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Hackin, Joseph

Statut
Publiée
Contributeur
Fiori, Ruth
Dernière modification
15/04/2024 14:36 (il y a 7 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Hackin
Prénom : 
Joseph
Sexe : 
Nationalité : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
8 novembre 1886
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
24 février 1941
Lieu de mort : 
Commentaire Mort : 

Décès en mer, au large des îles Féroé.

Professions / activités
Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1913 - 1940
Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1924 - 1940
Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Joseph Hackin (1886-1941)

« À partir d’un certain âge, il faut oser tout remettre en cause, il faut se contraindre à reprendre la voie de l’aventure. C’est encore un moyen de tenir le monde en échec (...) C’est une bonne règle de vie que le danger. Il mesure exactement la valeur de la personnalité humaine. » Propos cités par Philippe Diolé, (1936, n° 158, p.).

Joseph Hackin a laissé un souvenir plein de panache. Membre de la croisière jaune (1931-1932), directeur de la maison franco-japonaise (1930-1933), il fait figure de pionnier dans le domaine de l’archéologie et celui des musées, notamment au musée Guimet dont il fut directeur. Sa vie est marquée par l’action et le goût des voyages, jusqu’à sa fin tragique où il périt en mer, son bateau torpillé, alors qu’il s’apprêtait à remplir la mission que le général de Gaulle lui confie : rallier à la France libre ce qu’il reste de l’empire.

1886-1914, du Luxembourg au musée

Pourtant, rien au départ ne semblait le prédisposer à l’Asie, ni son milieu familial ni sa formation universitaire. Né au grand-duché du Luxembourg, à Boevange-sur-Attert, il est naturalisé français en 1912 (décret du 20 octobre) et ses origines sont modestes. Son père travaille comme cocher à Paris, puis dans le Calvados, chez une vieille famille normande, et ses études le portent d’abord vers l’Institut commercial, puis, en 1905, vers l’École libre des sciences politiques, dans la section économique et sociale. Pourtant, de façon inattendue, il intègre dès 1907 le musée Guimet à Paris, institution nationale consacrée à l’Asie, fondée en 1889. Il y entre comme secrétaire d’Émile Guimet (1836-1918), son premier directeur, et devient très vite son collaborateur privilégié. Cette ascension spectaculaire, qui reste énigmatique, le voit entrer au sein du temple le plus fermé de l’orientalisme parisien, largement imprégné de bouddhisme et fasciné par le Japon. Cette immersion, en milieu scientifique et savant, marque le premier tournant de sa vie. Il s’inscrit à l’École pratique des hautes études, dans la section des sciences historiques et philologiques, en sanskrit et tibétain, entamant des recherches sur l’iconographie du bouddhisme au Tibet, sous la direction de Sylvain Lévi (1865-1965), professeur au collège de France. Parallèlement, il classe, avec Tschang Yi-tchou (18..-19..), la collection de peintures chinoises au musée Guimet, dont ils publient ensemble le catalogue. Dès 1913, il est nommé conservateur adjoint, grâce à l’appui d’Émile Guimet.

1914-1919, premier conflit mondial

Le conflit mondial de 1914 le voit mobilisé pour une durée de cinq ans, au début sur le front de l’Ouest, puis sur le front de l’Est, avant d’être engagé en Ukraine. Il en sort avec la Légion d’honneur et la croix de guerre militaire. Blessé en 1915 lors des offensives de l’Artois, il met à profit sa convalescence d’un an pour soutenir sa thèse de doctorat sur les scènes figurées de la vie du Bouddha d’après des peintures tibétaines. « Tenir », note-t-il, dans son journal, le 20 décembre 1917, « tout est là, jusqu’à l’abolition de nos dernières facultés intellectuelles, jusqu’à la mort de notre dernière pensée, jusqu’à ce que les dents serrées, nous restions peut-être là, en vertu d’un sentiment de brute, mais tenir pour la collectivité, pour le sourire d’un ami, pour notre Paris, pour tout ce que nous demandons de la vie française, pour que nos promenades, nos jardins, nos paysages restent ordonnés suivant notre esprit, nos défauts. Pour que le Germain reste chez lui. Tenir encore et contre tous » (Gousset R., 1946).

