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Deville, Étienne

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Dernière modification
01/02/2024 17:10 (il y a 10 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Deville
Prénom : 
Étienne
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Deville
Prénom : 
Étienne Joseph
Qualificatif : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
26 décembre 1873
Lieu de naissance : 
Commentaire Lieu de naissance : 

Père : Deville, Pierre (Paris 03/01/1846 - Bernay 24/05/1891), domestique (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville C 6/20, acte d’état civil du mariage et contrat de mariage de ses parents du 28 octobre 1868)

Mère : Renoult, Julienne Alexandrine (Nassandres 14/09/1847 - Bernay 04/09/1918), domestique

Épouse : Massigny, Félicie Élise Césarine (Évreux 16/01/1866 – Lisieux 20/05/1943), veuve sans profession. Mariage célébré le 17 mai 1904 (source : AP, 5M 187, acte n° 451). Les mêmes prénoms figurent sur son acte de naissance (source : AD de l'Eure, N (1863-1867) 8MI 4773, acte n° 8). A pourtant comme prénom usuel Marguerite.

Date de mort : 
7 juin 1944
Lieu de mort : 
Commentaire Naissance et mort : 

Meurt sous les bombes alliées la nuit qui suit le débarquement américain. Deville ne sera inhumé à Menneval, près de Bernay, que le 5 mai 1945 à côté de la tombe de Lottin de Laval, son mentor (source : Société historique de Lisieux, faire-part d’inhumation).

Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1904
Adresse : 

25, rue Lhomond

Code postal : 
75005
Ville : 
Commentaire Adresses : 

Adresse indiquée sur l’acte de mariage. Avait eu précédemment plusieurs autres adresses parisiennes au gré de ses ressources.

Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1908 - 1909
Adresse : 

29, rue Deparcieux

Code postal : 
75014
Ville : 
Commentaire Adresses : 

« J’avais quitté mon petit logement de la rue Lhomond que je regrette encore et nous étions installés rue Deparcieux à Montrouge. [Il faut entendre ici le quartier du Petit-Montrouge, c’est-à-dire ce territoire de l’ancienne commune annexée par Paris en 1860 pour constituer une partie du 14e arrondissement.] Nous étions parfaitement logés, au premier étage, dans un quartier très tranquille non loin de la rue Gassendi où habitait Vuaflart. » Les deux rues sont parallèles et coupent perpendiculairement la rue Daguerre (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 3/1, Journal manuscrit d'Étienne Deville, f. 16A).

Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1909 - 1914
Adresse : 

11, rue Mérimée

Code postal : 
75016
Ville : 
Commentaire Ville : 

(source : Bulletin de la Société d'iconographie parisienne, 1908 ; Annuaire de la gravure française, 1913-14)

Commentaire Adresses : 

« Afin d’éviter une perte de temps, j’étais venu habiter dans ce riche quartier rue Mérimée à quelques mètres de la rue Spontini, tout près de mon travail [la bibliothèque Doucet, aux n° 16 et 18]. J’occupais dans un jardin le premier étage d’un grand pavillon : mon logement se composait de quatre pièces fort bien disposées » (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 3/1, Journal manuscrit d'Étienne Deville, f. 17).

Professions / activités
Type de profession / activité : 
Institution : 
Librairie Champion
Lieu institution : 
Date d'activité : 
Vers 1905 - 1908
Commentaire Professions / activités : 

Deville échappe aux emplois de misère, en entrant à la libraire Honoré Champion où il trouve pour la première fois un travail régulier en rapport avec ses intérêts et ses compétences. Témoigne à plusieurs reprises de la nature du travail, des rencontres, de l’atmosphère générale, érudite et stimulante :

