l’absence de coordination avec les autres équipes sur place, menées par Aurel Stein pour l’empire britannique, par Albert von Le Coq et Albert Grünwedel pour l’Allemagne, par Mihail et Nikolaj Berezovskij pour la Russie. Souhaitant éviter de passer après eux pour augmenter les chances de découvertes inédites, Paul Pelliot est confronté à de nombreuses hésitations dans l’orientation de sa mission. Une autre difficulté, qui sera cependant écartée grâce au talent du jeune français, est son inexpérience dans le domaine archéologique : plusieurs prospections et ses premières fouilles à Ördeklik du 21 au 25 octobre 1906 s’avèrent peu concluantes. Il découvre dans la foulée, le 29 octobre 1906, un important site bouddhique aux abords de Toumchouq, et fera plusieurs fouilles fructueuses par la suite, dont le matériel est en partie exposé aujourd’hui au musée Guimet. Il est à noter que Pelliot fait preuve d’une maturité intellectuelle rare en privilégiant des fouilles visant la compréhension de l’intégralité d’un site plutôt que l’excavation superficielle focalisée sur les « objets de musée ». Très en avance sur son temps, cette démarche explique un « rendement » archéologique moins important que d’autres.
Paradoxalement, Paul Pelliot n’est pas le premier arrivé sur le site de sa découverte la plus déterminante. Aurel Stein a la primeur de l’exploration de la cache de Mogao lors de son séjour à Dunhuang du 21 mai au 13 juin 1907, soit 10 mois avant le français qui y arrive le 25 février 1908. La collecte de l’anglais est conséquente puisqu’il quitte le site avec 29 caisses remplies de manuscrits et de peintures. S’il est sans doute un meilleur archéologue, Stein n’a cependant pas les compétences littéraires et linguistiques d’un Pelliot dont les études et les expériences précédentes semblent l’avoir prédestiné à l’exploitation optimale de la découverte. Du 3 au 25 mars 1908, le français examine les nombreux documents datant du Ve au début du XIe siècle encore conservés dans la grotte. Il en sélectionne plusieurs milliers - des manuscrits (dont la majeure partie est en chinois et en tibétain) et des peintures - qu’il achète 500 taels au moine taoïste Wang Yuanlu, gardien officieux du site et inventeur de la grotte vers 1900. L'ensemble est aujourd’hui réparti dans les collections du musée Guimet et de la Bibliothèque nationale de France. Une erreur méthodologique dans l’étude du contenu de la grotte est cependant malheureuse : Pelliot n’a pas réalisé d’observations sur les critères de rangement des documents in situ qui auraient pu renseigner la nature de la cache (Trombert É., 2013, p. 66). Il quitte Dunhuang le 8 juin 1908 et continue son voyage vers Pékin où il arrive le 4 octobre. Notons un séjour à Xi’an du 23 août au 19 septembre 1908 durant lequel il procède à l’acquisition de nombreuses antiquités, actuellement au musée Guimet, et fait lever plusieurs milliers de feuilles d’estampages, conservées à la BnF.
La mission est un succès total qui établit définitivement la réputation de Paul Pelliot tant en Occident qu’en Extrême-Orient. Même si sa collecte est a posteriori marquée du sceau de l’infamie en Chine et que l’on peut considérer regrettable qu’un tel patrimoine ait quitté son pays d’origine, il est important de rappeler que l’explorateur français a entretenu de bonnes relations avec les autorités et les intellectuels chinois durant sa mission (laisser-passer, guides, échanges épistolaires, conseils et prêts de documents). Sa maîtrise de la langue et son érudition lui ont valu une plus grande bienveillance des fonctionnaires locaux que n’en ont bénéficié d’autres explorateurs occidentaux (Rong X. et Wang N., 2013, p. 86). Il reçoit même en cadeau des manuscrits de Dunhuang avant d’accéder au site (Rong X. et Wang N., 2013, p. 98-101). C’est dans cette même logique de coopération qu’à l’automne 1909 Pelliot présente à des savants chinois quatre documents collectés, déclenchant chez eux une prise de conscience de l’importance de cet ensemble de manuscrits. Au même titre que la première mention en 1903 de l’intérêt de la cache de Mogao par Ye Changchi (1849-1917), cette présentation est à n’en pas douter un des événements fondateurs de la « Dunhuangologie ».
L’après-collecte
Paul Pelliot est de retour à Paris le 24 octobre 1909. Son retour est triomphal même si sa découverte à Dunhuang subit de 1910 à 1914 une campagne de diffamation d’envergure remettant en question l’authenticité des documents. La consécration arrive néanmoins rapidement car il devient professeur au Collège de France en 1911, à seulement 33 ans, et occupe la chaire de langues, histoire et archéologie de l’Asie centrale. La suite de son parcours est marquée par deux conflits mondiaux et ses nombreuses occupations dans l’enseignement, la publication scientifique (BEFEO, T’oung Pao, Revue des arts asiatiques), les instances de la recherche (Académie des inscriptions et belles-lettres, Société asiatique, Institut des hautes études chinoises). S’il a produit un nombre considérable de publications, il n’a pas publié d’ouvrage de synthèse. De la même manière, s’il s’est toujours intéressé aux fonds qu’il a collectés en Chine, il ne les a pas exploités de manière approfondie.
Paul Pelliot a mené pendant dix ans une véritable quête heuristique dont l’objectif était de placer la France au premier rang des nations dans le domaine des études asiatiques. Collecter pour la science lui a permis d’accéder à des sources primaires alimentant ses propres réflexions et de progresser rapidement au sein des réseaux intellectuels. Sa sensibilité pour les textes et ses capacités linguistiques hors normes ont été décisives dans son travail et lui ont permis de réaliser des collectes bibliographiques majeures. Ses missions l’ont également amené à faire l’acquisition de pièces archéologiques et d’œuvres d’art. La nature double et complémentaire de ses collectes fait de lui une personnalité importante à la fois dans le monde des bibliothèques et dans celui des musées.