1919-1929, révélations afghanes

De retour à la vie civile, il est nommé conservateur en 1923, s’impliquant dans le programme de réaménagement du musée Guimet, décidé après-guerre. Mais, en 1924, une mission en Afghanistan va radicalement modifier son parcours. Il est envoyé dans ce pays qui vient juste de s’ouvrir, grâce au roi Amanullah (1892-1960 ; r. 1919-1929), pour seconder Alfred Foucher (1865-1952) qui vient d’y fonder la Délégation archéologique française en Afghanistan (DAFA) en 1922 et fouille alors à Balkh. Loin de l’Europe et de ses turbulences, le royaume est pour lui une révélation. Pris par les grands espaces, le calme et le silence, il s’attache à ce monde qui fait le lien entre l’Asie Centrale et l’Inde, et où tout est à faire. Il tombe sous le charme de son patrimoine, de son art comme des gens, de sa nature sauvage et encore inviolée, de sa lumière, de son austérité. Dans son journal, il chante « la paix infinie des crépuscules d’islam » (Cambon P., 1986, p. 1). « Le soir venu », écrit-il, « je rêve sur la terrasse du seraï ; quoi de plus apaisant, loin de toute nourriture spirituelle qu’un vain snobisme nous fait prendre pendant quinze jours pour des doctrines convenables. Ici, dans la liberté que confère cette austère solitude, l’âme s’épure et se développe selon ses possibilités, en maître ». Et de résumer sa pensée par ces mots ; « Savourer le monde dans un murmure, un chant, un jeu de lumière, le silence, les longs silences et, au-dedans de soi-même, la paix ». Pour lui, l’Afghanistan est « le pays des contraires réunis et réconciliés » (Cambon P., 1986, p. 3). « Il fait bon vivre dans cette solitude », ajoute-t-il, « où la durée se résorbe dans cette splendide apparence d’immobilité, négation du temps par l’abolition de tous les indices de changement dans l’homme et dans la nature » (Cambon P., 1986, p. 2). Le temps immobile ou le temps aboli, après quatre ans sur le front, au milieu, du chaos et de l’apocalypse, Hackin a soif d’humanité, d’un ailleurs hors du monde et l’Afghanistan lui convient. Au cours de son séjour, il assiste Foucher, le remplaçant aux périodes les plus chaudes, et travaille à Bamiyan, avec André Godard (1881-1965), reconnaissant à cheval la région et repérant la peinture sassanide de Dokhtar-i-Noshirwan. Sa première fouille, en décembre, au lieu-dit Païtava, dans l’ancien Kapisa, révèle une stèle au grand miracle, qui apparait entièrement dorée aux derniers rayons du soleil. Sur la route du retour, il note ainsi : « marcher sur la route à longueur de jour, sans se soucier de la minutie tyrannique d’un horaire, prendre son repos dans quelque seraï solitaire, se donner, chaque soir, l’apaisante joie du silence crépusculaire, c’est se faire une âme hostile aux choses d’Occident » (Cambon P., 1986, p. 4). De retour à Paris, il n’a de cesse dès lors d’approfondir le domaine et de publier sur Bamiyan ou le Kafiristan. Dès 1928, il est professeur à l’École du Louvre et 1929 le voit inaugurer la première galerie afghane au musée, avec le lot français des fouilles de Hadda, près de Jelalabad, où les stucs, au charme si vivant, sont confrontés par lui à des tirages photos de la sculpture gothique. 

1929, les « événements de Kaboul »

Au printemps cependant, il repart pour une deuxième mission en Afghanistan, malgré les troubles qui s’annoncent, mais cette fois en compagnie de son épouse, Ria, Marie Alice Parmentier (1905-1941), qu’il épouse en septembre 1928, et de l’architecte Jean Carl (1900-1941), qui les suivra jusqu’à la fin de leur vie. Dans une lettre du 23 juin 1929 (Cambon P., 1986, p. 6), Alfred Foucher l’incite à la prudence, après la chute du roi Amanullah : « Contre vents et marées, vous êtes tout de même parvenus à Hérat. Vous avez donc pénétré malgré tout en Afghanistan et la face est sauve. Nous comptons sur le fond permanent de bon sens qui se dissimule sous vos actuelles extravagances pour ne pas vous entêter au-delà de toute raison ». Et de lui recommander de fouiller en Perse ou dans le Séistan. Pourtant, Hackin n’a cure de ces conseils et gagne la capitale afghane. Pris par les « événements de Kaboul », et quasiment le seul Européen, sur place, il fait face avec courage, évitant le pillage de la légation française, lors de la prise de la ville en octobre, par les armées de Mohammad Nadir Khan (1883-1933), avant de reprendre, une fois le calme revenu, les recherches entreprises en 1924 dans la vallée de Bamiyan, qu’il comptait achever au cours de ce voyage.