« Je me souviens que, moi aussi, je faillis devenir libraire, mais j’aurais, je crois, fait un bien mauvais commerçant. J’ai pourtant, durant de longues années, travaillé chez le légendaire Honoré Champion, qui avait alors son officine quai Voltaire, dans la maison du père d’Anatole France, auquel il avait succédé, avant de s’installer définitivement quai Malaquais [en 1905], à deux pas de l’Institut. J’ai passé dans cette maison des années heureuses, vivant au milieu des vieux livres et des belles éditions, en contact quotidien avec toutes les sommités du monde bibliophilique. Je me souviens que, chaque semaine, au sortir de l’Institut, les pontifes des lettres et des arts ne manquaient pas de venir faire salon dans le bureau où je travaillais. C’est ainsi que je connus Léopold Delisle, Paul Lacombe, Joseph Bédier, Pierre de Nolhac, Abel Lefranc, Auguste Longnon, Paul Durrieu, Anatole France, Saint-Saëns, le cardinal Mathieu, Maurice Barrès et tant d’autres dont l’inutile énumération emplirait ces pages, déjà trop longues. C’est dans ce milieu que je me suis perfectionné dans la connaissance des anciennes éditions, qu’il m’a été donné d’en voir et d’en décrire, avec autant de luxe et d’érudition que les notices de Paul Lacroix et de Georges Brunet qui avaient été mes premiers guides et mes premiers inspirateurs. De ce passage chez Honoré Champion, j’ai conservé un excellent souvenir (…) » (source : Médiathèque André Malraux de Lisieux, Catalogue des livres de la bibliothèque d’Étienne Deville, Ms. 188 (1), p. 5).

Deville rapporte la même expérience dans son journal : « Vers 1908 [comprenons avant 1908], mon ami Béranger me fit entrer chez Champion (…) Mes débuts dans la maison consistèrent à terminer le déménagement du quai Voltaire et l’installation définitive quai Malaquais [Honoré Champion déplace sa librairie 5 quai Malaquais en 1905]. J’étais là dans mon véritable élément, au milieu des livres rares et précieux que j’ai toujours aimés. Honoré Champion avait deux fils, Pierre et Édouard, avec lesquels j’étais constamment en rapport. Pierre, l’aîné, sortait de l’École des Chartes [1905], c’était une nature taciturne un peu renfermée, mais combien doux et bon. Le même goût dans les études nous attirait l’un vers l’autre, et plus d’une fois je collaborais à ses travaux. Nous nous entendions fort bien et je jouissais d’une certaine liberté, ne m’occupant que du service des livres anciens (…) » (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 3/1, Journal manuscrit d'Étienne Deville, f. 13A-14A).

Deville publie plusieurs de ses opuscules chez Champion lorsqu’il y est employé, et reste en contact avec ses fils après son retour en Normandie. Comme conservateur de la bibliothèque de Lisieux, leur passe commande de livres à des tarifs préférentiels (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 3/8, lettres d’Édouard et Pierre Champion, 1922-1925).

Type de profession / activité : 
Date d'activité : 
1909 - 1914
Commentaire Professions / activités : 

Approché en mai 1908, Deville travaille comme bibliothécaire adjoint de René-Jean, à la Bibliothèque d'art et d'archéologie à partir de 1909. Lui-même témoigne de cette expérience : « J'entrai donc à la Bibliothèque d'art, en pleine fondation dans ce riche quartier du XVIe, calme comme un coin de province. Le travail me laissait assez de loisir pour entreprendre un travail de dépouillement du Mercure de France de l'origine à 1883, au seul point de vue de l'art et de l'archéologie (...) La bibliothèque Doucet n'avait rien de commun avec les bibliothèques officielles, le classement des ouvrages était tout différent et répondait à un besoin de travail facile et rapide, en ce sens que des éléments de bibliographies se trouvaient disposés sur les rayons. Le système présente évidemment des avantages mais combien de désagréments. La Bibliothèque était alors peu fréquentée, par de rares privilégiés qui devaient se faire recommander près de Doucet, surtout de Vuaflart, qui était devenu l'homme lige de Doucet, qu'il dominait d'ailleurs, au point que rien ne se faisait sans l'assentiment du Maître ainsi que Doucet lui-même l'appelait. Par suite d'accroissements successifs la Bibliothèque était devenue une véritable administration, comprenant un grand nombre de sections et, naturellement, le personnel avait suivi l'évolution de l'ensemble. En dehors de mes travaux de classement, je me livrais à des travaux de dépouillement de collections pour constituer un fichier unique véritable mine de renseignements pour les travailleurs qui ne manquaient pas de le mettre à profit. Ce furent, à vrai dire, les meilleures années de ma vie que je passai dans cette établissement (...). »

