Charpentier, Georges
13 rue de grenelle
28 quai du Louvre
puis 13 rue de Grenelle, Paris.
G. Charpentier et Cie
Georges Charpentier était éditeur. Héritier d'une maison d'édition à succès, il a découvert Flaubert ou Zola. Il épouse en 1872 Marguerite Lemonnier, dont le père avait été un grand mécène qui a protégé notamment Géricault et Delacroix. Editeur de Zola, M
Georges Charpentier (1846-1905) est un éditeur au tempérament d’artiste et de lettré, ami intime d’Émile Zola (1840-1902), mécène des impressionnistes, habitué des premières et des salons. Prenant la suite de son père Gervais Charpentier (1805-1871) en 1871, il dirige la maison d’édition familiale qu’il doit céder à son associé Eugène Fasquelle en 1896 (Serrepuy-Meyer V., 2005).
L’éditeur se dote d’une arme originale pour donner à son nom un prestige incontesté : le salon de son épouse Marguerite Charpentier (1848-1904). Elle y convie les artistes et les auteurs les plus divers qui côtoient les ténors du parti républicain et le grand monde parisien. Des soirées littéraires du début des années 1870 autour de Flaubert jusqu’aux réunions du camp dreyfusard, le salon Charpentier constitue une figure essentielle de la vie mondaine parisienne (Meyer V., 2009 ; Meyer V., 2020).
Article rédigé par Virginie Meyer
Georges Charpentier (1846-1905) was a publisher with an artistic and scholarly temperament, a close friend of Émile Zola (1840-1902). He was a patron of the Impressionists, a regular at premieres and salons, and he took over the family publishing house from his father Gervais Charpentier (1805-1871) in 1871, eventually selling it to his partner Eugène Fasquelle in 1896 (Serrepuy-Meyer V., 2005).
The publisher wielded a secret weapon that conferred upon him an indisputable prestige: the salon of his wife Marguerite Charpentier (1848-1904). There, a diverse range of artists and authors would rub shoulders with leaders of the republican party and Parisian society. From the literary evenings of the early 1870s around Flaubert to the meetings of the Dreyfusards, the Salon Charpentier was an essential part of Parisian social life (Meyer V., 2009; Meyer V., 2020).
Article by Virginie Meyer (translated by Jennifer Donnelly)
[Objets collectionnés]
S’entourer d’objets japonais
Les Charpentier sont des collectionneurs et leur passion s’exerce dans deux directions complémentaires : l’art japonais et la peinture impressionniste. Le romancier Abel Hermant (1862-1950), qui deviendra leur gendre, décrit sa première soirée passée chez eux, peu après son entrée au catalogue de la maison d’édition en 1887. Le décor, voilà ce qui retient en premier lieu sa curiosité et il nous offre une vue de l’hôtel de la rue de Grenelle : « Presque en même temps que ce caractère bourgeois du salon de mon éditeur, j’en aperçus un autre, non moins inattendu : dès la porte d’entrée, on se serait cru chez un peintre. D’abord parce qu’au bas de l’escalier […], il y avait une armure de samouraï. Puis, sur tout le panneau de droite de l’escalier […], les cadres se touchaient : dessins, aquarelles, estampes. D’autres cadres et des kakémonos ornaient la galerie. La première pièce où l’on entrait de la galerie était la salle à manger où commençait une véritable exposition de tableaux et où la place d’honneur était pour une des plus fameuses toiles de Claude Monet, Les Glaçons. » (Hermant A., 1935, p. 126)
Les goûts de l’époque se caractérisent en effet par le règne du foisonnement : le mélange est recherché, tout est prétexte à ornement dans un apparent désordre accumulatif. Une profusion d’objets et de tableaux contribue à la sophistication des ambiances. Un carton d’invitation dessiné par Georges Jeanniot (Paris, musée Carnavalet) pour le salon Charpentier nous laisse imaginer un intérieur caractérisé par ce foisonnement des styles : on aperçoit à droite un bronze ou une sculpture à l’antique, tandis que la cheminée porte des objets d’inspiration japonaise, et que le dessus de la fenêtre semble orné à la manière néo-xviiie. Les objets japonais ne sont qu’un élément de la décoration, mais qui prennent une place prépondérante chez les Charpentier.