1929-1936, Paris. Tokyo. Begram

Après ses travaux à Bamiyan et Kakrak (mai-septembre 1930), il est nommé directeur de la maison franco-japonaise à Tokyo en novembre, puis archéologue de la mission Citroën, la fameuse « Croisière jaune », qu’il rejoint à Girishk (Afghanistan) en mai 1931, en intégrant le groupe « Pamir », parti de Beyrouth le 4 avril, sous la direction de Georges-Marie Haardt (1884-1932) et de Louis Audouin-Dubreuil (1887-1960). Il entre avec celle-ci à Pékin, le 12 février 1932, après avoir fait la jonction, au Xinjiang avec le groupe « Chine », parti de Tianjin le 6 avril, mais bloqué un temps à Urumqi, sur fond de guerre civile - soit un périple de quatre ans hors de France, jusqu’en 1933. Quittant le Japon à cette date, en mars, il rejoint Paris en passant par l’Asie du Sud-Est et l’Inde, s’arrêtant sur la route à Kaboul. Au cours de ces années à l’Est, il a poursuivi ses achats pour le compte du musée, avec lequel il reste en contacts très étroits, grâce à René Grousset (1885-1952), conservateur adjoint – tout en rédigeant une mise au point sur les dix ans de la DAFA, pour un cycle de conférences à Tokyo, en 1932. À partir de 1934, il partage sa vie entre Kaboul - où de facto il dirige la DAFA – et Paris, où il assure la direction du musée Guimet, tout en enseignant à l’École du Louvre. La galerie afghane du musée est complétée par ses dernières trouvailles en Afghanistan. À Kaboul, il élargit la prospection à des zones éloignées loin de la capitale, mettant à profit les leçons de la « Croisière jaune ». Il se lance ainsi, en 1936, dans la reconnaissance du Séistan afghan, au sud-ouest du pays, en s’équipant d’une voiture à chenille pour affronter les sables. Il invite l’archéologue Roman Ghirshman (1895-1979) qui travaille alors en Iran, à se joindre à l’expédition pour sonder (à Nad-i-Ali) les niveaux pré – historiques, encore complètement inconnus, à la différence de la Perse, quand lui-même s’intéresse aux châteaux pétrifiés du désert, détruits par Tamerlan (site de Tar-o-sar). La même année le voit aussi fouiller en Bactriane afghane, à Qunduz, dans le nord du pays, avant d’ouvrir le chantier de Begram, dans l’ancien Kapisa.

1936-1939, l’Afghanistan au cœur de l’Eurasie

Hackin a donc repris l’approche d’Alfred Foucher, tout en l’élargissant – cartographier le patrimoine afghan en dehors de Kaboul, ouvrir le champ de la recherche de la Pré - Histoire à l’époque islamique, approfondir les liens avec l’Asie Centrale et l’Iran Sassanide, et pas seulement avec l’Inde ou bien la Méditerranée, tout en cherchant à renforcer le musée de Kaboul. Les fouilles de Begram, toutefois, vont bouleverser la direction suivie, à la suite d’une découverte aussi emblématique qu’inattendue, le « Trésor de Begram ». La ville pourtant était un lieu connu, donnée comme l’Alexandrie du Caucase, fondée par Alexandre le Grand, un site qu’avait déjà largement prospecté l’aventurier américain, Charles Masson (1800-1853), dans les années 1830. Si le chantier I dans la ville basse ne met au jour que des poteries communes, le chantier II ouvert par la suite, dans la « nouvelle ville royale », révèle en 1937 une première chambre scellée, remplie d’un matériel importé de la Chine, de l’Inde et de la Méditerranée. En 1939, une deuxième chambre qui lui est contigüe apparait au grand jour, sur le même modèle. Joseph Hackin va donc se consacrer avec sa femme Ria à exhumer tout un amoncellement d’objets aussi fragiles que délicats, où les ivoires indiens voisinent avec les laques chinois et les verres peints, venus d’Alexandrie, quand ses adjoints, Jacques Meunié (1898-1967) et Jean Carl, poursuivent, sous sa supervision, la fouille de fondations bouddhiques, proches ou éloignées, Shotorak dans un cas, Fondukistan dans l’autre. 