« Comment ne pas consigner ici le souvenir de mes collègues, avec lesquels je m'entendais si bien : René-Jean qui s'occupait de la section d'archéologie ancienne ; Capon qui tenait le cabinet des manuscrits, si riche en documents originaux ; Louis-Eugène Lefèvre et Monjour attachés au cabinet de photographies ; Mazerolle à la numismatique ; Cornu au costume ; Darchicourt aux revues ; Clément-Janin aux estampes ; Girodie au service des publications ; Mme Monjour aux catalogues de ventes et Parriel au bureau des entrées. J'en oublie certainement (...) » (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 3/1, Journal manuscrit d'Étienne Deville, f. 17).

Biographie
Commentaire biographique : 

Deville, issu d’une famille modeste, connut un parcours erratique jusqu’à ses trente ans. Ses parents, domestiques, le place en nourrice où il sera élevé. Il fréquente jusqu’à ses onze ans l’école des Frères de Bernay, puis une pension qui le prépare au certificat d’étude. N’est pas envoyé en collège en dépit de ses excellents résultats. Étudie le latin auprès d’un abbé en vu d’une entrée au Séminaire et poursuit son éducation au contact du savant, voyageur et archéologue, Lottin de Laval, retiré à Bernay.

Deville commence sa vie professionnelle à 18 ans comme employé à la perception de Bernay puis l’interrompt pour rentrer comme novice à la Trappe de Soligny (1889), qu’il quitte avant sa probation. Vient à Paris en 1895. Sans relations, y survit dans de misérables emplois : fait la plonge à l’Institution nationale des jeunes aveugles, travaille aux écritures chez « une marchande de reconnaissances du Mont de Piété » de la rue de Rennes (1898) et dans une agence comptable. Est employé chez Baylac, place de la Sorbonne, qui publie pour un public d’étudiants des cours sténographiés de droit. Mène ensuite des recherches pour le compte d’un compatriote normand, Jules Béranger, numismate, puis entre « vers 1908 », plus probablement vers 1905, à la librairie Honoré Champion, quai Malaquais. Est affecté aux livres anciens et se rend utile à Édouard Champion, chartiste, fils et collaborateur d’Honoré Champion. Y croise tous les savants publiant chez cet éditeur ou y faisant halte.

Fait la connaissance à la Bibliothèque nationale d’Albert Vuaflart, secrétaire de Doucet et prochain directeur de la Bibliothèque d’art et d’archéologie qui le recrute. Premiers échanges sur le sujet en mai 1908 (source : Médiathèque André Malraux de Lisieux, Ms. 189, lettre de Vuaflart). L’embauche est effective à la fin de l’année. Deville devient l’adjoint de René-Jean et s’acquitte comme bibliothécaire de toutes les tâches : recevoir et renseigner le public, tenir les registres d’inventaire dont il paraphe les pages, produire les fichiers. Homme de fiches et de listes, Deville publie en mars 1910 l’Index du Mercure de France 1672-1832, premier volume des « Publications pour favoriser les études d’art en France », avec une introduction signée de Doucet, précisant l’ambition de la collection.

Deville, comme tout le personnel de la bibliothèque, perd son emploi à sa fermeture au public au début de la guerre. Son agenda pour l’année 1914 est une source unique de première main (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 5/9, agenda de 1914). Il restitue non seulement les événements dans leur chronologie fine, mais aussi l’atmosphère qui règne alors dans l’institution : inquiétude pour le sort de chacun et pour l’avenir de la bibliothèque. Celle-ci ferme au public en août 1914, les employés voient leurs gages réduits de moitié en octobre, puis supprimés à partir de 1915. Licencié, le personnel s’égaille en quête de nouveaux emplois. Deville retourne avec son épouse, au début de l’année 1915, en Normandie. Il travaille à Lisieux pour des journaux locaux et éphémères.

