Marquis, François-Philibert
59, Passage des Panoramas
Château de l’Isle Manière ou Lillemanière
Villa Edmond, rond-point Dubois d’Angers (act. Duboys d’Anger)
lieu de décès
Fils de François Marquis (décédé en 1857) et de Marie Madeleine Philiberte Guéland, François Philibert Marquis naît le 24 juin 1821 au milieu d’une fratrie de trois enfants : sa sœur ainée Madeleine Pélagie Laure (née le 3 mars 1820) et sa cadette Louise Désirée (née le 21 septembre 1824) (AP, V3E/N 1547). À la suite de son père, il prend la tête d’une boutique de chocolat et de thé extrêmement prospère et rassemble une riche collection d’objets d’art, dans laquelle les porcelaines chinoises occupent une place prépondérante.
L’héritage paternel
L’oncle paternel de François Philibert, Louis Marquis (décédé en 1848 ?), fonde en 1806 un commerce d’épicerie, de vente et fabrication de chocolat au 41 rue Helvétius (act. rue Sainte-Anne), commerce dans lequel l’avait rejoint son frère à partir de 1813 (Dufraisse R. et al., 1888, p. 331). La société des deux frères est finalement dissoute et chacun s’installe à son compte : Louis épouse une certaine Marie Guéland, elle-même à la tête d’une maison de confiserie 38 rue des Lombard, tout en gardant une maison de fabrication de chocolats au 41 de la rue Sainte-Anne, tandis que François fonde en 1818 la maison « F. Marquis » spécialisée dans le commerce du thé et du chocolat passage des Panorama, no 59. Le couple François Marquis et Marie Madeleine Guéland acquière à partir de 1831 une propriété rue Vivienne au no 44, consistant en « une maison élevée de plusieurs étages et ses dépendances […] donnant aussi sur le passage des panorama » qu’ils reconstruisent presque en totalité et agrandissent par l’acquisition successive de terrains et de maisons attenantes (AN, MC/ET/LXXXVII/1605). En 1854, le couple possède, en plus du no 44, les no 57, 58 et 59 du Passage des Panorama. François Philibert Marquis prend la gestion du commerce de son père en 1857.
Querelles de chocolatiers
La division des maisons de chocolatiers du temps de François et Louis Marquis occasionnera une longue série de procès pour l’usage du nom Marquis. En 1876, François Philibert Marquis intente un premier procès contre le successeur de la maison de son oncle, M. Percheron, pour l’usage abusif qu’il aurait fait du nom « Marquis » entrainant une concurrence déloyale. Demandant à ce que l’usage du patronyme soit purement et simplement retiré du successeur, François Philibert sera finalement débouté dans un jugement du tribunal de commerce du 6 juillet 1876, lequel préconisera néanmoins que la mention complète d’« ancienne maison L. Marquis. Percheron successeur » soit bien indiquée sur tous les produits et factures dudit Percheron de manière à éviter toute confusion (Anonyme, 16 janvier 1887, n.p.). Sortie grandie de cette décision, l’ancienne maison L. Marquis tire de cette occasion un profit publicitaire : on trouve de nombreux encarts de journaux de 1876 faisant la promotion de ses chocolats, ainsi que des commentaires sur le procès qu’elle vient de remporter, allant des proverbes tels que « qui s’y frotte s’y pique » (Anonyme, 23 décembre 1876) aux paraphrases du Cid (« De t’attaquer à moi, qui t’a rendu si vain ! », Anonyme, 16 décembre 1876, p. 390). Le procès est relancé près de dix ans plus tard, lorsque François Philibert Marquis fait saisir à Nantes des produits de la fabrication L. Marquis qui ne respectaient pas les obligations du jugement de 1876. Quelques mois après cette saisie, Percheron cède son fonds de commerce à la société Clarke et Cie, qui détient des magasins de luxe boulevard des Capucines, où elle écoule des chocolats « L. Marquis ». Le tribunal civil de Seine donne finalement raison à François Philibert Marquis dans un jugement du 13 janvier 1887 : la maison concurrente doit désormais retirer de toutes ses enseignes, factures et boîtes de produits la mention de « L. Marquis ». Mais la société Clarke et Cie fait appel et, le 27 mai 1887, la cour d’appel de Paris rend à la société le droit d’utilisation du nom, à la condition que tous les libellés indiquent en lettre de grandeur égales « ancienne maison Louis Marquis, Clake et Cie, successeurs », et moyennant des dommages et intérêt pour concurrence déloyale à François Philibert Marquis, auxquels s’ajoute l’autorisation pour ce dernier de publier dans six journaux aux frais de ses opposants le résultat du jugement (voir entre autre : Anonyme, 13 juin 1887, n.p.). Devenue cas de jurisprudence commerciale, toute l’affaire est retracée dans le Journal des tribunaux de commerce (Dufraisse R. et al., 1888, pp. 330-340). Mais l’histoire ne s’arrête pas là : la fille de François Philibert Marquis, qui lui succède après sa mort, relance un procès en 1896 contre le nouveau successeur de l’ancienne maison Louis Marquis, un certain M. Dufrêne. Elle sera cependant déboutée par le Tribunal civil de Seine (3e chambre, Anonyme, 3 avril 1896, n.p.).
