Persigny, Eglé de
28 rue de Washington
Ancienne rue de l'Oratoire du Roule.
28 rue d'Astorg
58 Knightsbridge
Hôtel de l'Ambassade française. Le duc de Persigny est en mission à Londres (ambassadeur pendant ces dates) ; les actes de naissance de deux de leurs filles portent l'adresse « Hôtel de l'Ambassade » en 1857 et 1861.
Albine Marie Napoleone Eglé Ney de la Moskowa (1832-1890), duchesse de Persigny et comtesse de Villelume-Sombreuil, mérite d'être mieux connue pour sa collection de flore japonaise, assemblée lors d’un voyage en Extrême-Orient (1882-1883) qui constitue un des tous premiers jardins japonais en France. Les historiens de son époque ont plutôt tendance à retenir les anecdotes concernant la « rare beauté » de ses cheveux blonds ou son comportement indiscret à la Cour du Second Empire (Carette M., 1888, p. 40 ; Vieil-Castel H., 1884). Or, après la mort de son premier époux, Jean Gilbert Victor Fialin, comte puis duc de Persigny (1808-1872), ministre de l’Intérieur de Napoléon III (1808-1873), la duchesse de Persigny donne libre cours à sa passion pour les voyages et les cultures étrangères (Persigny J.-G.-V., 1896, p. 199 ; Le Gaulois, 1881, p. 2). La présente notice mettra l’emphase sur cette période moins documentée (1872-1890) ; nous évoquerons surtout les conditions qui lui ont permis de constituer une collection d'objets d’art asiatique et de spécimens botaniques japonais lors d'une année passée au Japon (1882-1883).
« Eglé » Ney de la Moskowa est connue aujourd'hui pour la perfection de son pedigree bonapartiste : petite-fille du « Maréchal Ney » (1769-1815) et du banquier Jacques Laffitte (1767-1844), elle est née à Paris le 18 octobre 1832 à Paris (AP, 5Mi1/380/916), de Joseph Napoléon Ney d’Elchingen (1803-1857) et Albine Étiennette Marguerite Laffitte (1803-1881), prince et princesse de la Moskowa. L'empereur Napoléon III (1808-1873) a personnellement béni le mariage symbolique entre Eglé de la Moskowa (vingt ans) et Victor Fialin de Persigny (quarante quatre ans), le « principal fondateur du Second Empire » ; l’empereur lui a accordé le titre de comte et un cadeau de 500 000 francs lors du mariage (AN, fonds Persigny, Inventaire, n.c).
La vie politique du duc de Persigny et sa dédication à Louis-Napoléon sont bien connues grâce à ses mémoires et les nombreuses biographies évoquant son illustre carrière (Persigny J.-M.V., 1896 ; AN, fonds Persigny, inv., n.c.). Sa vie domestique l’est moins et elle a dû être bien compliquée du fait des pressions nécessitées par la mise en place d'un nouveau régime, l'installation d'un train de vie convenable pour un ministre de l’Empire sans fortune personnelle, les voyages incessants (l’empereur a régulièrement changé les responsabilités de Persigny : ministre de l’Intérieur de 1852-1854, 1860-1863 ; ministre du Commerce et de l’Agriculture de 1852-1853; ambassadeur de France en Angleterre de 1855-1858, 1859-1860), et les demandes d'une famille nombreuse. Mariés en 1852, le couple a eu en rapide succession cinq enfants (pour ne compter que les grossesses viables) : Napoléone Marie Madeleine Lionette Eglé (1853-1880) ; Jean-Michel Napoléon (1855-1885) ; Marie-Eugénie Victoria Caroline (1857-1909) ; Marie Marguerite Eglé (1861-1916) ; Anne Albine Marie-Thérèse Victoria (1868-1898). Les deux premiers sont nés à Paris (AP, 5Mi1/791/572 ; AP, 5Mi1/852/1841) et les deux suivants à Londres où Persigny est nommé ambassadeur le 7 mai 1855 (AP, V4E/2895/17 ; AP, V4E/3456/112), soit huit jours avant la naissance de Jean-Michel (leur unique fils) à Paris.