Ce goût pour les objets japonais est confirmé par Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), dont les propos sont rapportés par Ambroise Vollard (1866-1939) : « Les salles de réception étaient entièrement décorées avec des japonaiseries, selon la mode d’alors » (Vollard A., 1938, p. 196). Faut-il déceler dans les propos du peintre une pointe d’ironie qui souligne le phénomène de mode ?
Les Charpentier sont proches des premiers collectionneurs d’art japonais et ne manquent pas de s’inspirer d’eux pour introduire des objets japonais dans la décoration de leur intérieur. Pour meubler leur nouvel intérieur, rue de Grenelle, Marguerite fait appel à Philippe Burty (1830-1890), collectionneur et historien de l’art japonais. Celui-ci lui apporte ses conseils le 1er novembre 1875 : « Chère madame, Je suis bien fier que vous ayez pensé à moi à propos de l’appartement japoniste que vous méditez. […]. Vous savez mieux que moi que les Japonais se tiennent sans cesse sur leurs genoux, que les Japonais s’assoient, sans intermédiaire, sur des nattes. C’est trop peu pour nous. Mais vous pourriez entrer hardiment dans le système des divans, avec coussins comme accoudoirs. C’est en somme très pratique. On ferait beaucoup avec quelques robes désourlées et retaillées selon le besoin. […] Edmond de Goncourt vient de se faire un plafond avec une robe d’acteur. C’est merveilleux. Vous pouvez lui voler son idée. Il est très myope. […] Pour les murs, on encadrerait dans un [?] rouge antique quelques-uns uns de ces rouleaux de papier dessinés et aquarellés qui sont de vrais tableaux, fleurs, oiseau, … Voici, en hôte, quelques notes. Votre instinct de Parisienne vous en dira bien plus long que mes gravures que je vous prêterai » (Burty, 1875). Deux jours plus tard, Edmond de Goncourt (1822-1896) propose à son tour ses services à l’éditeur : « J’ai appris par Burty, mon fils en japonaiseries, que Madame Charpentier était en train de réaliser un boudoir japonais ; si elle avait le désir de voir deux pièces meublées dans ce goût, je me tiendrais à sa disposition. » (Goncourt, 1875) Cependant, rapidement, le ton se fait plus ironique. Dans son Journal, il note le 24 novembre 1876 : « V’la Madame Charpentier qui se met à la Japonaiserie et qui achète des éléphants ! » (Goncourt, 1989).
Les Charpentier figurent également parmi les premiers mécènes des impressionnistes, et notamment de Pierre-Auguste Renoir. Dès le milieu des années 1870, ils s’efforcent de lui venir en aide en lui passant plusieurs commandes de portraits et de décors. Deux de ses œuvres figurent en bonne place dans la maison des Charpentier, une paire de panneaux muraux embellissant l’escalier et un portrait de Madame Charpentier et ses enfants, qui témoignent à leur tour, en miroir, de la place de l’art japonais dans leur vie.