Dépité, revient seul à Paris, rappelé par Vuaflart, avec l’espoir de retrouver une place à la réouverture de la bibliothèque qu’il espère encore. En attendant, une pièce à vivre est mise à sa disposition à la bibliothèque même. Ses échanges épistolaires avec son épouse nous informent (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 7/7, correspondance avec Marguerite). Deville travaille à des projets en rapport avec la bibliothèque : désherbe le fichier Laborde, établit les bibliographies et des listes d’œuvres pour l’Annuaire de la Société pour l’étude de la gravure française. Est aussi occupé au Répertoire d’Art et d’Archéologie. Mais Deville est surtout employé par Vuaflart au profit de ce dernier, pour conduire des enquêtes documentaires en vu de projets éditoriaux multiples : un Album des œuvres belges exposées au Petit-Palais, abouti mais non publié ; un livre sur les chapelles expiatoires abandonné. D’autres ouvrages sont menés à leur terme. Les Mélanges Le Senne comptent au moins trois articles pour lesquels Deville aura collaboré sans être cité, ni remercié : les articles d’Auguste Tricard (p. 245-262), du Baron de Vinck (p. 271-282) et d’Alfred Vuaflart (p. 283-317). Un autre présentant deux lettres inédites de Pradier conservée à la bibliothèque (p. 63-66) est exceptionnellement crédité à… Jacques Doucet ! Deville s’occupa activement pendant cette période du suivi éditorial de La Cathédrale de Lisieux de l’abbé Hardy. Il signe le chapitre sur les vitraux, procure aux auteurs des documents historiques inédits, recrute des artistes illustrateurs, peut compter sur Devismes, le photographe de Doucet, intervient sur les textes, établit la bibliographie et le plan, décide de la maquette avec l’éditeur (Frazier-Soye), veille à la qualité des impressions gravées (Marty), participe à la conception et à la diffusion du luxueux prospectus de souscription. Perçoit de l'abbé Hardy une rémunération à part.

Une paie médiocre, des congés comptés, la rudesse de l’hiver passé sans chauffage, le tempérament changeant de Vuaflart, sa mesquinerie et ses exigences extraordinaires, auront eu raison de la patience de Deville. Convaincu du prochain abandon de la bibliothèque par Doucet, dégoûté des tâches subalternes ou invisibles, doutant de l’intérêt même du travail érudit en temps de guerre, Deville visa en vain l’emploi de sacristain de la cathédrale Saint-Pierre de Lisieux. Il y retourne vivre, en mai 1917, retrouve une vie conjugale, occupe quelques emplois de plume, avant d’être nommé conservateur de la Bibliothèque de Lisieux (21 mars 1921) et du Musée du Vieux Lisieux (31 décembre 1929). Il y revit en 1928 Jules et Gabrielle Monjour, deux anciens collaborateurs de la bibliothèque Doucet, venus ouvrir un commerce de livres anciens et de gravures promis à la faillite. Deville, à peine plus chanceux, cumula d’autres charges municipales, plus lourdes que rémunératrices. Il participa à la vie culturelle normande entre les deux guerres (articles dans la presse, expositions, congrès et conférences, création et participation à des associations artistiques). Cette deuxième partie de sa vie est étudiée en détail dans les Bulletins de la Société historique de Lisieux (les n° 68, 77 et 82 ; cf. infra biblio).

Thèmes d'étude
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Aire géographique étudiée : 

Membre d'associations en rapport avec la Normandie et Paris, mais alternativement. Ses recherches sur Paris correspondent à son emploi à la Bibliothèque d'art et d'archéologie (1909-1914, 1916-1917), et cessent lorsqu'il retourne en Normandie, coupé de ses sources. Deville renonce ainsi à son livre sur la représentation de la capitale dans les manuscrits enluminés.


Liens entre personnes
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Commentaire Type de lien horizontal : 

Employé par Jacques Doucet à la Bibliothèque d’art et d’archéologie (1909-1914) comme bibliothécaire. Est aussi sollicité par Doucet pour d’autres tâches, à la marge, servant ses intérêts : recherche d’articles de presse, établissement de l’index des trois volumes du catalogue de vente de sa collection, dont Deville est crédité (1912), classement de sa bibliothèque personnelle au moins envisagé (30 juin 1916) et divers travaux éditoriaux pour l'Annuaire de la Société de la Gravure française. Deville dédicace à Doucet tous ses tirés à part, aujourd’hui au catalogue de la Bibliothèque d’art et d’archéologie. Si les premières dédicaces gagent sa qualité d’auteur (1907-1908), celle de janvier 1909 marque sa reconnaissance pour sa récente embauche, et les suivantes un lien de dépendance :