1939-1941, deuxième conflit mondial

La déclaration de guerre en 1939, et l’effondrement de la France qui survient peu après surprennent Hackin à Kaboul, alors qu’il entame une nouvelle campagne à Begram. Refusant les offres du régime de Vichy, il rallie parmi les tout premiers le général de Gaulle. Le 6 juillet 1940, il écrit (Cambon, Pierre, 1986, p. 15) : « Mon Général, J’ai eu l’honneur de vous adresser télégraphiquement, par l’entremise de la Légation de S.M. britannique de Kaboul, mon adhésion et celle de mes collaborateurs et de M. Baudouin (…) J’espère recevoir bientôt vos instructions et, si possible, une affectation (…) Mon adhésion est totale ». Peu après, il gagne Londres directement avec son épouse Ria et l’architecte, Jean Carl. Il y est conseiller pour l’Asie, avant de se voir confier une mission pour fédérer dans le monde les comités de la France libre. Mais, le 24 février 1941, son bateau est coulé par un sous-marin allemand, au large des îles Féroé, alors qu’il partait en mission. Dans son Bilan de l’Histoire (Paris, Plon, 1946), René Grousset lui rend chaleureusement hommage, dans un chapitre intitulé sobrement : « Un savant français – Joseph Hackin » (Gousset R., 1946). Il conclut cette évocation par ces lignes : « Nous savions bien, depuis trois ans, que nous ne le reverrions plus. Pourtant, le 26 août 1944, quand, dans Paris libéré, les compagnons du général de Gaulle descendaient de l’Arc de Triomphe, malgré nous, nous cherchions du regard notre ami dans leurs rangs. Nul n’aurait mieux mérité de se retrouver dans cette phalange, en ces heures sacrées qu’il avait attendues de tout son être, pour la préparation desquelles il était mort ».

Article rédigé par Pierre Cambon

Commentaire biographique : 

Joseph Hackin (1886-1941)

“At a certain age, one must dare to once again call everything into question; force oneself to again set out on the path of adventure. It is yet a way of keeping the world at bay (...) Danger is a good yardstick for a life. It offers a precise measure of the value of a human personality.” Thoughts cited by Philippe Diolé, (1936, n° 158, p.).

Joseph Hackin bequeathed to us the memory of person of great ability. A member of the “Croisière Jaune” (1931-1932) and director of the Franco-Japanese House (1930-1933), he was a recognised pioneer in the fields of archaeology and museums, and of the Musée Guimet in particular, of which he was the director. His life was one of action and the desire for travel, until he met a tragic end perishing at sea. His ship was torpedoed, just as he set sail on the mission, entrusted to him by General de Gaulle, of rallying the remains of the French Empire to the side of Free France.

1886-1914, from Luxembourg to the museum

However, from the outset, neither his background nor his university education seemed to predispose him to a focus on Asia. Born in the Grand Duchy of Luxembourg, at Boevange-sur-Attert, he was granted French citizenship in 1912 (decree of 20 October) and was of humble origins. His father worked as a coachman in Paris and later in the department of Calvados, for a well-established Norman family. His studies took him first towards the Institut commercial, and in 1905, towards the Paris Institute of Political Studies and to its faculty of economics and social sciences. However, unexpectedly, by 1907 he was already engaged by the Musée Guimet in Paris, the national institution dedicated to Asia, founded in 1889. He entered there to serve as the secretary of Émile Guimet (1836-1918), his first director, and quickly became his privileged collaborator. This spectacular rise in rank, which remains enigmatic, saw him enter directly into the inner sanctum of the most exclusive Parisian temple of orientalism, steeped in Buddhism and fascinated by Japan. This immersion in a scientific and scholarly community, marks the first turning point in his life. He enrolled in the École pratique des hautes études, in the faculty of historical and philological sciences in Sanskrit and Tibetan, initiating research on Tibetan Buddhist iconography, under the direction of Sylvain Lévi (1865-1965), professor at the Collège de France. In parallel, he classified, with Tschang Yi-tchou (18..-19..), the collection of Chinese paintings housed in the Musée Guimet, the catalogue of which they published together. By 1913, he was appointed assistant curator, thanks to the support of Émile Guimet.