Article rédigé par Adrien Bossard
Paul Pelliot, a career as a collector in the service of France
Youth and training
Paul Eugène Pelliot was born on 28 May 1878 in Paris as the fourth child of Marie Renault (1848-1923) and Charles Théodore Pelliot (1847-1930) who was an industrial chemist. He grew up with six siblings in Saint-Mandé (Val-de-Marne) and completed part of his education at the Collège Stanislas in Paris. As he considered pursuing a career in diplomacy, he studied in the capital at the Faculté des lettres, the École des Sciences politiques and the Collège de France. He began to develop his linguistic abilities at the École pratique des Hautes Études (Sanskrit and classical Chinese as an auditor) and at the École nationale des langues orientales vivantes (Chinese). He obtained a degree in the literature and a diploma in political science in 1897 and then received a diploma in Chinese in 1898. With his talent for learning at an early age, the young Pelliot caught the attention of many of his professors, most of who are well known, such as the professors of Oriental languages Arnold Vissière (1858-1930) and Maurice Courant (1865-1935); the sinologist Édouard Chavannes (1865-1918); the indianists India Sylvain Lévi (1863-1935) and Émile Sénart (1847-1928). They all recognised the talent of their student and encouraged him to orient himself toward research. In 1899, an opportunity to apply the linguistic and cultural knowledge that he had acquired so quickly presented itself when he was appointed boarder at the Mission archéologique d'Indochine, which became the École française d'Extrême-Orient (EFEO) the following year. At only 21 years of age, Paul Pelliot became involved in the first major mission of his career. During this mission, he developed a method of scholarly action that allowed him to prove his value, to test his abilities and to collect books and pieces of art.
Early days at the EFEO
As a member of the EFEO from 1899 to 1911, Paul Pelliot only worked directly for the school for about five years (Goudineau Y., 2013, p. 21). Despite this, he took advantage of his stays in Indochina and significantly contributed to the study of Chinese sources for the geographical history of Southeast Asia (Bourdonneau E. et Manguin P.-Y., 2013, p. 29) with reference articles published in the Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, such as "Mémoires sur les coutumes du Cambodge, par Tchéou Ta Kouan" (1902), "Le Fou-nan" (1903), "Deux itinéraires de Chine en Inde à la fin du VIIIe siècle" (1904). In 1904, he also published a "Première étude sur les sources annamites de l'histoire d'Annam". These productions demonstrated his investment in the service of the École as well as the benefits of a sinological approach to local historical sources. Building on his previous successes in China, Pelliot thus perfectly responded to the expectations that had been enumerated during his recruitment. Between 1900 and 1902, he carried out three missions, each lasting over six months, during which he collected printed documents on behalf of the EFEO. Thanks to Pelliot, around 10000 booklets came to enrich the young institution’s library that became thus one of the largest collections in Europe (Goudineau Y., 2013, p. 22-23). The result of this collection was decisive for French sinology, which, until then, had suffered from a lack of documentary resources. This success is tied to the researcher’s ability to take action and to the judicious choices that he made with the guidance and advice of his professors, as evidenced by a letter from Sylvain Lévi dated 5 May 1900 (archives Pelliot, musée Guimet, Pel C1a). Pelliot also brought back 150 Chinese paintings from his first mission to Beijing (today conserved at the musée Guimet) as well as a collection of Tibetan Buddhist statues (today conserved at the EFEO in Paris). In addition to this prodigious collection, Paul Pelliot's achievements include being the youngest volunteer to participate in the defence of the legations during the Boxer Rebellion (Darcy E., 1901, p. 830) and being made a knight of the Legion of Honour for his bravery.
The mission to Central Asia
On 2 August 1905, Pelliot was entrusted with the direction of an important scientific mission to Central Asia, which had multiple objectives, both scientific and geopolitical due to the Great Game that took place in this highly strategic and still little explored region at the beginning of the 20th century. To the great dismay of Pelliot who was under the impression that the best places had already been taken (Trombert É., 2013, p. 49), France belatedly joined the forces that were already present. The major discoveries that were achieved beginning at the end of the 1880s revealed the significant potential for research to be conducted in this territory where Bhuddism flourished throughout the first millenium AD. Particular attention was paid to the unknowned ancient texts that circulated there and that could appear during archaeological excavations. Despite their delay, the French mission was given substantial resources, proof of the project's ambition, thanks to the support of the Académie des inscriptions et belles-lettres and, to a lesser extent, the Société de géographie commerciale de Paris and individuals who were coordinated by the Comité de l'Asie française. Louis Vaillant and Charles Nouette accompanied Paul Pelliot throughout this 27-month-long journey (departure from Paris on 15 June 1906; arrival in Beijing on 4 October 1908). The first was a medical offcier in the colonial army and took charge of the work of cartography, astronomy and natural history. The second in a professional photographer. Pelliot recorded the course of the expedition in his travel diaries kept today at the Musée Guimet (Ghesquière J. et Macouin F., 2008, 488 p.).
The mission’s success can be attributed to the collection that was made in Dunhuang in 1908. Without this collection, the expedition would not have been considered so extraordinary. It should be noted that this mission took place under difficult conditions due to competition and the lack of coordination with other teams on site that were led by Aurel Stein for the British Empire, by Albert von Le Coq and Albert Grünwedel for Germany, by Mihail and Nikolaj Berezovskij for Russia. Paul Pelliot confronted many hesitations in the direction of his mission because he wanted to avoid arriving after the other teams in order to increase the chance of new discoveries. Another challenge was his inexperience in the field of archaeology: several surveys and his first excavations at Ördeklik from 21 to 25 October 1906 proved inconclusive. Luckily, the talent of young Frenchmen eventually resolved this issue. On 29 October 1906, he discovered an important Buddhist site on the outskirts of Toumchouq and completed several other successful excavations thereafter. Today, part of the discovered material is exhibited at the Musée Guimet. It should be noted that Pelliot demonstrated a rare intellectual maturity by favouring excavations aimed at understanding the entirety of a site rather than superficial excavations focused on "museum objects”. This approach, which was ahead of its time, explains the lower archaeological “yield”.