Malgré ces querelles la maison F. Marquis fut extrêmement prospère tout au long du XIXe siècle. Le banquier et collectionneur Henri Cernuschi souligne le caractère exceptionnel de cette prospérité dans le Paris du XIXe siècle : « [Cernuschi] dit encore, nous rapportent les frères Goncourt, que dans le commerce, les Boissier, les Marquis sont des maisons à part et que tout le reste, à peu près, du commerce de Paris vit toute son existence en ayant la plus grande peine à ne pas faire faillite » (Goncourt E., 5 février 1876, éd de 2014, vol. II., p. 687).
Famille & succession
François Marquis se marie trois fois. Sa première épouse, Eugénie Bertin (?-1855) est fille de négociant et rentière au moment de son mariage en 1853 (AN, MC/ET/LXXXVII/1576). Elle décède seulement deux ans plus tard le 11 septembre 1855, âgée de 24 ans (AP, V3E/D 106 et 5Mil 1499) à peine un mois après avoir donné naissance à leur fille Hélène (née le 18 août 1855, AN, MC/ET/LXXXVII/1592). Il se remarie en 1858 avec Marie Claire Chambolle (décédée le 14 mai 1859, AN MC/ET/LXXXVII/1607), fille de Michel Auguste Chambolle (1802-1883), homme de lettres député de la Vendée de la Mayenne et de la Seine (1802-1883), et d’Anne Geneviève Henrion, dont l’aïeul était confiseur au 21 de la rue Vivienne (AN, LH/473/17). De leur courte union naîtra une fille : Philiberte Marie Marquis (née le 22 avril 1859). De nouveau veuf en 1859, en il se remarie le 3 juillet 1860 avec la sœur de sa seconde épouse, Blanche Delphine Chambolle (décédée le 9 mai 1881), lors d’une discrète cérémonie à Saint-Quentin-sur-le-Homme dans le département de la Manche où il possédait le château de l’Isles Manière, ou Lillemanière (Anonyme, 1860, n.p.). De ce mariage naîtront trois enfants Anne Claire, Jeanne Edmée et Georges Michel Philibert (né le 8 février 1872). Il aura enfin une fille naturelle qu’il reconnaîtra du nom de Berthe Rosalie (née à Mayence 23/07/1844). Cette dernière se marie le 9 août 1864 à Étienne Alphonse Deffosse.
Le 28 novembre 1887, il forme une société avec sa fille Philiberte Marie, de façon à ce que celle-ci puisse jouir au jour de son décès de la « propriété exclusive et absolue du nom et de la marque de F. Marquis, du matériel industriel, ustensiles, agencements et autres objets mobiliers servant à l’exploitation de la maison, de l’ensemble des immeubles, à Paris, rue Vivienne, no 44, passage des Panoramas, no 59, et rue Martel, no 14, des matières première et marchandises alors en magasin, des créances et valeur quelconques de la société » (Garnier M. D., 1891, art. 7590, p. 288). Lorsque François Philibert Marquis décède le 8 mai 1889, la gestion du commerce F. Marquis est confiée à un certain Gustave Guesnu.
