Langweil, Florine
17 rue Rapp
Ancienne Rappgasse.
5 rue Saint Georges
9 rue de Provence
Conservateur de la Section d’objets d’arts d’Extrême-Orient des musées de Colmar et Strasbourg.
Le célèbre magasin de Florine Ebstein-Langweil (1861-1958) situé au 26, place Saint-Georges à Paris était considéré comme « un vrai musée » par les collectionneurs qui venaient y acquérir des objets chinois, japonais et coréens (Alexandre A., 1913 ; Tout-Paris, 1913). Négociante, experte, collectionneuse et mécène, Mme Langweil créa les collections asiatiques des musées de Colmar et Strasbourg et compléta celles des musées du Louvre, Guimet, Cernuschi, d’Ennery et le musée des arts décoratifs de Paris. En reconnaissance de ses nombreux dons, de la création et du financement d’associations bénévoles portant sur la santé et l’éducation des enfants ainsi que des soins qu’elle a prodigués aux militaires pendant la Première Guerre mondiale, elle fut nommée chevalier (1921), puis officier (1935) de la Légion d’honneur (AN Léonore, dossier Langweil, 19800035/174/22392). Elle s’est vue également attribuer le titre de « Conservateur de la Section d’objets d’art d’Extrême-Orient » à Colmar et à Strasbourg (AN Léonore, dossier Langweil, 19800035/174/22392).
Florine Ebstein est née à Wintzenheim (Haut-Rhin) le 10 septembre 1861 d’un aubergiste (Isaac Ebstein) et de sa femme, Barbe Blum (AD68, Wintzenheim, Naissances 1853-1862, no 112, s.c.). La famille s’installe à Colmar (où ses parents meurent en 1884 et 1881, respectivement) ; Florine monte à Paris pour travailler dans la pâtisserie d’une cousine (Debrix J., 1935, p. 213 ; Noufflard G. : 1982, p. 62-63). C’est là qu’elle aurait rencontré son futur époux Karl (dit « Carl » ou « Charles ») Langweil, prononcé « Langwell », un habitant du quartier. De nationalité autrichienne (tchèque de nos jours), venu d’une famille de commerçants aisée, il était plus âgé qu’elle (il est né le 1er décembre 1843). « Commissaire en marchandise » spécialisé en « bibelots modernes » (Debrix J., 1935, p. 213), il figure dans l’Annuaire-almanach du commerce de 1886 sous les rubriques « Chine & Japon » et « Chemisiers ». À l’Exposition universelle de 1889, il expose des « articles de pêche » (groupe 5, classe 43), ce qui corrobore des souvenirs de famille qui le disent plus intéressé par les sorties de pêche que par la réussite du commerce (Noufflard G., 1982, p. 63).
On peut retracer l’évolution du commerce Langweil grâce à la correspondance d’Émile Guimet (1836-1918). Le 23 avril 1885, par exemple, Carl et Florine vivent en couple au 5, rue Saint-Georges (MNAAG, Correspondance, 1885). Ils se marient à Londres le 26 février 1886 (GRO, Shoreditch, 1c. 244) quelques mois avant la naissance de leur première fille, Berthe, le 5 juillet 1886 (AP, Naissances, 9e, V4E 6169). Ils occupent alors un nouveau domicile au 9, rue de Provence où ils continuent à vendre des objets à Guimet en utilisant un nouvel en-tête « Carl Langweil. Chine et Japon. 9, rue de Provence » (MNAAG, Correspondance, 22 octobre 1887). Quelques mois après la naissance de leur seconde fille, Lucie (« Lili »), le 13 juin 1887, ils transfèrent le magasin au 4, boulevard des Italiens (AP, Naissances, 93, V4E 6173). Mme Langweil signale ce changement d’adresse en invitant Guimet à venir inspecter leurs marchandises (MNAAG, Correspondance, décembre 1887).