1914-1919, World War I

Joseph Hakin was mobilised at the outbreak of the global conflict of 1914 for a duration of five years, at first on the Western Front, then on the Eastern Front, before being sent to Ukraine. He emerged from the war decorated with the Legion of Honour and the French war cross. Injured in 1915 during the Battles of Artois, he took advantage of his year-long convalescence to defend his doctoral thesis on the figurative scenes of the life of the Buddha based on Tibetan paintings. “To hold on”, he noted in his diary, the 20th of December 1917, “that is all, till the abolition of our last intellectual faculties, till the death of our last thought, till with clenched teeth, we are still there, by virtue of a bestial feeling, but hold on for the community, for the smile of a friend, for our Paris, for everything we ask of the French way of life, so that our promenades, our gardens, our landscapes remain ordered according to our sprit, our flaws. So that the German stays in his own home. Hold on still and against all of them” (Gousset R., 1946).

1919-1929, Afghanes revelations

Once back in civilian life, he was appointed curator in 1923, taking part in the post-war programme to restructure the Musée Guimet. However, in 1924, a mission in Afghanistan would radically change his path. He was sent to this country, which had just opened to the outside world thanks to King Amanullah (1892-1960; r. 1919-1929), to assist Alfred Foucher (1865-1952). The latter had just founded the French Archaeological Delegation in Afghanistan (DAFA) in 1922 and was undertaking digs at Balkh. Far from the turmoil of Europe, the kingdom was a revelation for him. Taken with its vast spaces, calm and silence, he grew attached to this world that served as the bridge between Central Asia and India, and where everything was still to do. He fell under the spell of its heritage, its art and its people, its wild still unspoilt nature, its light and its starkness. In his diary, he sings “the infinite peace of the sunsets of Islam” (Cambon P., 1986, p. 1). “At nightfall”, he wrote, “I dream on the terrace of the serai; what could be more soothing, far from the spiritual nourishment that our vain snobbery causes us to take for fifteen days as the appropriate doctrines. Here, in the freedom offered by this austere solitude, the soul is purified and develops its possibilities, as master”. He summarised his thoughts as follows: “To savour the world in a murmur, a chant, the play of light, silence, the long silences and, within oneself, peace”. Afghanistan for him was the “the country of opposites reunited and reconciled” (Cambon P., 1986, p. 3). “It is great to live in this solitude”, he adds, “where duration gets absorbed in this splendid appearance of immobility, the negation of time through the abolition of all signs of change in man and nature” (Cambon P., 1986, p. 2). Immobile or abolished time, after four years on the front, in the midst of chaos and apocalypse, Hackin thirsted for humanity, for somewhere out of this world, and Afghanistan suited him. Over the course of his sojourn, he assisted Foucher, replacing him during the periods of great heat, and working at Bamiyan, with André Godard (1881-1965), getting the lay of the land on horseback and locating the Sassanid painting of Dokhtar-i-Noshirwan. His first dig, in December, at the place known as Paitava, in the ancient area of Kapisa, revealed a stele of the Great Miracle, which seems entirely gilded by the last rays of sunlight. On the road home, he also noted: “walking on the road all day long, without worrying about the tyrannical minutia of a timetable, resting in some lone serai, every evening giving oneself the soothing joy of crepuscular silence, is to create a soul hostile to the things of the West” (Cambon P., 1986, p. 4). Back in Paris, he unceasingly worked to deepen the knowledge of the domain and to publish on Bamiyan or Kafiristan. By 1928, he was a professor at the École du Louvre and 1929 saw him inaugurate the first Afghan gallery of the museum, with the French share from the digs at Hadda, near Jalalabad, where he placed the charming and animated stuccos in contrast with his photos of gothic sculpture.  

1929, the “events in Kabul”

However, in spring, he undertook a second mission in Afghanistan, despite rumours of turmoil there, this time accompanied by his wife, Ria, Marie Alice Parmentier (1905-1941), whom he had married in September of 1928, and the architect Jean Carl (1900-1941), who would accompany them to the end of their days. In a letter dated 23 June 1929 (Cambon P., 1986, p. 6), Alfred Foucher warned him to be cautious, following the fall of King Amanullah: “Against all odds you made it to Herat. You managed to get into Afghanistan and saved face. We count on the underlying permanence of common sense, concealed beneath your current extravagances, to refrain from stubbornly going any further beyond reason”, whilst recommending that he dig only in Persia or in Sistan. However, Hackin could not have cared less about this advice, continuing straight away to the Afghan capital. Caught up in the “events of Kabul”, and practically the only European there, he faced the situation with courage, managing to avert the pillaging of the French Legation when in October the city fell to the armies of Mohammad Nadir Khan (1883-1933). After which, once calm was restored, he again took up the research first undertaken in 1924 in the valley of Bamiyan, which he aimed to complete during this stay. 