Paradoxically, Paul Pelliot was not the first to arrive on the site of his most important discovery. Aurel Stein was the first to explore the Mogao cache during his stay in Dunhuang from 21 May to 13 June 1907, which took place 10 months before the French arrived on 25 February 1908. The English explorer's collection was substantial as it left the site with 29 cases full of manuscripts and paintings. Although he was most definitely a better archaeologist, Stein did not have the same literary and linguistic abilities as Pelliot, whose studies and previous experiences had seemed to predestine him to make the most of the discovery. From 3 - 25 March 1908, the French examined the numerous documents that dated from the fifth to the beginning of the eleventh century and were still preserved in the cave. He selected several thousand of them – manuscripts (the majority of which were in Chinese and Tibetan) and paintings - which he bought for 500 taels from the Taoist monk, Wang Yuanlu, who was the unofficial guardian of the site and invented the cave around 1900. The set is now distributed in the collection of the musée Guimet and the Bibliothèque nationale de France. An unfortunate error, however, was made: Pelliot did not make any observations on the criteria for storing documents in situ that could have informed the nature of the cache (Trombert É., 2013, p. 66). He left Dunhuang on 8 June 1908 and continued his journey to Beijing where he arrived on 4 October. He stayes in Xi’an from 23 August to 19 September 1908, during where he acquired numerous antiques, which are currently kept at the musée Guimet. He also had thousands of stampings made. They can be found at the BnF.
The mission was a complete success that definitively established Pelliot’s reputation both in the West and in the Far East. The collection has a posteriori been branded with a seal of infamy in China, and it is truly regrettable that such heritage has left its country of origin; however, it is important to remember that the French explorer had maintained good relations with Chinese authorities and intellectuals during his mission (passes, guides, letter exchanges, advices and document loans). His mastery of the language as well as his scholarship earned him a deep benevolence from local officials, a benefit that other Western explorers did not experience (Rong X. et Wang N., 2013, p. 86). He even received a gift of manuscripts from Dunhuang before accessing the site (Rong X. et Wang N., 2013, p. 98-101). In the same spirit of cooperation, Pelliot presented four of the collected documents to Chinese scholars in autumn of 1909. This event triggered an awareness of the importance of this collection of manuscripts. Like the first mention of the interest in the Mogao cache in 1903 that was written by Ye Changchi (1849-1917), this presentation is undoubtedly one of the founding events of "Dunhuangology".
After the Collection
Paul Pelliot returned to Paris on 24 October 1909. Even though his discovery in Dunhuang underwent a significant defamation campaign that questioned the authenticity of the documents, his return to France was a triumph. His consecration, however, came quickly since he was appointed professor at the Collège de France in 1911. He was only 33 years old and occupied the department chair of languages, history and archaeology of Central Asia. The rest of his career was marked by two world conflicts and his many occupations in teaching, scientific publication (BEFEO, T’oung Pao, Revue des arts asiatiques), and research communities (Académie des inscriptions et belles-lettres, Société asiatique, Institut des hautes études chinoises). While he produced a considerable number of publications, he never published any synthesis work. Similarly, he was always interested in the materials that he collected in China, but he never explored them in depth.
Paul Pelliot had been conducting a genuine heuristic quest for 10 years whose objective was to elevate France to the top nation in the field of Asian studies. His role as a collector for Science enabled him to access primary sources that fed his thinking and helped him to progress rapidly within intellectual networks. His sensibility for texts and his superior linguistic capacities were decisive in his work and allowed him to assemble major bibliographic collections. His missions also led him to acquire archaeological pieces and works of art. The dual and complementary nature of his collections made him an important figure both in the library and museum worlds.
Article by Adrien Bossard (translated by Adelaide Madary)
membre de l'École française d'Extrême-Orient
trois missions de collecte pour l’EFEO
mission Pelliot en Asie centrale
[Objets collectionnés] manuscrit, imprimé
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
Le résultat des collectes de Paul Pelliot
Le fonds Pelliot au département des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France (BnF)
Les documents rapportés par Paul Pelliot ont été attribués à la BnF le 24 novembre 1909 et leur enregistrement officiel a eu lieu le 26 avril 1910 (Monnet N., 2013, p. 143 et 153). L’ensemble le plus précieux est composé de plusieurs milliers de manuscrits datés du Ve au début du XIe siècle et de quelques imprimés antérieurs à 1035, en chinois, tibétain, koutchéen, sanscrit, ouïgour, sogdien ou khotanais, mais aussi de fragments d’imprimés en xixia, en mongol et en tibétain (Berthier A., 2000, p. 93). Il s’agit de copies de textes déjà connus mais antérieures aux éditions imprimées, mais aussi de textes retrouvés ou inédits, issus notamment de la littérature populaire. On trouve également des documents d’archives officiels, monastiques ou personnels. Il s’agit d’un véritable fonds archivistique, unique en dehors de la Chine. Le corpus a été réparti dans plusieurs fonds spécifiques par langue. Il est à noter que les textes bilingues ont été cotés dans le fonds correspondant à la langue « la plus commune », c’est-à-dire le chinois, tandis que le seul texte en hébreu a intégré le fonds hébreu (Berthier A., 2000, p. 93). L’organisation des fonds s’est affinée au fil des identifications et des déchiffrements : un travail de longue haleine, toujours en cours, réalisé par plusieurs générations de chercheurs.