En 1876, ils commandent à Renoir des panneaux peints pour décorer la cage d’escalier de leur hôtel particulier (démoli en 1926). Ils ont figuré dans la collection Otto Gerstenberg (1848-1935) de Berlin, puis ont été saisis par les troupes soviétiques, ce qui explique leur présence actuelle au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg (Adriani G., 1999, p. 38). On peut supposer que l’objectif de Renoir était de rendre l’atmosphère de l’intérieur et d’évoquer les maîtres de maison venant accueillir leurs invités, sans pour autant rechercher une ressemblance exacte. Edmond Renoir (1849-1944), le frère du peintre, pose pour la figure masculine et Marguerite Legrand (?-1879), le principal modèle de Renoir à cette époque, pour son pendant féminin. Ce double de Marguerite Charpentier porte un éventail japonais. En effet, son enthousiasme pour l’art japonais serait en partie à l’origine de l’intérêt qu’elle porte aux impressionnistes. Le peintre avait déjà utilisé l’éventail japonais comme accessoire dans Nature morte au bouquet en 1871 (Houston, The Museum of Fine Arts, inv. 51.7). L’objet joue ici un rôle important, car, faisant écho aux grandes lignes de la figure et aux arabesques de la rampe, qui rappellent les motifs linéaires des estampes japonaises, il contribue à unifier les différents éléments.
Trois ans plus tard, ce n’est plus un simple accessoire, mais l’ensemble du décor qui traduit le goût japonais des Charpentier. Le portrait de Madame Charpentier et ses enfants est réalisé en 1878 et exposé au Salon de 1879. Le mobilier japonais qui forme l’arrière-plan de la toile (paravent, kakémono) a fait l’objet d’analyses très poussées dans l’ouvrage de Colin B. Bailey consacré aux portraits de Renoir (Bailey Colin B., 1997). Michel Robida affirme que les kakémonos ornés de faucons alternent avec des bandes de soie cerise venues de chez les parents de Marguerite, place Vendôme, et qui formaient les rideaux d’été du salon de sa grand-mère, Isabelle Lemonnier (Robida M., 1958, p. 10). Selon Théodore de Banville (1823-1891), la scène se passe dans un petit salon qui sert de fumoir, un « petit salon japonais, où d’amusants bibelots font éclater çà et là leurs notes de vermillon et d’or » (Banville T. de, 1879). Philippe Burty, quant à lui, localise le portrait entre les « parois amusantes d’un boudoir orné à la japonaise » (Burty P., 1879).
Armure de samouraï, kakémonos, éventails…, les sources contemporaines, qu’elles soient littéraires ou artistiques, montrent bien une famille vivant dans un décor japonisant dans les années 1870. Ces quelques témoignages viennent nous rappeler que les Charpentier sont proches des premiers « découvreurs » de la culture japonaise en France et que leur action va largement participer à la diffusion de cet art et de cette culture dans les années 1870-1890.
Accompagner la diffusion de l’art japonais en France
« L’art japonais, avant 1870, n’était pas inconnu en France, mais ses œuvres y étaient rares encore et ne figuraient que dans les collections de quelques amateurs : le public ne les connaissait pour ainsi dire pas. La vulgarisation de l’art japonais ne remonte pas au-delà de 1873. Et cet art apportait en Occident quelque chose de nouveau. » C’est ainsi que Georges Rivière (1855-1943) évoque dans les années vingt l’arrivée de l’art japonais en Occident (Rivière G., 1921, p. 57). Selon Albert Boime (1933- ?), ce sont les hommes d’affaires qui sont responsables d’une mode qui réveille les artistes français. Les marchands d’antiquités, les manufacturiers en céramique, les grands magasins établissent des liens qui permettent aux esprits créateurs de prendre contact avec l’art japonais (Boime A., 1979, p. 65). Au contraire, selon Ernest Chesneau (1833-1890), « c’est par nos peintres en réalité que le goût de l’art japonais a pris racine à Paris, s’est communiqué aux amateurs, aux gens du monde et par suite imposé aux industries d’art » (Chesneau E., 1878). Grâce à ses connexions dans le monde artistique, Georges Charpentier est bien aux premières loges pour découvrir et accompagner ce mouvement, notamment à travers des ouvrages de son catalogue.