1929-1936, Paris. Tokyo. Bagram

Following his work at Bamiyan and Kakrak (May-September 1930), in November he was appointed director of the Franco-Japanese House in Tokyo, then archaeologist of the famous Citroën “Croisière Jaune” mission, which he joined at Grishk (Afghanistan) in May 1931, by integrating the “Pamir” group, which left Beirut 4 April, under the direction of Georges-Marie Haardt (1884-1932) and Louis Audouin-Dubreuil (1887-1960). He entered Beijing with this group on 12 February 1932, after having first joined the “China” group in Xinjiang, which had left Tianjin 6 April, but was blocked for a brief amount of time at Urumqi by nearby fighting in the civil war – for a four-year expedition outside France, until 1933. Leaving Japan in March of 1933, he arrived in Paris by way of Southeast Asia and India, stopping along the route at Kabul. Over the course of these years spent in the East, he continued purchasing pieces for the museum, with which he remained in very close contact, thanks to René Grousset (1885-1952), assistant curator – while also writing a detailed report on the ten years of the DAFA, for a lecture series in Tokyo, in 1932. From 1934 onwards, je divided his time between Kabul – where he served as de facto director of the DAFA – and Paris, where he ensured the direction of the Musée Guimet, while also continuing to teach at the École du Louvre. The Afghan gallery of the museum was enhanced by his latest findings in Afghanistan. In Kabul, he broadened prospecting to zones far from the capital, taking advantage of lessons learnt from the “Croisière Jaune”. Thus, in 1936, he set out on a reconnaissance mission of the Afghan part of Sistan, in the southwest area of the country, with the aid of a caterpillar tractor vehicle for tackling sand dunes. He invited the archaeologist Roman Ghirshman (1895-1979), who at the time was working in Iran, to join the expedition to probe prehistoric layers (at Nad-i-Ali), which remained completely unknown, unlike those in Persia, when he was himself interested in the petrified desert castles destroyed by Tamerlane (site of Tar-o-sar). The same year also saw him digging in Bactrian Afghanistan, at Kunduz, in the north of the country, prior to launching digs at Bagram, in the ancient Kapisa. 

1936-1939, Afghanistan in the heart of Eurasia

Thus, Hackin borrowed Alfred Foucher’s approach, while broadening it – to map the heritage of Afghanistan beyond Kabul, to open the field of research to include Prehistory and the Islamic period, to further the understanding of the links between Central Asia and Sassanid Iran, and not only with India or the Mediterranean, whilst also seeking to strengthen the Kabul museum. The Bagram digs, however, completely changed the direction being pursued, following a discovery that was as emblematic as it was unexpected, i.e., the “Bagram Treasure”. Despite the fact that the city was known as the Alexandria of the Caucuses, founded by Alexander the Great, a site that had already been largely prospected in the 1830s by the American adventurer, Charles Masson (1800-1853), the dig I, in the lower city, brought up nothing other than common potteries. But opened next the dig II, in the “new royal city”, which in 1937 revealed a first sealed chamber filled with materials imported from China, India and the Mediterranean. In 1939, a second contiguous room was brought to light, modelled after the first. Thus, Joseph Hackin, along with his wife Ria, was to focus here on exhuming piles of objects as fragile as they were delicate, where Indian ivories were stacked along with Chinese lacquers and painted glass, brought here from Alexandria. His assistants, Jacques Meunié (1898-1967) and Jean Carl, pursued, under his supervision, the digs of Buddhist foundations, close or distant, the Shotorak monastery in one case, the Fondukistan monastery in another.   