Le fonds Pelliot chinois correspond à 4039 manuscrits en chinois provenant de Dunhuang (Pelliot chinois 2001-6040). Le fonds Pelliot chinois Douldour-âqour compte 157 feuillets et 49 fragments découverts lors des fouilles d’un ensemble monastique ; quelques exemplaires viennent du site voisin de Hiçar. Le fonds Pelliot khotanais comprend 10 manuscrits, mais environ 70 documents dans cette langue sont présents dans les fonds Pelliot chinois et tibétain. Le fonds Pelliot koutchéen réunit 2000 documents, dont plus des deux tiers sont des fragments. Le fonds Pelliot ouïgour conserve une vingtaine de documents dont 14 de la cache de Mogao (11 autres sont dans le fonds Pelliot chinois) et un certain nombre de textes identifiés a posteriori dans les autres fonds. 363 documents en ouïgour provenant de la grotte 181 constituent par ailleurs le fonds Pelliot ouïgour grotte 181 (sachant que cette grotte porte aujourd’hui le numéro 465). Le fonds Pelliot sanscrit comporte 4000 fragments dont seulement 1000 à 1500 sont exploitables. Ils proviennent des fouilles réalisées à Douldour-âqour et à Soubachi, mais aussi de la cache de Mogao. Le fonds Pelliot sogdien réunit 30 numéros correspondant à des rouleaux, des feuillets et des fragments. Le fonds Pelliot tibétain comprend 2216 numéros auxquels s’ajoutent 254 manuscrits bilingues et trilingues. L’ensemble a été prélevé à Dunhuang. Il en est de même pour le fonds Pelliot xixia : en dehors d’une planchette trouvée dans une grotte à Shuangdunzi, les 213 pièces (en majorité des imprimés) sont issues des grottes 181 et 182 (numéros actuels 465 et 464). Un fonds est dédié aux documents provenant de la grotte 181. Il existe enfin un fonds Pelliot divers correspondant à un reliquat en attente de traitement (Berthier A., 2000, p. 94-110).
Une autre collecte de Paul Pelliot constitue aujourd’hui le fonds Pelliot A-B. Concernant une période allant du Xe au XIXe siècle, celui-ci compte plus de 30000 fascicules imprimés (textes de référence, monographies locales, congshu (anthologies), etc.) et quelques manuscrits, albums, estampages et inscriptions oraculaires sur os (28 fragments). Cet ensemble a été en grande partie acheté en Chine en 1908, et son impact sur le fonds chinois de la Bibliothèque est considérable puisqu’il a permis de doubler la collection alors existante mais aussi de la compléter, les choix de Pelliot ayant été faits dans ce sens (Pelliot P., 1913, p. 699). Le fonds Pelliot A contient 329 cotes et le Pelliot B, 1745 (soit 2074 titres en 5288 volumes reliés).
La BnF conserve par ailleurs une collection d’estampages comptant 2000 références dont la majeure partie a été levée dans la Forêt de stèles à Xi’an. Cet ensemble est entré à la Bibliothèque en 1910 (Berthier A., 2000, p. 116). Après le décès du chercheur en 1945, la BnF a acheté dans les années 1950 des exemplaires personnels, annotés par Pelliot, de la revue T’oung Pao qu’il a dirigée pendant vingt ans (Monnet N., 2013, p. 142-143).
La collection Pelliot au musée Guimet
Le fruit de la collecte archéologique et artistique de Paul Pelliot se trouve au musée Guimet depuis 1945. La collection était auparavant conservée et en partie présentée depuis 1910 au Louvre, avec une salle dédiée portant le nom du donateur, inaugurée le 12 mars 1910 (Renou, 1950, p. 135). Il existe un témoignage très intéressant sur cette salle dans les archives Pelliot du musée Guimet : un ensemble de fiches cartonnées présente la répartition de quelque 287 œuvres rapportées d’Asie centrale dans 9 vitrines (archives Pelliot, musée Guimet, Pel. Mi 80). Un lien s’établit néanmoins avant 1945 avec le musée Guimet. En effet, 15 peintures de Dunhuang y sont déposées à la demande de Pelliot dès 1913. En 1922, 40 peintures, en réserve au Louvre, les rejoignent, de même que l’ensemble de peintures chinoises collecté à Pékin en 1900, déposé par l’EFEO au Louvre en avril 1904 (Gyss-Vermande C., 1993, p. 75). Paul Pelliot est par ailleurs soutenu par le musée Guimet qui met à sa disposition l’appartement du musée d’Ennery (Jarrige J.-F., 2013, p. 549), dont il devient le conservateur (Thote A., 2020, p. 147-160), au début des années 1930.
La collection Pelliot est un ensemble volumineux (plus de 1400 numéros à l’inventaire) et complexe, mêlant arts graphiques et textiles, matériel archéologique, éléments architecturaux. Elle est distribuée dans plusieurs fonds du musée en fonction de la nature et/ou de l’origine géographique des pièces (peintures chinoises, archéologie chinoise, Chine bouddhique). Le corpus collecté le plus tôt correspond à 150 peintures achetées lors de la première mission de Pelliot à Pékin en 1900. Il réunit des œuvres essentiellement liturgiques ou religieuses auxquelles s’ajoutent 15 peintures diverses (paysages, fleurs, oiseaux, etc.) (Gyss-Vermande C., 1988, p. 106). On y trouve deux ensembles liturgiques illustrant le panthéon du « Jeûne de l’eau et de la terre » (Shuilu zhai) : le premier (série A) comporte 33 peintures datées de 1454, tandis que le second (série B) en présente 74 datant vraisemblablement du XIXe siècle (Gyss-Vermande C., 1991, p. 96).
Le reste de la collection résulte de la mission Pelliot (1906-1908). L’ensemble le plus important (environ 400 numéros, mais 250 pièces significatives, le reste étant à l’état fragmentaire) provient des grottes de Mogao (Dunghuang), majoritairement de la cache. S’inscrivant dans une période allant de la dynastie Tang (618-907) à celle des Song du Nord (960-1127), il est constitué principalement de peintures sur soie et sur chanvre (les peintures sur papier sont conservées à la BnF), de fragments de peintures et de textiles, mais aussi d’une vingtaine de sculptures, surtout en bois. Notons la présence de 951 caractères mobiles ouïgours découverts dans la grotte 181 (numéro actuel 465) où se trouvaient les documents en ouïgour conservés à la BnF. Le musée Guimet conserve par ailleurs plusieurs ensembles correspondant aux fouilles fructueuses de sites bouddhiques réalisées par Pelliot à Toumchouq (30 octobre – 12 décembre 1906), à Douldour-âqur (17 avril – 4 juin 1907) et à Soubachi (11 juin – 24 juillet 1907). Le matériel date d’une période allant du IVe au VIIIe siècle, et comprend de nombreuses sculptures ou fragments de sculptures en terre séchée ainsi que des fragments de peintures sur torchis, mais aussi des pièces ou fragments de pièces en terre cuite, en bois, en métal, etc. Par ailleurs, plusieurs ensembles beaucoup moins volumineux correspondent à d’autres fouilles ayant révélé moins de matériel comme à Qoumtoura (16 mars – 22 mai 1907), ou à des prospections comme celles réalisées à Khan-oï (septembre 1906). Les provenances sont révélatrices de l’activité archéologique de Pelliot à partir de son arrivée à Kachgar le 29 août 1906, qui s’est intensifiée lors de son long séjour dans la région de Koutcha en 1907. Notons qu’un trésor monétaire (MG 24490), dit « de Tadjik », réunissant à l’origine 1300 sapèques trouvées dans un cruche, mais dont 249 sont encore conservées, a été déposé en 1983 au Cabinet des monnaies et médailles de la BnF, avant de réintégrer le musée Guimet en 2003.