L’art japonais commence à trouver un public en France au tournant des années 1860-1870. Les frères Goncourt ou Philippe Burty commencent leur collection dans les années 1860 ; à l’arrière-plan du portrait d’Émile Zola par Édouard Manet (1832-1883) peint en 1868, on aperçoit des œuvres d’art japonais. L’exposition universelle de 1867 à Paris présente des milliers d’objets, pour la première participation du Japon à une exposition internationale. En 1872, Philipe Burty propose une première définition du japonisme dans une série d’articles parus dans La Renaissance littéraire et artistique du 18 mai 1872 au 8 février 1873 (Basch S., 2021). En 1874, le critique Jules Claretie (1840-1913) se moque de cette nouvelle mode dans un ouvrage de critique publié chez Charpentier : « Nos Parisiens japonais […] espèrent que l’étude des bibelots des pays bleus leur donnera une couleur et une veine d’inspirations nouvelles. C’est une maladie que cette imitation d’un art évidemment très-curieux et très-séduisant, mais bon à laisser à son rang de curiosité, c’est une fièvre dont les premiers symptômes apparaissent à présent et qui gagnera, j’en ai peur, de plus en plus. On l’a déjà baptisé d’un nom : japonisme. […] Le japonisme est, en effet, plus qu’une fantaisie, c’est une passion, une religion […]. La plupart de ces artistes […] ne connaissent guère cet art […] du Japon que par quelques albums rapportés par les voyageurs, ou par quelques bimbelots achetés rue Vivienne » (Claretie J., 1874, p. 272). Le même ouvrage s’enthousiasme néanmoins pour l’exposition Cernuschi de bronzes et de céramiques au palais de l’Industrie, cette collection étant le résultat du voyage en Asie d’Henri Cernuschi (1821-1896) et Théodore Duret (1838-1927)) entre 1871 et 1873.
En 1874, les Charpentier sont au cœur de cette vogue japonaise. Ils font jouer le 11 mars 1874, dans leur salon du quai du Louvre, la comédie japonaise La Belle Saïnara d’Ernest d’Hervilly. Même le carton d’invitation est d’inspiration japonisante : on y découvre une tige de bambou, des oiseaux et la silhouette d’une femme en costume traditionnel, accompagnés de caractères japonais. En mars 1874, Flaubert remercie Marguerite pour sa « pancarte japonaise », en lien avec sa pièce Le Candidat dont la première est repoussée : « C’est à grand peine que j’ai pu vous avoir une loge. » (Descharmes R., 1911, p. 631).
En 1876, c’est au tour d’Émile Guimet de partir pour l’Asie afin d’étudier les religions d’Extrême-Orient. Il publie chez Charpentier en 1878 ses Promenades japonaises illustrées par Félix Régamey (1844-1907).
L’enthousiasme est à son comble lors de l’exposition universelle de 1878 à Paris. Dans son article intitulé « Le Japon à Paris », Ernest Chesneau décrit la fièvre qui s’est emparée des collectionneurs : « L’enthousiasme gagna tous les ateliers avec la rapidité d’une flamme courant sur une piste de poudre. […] On se tint au courant des arrivages nouveaux. Ivoires anciens, émaux cloisonnés, faïences et porcelaines, bronzes, laques, bois sculptés, étoffes brochées, satins brodés, albums, livres à gravures, joujoux ne firent plus que traverser la boutique du marchand pour entrer aussitôt dans les ateliers d’artistes et dans les cabinets des gens de lettres. Il s’est formé ainsi depuis cette date déjà lointaine jusqu’au moment présent de belles et rapides collections. […] Ce n’est plus une mode, c’est de l’engouement, c’est de la folie. » Il cite les noms suivants, parmi lesquels figure celui de Charpentier et de certains de ses proches : les peintres Édouard Manet, James Tissot (1836-1902), Henri Fantin-Latour (1836-1904), Carolus Duran (1837-1917), Claude Monet (1840-1926) ; les graveurs Félix Bracquemond (1833-1914) et Jules Jacquemart (1837-1880) ; les écrivains Edmond et Jules de Goncourt, Champfleury (1821-1889), Philippe Burty, Émile Zola ; les voyageurs Henri Cernuschi, Théodore Duret, Émile Guimet, Félix Régamey. Il dresse la liste des clients de la boutique La Porte chinoise, située 220, rue de Rivoli et tenue par Émile et Louise Desoye, lieu de rendez-vous des premiers japonisants, parmi lesquels figure Georges Charpentier.