L'enthousiasme de madame de Persigny pour l’Angleterre fut telle qu'on la surnomme « Lady Persington » lors de son retour en France (Massa P., 1897, p. 144). Les Français l’ont peut-être taquinée, mais, du point de vue diplomatique, cette ouverture vers la culture anglaise et son aisance avec la langue anglaise (qu'elle pratiquait depuis son enfance ; AN, fonds Persigny, 44AP/17), ont dû aider la cause d'un Second Empire dont les Anglais se méfiaient (Persigny V., 1896). Le long séjour des Persigny à Londres a dû également influencer leur vision géopolitique (c’est un moment capital pour l’expansion britannique en Asie) et leur compréhension de l’importance de l’urbanisation (Persigny dirige l’« haussmannisation » lors de son retour en France).
La correspondance familiale (AN, fonds Persigny, 44AP/17) permet de comprendre le fonctionnement de cette famille haut placée dont la vie mouvementée entre Paris, province et étranger, était largement gérée par des domestiques. Les enfants, élevés par des gouvernants bilingues, écrivent à leur mère en anglais (AN, fonds Persigny, 44AP/17). Monsieur de Persigny écrit à sa femme et à ses enfants avec beaucoup d’amour et d'affection lors de ses différents déplacements internationaux. Madame de Persigny quitte la famille pour voyager, elle aussi, notamment en 1869-1872 : elle fait partie de l’entourage de l'impératrice Eugénie (1826-1920) lorsqu’elle accepte d'inaugurer le canal de Suez en novembre 1869 (AN, fonds Persigny, 44AP/17). Elle reste découvrir le Moyen-Orient avec des amis (Beyrouth, Damas, Jaffa, le mont Carmel, Jérusalem, par exemple) et se trouve toujours en Égypte au moment de la chute du Second Empire (le 4 septembre), tandis que le reste de la famille se réfugie à Londres (AN, fonds Persigny, inv. n.c.).
Pendant le Second Empire, les Persigny occupent une série d’appartements parisiens situés dans le 8e arrondissement, tout en partageant leur temps entre Londres (de 1855 à 1860) et le château de Chamarande (Essonne), acquis en 1857 et devenu résidence principale après la démission de Persigny du gouvernement en 1863. Ils semblent dépasser de loin leurs moyens financiers ; on dit ainsi qu'ils investissent plus de 2 millions pour restaurer cette demeure du XVIIe siècle, qu'ils pratiquent une hospitalité légendaire, mais aussi qu’ils sont toujours à court d'argent, perpétuellement poursuivis par des créditeurs (Montgomme, 1881 ; Vandam A., 1893, p. 261-287).
La mort de Victor Fialin de Persigny à Nice, le 12 janvier 1872 (AP, V4E/3381/83), si peu de temps après la chute du Second Empire, engendre d’importantes difficultés pour sa veuve qui n’est plus sous la protection de Napoléon III et qui doit satisfaire les créanciers et assurer son propre héritage ainsi que celui de ses cinq enfants mineurs. Avec le secrétaire de Persigny (Henri de Laire d’Espagny, 1830-1902), on procède à la liquidation par vente aux enchères des différentes propriétés, ainsi que des biens meubles et immeubles, notamment les objets d’art ayant décoré leurs principales résidences de 1871 : le château de Chamarande et un appartement au 5, rue d’Albe à Paris (AP, D42E3/54-55). Les inventaires établis par les commissaires-priseurs lors de ces ventes (4 avril, 6-8 mai, 10-11 mai, 30 mai 1872), ainsi que les différents procès intentés liés à une situation financière peu stable, nous permettent de distinguer le goût de Madame de Persigny – dont il sera question dans la seconde partie de cette notice – de celui de son époux.