« Hommage de l’auteur. A M. J. Doucet. Etienne Deville », publication de 1907

« Hommage de l’auteur à M. J. Doucet. Etienne Deville », publication de 1908

« A Monsieur J. Doucet. Hommage reconnaissant de son tout dévoué Etienne Deville, 26 janvier 1909 »

« A M. J. Doucet. Hommage respectueux. Etienne Deville, 25 mars 1909 »

« A Monsieur Jacques Doucet. Hommage de son dévoué Etienne Deville » publication de 1910

« A M. J. Doucet. Bien respectueusement. Etienne Deville » publication de 1910

« A M. J. Doucet. Respectueux hommages. Etienne Deville, 11 janvier 1910 »

« A M. J. Doucet. Hommage de son tout dévoué Etienne Deville, 12 août 1910 ».

Deville malgré son rôle au sein de la Bibliothèque n’a pas de contacts proches ou fréquents avec le mécène, à la différence de Vuaflart et de René-Jean. La fermeture brutale de la bibliothèque rompt les liens qui étaient seulement professionnels et pratiques. À titre d’exemple, la lettre de fin d’année que Deville adresse à Doucet en 1914 lui est retournée sans réponse (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 5/9, agenda de 1914, 31 décembre). Deville, licencié à la fin de 1914, puis réembauché temporairement en 1916-1917, nourrit contre le couturier une amertume partagée par plusieurs de ses collègues. Le mécène apparaît lointain et distant, mais surtout changeant et indifférent au sort de la bibliothèque.

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Les deux hommes font connaissance à la Bibliothèque nationale : « Ce fut au cours d’une séance de travail que je fis connaissance d’une personne, qui devait m’orienter dans une autre voie que celle que je suivais alors, Albert Vuaflart. Il était alors occupé à réunir la documentation d’un grand travail sur les portraits de Marie-Antoinette, travail dont il ne parut que deux volumes et que la guerre de 1914 interrompit brusquement. J’avais bien souvent remarqué ce Monsieur qui se déplaçait difficilement et pour lequel les garçons de service manifestaient un certain empressement. Plusieurs fois, nous nous trouvâmes l’un près de l’autre et son attention fut attirée par les vieux livres que je consultais. Un jour, une conversation s’engagea sur nos travaux réciproques, la connaissance était faite. (…) Je ne sais par quel concours de circonstances il avait fait la connaissance du grand couturier de la rue de la Paix, Jacques Doucet, qui organisait alors une bibliothèque d’art, rue Spontini. Vuaflart parla de moi à Doucet, et un beau jour, on me proposa un emploi de bibliothécaire, aux appointements qui dépassaient de beaucoup ce que je gagnais chez Champion et, naturellement, j’acceptai. » : (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 3/1, Journal manuscrit d'Étienne Deville, f. 15A-16).

Les premiers échanges épistolaires remontent au moins à novembre 1906 et semblent amicaux. Les lettres de Vuaflart témoignent ensuite de la dépendance où il tient Deville en quête d’un emploi. En 1908, avant l’ouverture de la Bibliothèque d’art et d’archéologie, puis en 1915 lorsque Deville, déçu des conditions de son retour en Normandie, espère sa réouverture (source : Médiathèque André Malraux de Lisieux, Ms. 189, lettres de Vuaflart, 1906-1916) :

14 avril 1908 : « Vous êtes tout-à-fait mignon d’avoir bien voulu me compléter la collection de vos tirages à part. Je vous en remercie, bien tardivement. Au demeurant, je vous avoue que je ne puis atteindre à ces hauteurs de l’érudition. »

21 avril [1908] : « Vous pouvez être assuré que je ne manquerai jamais de vous faire signe quand j’entendrai parler d’un poste qui pourrait vous convenir ; mais il ne dépend pas de moi de faire naître cette occasion et, d’autre part, je crois que vous exagérez ma petite influence. »