Si l’acte de naissance des filles Langweil déclare Florine « sans profession », il s’agit d’une convention sociale plus que d’une juste évaluation de ses activités commerciales. Sa correspondance avec Guimet montre clairement que c’est elle qui dirige le magasin dès 1885 : elle fait des commissions, s’occupe des factures, assiste aux ventes aux enchères, propose des marchandises aux clients. Ses contemporains, d’ailleurs, notent qu’elle devance ses concurrents en choisissant de se concentrer sur l’art ancien chinois (Debrix J., 1935, p. 213-214 ; Kœchlin R., 1930, p. 67-68). Effectivement, dès 1888, le magasin affiche des « chinoiseries d’occasion » et paie « les plus hauts prix » pour des objets anciens (Bottin, 1888, 1889 ; Le Petit Parisien, 28 juin 1890).
Carl abandonne la famille en 1892 et s’installe à Londres. Il laisse son épouse avec des dettes et deux enfants à élever (GRO, St. Giles 1B 554 ; NPC, 1920, Langweil). Florine, assumant les fonctions de négociante et importatrice, apprend par tâtonnements le métier d’antiquaire (Debrix J., 935, p. 213-214). Sa correspondance avec Guimet permet de suivre la transformation de cette jeune femme à peine lettrée en une négociante millionnaire qui engage un secrétaire, participe à des conférences, s’implique dans des sociétés internationales, monte des expositions, importe des objets asiatiques, expertise des objets lors des ventes et devient la mécène de différents musées français.
Tout ce que l’on sait des activités de Carl entre 1892 et 1920, c’est qu’il a vendu des objets chinois et japonais, notamment des livres d’estampes japonaises au Victoria and Albert Museum (V&A), de 1900 à 1901 (C [Collection] V&A, E.1411-1900). Lors du recensement britannique de 1911, il réside au 43, Museum St., près du British Museum, où il travaille comme « art dealer » spécialisé dans des objets chinois et japonais (Census, 1911). Il meurt à cette même adresse le 12 décembre 1920. Son héritage, une somme de 610 livres, revient à Florine, bien qu’un divorce ait été prononcé à Paris le 9 mars 1895 (NPC, 1920, Langweil ; AP, D.Q7 37392, Succession Langweil).
Pour approvisionner son magasin, Mme Langweil voyage en Europe et en Angleterre, à la recherche de beaux objets anciens (Noufflard G., 1982, p. 68-69). En outre, elle participe à des centaines de ventes à l’hôtel Drouot, où elle acquiert des objets et des livres japonais et chinois (voir AP, D60E3/59-62, les procès-verbaux du commissaire-priseur Delestre, par exemple). Elle passe aussi des contrats directement avec des agents sur place en Chine, en Corée et au Japon et fait faire des fouilles (notamment à Shanxi), ce qui lui permet d’approvisionner son magasin en pièces authentiques et rares (Debrix J., 1935, p. 213-214 ; Kœchlin R., 1930, p. 67-68). Pour garantir leur qualité, elle confère aux agents un pourcentage du prix à l’achat (Debrix J., 1935, p. 213-214 ; Kœchlin R., 1930, p. 67-68).
Pour mieux mettre en valeur ses « trésors », elle achète un hôtel particulier au 26, place Saint-Georges, qu’elle inaugure en 1903. Alexandre le décrit comme « à la fois le musée et l’entrepôt de tout ce que l’art japonais et l’art chinois ont produit de plus rare, de plus vénérable et de plus éblouissant » (Alexandre A., 1903). « Cette maison-musée de l’art oriental » est réputée pour son ambiance, la liberté avec laquelle les clients peuvent toucher la marchandise et ses prix raisonnables » (Rivière H., 2004 ; Silverman W., 2018). Elle fournit des objets d’art non seulement à de grands collectionneurs et des joailliers comme Guimet, Ernest Grandidier (1833-1912), les frères Rouart, Lord Herbert Kitchener (1850-1916), John Pierpont Morgan (1837-1913), Charles Lang Freer (1854-1919), Henri Vever (1854-1942) et Louis-François Cartier (1819-1904), mais aussi à de nombreux musées internationaux : de Boston et Hambourg à Saint-Pétersbourg et Londres (Goerig F., 2005, p. 188).