Enfin, un ensemble, principalement daté de la dynastie Han (206 av. – 220 apr. J.-C.), comportant environ 300 numéros, correspond à des acquisitions très diverses d’antiquités chinoises (dont des miroirs et des vases en bronze, des blocs de pierre, des tuiles et des récipients en terre cuite, etc.). Ces pièces ont vraisemblablement été achetées au cours du périple de la mission Pelliot, mais les informations concernant leur provenance n’existent pas toujours. Plusieurs ont été achetées lors du séjour de la mission à Xi’an (23 août-19 septembre 1908). Notons enfin que l’inventaire du musée Guimet indique que Paul Pelliot a donné dès juillet 1912, à titre personnel, certaines de ces pièces archéologiques (des tuiles terre cuite et quelques pierres à encre), sans qu’elles soient dans un premier temps au Louvre.
La collection de bronzes tibétains à l'Ecole Française d'Extrême-Orient
Depuis 1970, l’EFEO conserve à Paris une collection de bronzes tibétains principalement constituée par Paul Pelliot durant sa première mission à Pékin en 1900. Le directeur de l’EFEO évoque en 1902 environ 80 statuettes de bronze qui représentent, sous ses aspects multiples, l’art bouddhique tibétain (Foucher A., 1902, p. 434). La collection se compose aujourd’hui de 132 pièces : 97 statuettes en bronze, 1 en bois laqué, 27 objets cultuels et 7 thangkas. Les statuettes figurent des divinités du panthéon bouddhique tibétain et les fondateurs de la secte des Gelug-pa. L’ensemble est daté pour la majeure partie du XIXe siècle, les pièces les plus anciennes de la seconde moitié du XVIIIe siècle. La collection se trouvait à l’origine au musée Louis Finot à Hanoi puis a été envoyée en 1954 à la délégation de l’EFEO à Phnom Penh, avant d’être expédiée en France.
Article rédigé par Adrien Bossard
The result of Paul Pelliot's collections
The Pelliot collection in the Manuscript Department of the Bibliothèque nationale de France (BnF)
The documents brought in France by Paul Pelliot were allocated to the BnF on 24 November 1909, and their official registration took place on 26 April 1910 (Monnet N., 2013, p. 143 et 153). The most precious set is made up of several thousands of manuscripts dated from the fifth century to the beginning of the eleventh century as well as some pre-1035 prints in Chinese, Tibetan, Kutchean, Sanskrit, Uyghur, Sogdian or Khotanese, and fragments of prints in Xixia, Mongolian and Tibetan (Berthier A., 2000, p. 93). These texts were already known but came out prior to the printed editions. Some them were on the other hand rediscovered or unknown, especially those from popular literature. One also finds documents from official, monastic or personal archives. It is a true archival collection, unique outside of China. The corpus has been divided among several language-specific collections. It should be noted that bilingual texts have been sorted into collections corresponding to the “most common” language, that is to say, Chinese, while the only Hebrew text has become part of the Hebrew collection (Berthier A., 2000, p. 93). The organisation of the collections has been refined through identification and deciphering: an on-going long-term project to which multiple generations of researchers have contributed.
Pelliot’s Chinese collection corresponds to 4039 Chinese manuscripts originating from Dunhuang (Pelliot chinois 2001-6040). His Chinese Douldour- âqour collection includes 157 leaflets and 49 fragments that were discovered during the excavation of a monastic complex; some examples come from the neighboring site Hiçar. Pelliot’s Khotanese collection is comprised of 10 manuscripts, but about 70 documents in this language are present in his Chinese and Tibetan collections. Pelliot’s Kutchean collection brings together 2000 documents, two thirds of which are fragments. His Uyghur collection holds 20 documents, 14 of which come from the Mogao cache (11 others can be found in the Chinese collection) and a certain number of texts were identified a posteriori in other collections. 363 documents in Uyghur from the Mogao cave 181 from the Pelliot Uyghur cave 181 collection (this cave is now numbered 465). The Pelliot Sanscrit collection contains 4000 fragments of which only 1000 to 1500 are usable. These come from excavations that took place at Douldour-âqour and Soubachi as well as from the Mogao cache. The Sogdian Pelliot collection includes 30 items that correspond to scrolls, sheets and fragments. The Tibetan Pelliot collection contains 2216 items plus 254 bilingual and trilingual manuscripts. The set has been collected from Dunhuang. The same goes for Pelliot’s Xixia collection: apart from one plaque found in a cave in Shuangdunzi, the 213 pieces (mostly prints) are from caves 181 and 182 (current numbers 465 and 464). One collection is dedicated to documents that originated from cave 181. Finally, a miscellaneous Pelliot collection exists that corresponds to residue awaiting treatment (Berthier A., 2000, p. 94-110).
The Pelliot A-B collection concerns a period lasting from the tenth to the nineteenth century and includes over 30000 printed booklets (reference texts, local monographs, congshu (anthologies), etc.) and some manuscripts, albums, stampings and oracular inscriptions on bone (28 fragments). This set was largely purchased in China in 1908, and it had a considerable impact on the BnF’s Chinese collection because it both doubled and completed the already existing collection (Pelliot P., 1913, p. 699). The Pelliot A collection contains 329 inventory numbers and the Pelliot B, 1745 (2074 titles in 5288 bound volumes).