Une telle précarité financière peut sembler curieuse quand il s’agit de la descendante d’une des plus riches familles de France, mais Eglé Ney de la Moskowa n’a aucune fortune personnelle et sa mère – la princesse de la Moskow – n'a pas doté son mariage avec Persigny (Lemoyne E., 1880 ; Le Gaulois, 1881). À la mort de Victor de Persigny en 1872, sa veuve reçoit une rente viagère de 12 000 francs (ses enfants ont leur propre part de l’héritage), ce qui n’a rien d’une grande fortune pour quelqu'un de son rang (AP D42E3/55). La situation financière suscite toute une série de scandales suivis avidement par les reporters. Quand madame de Persigny cherche à se remarier à un jeune ingénieur et avocat, Hyacinthe Hilaire Adrien Le Moyne (1841-1871), de neuf ans de moins qu’elle, la princesse de la Moskowa non seulement refuse ce mariage, mais intente une demande en interdiction, prétextant un « dérangement mental » de la part de sa fille (Le Figaro, 11 février 1873, p. 2). Le juge rejette cette demande (à laquelle le conseil de famille est, de toute façon, « hostile ») et le mariage a lieu dans le 8e arrondissement, le 15 février 1873 (Le Figaro, 11 février 1873, p. 2 ; AP, V4E/3385).
Madame de Persigny a dû se plaire dans cette famille de voyageurs et de collectionneurs : son nouvel époux est le fils du diplomate et naturaliste Arnaud Auguste Hilaire Le Moyne (1800-1891), ancien ministre plénipotentiaire ayant travaillé en Colombie, au Pérou, en Argentine et en qualité de consul général d’Égypte (AN Léonore, dossier « Le Moyne », 1585/37). Il était notamment en poste lors des fouilles de Saqqarah d’Auguste Mariette (1821-1881). La collection égyptienne d’Arnaud Auguste Hilaire Le Moyne sera d'ailleurs vendue à l’hôtel Drouot en 1891, le même jour que la collection de la duchesse (Gazette de l’hôtel Drouot, 2-3 mai 1891, p. 1).
Le couple Le Moyne s’installe au Caire, après un nouveau scandale : lors de son remariage, madame de Persigny était censée liquider le reste du mobilier appartenant à l’héritage de Persigny, mais elle refusa de céder les objets auxquels elle tenait. Les commissaires-priseurs durent faire appel à la justice pour pénétrer dans l'appartement au 21, rue Malesherbes où ils trouvèrent qu’un grand nombre d’objets « manquants » de l’inventaire fait en janvier (AP, D42E3/55). Nous reviendrons à ces objets « manquants » dans la seconde partie de cette notice ci-dessous, car la description de certaines pièces vendues vendus après la mort de madame de Persigny ressemble étrangement à celle de 1873. En 1874, le couple achète le château de Boucheteau (Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, Loiret), probablement pour avoir un pied-à-terre près des parents Le Moyne (La République du Centre, 7 mars 2021).
La mort d’Adrien Le Moyne de la fièvre typhoïde en 1879 crée de nouveaux soucis financiers, ce qui pousse madame de Persigny à intenter un procès contre sa mère pour l’obliger à lui donner une pension alimentaire (Le Constitutionnel, 30 août 1879). Elle gagne le procès, mais les problèmes familiaux continuent : sa fille aînée (« Lionette ») meurt en 1880 lors de la procédure de divorce d’avec son époux (le Figaro, 11 février 1880, p. 3), sa deuxième fille, Marie-Eugénie Friedmann de Friedland, se retrouve à une histoire d’escroquerie (l’« affaire Friedmann ») pour laquelle elle est mise en prison : elle a en effet falsifié de nombreuses fois la signature de sa grand-mère et détourné de l’argent ( La Presse, 8 avril 1881). Cette affaire, dont le procès est suivi par tous les grands journaux pendant plus de six mois, génère tant de spéculations que madame de Persigny écrit au directeur du Figaro (Le Moyne E., 1880) pour démentir les rumeurs et pour expliquer ses démarches infructueuses afin de sauver l'honneur de sa fille. L’affaire ne sera résolue qu'après la mort de la princesse de la Moskowa (le 9 février 1881). Cette dernière avait résolument refusé de soutenir sa petite-fille (Bataille A., 1881). L’énorme héritage permet alors à la duchesse de régler les 500 000 francs de dettes de Marie-Eugénie et d’assurer le mariage de sa troisième fille, Marie-Marguérite Eglé Fialin de Persigny avec Charles Albert Maximilien, baron de Schlippenbach (1846-1920), vice-consul à la délégation russe du Japon, célébré à Paris le 14 mars 1881 (AP, V4E/3456/112).