26 mai 1908 : « Mon cher ami, je vous prie de me venir voir ce soir vers 8 heures ½. J’ai à vous soumettre des propositions qui vous permettront de vous libérer de votre emploi, de gagner votre indépendance, et de travailler à des choses utiles. Reste à nous entendre sur les conditions. »

28 avril 1915 : « Ce qui m’a peiné – car je ne lâche pas mes amis – c’est votre départ effectué dans des conditions incompréhensibles et froissantes pour notre vieille amitié. Je sais bien que depuis neuf mois nous avons les nerfs à rude épreuve… »

22 octobre 1915 : « Ma conscience est nette à votre égard, j’ai fait tout ce que me commandait de faire les liens amicaux qui m’unissent à vous. Votre acquit, votre puissance de travail, votre bonne volonté réclamaient pour vous un labeur d’ordre plus élevé. L’exposition [organisée à Lisieux où vit alors Deville] si parfaitement réussie le prouve amplement. Attendons, une occasion se présentera peut-être de vous remettre dans la bonne voie. »

6 décembre 1915 : « Je n’ai jamais abandonné mes amis et j’ose m’en flatter. C’est vous dire que vous trouverez toujours auprès de moi l’oubli des erreurs passées et le meilleur soutien pour vous aider. Dans quel sens et à quelles conditions ? Voilà ce que je ne puis dire à distance. Il faudrait causer de votre situation, de vos désirs, de vos espérances. Grace à Dieu, tout s’arrange quand les termes du problème sont nettement posés et amicalement discutés. Donc tâchez de venir à Paris, je ne vois pour le moment pas d’autre chose à faire : une heure de conversation sera, je n’en puis douter, féconde en résultats. »

La seconde embauche de Deville, en 1916, rapproche pendant un temps les deux hommes logeant chacun rue Spontini, partageant un dîner hebdomadaire et travaillant à des projets éditoriaux nouveaux. Les tensions croissantes dont témoigne la correspondance de Deville avec son épouse, conduit à une rupture définitive. Deville (enfin !) se révolte (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 7/7, correspondance avec Marguerite) :

9 mai 1917 : « Lundi soir, j’ai eu avec mon voisin [Vualflart] une petite discussion : il est très embêté de mon départ à cause des travaux que je lui faisais et à ce propos, il m’a fait quelques observations qui ne m’ont pas plu et aux quelles j’ai répondu sur le même ton. Aussi hier soir, je n’y suis pas allé. Ce soir j’irai, mais je ne veux pas de son dîner ; serai à sept heures au lieu de huit pour lui faire comprendre que je ne tiens pas du tout à manger à son râtelier ; je n’aime pas comme certains à défoncer les assiettes des autres. »

12 mai 1917 : « Je rencontre toujours de la difficulté pour mon départ, absolument comme lorsque je venais [à Lisieux] les autres fois. On dirait que cet animal regrette de me voir partir. Je comprends ses regrets mais je ne les partage pas du tout, je t’assure. »

17 mai 1917 : « Quand Vuaflart m’a annoncé la résolution de Doucet de fermer la Bibliothèque, de supprimer tous les paiements, j’en avais conclu que je n’avais qu’une chose à faire, faire mes malles et revenir ici [à Lisieux]. Mais comme j’avais du travail en cours pour la Société de [l’étude de la] gravure [française], ce qui est tout à fait en dehors de Doucet, Vuaflart m’a demandé de le terminer. Lui ne demanderait pas mieux de me conserver, car il sait tous les services que je lui rends pour ses travaux. C’est lui qui, jusqu’ici m’a retenu. (…) Vuaflart m’a fait part d’une nouvelle combinaison qui, me disait-il, me laisserait toute liberté pour aller et venir [entre Lisieux et Paris] quand je voudrais : 10 francs par jour de travail [au lieu du salaire supprimé de Doucet]. Je n’ai pas accepté ces conditions sachant bien que ce serait à mon détriment. Et puis, n’ayant plus de stabilité dans mon travail, me trouvant pour ainsi dire à la merci d’un caprice ou d’une mauvaise humeur, j’ai préféré terminer ce que j’avais en train et ne rien entreprendre de nouveau (…) Samedi soir nous réglons nos comptes, et il me remettra une somme de 240 francs, puisque mes dimanches et fêtes ne me sont pas comptés. Aussi je te prie de croire que les travaux scientifiques pour les autres ne m’intéressent plus du tout. »