The BnF also holds a stamping collection that includes 2000 references, the majority of which were made in the forest of Steles in Xi’an. This set entered the Library in 1910 (Berthier A., 2000, p. 116). After the researcher’s death in 1945, the BnF bought personal copies of the journal T'oung Pao in the 1950s. Pelliot had edited this journal for twenty years, and these copies were annotated by him (Monnet N., 2013, p. 142-143).
The Pelliot collection at the musée Guimet
Pelliot's archaeological and artistic findings have been kept at the musée Guimet since 1945. The collection had previously been kept and partially displayed at the Louvre beginning in 1910. On 12 March 1910, a room had been dedicated to the collection and was given the name of the donor (Renou, 1950, p. 135). A very interesting testimony about this room can be found in the Pelliot archives at the musée Guimet: a set of index cards presents the distribution of some 287 works brought back from Central Asia in 9 showcases (archives Pelliot, musée Guimet, Pel. Mi 80). A link to the musée Guimet, however, had been established before 1945. In 1913, 15 paintings from Dunhuang were deposited at the museum, according to Pelliot’s instructions. In 1922, 40 paintings that had been in storage at the Louvre joined them, along with the group of Chinese paintings collected in Beijing in 1900, that had been deposited at the Louvre by the EFEO in April 1904 (Gyss-Vermande C., 1993, p. 75). Paul Pelliot was also supported by the musée Guimet, which put at his disposal the apartment of the musée d’Ennery (Jarrige J.-F., 2013, p. 549), which he became the curator (Thote A., 2020, p. 147-160) in the early 1930s.
The Pelliot collection is a large and complex set (over 1400 inventory numbers); it combines graphic arts and textiles, archaeological materials, architectural elements. The collection is distributed in several departements according to the nature and/or geographical origin of the pieces (Chinese paintings, Chinese archaeology, Chinese Buddhism). The earliest collected corpus corresponds to 150 paintings that were bought in 1900 during Pelliot’s first mission in Beijing. It mainly contains liturgical or religious works in addition to 15 miscellaneous paintings (landscapes, flowers, birds, etc.) (Gyss-Vermande C., 1988, p. 106). There are two liturgical sets that illustrate the pantheon of “Water and Earth fasting” (Shuilu zhai):the first (A series) contains 33 paintings dating back to 1454, while the second (B series) includes 74, probably dating from the nineteenth century (Gyss-Vermande C., 1991, p. 96).
The rest of the collection resulted from the Pelliot mission (1906-1908). The most important set (about 400 items with 250 significant pieces and the rest in a fragmentary state) originate from the Mogao caves (Dunhuang), mostly from the cache. Covering a period from the Tang Dynasty (618-907) to the Northern Song Dynasty (960-1127), the set principally consists of paintings on silk and hemp (the paintings on paper are kept at the BnF), fragments of paintings and textiles, as well as 20 sculptures, mainly made of wood. Note that 951 Uyghur mobile characters were found in the same cave (181, current number 465) as the Uyghur documents kept at the BnF. The musée Guimet also holds several sets that correspond to successful excavations of Buddhist sites that were carried out by Pelliot in Toumchouq (30 October – 12 December 1906), in Douldour-âqour (17 April – 4 June 1907) and in Soubachi (11 June – 24 July 1907). The material dates to a period from the fourth to the eighth century and includes numerous sculptures or fragments of sculptures in dried clay as well as fragments of paintings on cob and pieces or fragments of works in terracotta, wood, metal, etc. Additionally, there are several much smaller sets that correspond to other excavations that revealed less material, such as at Qumtura (1- March – 22 May 1907), or surveys, such as those carried out in Khan-oi (September 1906). The provenances are indicative of Pelliot's archaeological activity from his arrival in Kashgar on 29 August 1906, which intensified during his long stay in the Koutcha region in 1907. It should be noted that a monetary treasure (MG 24490), known as the "Tajik Treasure" was deposited in the Cabinet des monnaies et médailles of the BnF in 1983, before being returned to the Musée Guimet in 2003. This treasure originally consisted of 1,300 sapèques found in a jug, 249 of which are still preserved.
Finally, a set dating mainly from the Han dynasty (206 av. – 220 apr. J.-C.) includes around 300 items that correspond to a wide range of acquisitions of Chinese antiquities (mirrors and bronze vases, stone blocks, tiles and clay vessels, etc.). These pieces were likely bought during Pelliot’s mission, but the information concerning their provenance is not very precise. Many were bought during the stay in Xi’an mission (23 août-19 septembre 1908). Finally, it is important to note that the inventory of the musée Guimet indicates that in July 1912 Paul Pelliot personally donated some of these archaeological pieces (terracotta tiles and a few inkstones), which were not initially in the Louvre.
The collection of Tibetan bronzes at the Ecole Française d'Extrême-Orient
Since 1970, the EFEO has housed a collection of Tibetan bronzes in Paris that was mainly assembled in 1900 by Pelliot during his first mission in Beijing. The director of the EFEO mentioned in 1902 around 80 bronze statues that, in multiple aspects, represent Tibetan Buddhist art (Foucher A., 1902, p. 434). Today, the collection contains 132 pieces: 97 bronze statues, 1 lacquered wood, 27 religious objects and 7 thangkas. The statues represent divinities from the Tibetan Buddhist pantheon and the founders of the Gelug-pa sect. The set mostly dates from the nineteenth century, with the oldest pieces dating back to the second half of the eighteenth century. At first, the collection was kept at the musée Louis Finot in Hanoi and was then sent to the EFEO delegation in Phnom Penh in 1954, before being shipped to France.
Article by Adrien Bossard (translated by Adelaide Madary)
Henri Saladin et Paul Pelliot ont un lien professionnel. Dans une lettre à René-Jean datée du 10 décembre 1912, Henri Saladin indique qu'il « avait demandé à M. [Paul] Pelliot de [lui] communiquer un certain nombre de ses photographies [...] ; il [lui] répond qu'il a fait don de ses clichés à la Bibliothèque d'art et d'archéologie et qu'une collection d'épreuves sera tirée et mise à la disposition du travailleur. » (source : BINHA, Autographes, 145, 2, 1119).