La mort de la princesse de la Moskowa permet donc à la duchesse de Persigny de régler toutes sortes de difficultés et de se faire construire une résidence permanente – elle était locataire à Paris (Journal des débats, 9 août 1884)). Elle achète ainsi un terrain à Cannes dans le quartier de La Californie (alors à l’état de « makis ») où sera posée la première pierre de la « Villa des Lotus » le 26 janvier 1882 (Gil Blas, 27 janvier 1882, p. 1). Elle part quelques jours plus tard (le 5 février) pour Tokyo où elle rend visite à sa fille et son beau-fils (les Schlippenbach) (La Presse, 5 février 1882). C'est pendant cette année au Japon (elle ne rentre qu’en mai 1883) que l’architecte cannois E. Hewetson supervise la construction de cette villa de style anglais (Nice Times, 13 octobre 1883, p. 2) qui existe toujours aujourd’hui (au 42, rue du Roi-Albert), mais privée désormais de ses magnifiques jardins botaniques remplis de flore japonaise (les jardins ont été lotis dans les années 1950). Du vivant de la duchesse de Persigny, la maison et ses jardins servaient de vitrine aux nombreux objets d’art qu'elle avait achetés au Japon, y compris une petite « maison d’été » japonaise qu’elle avait fait installer dans le jardin par des ouvriers japonais à l’automne 1883 (Maumené A., 1907 ; Nice Times, 13 octobre 1883, p. 2).
Ce que nous savons de la vie de la duchesse de Persigny lors de cette année au Japon vient principalement de la plume du voyageur et collectionneur Hugues Krafft (1853-1935) qui la fréquenta pendant son propre séjour en Extrême-Orient (1881-1883). Aussi décrit-il la duchesse, son « appétit » pour les bibelots et leur amour mutuel pour le Japon dans des lettres à sa sœur, aujourd’hui conservées au musée Le Vergeur de Reims (Reed C., 2017, p. 102-103). Ses descriptions de la vie consulaire publiées dans son Souvenir de Notre Tour du Monde donnent une très bonne idée des échanges entre Japonais, Coréens, Chinois et Européens de cette période (Krafft H., 1885). Krafft et Persigny étaient si liés qu’ils ont chacun acheté un pavillon japonais qu'ils ont fait transporter à Cannes lors du retour de madame de Persigny en mai 1883 (Leduc-Beaulieu A., 2005 ; Reed C., 2017, p. 102-103). En octobre 1883, la presse en parle avec enthousiasme (Nice Times, 13 octobre 1883, p. 2) et souligne l’influence japonaise évidente dans les détails de la Villa des Lotus « des bords des toits, des petits porches, des trumeaux » (Maumené A., 1907, p. 304).
Les grosses dépenses occasionnées par la construction de la Villa des Lotus ont provoqué un nouveau procès de la part du fils de madame de Persigny, qui prétend que c'est de la folie de « faire venir d’Yeddo [...] une maison japonaise, pour ainsi dire tout articulée, et avec cette maison un Japonais, un vrai Japonais [...] pour l’habiter et y servir le thé » (Journal des débats, 9 août 1884). Cette façon d’interpréter le projet de madame de Persigny montre à quel point elle fut en avance sur ses contemporains à la fois en reconnaissant la valeur d’une villa construite dans le « makis » de Cannes et dans ses goûts pour l’horticulture japonaise, qui fait fureur en France une décennie plus tard (voir, par exemple, Suzuki J., 2011). En 1907, le professeur d’horticulture Albert Maumené (1874-1963) consacre un long article aux spécimens apportés du Japon par la duchesse de Persigny et il évoque leur disposition dans des jardins de La Villa des Lotus, orchestrée en consultation avec l'architecte paysagiste Édouard André (1840-1911). Après la mort de madame de Persigny, c’est de nouveau André qui travaille avec les nouveaux propriétaires pour élargir les jardins (Maumené A., 1907). Loin d'être folle, la duchesse de Persigny était aussi passionnée par l’architecture paysagiste du Japon que Krafft, qui lui aussi a créé un jardin japonais – « Midori-no-sato » – à Jouy-en-Josas (Maumené A., 1908 ; Leduc-Beaulieu A., 2005).