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Jacques Doucet recrute René-Jean, en juin 1908, comme bibliothécaire en lui promettant un adjoint qui n’est pas nommé. Deville, pressenti à ce poste, est approché par Vuaflart à la même époque. René-Jean et Deville travaillent ensemble continûment de 1909 à 1914. Pas de correspondance entre les deux hommes puisqu’ils se côtoient quotidiennement, sauf en l'absence de René-Jean.

Lettre à René-Jean : « Ici [à la Bibliothèque] rien de nouveau, c'est le calme relatif, nous avons chaque jour quelques rares visites, on sent que nous sommes dans une période de repos. La chaleur est toujours insuportable. » (source : BINHA, Autographe, 143, 2, 189).

Rôle de la personne dans la collectivité
Rôle personne liée à la collectivité : 
Date Rôle de la personne dans la collectivité : 
1908
Commentaire Rôle de la personne dans la collectivité : 

Deville y est admis en 1908, « présenté par MM. J. Doucet et A. Vuaflart. » (source : Bulletin de la Société historique du VIe arrondissement de Paris, t. XI, année 1908, p. 5). La société, dont Jacques Doucet compte parmi les membres perpétuels, comporte plusieurs sections. À partir de décembre 1908, Deville est secrétaire du « Comité C – Institutions (collèges, hôpitaux, marchés). Théâtres », présidé par Vuaflart. À cette fonction, Deville rédige les procès-verbaux des réunions de ce comité, publiés dans le Bulletin de la société. Plusieurs de ces PV manuscrits, paraphés par les participants, restèrent en sa possession (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 8/3).

Personne liée à la collectivité : 
Date Rôle de la personne dans la collectivité : 
1908
Commentaire Rôle de la personne dans la collectivité : 

Doucet est membre bienfaiteur de la société et Vuaflart son secrétaire. Deville est informé de la création de l’association par le second, dans une lettre du 12 janvier 1908 : « [Ci-] Inclus, les Statuts de la Société d’Iconographie parisienne, en formation, que je vous prie de communiquer aux amateurs et bibliophiles de vos relations. Nous sommes déjà une trentaine d’adhérents » (source : Médiathèque André Malraux de Lisieux, Ms. 189). Dès le premier numéro du Bulletin, Deville est chargé des recensions des œuvres exposées aux Salons ou passées en vente, alors qu'il n'est pas membre de la Société. Il y travaille donc missionné par son employeur qui le met à disposition de la revue qu'il a fondée. Dans les numéros de 1909 et 1910, Deville rejoint la Société avec un fort contingent d'érudits, tous de haut niveau, venus animer les séances, mais comme invités (source : Société d'iconographie parisienne, 1909, p. VI et 1910, p. XXI). La revue cesse ensuite de paraître.

Quelques convocations dactylographiées précisant les ordres du jour ont été conservées pour 1914, dernière année de son emploi à la Bibliothèque d'art et d'achéologie. On y voit Deville proposer des exposés sur « Quatre miniatures nouvelles offrant des vues de Paris » ou « Deux vues de l’Exposition de la Jeunesse sur la place Dauphine en 1700 et 1784 » (source : Société historique de Lisieux, Fonds Deville, C 5/12).

Rôle personne liée à la collectivité : 
Date Rôle de la personne dans la collectivité : 
1910
Commentaire Rôle de la personne dans la collectivité : 

Deville y est admis le 21 janvier 1910 avec le statut peu ordinaire de membre correspondant (source : Bulletin de la Société historique d’Auteuil et de Passy, t. VII, n° 5, 2e trimestre 1911, bulletin LXXIV, p. 143). Plus tôt, Doucet y avait été admis en mars 1908 et Vuaflart en février 1909.

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Référence de notice : 
FRBNF13004591
Date de consultation : 
01/07/2021
Date de consultation : 
18/12/2023
Date de consultation : 
18/12/2023
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Claire Dupin de Beyssat ; Myriam Chevallier ; Pascal Schandel