Article rédigé par Pauline d'Abrigeon
Son of François Marquis (died in 1857) and Marie Madeleine Philiberte Guéland, François Philibert Marquis was born on June 24, 1821 into a family of three children: his older sister Madeleine Pélagie Laure (born March 3, 1820) and his younger sister Louise Désirée (born September 21, 1824) (AP, V3E/N 1547). Following his father, he took over the management of an extremely prosperous chocolate and tea shop and amassed a rich collection of works of art, prominently featuring Chinese porcelain.
Paternal Inheritance
François Philibert's paternal uncle, Louis Marquis (died in 1848?), founded a grocery business in 1806, selling and manufacturing chocolate at 41 rue Helvétius (present-day rue Sainte-Anne), a business which his brother joined from 1813 (Dufraisse R. et al., 1888, p. 331). The company of the two brothers was finally dissolved and each set up his own: Louis married a certain Marie Guéland, herself the head of a confectionery house at 38 rue des Lombard, while maintaining a chocolate manufacturing house at 41 rue Sainte-Anne, while François founded in 1818 the house "F. Marquis" specialising in the trade of tea and chocolate, in the passage des Panoramas, no 59. The couple François Marquis and Marie Madeleine Guéland acquired in 1831 a property rue Vivienne at no. 44, consisting of "a high house of several floors and its outbuildings […] also overlooking the Passage des Panoramas" which they rebuilt almost entirely and enlarged by the successive acquisition of land and adjoining houses (AN, MC/ET/LXXXVII/1605). In 1854, the couple owned, in addition to no. 44, no. 57, 58 and 59 of the Passage des Panoramas. François Philibert Marquis took over the management of the business from his father in 1857.
Quarrel chocolate sellers
The division of the chocolate houses of the time of François and Louis Marquis caused a long series of lawsuits regarding the use of the Marquis name. In 1876, François Philibert Marquis brought a first lawsuit against the successor of his uncle's house, Mr. Percheron, for the alleged misuse of the name "Marquis" resulting in unfair competition. Asking that the use of the patronymic be purely and simply withdrawn from the successor, François Philibert was ultimately dismissed in a judgment of the commercial court of July 6, 1876, which nevertheless recommended that the complete mention of "old house L. Marquis. Successor Percheron" be clearly indicated on all products and invoices of said Percheron so as to avoid any confusion (Anonymous, January 16, 1887, n.p.). As a result of this decision, the former L. Marquis house derived an advertising profit from this opportunity: there were many newspaper inserts from 1876 promoting its chocolates, as well as comments on the lawsuit it has just won, ranging from proverbs such as "if you play with fire, you get burned" ("qui s'y frotte s'y pique") (Anonymous, December 23, 1876) to paraphrases of El Cid ("Attack me? Who made you so vain!", Anonymous, 16 December 1876, p. 390). The lawsuit was re-launched almost ten years later, when François Philibert Marquis had L. Marquis products seized in Nantes that did not meet the obligations of the 1876 judgment. A few months after this seizure, Percheron sold his business to Clarke et Cie, which owns luxury stores on Boulevard des Capucines, selling "L. Marquis" chocolates. The civil court of Seine finally ruled in favour of François Philibert Marquis in a judgment of January 13, 1887: thereafter the competing house had to remove from all its signs, invoices and boxes of products the mention of "L. Marquis". But the company Clarke et Cie appealed and, on May 27, 1887, the Paris Court of Appeals returned the right to use the name to the company, on the condition that all wordings indicate in letters of equal size "former house Louis Marquis, Clake et Cie, successors", and in return for damages for unfair competition to François Philibert Marquis, to which is added the authorisation for the latter to publish the result of the judgment in six newspapers at the expense of his opponents (see among others: Anonymous, June 13, 1887, n.p.). The case, having become a matter of commercial jurisprudence, is recounted in the Journal des tribunals de commerce (Dufraisse R. et al., 1888, pp. 330-340). The story does not end there: the daughter of François Philibert Marquis, who succeeded him after his death, took legal action in 1896 against the new successor of the former Louis Marquis house, a certain Mr. Dufrêne. However, it was dismissed by the Civil Court of Seine (3rd chamber, Anonymous, April 3, 1896, n.p.).