1939-1941, World War II

The outbreak of war in 1939, and the collapse of France, occurring shortly thereafter, caught Hackin by surprise in Kabul, just as he was launching a new campaign at Bagram. Refusing the overtures of the Vichy regime, he was among the first to rally to General de Gaulle. The 6 July 1940, he wrote (Cambon, Pierre, 1986, p. 15): “General, I have the honour of addressing you telegraphically, through the intermediary of the British Legation of Kabul, my adherence and that of my collaborators and of M. Baudouin (…) I hope to soon receive your instructions and, if possible, an assignment (…) My adherence is total”. Shortly thereafter, he went directly to London with his wife Ria and the architect, Jean Carl. There he served as advisor for Asia, before being assigned to a mission aimed at federating throughout the world the committees of Free France. However, 24 February 1941, his ship was sunk by a German submarine, off the coast of Faroe Islands, just as he was setting out on his mission. In his Bilan de l’Histoire (Paris, Plon, 1946), René Grousset pays warm homage to him, in a chapter bearing the sober title: “Un savant français – Joseph Hackin” (Gousset R., 1946). He concluded this evocation with the lines: “We knew well, for three years, that we would not see each other again. And yet, the 26 August 1944, when, in a liberated Paris, the companions of General de Gaulle were descending the Champs Elysée from the Arc de Triomphe, we searched in spite of ourselves for the face of our friend amongst their ranks. No one was more deserving to be part of this phalanx, in these sacred hours that he had so ardently awaited, and in the preparation of which he perished”.

Article by Pierre Cambon (translated by Gammon Sharpley)

Evénements
Type d'événement : 
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Entre Juin 1924 et janvier 1925. Joseph Hackin assiste Alfred Foucher sur le site de Balkh ; reconnaissance au Turkestan afghan ; reconnaissance de la vallée de Bamiyan et de ses alentours (Dokhtar-i-Noshirwan) ; fouilles à Païtava (Kapisa).

Type d'événement : 
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Entre juillet 1929 et octobre 1930. Joseph Hackin travaille dans la vallée de Bamiyan de mai à septembre 1930 (falaise aux grands Bouddhas et site de Kakrak), l’Afghanistan dans les mois précédents étant secoué par une guerre civile (les évènements de Kaboul).

Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Entre novembre 1930 et mars 1933. Joseph Hackin est directeur de la maison franco-japonaise à Tokyo, séjour interrompu par l‘épisode de la croisière jaune du 8 février 1931 au 18 mars 1932.

Thèmes d'étude
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] miroirs et fibules en bronze Han et Tang, sculptures bouddhiques en pierre Wei et Tang, mingqi en terre Tang.

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] décor modelé et peint du site de Bamiyan (grottes D, G, V), copie des peintures, coupole de Kakrak.

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] monnaies (or, bronze, argent), stucs de Hadda, Bodhisattva en terre de Tapa Marenjan, surya en marbre de Khair Kahnah, tessons islamiques, poteries kouchanes, « Trésor de Begram » (ivoires indiens, laques chinois et matériel provenant de Méditerranée – bronzes, verres, vases en pierre, emblemata de plâtre), décor modelé et peint de Fondukistan.

Liens entre personnes
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Joseph Hackin et Raphaël Petrucci se fréquentent à Bruxelles et sont amis. « About thirty-five years ago the author met Hackin at the home of the late Raphaël Petrucci in Brussels. Petrucci was an authority on Chinese paintings and many scholars came to see him, among them d'Ardennes de Tizac, Binyon, Chavannes, Goloubev and Pelliot, all of whom have now, unfortunately, passed away. » (source : Le Gallais, Hugues. « A Pair of Japanese Temple Guardians ». Gazette des beaux-arts. 6e série, vol. XXXII, n° 967-968, septembre-octobre 1947, p. 115).

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Henri d'Ardenne de Tizac et Joseph Hackin s’écrivent régulièrement dans le cadre de leur travail et entretiennent des liens amicaux. (source : Archives du musée Cernuschi, histoire du musée, 1905-1911, correspondances diverses)

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André Migot séjourne auprès de Joseph Hackin en Afghanistan dans les années 1930 et participe à ses recherches archéologiques. (Source : Migot, André, Caravane vers Bouddha : un Français à travers la Haute-Asie mystique, 1961)

Rôle de la personne dans la collectivité
Personne liée à la collectivité : 
Rôle personne liée à la collectivité : 
Date Rôle de la personne dans la collectivité : 
1923 - 1941
Rôle personne liée à la collectivité : 
Date Rôle de la personne dans la collectivité : 
1933 - 1940
Bibliographies / archives