Charles Maybon et Paul Pelliot sont amis et travaillent ensemble.
« Nous qui l’avons bien connu garderons un excellent souvenir de cet honnête travailleur, qui était aussi un brave homme » (source : Pelliot, Paul. « Charles Maybon ». T’oung pao. vol. 24, 1927, p. 300)
Henri d’Ardenne de Tizac, Édouard Chavannes, Alfred Foucher, Victor Goloubew, Joseph Hackin, Paul Pelliot et Raphaël Petrucci travaillent ensemble à l’exposition de 1913 sur l’art bouddhique. (Source : Ardenne de Tizac, Henri d’, Goloubew, Victor. Art bouddhique : 4e exposition des arts de l’Asie : Catalogue sommaire. Paris : Jacquemin, 1913)
Henri d’Ardenne de Tizac, Édouard Chavannes, Alfred Foucher, Victor Goloubew, Joseph Hackin, Paul Pelliot et Raphaël Petrucci travaillent ensemble à l’exposition de 1913 sur l’art bouddhique. (Source : Ardenne de Tizac, Henri d’, Goloubew, Victor. Art bouddhique : 4e exposition des arts de l’Asie : Catalogue sommaire. Paris : Jacquemin, 1913)
Henri d’Ardenne de Tizac, Édouard Chavannes, Alfred Foucher, Victor Goloubew, Joseph Hackin, Paul Pelliot et Raphaël Petrucci travaillent ensemble à l’exposition de 1913 sur l’art bouddhique. (Source : Ardenne de Tizac, Henri d’, Goloubew, Victor. Art bouddhique : 4e exposition des arts de l’Asie : Catalogue sommaire. Paris : Jacquemin, 1913)
Henri d’Ardenne de Tizac, Édouard Chavannes, Alfred Foucher, Victor Goloubew, Joseph Hackin, Paul Pelliot et Raphaël Petrucci travaillent ensemble à l’exposition de 1913 sur l’art bouddhique. (Source : Ardenne de Tizac, Henri d’, Goloubew, Victor. Art bouddhique : 4e exposition des arts de l’Asie : Catalogue sommaire. Paris : Jacquemin, 1913)
Henri d’Ardenne de Tizac, Édouard Chavannes, Alfred Foucher, Victor Goloubew, Joseph Hackin, Paul Pelliot et Raphaël Petrucci travaillent ensemble à l’exposition de 1913 sur l’art bouddhique. (Source : Ardenne de Tizac, Henri d’, Goloubew, Victor. Art bouddhique : 4e exposition des arts de l’Asie : Catalogue sommaire. Paris : Jacquemin, 1913)
Henri d’Ardenne de Tizac, Édouard Chavannes, Alfred Foucher, Victor Goloubew, Joseph Hackin, Paul Pelliot et Raphaël Petrucci travaillent ensemble à l’exposition de 1913 sur l’art bouddhique. (Source : Ardenne de Tizac, Henri d’, Goloubew, Victor. Art bouddhique : 4e exposition des arts de l’Asie : Catalogue sommaire. Paris : Jacquemin, 1913)
Les missions Pelliot et d'Ollone se rencontrent à Leang-Tcheou (Chine) en 1908. (Source : Cordier, Henri. "Nouvelles de la mission d'Ollone dans le Nord-Ouest de la Chine, rencontre avec la mission Pelliot". Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1908, 52-10, p. 785-787)
Jacques Bacot et Paul Pelliot se rencontrent en 1917 ; Bacot est alors attaché à l'état-major de la mission militaire française en Sibérie conduite par Pelliot. En 1940, Bacot entame la traduction de documents tibétains rapportés par la mission Pelliot. (Source : Notice Agorha "Jacques Bacot" rédigée par Nathalie Bazin)
Henri Cordier et Paul Pelliot entretiennent une correspondance entre 1897 et 1923. (Source : fonds Cordier à la Bibliothèque de l'Institut de France, Correspondance)
C. T. Loo invita Paul Pelliot à étudier ses vastes collections d'art chinois. (Source : notice Agorha "C. T. Loo" rédigée par Joanna M. Gohmann et Julie Robin)
Une polémique acerbe sur le Founan opposa Étienne Aymonier à Paul Pelliot, Pelliot reprochant à Aymonier son « dangereux » individualisme en matière scientifique. (Source : notice Agorha « Étienne Aymonier » rédigée par Cristina Cramerotti)
Paul Pelliot et Sylvain Lévi sont amis. (Source : notice Agorha « Sylvain Lévi » rédigée par Ronan Moreau et Caroline Riberaigua)
Le couple est également très impliqué au sein de la Société des Amis du Musée Cernuschi, dont Léon Wannieck est le vice-président dès sa création en juillet 1922 (procès-verbaux de la Société des Amis du Musée Cernuschi, s.c.). Lors des assemblées de cette société, le couple fréquente des sinologues de premier plan, tels que Paul Pelliot (1878-1945). Léon Wannieck est aussi en contact régulier avec Henri d’Ardenne de Tizac (1877-1932), conservateur du musée Cernuschi. (Source : notice Agorha « Léon et Marie-Madeleine Wannieck » rédigée par Julie Robin)
Le couple est également très impliqué au sein de la Société des Amis du Musée Cernuschi, dont Léon Wannieck est le vice-président dès sa création en juillet 1922 (procès-verbaux de la Société des Amis du Musée Cernuschi, s.c.). Lors des assemblées de cette société, le couple fréquente des sinologues de premier plan, tels que Paul Pelliot (1878-1945). Léon Wannieck est aussi en contact régulier avec Henri d’Ardenne de Tizac (1877-1932), conservateur du musée Cernuschi. (Source : notice Agorha « Léon et Marie-Madeleine Wannieck » rédigée par Julie Robin)
Paul Pelliot participe à la mise en place progressive de l'École française d'Extrême-Orient (anciennement Mission archéologique en Indochine) à partir de 1900, sous l'égide de Louis Finot, qui en est directeur de 1898 à 1904. Il est nommé comme pensionnaire par Finot. (Source : Goloubew, Victor. "Louis Finot (1864-1935". Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, 1935)
Doucet achète aussi les fonds photographiques de la mission archéologique de Victor Segalen en Chine, en 1914, qu’il a financée, ainsi que ceux de la mission de Paul Pelliot aux confins de la Chine et du Turkestan, entre 1906 et 1910, ou encore de Victor Goloubew en Inde du Nord en 1910-1911 (Labrusse R., 2016, p. 156).