Le catalogue de la « Collection Langweil » vendue à Londres en 1906 (à la suite de la banqueroute de l’Écossais qui avait acheté tout le stock chinois en 1905) donne une idée à la fois de sa marchandise et de sa renommée (Willis, 1906 ; Le Figaro, 16 mai 1905). Florine Langweil entretient des rapports amicaux avec ses clients ; elle leur explique l’origine et l’historique de leurs objets et leur propose des tarifs préférentiels, quand elle sait que ces pièces vont compléter une collection particulière (Rivière H., 2004, p. 93-95 ; MNAAG, Correspondance). Ainsi, les administrateurs de musées tels Émile Guimet, Raymond Kœchlin (1860-1931) ou Louis Metman (1862-1843) la sollicitent-ils pour qu’elle encourage des particuliers – et surtout les grandes collectionneuses comme Bertha Potter Palmer (1849-1918), Martine Marie Pol de Béhague, Comtesse de Béarn (1869-1939) ou Suzanne Poirson Girod (1871-1926) – à prêter des objets ou à faire des dons à leurs établissements (MNAAG, Correspondance, lettres des 21 novembre 1892 et 22 mai 1908).
Florine Langweil participe à toutes les expositions d’art asiatique organisées par le musée des Arts décoratifs de 1909 à 1914. Le dossier de l’Exposition chinoise de 1910, en particulier, contient de nombreuses lettres où on peut constater qu’elle aide ses confrères à évaluer et à dater des objets et à convaincre d’autres collectionneurs d’y participer (UCAD, sD1/53, dossier Exposition chinoise de 1910). Ce travail n’est pas toujours reconnu de façon publique ; le catalogue de l’Exposition chinoise, par exemple, ne documente que ses prêts. En revanche, à partir de 1910, elle commence à monter ses propres expositions, asseyant ainsi sa réputation d’experte. Les peintures chinoises qu’elle expose chez Durand-Ruel du 9 au 13 janvier 1911 éblouissent les Parisiens ravis par le talent des peintres chinois « médiévaux » (Mouney G., 1911 ; Durand-Ruel, 1911). Alexandre l’identifie comme l’initiatrice d’une mode, « la Grande Prêtresse de ce culte nouveau pour un art si ancien [...] l’agent enthousiaste et éclairé de cette démonstration magnifique » (Alexandre A., 9 janvier 1911). Une autre vente-exposition chez Durand-Ruel, du 5 au 30 décembre 1911, fait découvrir d’autres artistes chinois de la dynastie Song (960-1279) à celle des Qing (1644-1911) : y sont exposées plus de 100 peintures chinoises auxquelles s’ajoute une salle consacrée aux paravents anciens en laque polychrome, dit du Coromandel (Tchangyi-Tchou et Hackin J., 1911 ; Alexandre A., 5 décembre 1911 ; Möller T., 1912, p. 159-161). À partir de 1911, des antiquités de la « mission Langweil » seront exposées au musée Guimet à côté d’objets provenant des fouilles de Paul Pelliot (1878-1945), Édouard Chavannes (1865-1918), Jacques Bacot (1877-1965), de Jacques de Morgan (1857-1924) et Émile Goubert (1852-1909) (Le Figaro, 17 mai 1911). Mme Langweil officie désormais en tant qu’experte lors des ventes, comme celle en trois parties de son client Alexis Rouart (1839-1911) en 1911 (Langweil F., 1911). Elle participe régulièrement aux expositions d’art chinois organisées dans les musées Cernuschi et Guimet.