Despite these quarrels, the F. Marquis house remained extremely prosperous throughout the 19th century. The banker and collector Henri Cernuschi underscored the exceptional character of this prosperity in 19th century Paris: "[Cernuschi] also says, as the Goncourt brothers tell us, that in commerce, the Boissiers and the Marquises are separate houses and that all the rest, more or less, of the commerce of Paris lives its entire existence with the greatest difficulty in not going bankrupt” (Goncourt E., February 5, 1876, ed. of 2014, vol. II., p. 687).
Family & Inheritance
François Marquis married three times. His first wife, Eugénie Bertin, was the daughter of a merchant and an annuitant at the time of her marriage in 1853 (AN, MC/ET/LXXXVII/1576). She died only two years later on September 11, 1855, aged 24 (AP, V3E/D 106 and 5Mil 1499) barely a month after giving birth to their daughter Hélène (August 18, 1855, AN, MC/ ET/LXXXVII/1592). He remarried in 1858 with Marie Claire Chambolle (deceased May 14, 1859, AN MC/ET/LXXXVII/1607), daughter of Michel Auguste Chambolle, man of letters deputy of Vendée, Mayenne and Seine (1802-1883 ), and Anne Geneviève Henrion, whose grandfather was a confectioner at 21 rue Vivienne (AN, LH/473/17). From their short union was born a daughter: Philiberte Marie Marquis (April 22, 1859). Widowed again in 1859, he remarried on July 3, 1860 to the sister of his second wife, Blanche Delphine Chambolle (deceased May 9, 1881), during a discreet ceremony at Saint-Quentin-sur-le-Homme in the Manche department where he owned the Château de l'Isles Manière, or Lillemanière (Anonymous, 1860, n.p.). They had three children: Anne Claire, Jeanne Edmée, and Georges Michel Philibert (born February 8, 1872). He also had a natural daughter, whom he recognised by the name of Berthe Rosalie (Mayence 23/07/1844). She married Étienne Alphonse Deffosse on August 9, 1864.
On November 28, 1887, he formed a company with his daughter Philiberte Marie, so that at his death she could enjoy "exclusive and absolute ownership of the name and brand of F. Marquis, of the equipment industrial, utensils, fittings, and other movable objects used in the operation of the house, of all the buildings, in Paris, rue Vivienne, no. 44, passage des Panoramas, no. 59, and rue Martel, no. 14, materials first and goods then in store, any claims and value of the company" (Garnier M. D., 1891, art. 7590, p. 288). When François Philibert Marquis died on May 8, 1889, the management of the F. Marquis business was entrusted to a certain Gustave Guesnu.
Article by Pauline d'Abrigeon (Translated by Jonathan & David Michaelson)
[Objets collectionnés] porcelaine, jade, verre, émail peint, émaux cloisonnés, grès, bijoux, objets en écaille, laque, mobilier, peinture sur verre, bronze, agate sculptée, bois sculpté, ivoire sculpté
[Objets collectionnés] porcelaine tendre (dont Vincennes, Sèvres, Saint-Cloud), porcelaine dure (Sèvres) , faïence (Rouen), orfèvrerie, bronze, gravure, horlogerie, mobilier, marqueterie, peinture, miniature, sculpture (marbres, bois albâtre, ivoire), vitraux, verrerie (dont Émile Gallé), instruments de musique (piano)
[Objets collectionnés]
Truchy avais acquis le lot 78 (céramique) lors de la vente Marquis (Lugt, 53526)
Alfred Beurdeley fils (1847-1919) achète une vingtaine de lots à la vente Marquis (Hôtel Drouot, 12-15 février 1883). (Source : notice Agorha « Les Beurdeley » rédigée par Camille Mestdagh)
Sartel rachètera même quelques porcelaines extrême-orientales lors des importantes ventes du chocolatier François-Philibert Marquis (AP, D48E3 71).
(Source : Notice Agorha "Octave du Sartel" rédigée par Pauline d'Abrigeon)