L’éditeur prête des objets à la grande exposition japonaise qu’accueille le Trocadéro de mai à novembre 1878. Lors de l’Exposition universelle, il organise chez lui une démonstration de la technique japonaise de l’aquarelle. Le 5 novembre 1878, son épouse organise un dîner japonais décrit par Edmond de Goncourt le lendemain. Le cuisinier est un jeune peintre japonais Hosui Yamamoto, qui décore la petite maison bretonne de Judith Gautier (1845-917) de peintures murales dans le goût japonais (Bailey Colin B., 1997, p. 165).
Dans les premières années de la revue La Vie moderne, créée par Georges Charpentier et Émile Bergerat en 1879, l’art japonais est également présent au sommaire : des articles sur le Japonisme (26 juin 1879) puis sur la collection Cernuschi (8 mai 1880) par le critique Louis Edmond Duranty, ou encore des illustrations de Félix Régamey en 1880, au moment de la sortie du 2e volume des Promenades japonaises sous le titre Tokio-Nikko.
Dans les années 1880-1890, le catalogue de la maison Charpentier continue à faire honneur à la culture japonaise sous différentes formes. Dans un ouvrage de critique publié en 1885, Théodore Duret consacre plusieurs chapitres à l’art japonais et à Hokusai (Duret T., 1885). En 1888 paraît La Marchande de sourires : pièce japonaise de Judith Gautier. Edmond de Goncourt publie en 1881 La Maison d’un artiste, dans laquelle il décrit ses collections, notamment d’art japonais, puis des ouvrages de référence sur Utamaro en 1891 et Hokusai en 1896.
Une collection disparue ?
À partir de la fin des années 1870, Georges Charpentier se trouve en difficulté financière. En 1883, il signe un contrat avec la maison Marpon et Flammarion, qui va contrôler une part croissante du capital et conduire à une association avec Eugène Fasquelle (1863-1952), gendre de Charles Marpon (1838-1890). La vie mondaine fastueuse du couple se poursuit, mais dans un contexte moins florissant, ce qui rejaillit également sur leurs activités de collectionneurs.
Georges et Marguerite Charpentier ont fait figure de pionniers de la reconnaissance de l’art japonais, mais davantage dans sa version mondaine et « décorative ». Le nom de Georges Charpentier ne figure pas parmi ceux des exposants du Catalogue de l'exposition rétrospective de l'art japonais, organisée par Louis Gonse (1846-1921) en 1883.
Après la mort de son fils et son retrait des affaires en 1896, Georges Charpentier quitte l’hôtel de la rue de Grenelle et il n’existe plus de trace de leurs objets japonais. Les ventes de la bibliothèque et des œuvres d’art en 1907 (le portrait de Madame Charpentier et ses enfants par Renoir y est vendu au Metropolitan Museum (inv. 07.122) pour une somme importante) ne font plus aucune mention d’art japonais.
Article rédigé par Virginie Meyer
Surrounded by Japanese Objects
The Charpentiers were collectors, and their passions were expressed in two complementary realms: Japanese art and Impressionist painting. The novelist Abel Hermant (1862-1950), who would become their son-in-law, describes his first evening spent with them, shortly after his entry into the publishing house's catalogue in 1887. This description offers us a view of their hôtel particulier in the rue de Grenelle: "In my publisher's salon I perceived, almost simultaneously with its bourgeois nature, another, no less unexpected: from the front door, one would have believed oneself at a painter’s home. First, at the bottom of the stairs […] was samurai armour. Then, all over to the right of the stairs […], their frames touching: drawings, watercolours, prints. Other frames and kakemonos decorated the gallery. The first room one entered from the gallery was the dining room, where a true exhibition of paintings began, with a place of honour given to one of Claude Monet's most famous paintings, Les Glaçons.” (Hermant A., 1935, p. 126)
The tastes of the time were characterised by abundance: a cultivated mix, with all objects providing a pretext for ornament, was arranged in apparent accumulative disorder. A profusion of objects and paintings contributed to the rooms’ sophistication. An invitation card designed by Georges Jeanniot (Paris, musée Carnavalet) for the Salon Charpentier allows us to imagine an interior characterised by this abundance of styles: on the right, we see a bronze or an antique sculpture while the fireplace bears objects of Japanese inspiration and the top of the window appears to be ornate in the neo-18th century manner. Japanese objects are only one element of the decoration, but they take a preponderant place at the Charpentiers’ home.