La nouvelle selon laquelle elle fermera son magasin pour faire un voyage en Chine affecte ses clients, qui parlent de « la fin d’un rêve d’art » (Alexandre A., 1913). Florine Langweil cède son commerce à la Compagnie chinoise Tonying, présidée par Tsang-Feu-Tshié (Le Figaro, 25 mai 1914). Malheureusement, la déclaration de la Première Guerre mondiale empêchera Mme Langweil de faire le voyage en Asie si longtemps souhaité. Elle continue, néanmoins, à exercer en qualité d’experte, à effectuer des dons réguliers, notamment au musée Cernuschi où elle occupe la fonction de vice-présidente de la Société des amis dès sa fondation en 1922 (BMVP, 26 août 1923) et aux musées alsaciens. Des centaines d’articles dans Le Figaro, Le Gaulois et Comœdia permettent de tracer sa proéminence culturelle : elle prête des objets pour presque toutes les expositions d’art asiatique parisiennes à partir de 1909. Pendant la Première Guerre mondiale elle transforme son hôtel particulier situé au 61, rue de Varenne, en musée, montant des expositions pour « La Renaissance des foyers en Alsace » (5 mai – 20 juin 1916 ; 22-23 novembre 1917), dont les bénéfices sont consacrés aux soldats et orphelins de guerre (Petrucci R., 1916 ; AN Léonore, dossier Langweil, 19800035/174/22392).
De plus en plus connue pour ses bonnes œuvres, et notamment pour la création d’un « Prix de français en Alsace » en 1923, elle continue à participer à des expositions telles « The International Exhibition of Chinese Art », qui se déroule à Londres de 1935 à 1936. Son militantisme contre les Allemands, sa participation à l’Alliance israélite, ainsi que l’opulence de sa maison-musée située rue de Varenne expliquent sans doute la saisie de sa collection par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale (restituée quasi intacte par la Commission consultative des Dommages et des Réparations en 1949) (Noufflard B., 1982, 82). Sa famille survivra en fuyant Paris pour s’installer à Toulouse, en Dordogne et ensuite en Normandie, avec de faux papiers qui cachent leur identité juive (Noufflard B., 1884, p. 81-82).
Jusqu’à sa mort en 1958 (le 22 décembre), Florine Langweil collabore avec les figures de proue de l’art asiatique du XXe siècle, parmi lesquels ses amis Ching Tsai Loo (盧芹齋) [1880-1957] et Raymond Kœchlin (Noufflard B., 1982 ; Emery E., 2016).
Article rédigé par Elizabeth Emery
The famous store of Florine Ebstein-Langweil (1861-1958) located at 26, place Saint-Georges in Paris was considered "a true museum" by collectors who came to acquire Chinese, Japanese and Korean objects there (Alexandre A., 1913; Tout-Paris, 1913). A dealer, expert, collector, and patron, Madame Langweil created the Asian collections of the museums of Colmar and Strasbourg and added to those of the Musée du Louvre, Musée Guimet, Musée Cernuschi, Musée d'Ennery and Musée des arts décoratifs. In recognition of her numerous gifts, the creation and financing of volunteer associations dealing with the health and education of children as well as the care she provided to the military during the First World War, she was made a Chevalier (1921) and then an Officier (1935) of the Légion d’honneur (AN Léonore, dossier Langweil, 19800035/174/22392). She was also awarded the title of "Curator of the Section of Art Objects from the Far East" at museums in Colmar and Strasbourg (AN Léonore, Langweil file, 19800035/174/22392).
Florine Ebstein was born in Wintzenheim (Haut-Rhin) on September 10, 1861 to an innkeeper (Isaac Ebstein) and his wife, Barbe Blum (AD68, Wintzenheim, Naissances 1853-1862, no 112, s.c.). The family settled in Colmar (where her parents died in 1881 and 1884, respectively); Florine went to Paris to work in a cousin's pastry shop (Debrix J., 1935, p. 213; Noufflard G.: 1982, p. 62-63). There she met her future husband Karl (known as "Carl" or "Charles") Langweil, pronounced "Langwell", a resident of the neighbourhood. Austrian (present-day Czech) by nationality, he came from an affluent family of businessmen. He was also nearly twenty years Florine's senior (born December 1, 1843). A commercial agent specialising in "modern knick-knacks" (Debrix J., 1935, p. 213), his name appeared in the 1886 commercial directory (Annuaire-almanach du commerce) under the headings "China & Japan" and "Chemisiers". At the Exposition Universelle of 1889, he exhibited "fishing tackle" (group 5, class 43), which corroborates family stories noting that he was more interested in fishing trips than in commercial success (Noufflard G ., 1982, p. 63).