Malheureusement, la duchesse de Persigny n’a pas vécu assez longtemps pour voir les jardins de la Villa des Lotus dans la splendeur évoquée par Maumené en 1907 et que nous décrirons plus en détail ci-dessous. Elle meurt le 29 mai 1890 seulement quelques mois après avoir épousé son troisième mari, le comte Charles de Villelume-Sombreuil (1861-1912), de 29 ans son cadet, le 21 octobre 1889 (AMC, 1E66/251876 ; AP V4E/6118/21).
Article rédigé par Elizabeth Emery
Albine Marie Napoleone Eglé Ney de la Moskowa (1832-1890), Duchess of Persigny and Countess of Villelume-Sombreuil, deserves more recognition for her collection of Japanese flora, assembled during a trip to the Far East (1882-1883) since it was one of the very first Japanese gardens in France. Historians of her time tend to privilege anecdotes concerning the "rare beauty" of her blond hair or her indiscreet behaviour at the Court of the Second Empire (Carette M., 1888, p. 40; Vieil-Castel H., 1884). However, after the death of her first husband, Jean Gilbert Victor Fialin, Count and then Duke of Persigny (1808-1872), Minister of the Interior of Napoleon III (1808-1873), the Duchess of Persigny gave free rein to her passion for travel and foreign cultures (Persigny J.-G.-V., 1896, p. 199; Le Gaulois, 1881, p. 2). This article focuses on the less-period (1872-1890), and above all in the conditions that enabled her to constitute a collection of Asian art objects and Japanese botanical specimens during a year spent in Japan (1882-1883).
"Eglé" Ney de la Moskowa is known today for the perfection of her Bonapartist pedigree: she was the granddaughter of "Marshal Ney" (1769-1815) and banker Jacques Laffitte (1767-1844). She was born in Paris on October 18, 1832 (AP, 5Mi1/380/916), to Joseph Napoléon Ney d'Elchingen (1803-1857) and Albine Étiennette Marguerite Laffitte (1803-1881), Prince and Princesse de Moskowa. Emperor Napoleon III (1808-1873) personally blessed the symbolic marriage between Eglé de la Moskowa (twenty years old) and Victor Fialin de Persigny (forty-four years old), the "principal founder of the Second Empire"; the emperor granted him the title of count and a gift of 500,000 francs at the time of the marriage (AN, Persigny collection, inv. n.c.).
The political life of the Duke of Persigny and his dedication to Louis-Napoleon are well known thanks to his memoirs and the numerous biographies evoking his illustrious career (Persigny J.-M.V., 1896; AN, Persigny collection, inv., n.c.). Less so is his domestic life, which must have been very complicated in light of the pressures necessitated by the establishment of a new regime, the maintenance of a lifestyle appropriate for a minister of the Empire without personal fortune, incessant travels (the Emperor regularly changed Persigny's responsibilities: Minister of the Interior from 1852-1854, 1860-1863; Minister of Commerce and Agriculture from 1852-1853; French Ambassador to England from 1855-1858, 1859-1860), and the demands of a large family. Married in 1852, the couple had five children in quick succession (counting only viable pregnancies): Napoléone Marie Madeleine Lionette Eglé (1853-1880); Jean-Michel Napoleon (1855-1885); Marie-Eugénie Victoria Caroline (1857-1909); Marie Marguerite Egle (1861-1916); and Anne Albine Marie-Thérèse Victoria (1868-1898). The first two were born in Paris (AP, 5Mi1/791/572; AP, 5Mi1/852/1841) and the next two in London where Persigny was appointed ambassador on May 7, 1855 (AP, V4E/2895/17; AP, V4E/3456/112), just eight days before the birth of Jean-Michel (their only son) in Paris.
Madame de Persigny's enthusiasm for England was so strong that she was nicknamed "Lady Persington" on her return to France (Massa P., 1897, p. 144). The French may have teased her, but from a diplomatic point of view this openness to English culture and her ease with the English language (which she had practiced since childhood; AN, Persigny collection, 44AP/17), must have helped the cause of a Second Empire that was distrusted by the English (Persigny V., 1896). The Persignys' long stay in London must also have influenced their geopolitical vision (it was a key moment for British expansion in Asia) and their understanding of the importance of urbanisation (Persigny was engaged in the "Haussmannisation" of Paris upon his return to France).