(Source : Notice Agorha "Jacques Doucet" rédigée par Juliette Trey)
Paul Pelliot entre à la Société asiatique en 1905. (source : Notice Agorha "Paul Pelliot" rédigée par Adrien Bossard)
-Bourdonneau, Éric et Manguin, Pierre-Yves. « Avec Pelliot, “le long de l’abîme” », p. 29-44.
-Goudineau, Yves. « Paul Pelliot, franc-tireur de l’école Française d’Extrême-Orient », p. 21-28.
-Jarrige, Jean-François. « Paul Pelliot et le musée Guimet », p. 547-552.
-Monnet, Nathalie. « Paul Pelliot et la Bibliothèque nationale », p. 137-204.
-Rong, Xinjiang et Wang, Nan. « Paul Pelliot en Chine (1906-1909) », p. 83-120.
-Trombert, Éric. « La mission archéologique de Paul Pelliot en Asie centrale (1906-1908) », p. 45-82.
http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb11919009b/PUBLIC
Champs du "Répertoire des historiens d’art", déplacés suite à mise en ligne de février 2011 :
Commentaire biographique : Sinologue et historien.
Diplomé de l'Ecole des sciences politiques et de l'Ecole des langues orientales ; 1899 : nommé à l'Institut d'Extrême-Orient de Saïgon ; 1900 : voyage en Chine ; 1901 : nommé professeur de chinois à l'Ecole française d'Extrême-Orient à Saïgon (transférée à Hanoï en 1902) ; 1906-1909 : chargé d'une mission scientifique en Asie centrale ; 1910 : inauguration de la salle Pelliot au Musée du Louvre ; 1910 : nommé professeur de chinois à l'Ecole des langues orientales ; 1911 : professeur de langues, histoire et archéologie de l'Asie centrale au Collège de France, chaire créée pour lui ; 1918 : il prend la direction du T'oung Pao ; 1921 : membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres ; 1921 : professeur de chinois à l'Institut des hautes études chinoises nouvellement créé ; à partir de 1925 : plusieurs missions à Moscou et Léningrad, nombreuse conférences en Angleterre et Etats-Unis. Président de la Société asiatique ; président du comité-conseil du Musée Guimet ; directeur des Hautes Etudes chinoises et de l'Institut de civilisation chinoise
1908 : il entreprend le dépouillement intensif des 15 à 20.000 manuscrits datant du VIe au Xe siècle, découverts en 1900 dans une grotte de Touen-Houang, afin d'acheter les plus intéressants. Ceux qui ont été ramenés en France sont conservés depuis 1912 à la Bibliothèque nationale.
Philologue et linguiste remarquable : une dizaine de langues lui étaient familières.
THEMES D'ETUDE : Aire géographique étudiée : Extrême Orient
DOCUMENTATION PERSONNE : Bibliothèque de l'Institut de France : Seconde série Rés. 5939 ; 4 n° 13 Nxx : portrait, photographie, par Otto pirou, 1940 ; Société asiatique P5.
Bibliothèque nationale de France : N2 ; Coll. Nadar, Na 238 n° 18970 bis ; Coll. Nadar, Na 238 n° 19955 ; Coll. Nadar, Na 238 n° 19956 ; Na 237 (Gd. Ft. T6) n° 2013 : portrait, assis, de 3/4, photographie.
Publié dans le volume 2 du Dictionnaire des historiens d'art
Bibliographie de : La Mission Pelliot en Asie centrale : Les populations du Turkestan chinois, Une bibliothèque médiévale retrouvée au Kan-Sou, Hanoï : Impr. d'Extrême-Orient, 1909 ; Mission Pelliot en Asie centrale... I. Les Grottes de Touen-Houang. Peintures et sculptures bouddhiques des époques des Wei, des T'ang et des Song, par Paul Pelliot. - 1914-1924. 6 vol. gr. in-4 °, pl. et plan ; II. Le Sûtra des causes et des effets. Tome II. - 1926-1928. 2 fasc. gr. in-4 ° ; ?Série petit in-8 °?. I. Robert Gauthiot. Essai de grammaire sogdienne... 1re partie. Phonétique. - 1914-1923. In-8 °, pl. et cartes ; II. Formulaire sanscrit tibétain du Xe siècle, édité et traduit par Joseph Hackin,... - 1924. 2 parties en 1 vol. in-8 ° ; III. E. Benveniste. Essai de grammaire sogdienne. 2e partie. Morphologie, syntaxe et glossaire. - 1929. In-8 ° ; IV. N. P. Chakravarti. L'Udanavarga sanskrit... Tome premier. - 1930., Paris : Geuthner ; Oeuvres posthumes. 5, Histoire ancienne du Tibet. Édité par Louis Hambis., Paris : Librairie d'Amérique et d'Orient, 1961 ; Oeuvres posthumes. 6, Notes critiques d'histoire kalmouke... , Paris : Librairie d'Amérique et d'Orient, 1960 ; Oeuvres posthumes Texte impriméde Paul Pelliot,... 2. Notes sur l'histoire de la Horde d'or, suivies de Quelques noms turcs d'hommes et de peuples finissant en ar Avertissement de Louis Hambis, Paris, Adrien-Maisonneuve ; Oeuvres posthumes de Paul Pelliot Texte imprimé, publiées sous les auspices de l'Académie des inscriptions et belles lettres... 4. Les Débuts de l'imprimerie en Chine, Avertissement par Robert Des Rotours. Appendice, notes additionnelles sur les éditions imprimées du Canon bouddhique, par Paul Demiéville., Paris, A. Maisonneuve, 1953 ; Bazin, p. 471 ; Documentation Chantal Georgel, musée d'Orsay ;
Bibliographie difficile à établir : beaucoup de textes de conférences, d'articles, peu d'ouvrages.