The evolution of the Langweil business can be traced through the correspondence of Émile Guimet (1836-1918). On April 23, 1885, for example, Carl and Florine were living as a couple at 5, rue Saint-Georges (MNAAG, Correspondance, 1885). They were married in London in the spring of 1886 (GRO, Shoreditch, 1c. 244) a few months before the birth of their first daughter, Berthe, on July 5, 1886 (AP, Naissances, 9e, V4E 6169). They then moved to a new home at 9, rue de Provence where they continued to sell items to Guimet using a new letterhead "Carl Langweil. China and Japan. 9, rue de Provence” (MNAAG, Correspondence, October 22, 1887). A few months after the birth of their second daughter, Lucie ("Lili"), on June 13, 1887, they transferred the store to 4, boulevard des Italiens (AP, Naissances, 93, V4E 6173). Madame Langweil signalled this change of address by inviting Guimet to come and inspect their goods (MNAAG, Correspondance, December 1887).
If the Langweil daughters' birth certificates declare Florine "without profession", this is more a matter of social convention than a fair assessment of her business activities. Her correspondence with Guimet clearly shows that it was she who was running the store: she ran errands, took care of invoices, attended auctions, and suggested items to customers. Her contemporaries, moreover, noted that she was innovative in choosing to focus on ancient Chinese art (Debrix J., 1935, p. 213-214; Kœchlin R., 1930, p. 67-68). Indeed, as early as 1888, the store displayed "second-hand chinoiseries" and paid "the highest prices" for antiques (Bottin, 1888, 1889; Le Petit Parisien, June 28, 1890).
In 1892 Carl abandoned the family and moved to London, leaving his wife with debts and two small children to raise (GRO, St. Giles 1B 554; Noufflard G., 1982, p. 65). Florine, assuming the functions of dealer and importer, learned the antiques trade by trial and error (Debrix J., 935, p. 213-214). Her correspondence with Guimet allows us to follow the transformation of this barely literate young woman into a millionaire merchant who hired a secretary, participated in conferences, became involved in international companies, set up exhibitions, imported Asian objects, appraised objects during sales, and became the patron of various French museums.
All that is known of Carl's activities between 1892 and 1920 is that he sold Chinese and Japanese objects, including books of Japanese prints to the Victoria and Albert Museum (V&A), from 1900 to 1901 (C [Collection] V&A, E.1411-1900). In the 1911 British census, he resided at 43 Museum St., near the British Museum, where he worked as an "art dealer" specialising in Chinese and Japanese objects (Census, 1911). He died at the same address on December 12, 1920. His inheritance of £610 went to Florine, although the Paris tribunal had pronounced them divorced in 1895 (NPC, 1920, Langweil; AP, D.Q7 37392, Langweil Estate).
To supply her store, Madame Langweil traveled through Europe and England in search of valuable antiques (Noufflard G., 1982, p. 68-69). In addition, she bid actively in hundreds of auctions at the Hôtel Drouot, where she acquired Japanese and Chinese objects and books (see AP, D60E3/59-62, the minutes of the auctioneer Delestre, for example). She also signed contracts directly with agents on site in China, Korea, and Japan and had excavations carried out (particularly in Shanxi), which enabled her to supply her store with rare and authentic pieces (Debrix J., 1935, pp. 213-214; Koechlin R., 1930, pp. 67-68). To guarantee their quality, she gave agents a percentage of the purchase price (Debrix J., 1935, p. 213-214; Kœchlin R., 1930, p. 67-68).