The family correspondence (AN, Persigny collection, 44AP/17) allows us to understand this highly-placed family whose eventful life between Paris, the provinces, and abroad was largely managed by servants. The children, who were brought up by a bilingual governess, wrote to their mother in English (AN, Persigny collection, 44AP/17). Monsieur de Persigny wrote to his wife and children with much love and affection during his various international trips. Madame de Persigny also left the family to travel, notably in 1869-1872, when she was part of the entourage of Empress Eugénie (1826-1920) when she inaugurated the Suez Canal in November 1869 (AN, Persigny collection, 44AP/17). She remained there to explore the Middle East with friends (including Beirut, Damascus, Jaffa, Mount Carmel, and Jerusalem) and was still in Egypt at the time of the fall of the Second Empire (September 4), while the rest of the family took refuge in London (AN, Persigny collection, inv. nc).
During the Second Empire, the Persignys occupied a series of Parisian apartments located in the 8th arrondissement. They divided their time between London (1855-1860) and the Château de Chamarande (Essonne), which was acquired in 1857 and became their main residence after Persigny’s resignation from the government in 1863. They seem to have lived far beyond their means; it is said that they invested more than 2 million to restore this 17th century residence, and offered legendary hospitality, but also that they were always short of money and were perpetually pursued by creditors (Montgomme, 1881; Vandam A., 1893, pp. 261-287).
The death of Victor Fialin de Persigny in Nice on January 12, 1872 (AP, V4E/3381/83), so soon after the fall of the Second Empire, caused great difficulties for his widow, who was no longer under the protection of Napoleon III and who needed to satisfy creditors and ensure her own inheritance as well as that of her five minor children. The secretary of Persigny (Henri de Laire d'Espagny, 1830-1902) proceeded to liquidate various properties at auction. This included movable and immovable property, in particular the works of art that decorated their main residences from 1871: the Château de Chamarande and an apartment at 5, rue d'Albe in Paris (AP, D42E3/54-55). The inventories drawn up by the auctioneers during these sales (April 4, May 6-8, May 10-11, May 30, 1872), as well as the various lawsuits that were related to an unstable financial situation, allow us to distinguish the tastes of Madame de Persigny – which will be discussed in the second part of this article– from that of her husband.
Such financial precariousness may seem curious in the descendant of one of the wealthiest families of France, but Eglé Ney de la Moskowa had no personal fortune and her mother – the Princesse de la Moskowa – refused to provide a dowry for her marriage to Persigny (Lemoyne E., 1880; Le Gaulois, 1881). When Victor de Persigny died in 1872, his widow received a life annuity of 12,000 francs (his children had their own share of the inheritance), which was not a great fortune for someone of her rank (AP D42E3/55). The financial situation gave rise to a whole series of scandals which were eagerly followed by reporters. When Madame de Persigny wished to remarry a young engineer and lawyer, Hyacinthe Hilaire Adrien Le Moyne (1841-1871), nine years her junior, the Princess of Moskowa not only refused the marriage, but filed a request to ban it, claiming "mental disturbance" on the part of her daughter (Le Figaro, February 11, 1873, p. 2). The judge rejected her mother's request (to which the family council was also "hostile") and the marriage took place in the 8th arrondissement on February 15, 1873 (Le Figaro, February 11, 1873, p. 2; AP, V4E/3385).
Madame de Persigny must have enjoyed herself in this family of travellers and collectors: her new husband was the son of diplomat and naturalist Arnaud Auguste Hilaire Le Moyne (1800-1891), former minister plenipotentiary who had worked in Colombia, Peru, and Argentina and had served as Consul General of Egypt (AN Léonore, dossier "Le Moyne", 1585/37). He was notably in this post during the excavations of Saqqara by Auguste Mariette (1821-1881). The Egyptian collection of Arnaud Auguste Hilaire Le Moyne was sold at the Hôtel Drouot in 1891 on the same day as the collection of the Duchess (Gazette de l'hôtel Drouot, May 2-3, 1891, p. 1).