This taste for Japanese objects was confirmed by Pierre-Auguste Renoir (1841-1919), whose remarks were reported by Ambroise Vollard (1866-1939): "The reception rooms were entirely decorated with Japanese items, according to the fashion of the time” (Vollard A., 1938, p. 196). (Is a hint of irony regarding the phenomenon of fashion to be detected in the painter's words?)
The Charpentiers were close to the first collectors of Japanese art and did not fail to take inspiration from them in introducing Japanese objects into their decorative schemes. To furnish their new interiors on the rue de Grenelle, Marguerite called upon Philippe Burty (1830-1890), the collector and historian of Japanese art. On November 1, 1875, he gave him this advice: "Dear Madam, I am very proud that you thought of me regarding the Japanese apartment that you are contemplating. […]. You know better than I that the Japanese constantly stand on their knees, that the Japanese sit, without intermediary, on mats. It's too scant for us. But you could boldly take on the sofa system, with cushions as armrests. All in all, it's very practical. We could do a lot with a few dresses unstitched and resized as needed. […] Edmond de Goncourt has just made a ceiling with an actor's costume. It’s wonderful. You can steal his idea. He is quite myopic. […] For the walls, we would frame some of these paper scrolls with drawings and watercolours in an antique red [?], which are true paintings, with flowers, birds, … Here, as a guest, are a few notes. Your Parisian instinct will tell you much more than my engravings which I will lend you” (Burty, 1875). Two days later, Edmond de Goncourt (1822-1896) in turn offered his services to the publisher: “I learned from Burty, my son in Japanesery, that Madame Charpentier was making a Japanese boudoir; if she wanted to see two rooms furnished in this style, I would be at her disposal.” (Goncourt, 1875) However, the tone quickly becomes more ironic. In his Journal, he notes on November 24, 1876: "Here is Madame Charpentier who is getting into Japanesery and buying elephants! (Goncourt, 1989).
The Charpentiers were also among the earliest patrons of the Impressionists, particularly of Pierre-Auguste Renoir. From the mid-1870s, they sought to help him by placing several orders for portraits and landscapes. Two of his works figure prominently in the Charpentier house, a pair of wall panels embellishing the staircase and a portrait of Madame Charpentier et ses enfants, which parallel the role of Japanese art in their lives.
In 1876, they commissioned painted panels from Renoir to decorate the stairwell of their hôtel particulier (demolished in 1926). These became part of the Otto Gerstenberg collection (1848-1935) in Berlin and were seized by Soviet troops, which explains their current presence at the Hermitage Museum in Saint Petersburg (Adriani G., 1999, p. 38). Presumably, Renoir's aim was to render the atmosphere of the interior and to evoke a sense of the masters of the house welcoming their guests, without however seeking an exact likeness. Edmond Renoir (1849-1944), the painter's brother, posed for the male figure and Marguerite Legrand (?-1879), Renoir's main model at that time, posed for his female counterpart. This stand-in for Marguerite Charpentier holds a Japanese fan. Indeed, her enthusiasm for Japanese art would be partly at the origin of her interest in the Impressionists. The painter had already used the Japanese fan as an accessory in Nature morte au bouquet in 1871 (Houston, The Museum of Fine Arts, inv. 51.7). The object plays an important role here in unifying the different elements by echoing the outline of the figure and the arabesques of the ramp, which recall the linear motifs of Japanese prints.