To better showcase her "treasures", Langweil bought a mansion at 26, place Saint-Georges, which she inaugurated as a shop in 1903. Alexandre described it as "both the museum and the warehouse of everything the most rare, venerable, and dazzling that Japanese and Chinese art have produced" (Alexandre A., 1903). “This house-museum of oriental art” was renowned for its ambiance, the freedom with which customers could touch the goods, and its reasonable prices” (Rivière H., 2004; Silverman W., 2018). She provided works of art not only to major collectors and jewellers such as Guimet, Ernest Grandidier (1833-1912), the Rouart brothers, Lord Herbert Kitchener (1850-1916), John Pierpont Morgan (1837-1913), Charles Lang Freer (1854-1919), Henri Vever (1854-1942), and Louis-François Cartier (1819-1904), but also to many international collectors and museums: from Boston and Hamburg to St. Petersburg and London (Goerig F., 2005, p. 188).
The catalogue of the "Langweil Collection" sold in London in 1906 (following the bankruptcy of the Scotsman who had bought all the Chinese stock in 1905) gives an idea of both its merchandise and its fame (Willis, 1906; Le Figaro, May 16, 1905). Florine Langweil maintained friendly relations with her clients, explaining to them the origin and history of their objects and offering preferential rates when she knew that pieces would complete a private collection (Rivière H., 2004, p. 93-95; MNAAG, Correspondance). Thus, museum administrators such as Émile Guimet, Raymond Kœchlin (1860-1931), and Louis Metman (1862-1843) asked her to encourage individuals - and especially major collectors such as Bertha Potter Palmer (1849-1918 ), Martine Marie Pol de Béhague, Comtesse de Béarn (1869-1939), and Suzanne Poirson Girod (1871-1926) – to lend objects or make donations to their establishments (MNAAG, Correspondance, letters of November 21, 1892 and May 22, 1908).
Florine Langweil took part in all the exhibitions of Asian art organized by the Musée des arts décoratifs from 1909 to 1914. The folder related to the Chinese Exhibition of 1910, in particular, contains numerous letters which show how she helped her colleagues to evaluate and date objects and to convince other collectors to participate (UCAD, sD1/53, dossier Exposition chinoise de 1910). This work was not always publicly recognised; the catalog of the Chinese Exhibition, for example, documents only her loans. On the other hand, from 1910, she began to mount her own exhibitions, thus establishing her reputation as an expert. The Chinese paintings that she exhibited at Durand-Ruel from January 9 to 13, 1911, dazzled Parisians who were delighted by the talent of the "medieval" Chinese painters (Mouney G., 1911; Durand-Ruel, 1911). Alexandre identifies her as the initiator of a fashion, "the High Priestess of this new cult for such an ancient art [...] the enthusiastic and enlightened agent of this magnificent demonstration" (Alexandre A., January 9, 1911). Another sale exhibition at Durand-Ruel, from December 5 to 30, 1911, introduced other Chinese artists from the Song dynasty (960-1279) to the Qing dynasty (1644-1911): more than 100 paintings were exhibited there, to which was added a room devoted to old screens in polychrome lacquer, known as Coromandel (Tchangyi-Tchou and Hackin J., 1911; Alexandre A., December 5, 1911; Möller T., 1912, p. 159-161). From 1911, antiquities from the "Langweil mission" would be exhibited at the Musée Guimet alongside objects from the excavations of Paul Pelliot (1878-1945), Édouard Chavannes (1865-1918), Jacques Bacot (1877-1965), Jacques de Morgan (1857-1924) and Émile Goubert (1852-1909) (Le Figaro, May 17, 1911). Madame Langweil began officiating as an expert during auctions, such as the three-part sale of her client Alexis Rouart (1839-1911) in 1911 (Langweil F., 1911). She actively participated in exhibitions of Chinese art organised in the Cernuschi and Guimet museums.