The Le Moyne couple moved to Cairo, after a new scandal: when she remarried, Madame de Persigny was supposed to liquidate the rest of the furniture belonging to Persigny's inheritance, but she refused to give up the objects she held most dear. The auctioneers had to appeal to the courts to enter the apartment at 21, rue Malesherbes where they found a large number of objects "missing" from the inventory made in January (AP, D42E3/55). We will come back to these "missing" objects in the second part of this article below, because the description of certain pieces sold after the death of Madame de Persigny oddly resembles that of 1873. In 1874, the couple bought the Château de Boucheteau (Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, Loiret), probably to have a base near Le Moyne's parents (La République du Centre, March 7, 2021).
The death of Adrien Le Moyne from typhoid fever in 1879 created new financial worries, which prompted Madame de Persigny to bring a lawsuit against her mother to force her to pay her a pension (Le Constitutionnel, August 30, 1879). She won the case, but family problems continued: her eldest daughter ("Lionette") died in 1880 during divorce proceedings from her husband (Le Figaro, February 11, 1880, p. 3); her second daughter, Marie-Eugénie Friedmann de Friedland, found herself implicated in a case of fraud (the "Friedmann affair”), for which she was imprisoned: she had falsified her grandmother's signature a number of times and misappropriated the funds (La Presse, April 8, 1881). This affair, the trial of which was followed by all major newspapers for more than six months, generated so much speculation that Madame de Persigny wrote to the director of Le Figaro (Le Moyne E., 1880) to deny the rumours and to explain her unsuccessful efforts in order to save her daughter’s honour. The case would not be resolved until after the death of the Princess of Moskowa (February 9, 1881). The latter had resolutely refused to support her granddaughter (Bataille A., 1881). The enormous inheritance then enabled the Duchess to settle the 500,000 francs of Marie-Eugénie's debt and to ensure the marriage of her third daughter, Marie-Marguerite Eglé Fialin de Persigny. On March 14, 1881, this daughter married Charles Albert Maximilien in Paris. He was Baron of Schlippenbach (1846- 1920) and vice-consul to the Russian delegation to Japan. (AP, V4E/3456/112).
The death of the Princess of Moskowa thus enabled the Duchess of Persigny to settle all sorts of difficulties and to build a permanent residence, (she had been renting her apartment in Paris (Journal des Débats, August 9, 1884)). She bought land in Cannes in La California district where the first stone of the "Villa des Lotus" would be laid on January 26, 1882 (Gil Blas, January 27, 1882, p.1). She left a few days later (February 5) for Tokyo where she visited her daughter and son-in-law (the Schlippenbachs) (La Presse, February 5, 1882). It was during this year in Japan (she did not return until May 1883) that the Cannes architect E. Hewetson supervised the construction of this English-style villa (Nice Times, October 13, 1883, p. 2). The villa still exists today (at 42, rue du Roi-Albert), although it is now deprived of its magnificent botanical gardens filled with Japanese flora (the land was subdivided in the 1950s). During the Duchess of Persigny's lifetime, the house and its gardens served as a showcase for the many works of art she had purchased in Japan, including a small Japanese "summer house" that she had installed in the garden by Japanese workers in the fall of 1883 (Maumené A., 1907; Nice Times, October 13, 1883, p. 2).
What we know of the life of the Duchess of Persigny during her year in Japan comes mainly from the pen of the traveler and collector Hugues Krafft (1853-1935) who frequented her during his own stay in the Far East (1881-1883). He also describes the Duchess, her "appetite" for bibelots and their mutual love for Japan in letters to his sister, which are now kept at the Le Vergeur museum in Reims (Reed C., 2017, p. 102-103). His descriptions of consular life published in his Souvenir de Notre Tour du Monde give a good idea of the exchanges between Japanese, Koreans, Chinese and Europeans of this period (Krafft H., 1885). Krafft and Persigny were so close that they each bought a Japanese pavilion which they had transported to Cannes when Madame de Persigny returned in May 1883 (Leduc-Beaulieu A., 2005; Reed C., 2017, p. 102-103). In October 1883, the press gave enthusiastic reports (Nice Times, October 13, 1883, p.2) and pointed out the Japanese influence evident in the details of the Villa des Lotus "from the edges of the roofs, the little porches, [and] the overmantels" (Maumené A., 1907, p. 304).