Three years later, it was no longer simply accessories, but the entire decor that reflected the Charpentiers’ Japanese taste. The Madame Charpentier et ses enfants was made in 1878 and exhibited at the Salon of 1879. The Japanese furnishings forming the canvas’ background (screens, kakemono) were the subject of very thorough analyses in the book by Colin B. Bailey devoted to portraits of Renoir (Bailey, Colin B., 1997). Michel Robida affirms that kakemonos decorated with falcons alternated with strips of cherry silk that had originated from Marguerite's parents' home on the place Vendôme and had been the summer curtains in the living room of her grandmother, Isabelle Lemonnier (Robida M., 1958, p. 10). According to Théodore de Banville (1823-1891), the scene takes place in a small salon that served as a smoking room, a "little Japanese salon, where amusing trinkets burst here and there their notes of vermilion and gold" (Banville T. de, 1879). Philippe Burty, meanwhile, locates the portrait between the "amusing walls of an ornate Japanese-style boudoir" (Burty P., 1879).
Samurai armour, kakemonos, fans... contemporary sources, whether literary or artistic, clearly show a family living in a Japanese setting in the 1870s. These few testimonies remind us that the Charpentiers were close to the first “discoverers" of Japanese culture in France and that their action would largely contribute to the dissemination of this art and this culture in the years 1870-1890.
Supporting the Dissemination of Japanese Art in France
“Before 1870, Japanese art , was not unknown in France, but its works were still rare there and only appeared in the collections of a few aficionados; the public was not familiar with them, so to speak. The popularisation of Japanese art does not reach beyond 1873, and this art brought something new to the West.” Thus is the arrival of Japanese art in the West in the 1920s described by Georges Rivière (1855-1943) (Rivière G., 1921, p. 57). According to Albert Boime (1933-?), it was businessmen who were responsible for a fashion that proved an awakening for French artists. Antique dealers, ceramics manufacturers, and department stores established links that allowed creative minds to make contact with Japanese art (Boime A., 1979, p. 65). On the contrary, according to Ernest Chesneau (1833-1890), "it is actually through our painters that the taste for Japanese art took root in Paris, was communicated to art aficionados and people of the world, and consequently imposed upon the industries of art” (Chesneau E., 1878). In either case, thanks to his connections in the artistic world, Georges Charpentier was in an ideal position to discover and support this movement, in particular through the works in his catalogue.
Japanese art began to find an audience in France from the 1860s into the 1870s. The Goncourt brothers and Philippe Burty began their collection in the 1860s; in the background of the portrait of Émile Zola by Édouard Manet (1832-1883) painted in 1868, works of Japanese art are visible. The 1867 Universal Exhibition in Paris presented thousands of objects for Japan's first participation in an international exhibition. In 1872, Philipe Burty offered a first definition of Japonisme in a series of articles published in La Renaissance littéraire et artistique from May 18, 1872 to February 8, 1873 (Basch S., 2021). In 1874, the critic Jules Claretie (1840-1913) mocked this new fashion in a work of criticism published by Charpentier: "Our Japanese Parisians […] hope that the study of trinkets from the blue countries will give them a color and a vein of new inspirations. This imitation of an art that is obviously very intriguing and very seductive is a disease, but it’s good to leave this art to the realm of intrigue; it is a fever whose first symptoms are now appearing and which, as I fear evermore, will increase. . It has already been baptised with a name: Japonisme. […] Japonisme is, moreover more than a fantasy; it is a passion, a religion […]. Most of these artists […] know little about the art […] of Japan except through a few albums brought back by travellers, or through a few trinkets bought on rue Vivienne” (Claretie J., 1874, p. 272). The same article is nevertheless enthusiastic about the Cernuschi exhibition of bronzes and ceramics at the Palais de l'Industrie, this collection being the result of the trip to Asia by Henri Cernuschi (1821-1896) and Théodore Duret (1838-1927) between 1871 and 1873.