The news that she would close her store to take a trip to China saddened her customers, who spoke of "the end of an artistic dream" (Alexandre A., 1913). Florine Langweil rented the shop to the Chinese Tonying company (Ton-Ying & Cie), chaired by Tsang-Feu-Tshié (Le Figaro, May 25, 1914). Unfortunately, the outbreak of World War I prevented Madame Langweil from making the long-desired trip to Asia. She continued, however, to work as an expert and to make regular donations, notably to the Musée Cernuschi, where she held the position of vice-president of the Society of Friends from its foundation in 1922 (BMVP, August 26, 1923). Hundreds of articles in Le Figaro, Le Gaulois and Comœdia allow us to trace her cultural prominence: from 1909 she lent objects for almost all the exhibitions of Asian art in Paris. During the First World War she transformed her private mansion located at 61, rue de Varenne, into a museum, mounting exhibitions for "La Renaissance des foyers en Alsace" (May 5 – June 20, 1916; November 22-23, 1917), the profits of which were devoted to soldiers and war orphans (Petrucci R., 1916; AN Léonore, Langweil file, 19800035/174/22392).
Increasingly known for her good works, and in particular for the creation of the "Prix de français en Alsace" (a prize for Alsatian students learning French) in 1923, she continued to participate in exhibitions such as the International Exhibition of Chinese Art, which took place in London from 1935 to 1936. Her militancy against the Germans, participation in the Israelite Alliance, as well as the opulence of her house-museum located rue de Varenne undoubtedly explain the seizure of her collection by the Germans during the Second World War (returned almost intact by the Commission consultative des Dommages et des Réparations in 1949) (Noufflard B., 1982, 82). Her family survived by fleeing Paris to settle in Toulouse, in the Dordogne and then in Normandy, with falsified papers to conceal their Jewish identity (Noufflard B., 1884, p. 81-82).
Until her death in 1958 (December 22), Florine Langweil continued to collaborate with leading figures of twentieth-century Asian art, including her friends Ching Tsai Loo (盧芹齋) [1880-1957] and Raymond Kœchlin (Noufflard B., 1982; Emery E., 2016).
Article by Elizabeth Emery (Translated by Jennifer Donnelly)
[Objets collectionnés] paravents, brûle-parfums, emaux cloisonnés.
[Objets collectionnés] bronzes.
[Objets collectionnés]
Clémence d’Ennery est d’abord cliente et ensuite amie de Florine Langweil. (Source: Notices Agorha "Florine Langweil" et "Clémence d’Ennery" rédigées par Elizabeth Emery).
Clémence d’Ennery achète plus de 350 objets de Florine Langweil (« Mme Langsweld ») et encore d’autres de son époux, Charles (« Langsweld le mari » ou « Langsweld ») avant qu’il n’abandonne sa famille vers 1892. Il s’agit, dans un premier temps, de netsuke et chimères et dans un deuxième temps de plus grandes statuettes, la plupart en céramique. D’Ennery est une si fidèle cliente que les deux femmes se considèrent « amies » en 1897 et 1898 et Langweil achète des objets aux ventes aux enchères pour d’Ennery (notamment des ventes Beurdeley et Joly de Morey). (Source : Notices Agorha « Florine Ebstein Langweil » et « Clémence d’Ennery » rédigées par Elizabeth Emery ; Valluy, 1975 ; Emery, 2022). |
Le Baron de Manasce offre une statuette “ancienne” à Clémence d’Ennery qu’il a achetée chez Florine Langweil. (Source: Emery, 2022). |
Méthodique, Georges de Tressan consacrait une fiche à chaque œuvre acquise. Sur de nombreuses fiches, Tressan note qu’il achète l’objet dans le magasin de Florine Langweil (1861-1958). (Source : notice Agorha "Georges de Tressan" rédigée par Asuka MINAMI)
La boutique est fondée par Carl et Florine Langweil avant 1885.
Pour les années 1882-1959.
Paravent en Coromandel, objet BK-1959-99. https://www.rijksmuseum.nl/nl/collectie/BK-1959-99