The large expenditure occasioned by the construction of the Villa des Lotus provoked a new lawsuit from Madame de Persigny’s son, who claims that it was madness to "bring from Yeddo [...] Japanese a house, fully detailed, and with this house a Japanese person, a real Japanese [...] to live in it and serve tea there" (Journal des Débats, August 9, 1884). This way of interpreting Madame de Persigny's project shows how far ahead she was ahead of her contemporaries both in recognising the value of this villa and in her tastes for Japanese horticulture, which was all the rage in France a decade later (see, for example, Suzuki J., 2011). In 1907, the professor of horticulture Albert Maumené (1874-1963) devoted a long article to the specimens that the Duchess of Persigny brought from Japan and evoked their arrangement in the gardens of La Villa des Lotus, which was orchestrated in consultation with the landscape architect Édouard André (1840-1911). After the death of Madame de Persigny, it was once again André who worked with the new owners to enlarge the gardens (Maumené A., 1907). Far from being mad, the Duchess of Persigny was as passionate about Japanese landscape architecture as Krafft, who also created a Japanese garden – “Midori-no-sato” – in Jouy-en-Josas (Maumené A. , 1908; Leduc-Beaulieu A., 2005).
Unfortunately, the Duchess of Persigny did not live long enough to see the gardens of the Villa des Lotus in the splendour evoked by Maumené in 1907, which we will describe in further detail. She died on May 29, 1890 only a few months after having married her third husband, Count Charles de Villelume-Sombreuil (1861-1912), 29 years her junior, on October 21, 1889 (AMC, 1E66/251876; AP V4E/6118/21).
Article by Elizabeth Emery (Translated by Jennifer Donnelly).
Visite à sa fille récemment mariée à Paris (le 14 mars 1881), et partie quelques jours plus tard pour Tokyo avec son époux, le baron Schlippenbach, vice-consul de la délégation russe. A l'allée elle est à bord du même paquebot (Le Natal) que la mission chinoise qui rapatrie le corps de Mme Tchen (la femme de l'ambassadeur chinois) dont les funérailles ont été décrites dans la presse. La presse la dit rentrée à Paris le 7 mai 1883 après un voyage au bord du paquebot Yrawady (probablement le paquebot Irrawaddy qui assurait le voyage Glasgow-Rangoon (Yangon dans l'actuel Myanmar).
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
Ce que nous savons de la vie de la duchesse de Persigny lors de son année au Japon en 1882 vient principalement de la plume du voyageur et collectionneur Hugues Krafft (1853-1935) qui la fréquenta pendant son propre séjour en Extrême-Orient (1881-1883). Aussi décrit-il la duchesse, son « appétit » pour les bibelots et leur amour mutuel pour le Japon dans des lettres à sa sœur, aujourd’hui conservées au musée Le Vergeur de Reims (Reed C., 2017, p. 102-103).
(Source : Notice Agorha "duchesse de Persigny" rédigée par Elizabeth Emery)
Un meuble japonais en laque (lot no 230) de la collection de la duchesse de Persigny est adjugé 1 250 francs à l’écrivain Émile Zola (1848-1902), par exemple (AP, D4E32/76).
(Source : Notice Agorha "duchesse de Persigny" rédigée par Elizabeth Emery)
Lors de la vente après décès de la duchesse de Persigny, des « objets d'art variés de l'Orient » – manifestement des souvenirs des voyages de cette dernière – monnaie, théières, cendriers, instruments de musique, poupées, ciseaux, masques, jeux japonais, des albums de photographies coloriés, et des éventails et paravents japonais et chinois – ont beaucoup de succès parmi les marchands spécialisés en objets asiatiques : Florine Langweil (1861-1958), Antoine de la Narde (1839 – vers 1912), Philippe Sichel (1841-1899), Madame Hatty (1841-1908) et d'autres (AP, D4E32/76 ).
(Source : Notice Agorha "duchesse de Persigny" rédigée par Elizabeth Emery)