In 1874, the Charpentiers were at the heart of this Japanese vogue. On March 11, 1874, in their living room on the Quai du Louvre, the Japanese comedy La Belle Saïnara by Ernest d’Hervilly was performed. Even the invitation card was Japanese-inspired: a bamboo stalk, birds, and the silhouette of a woman in traditional costume, accompanied by Japanese characters. In March 1874, Flaubert thanked Marguerite for her "Japanese placard", in connection with his play Le Candidat, the premiere of which was postponed: “It was with great difficulty that I could get you a box.” (R. Descharmes, 1911, p. 631).
In 1876, it was Émile Guimet's turn to leave for Asia to study the religions of the Far East. In 1878, he published his Promenades japonaises illustrated by Félix Régamey (1844-1907) with Charpentier.
Enthusiasm was at its peak at the 1878 Universal Exhibition in Paris. In his article entitled "Japan in Paris", Ernest Chesneau describes the fever seizing collectors: "Enthusiasm spread to all the workshops with the speed of a flame running on a trail of powder. […] We kept abreast of new arrivals. Old ivories, cloisonné enamels, earthenware and porcelain, bronzes, lacquers, carved wood, brocaded fabrics, embroidered satins, albums, books with engravings, and toys no more than entered the merchant's shop before immediately entering artists' studios and the cabinets of men of letters. Thus, these beautiful and rapid collections were formed from this already distant date until the present moment. […] It is no longer a fad, it is infatuation, it is madness.” He cites the following names, including Charpentier and some of his relatives: the painters Édouard Manet, James Tissot (1836-1902), Henri Fantin-Latour (1836-1904), Carolus Duran (1837-1917), Claude Monet (1840-1926); the engravers Félix Bracquemond (1833-1914) and Jules Jacquemart (1837-1880); the writers Edmond and Jules de Goncourt, Champfleury (1821-1889), Philippe Burty, Émile Zola; the travellers Henri Cernuschi, Théodore Duret, Émile Guimet, and Félix Régamey. He lists the customers of the La Porte chinoise shop, located at 220, rue de Rivoli and run by Émile and Louise Desoye, a meeting place for the first Japonisants, including Georges Charpentier.
The publisher lent objects to the great Japanese exhibition hosted by the Trocadéro from May to November 1878. During the Universal Exhibition, he organised a demonstration of the Japanese watercolour technique at his home. On November 5, 1878, his wife organised a Japanese dinner described by Edmond de Goncourt the next day. The cook was a young Japanese painter, Hosui Yamamoto, who decorated the small Breton house of Judith Gautier (1845-917) with murals in the Japanese style (Bailey Colin B., 1997, p. 165).
In the early years of the review La Vie moderne, created by Georges Charpentier and Émile Bergerat in 1879, Japanese art was also present in the contents: articles on Japonisme (June 26, 1879) then on the Cernuschi collection (May 8, 1880) by the critic Louis Edmond Duranty, and illustrations by Félix Régamey in 1880, when the second volume of the Promenades japonaises was released under the title Tokio-Nikko.
In the years 1880-1890, the Charpentier catalogue continued to honour Japanese culture in different forms. In a critical work published in 1885, Théodore Duret devotes several chapters to Japanese art and Hokusai (Duret T., 1885). In 1888, La Marchande de sourires : pièce japonaise by Judith Gautier was published. Edmond de Goncourt published La Maison d’un artiste in 1881, in which he described his collections, particularly of Japanese art, then reference works on Utamaro in 1891 and Hokusai in 1896.
A Missing Collection?
From the end of the 1870s, Georges Charpentier found himself in financial difficulty. In 1883, he signed a contract with Marpon and Flammarion, which would control a growing share of the capital and lead to an association with Eugène Fasquelle (1863-1952), son-in-law of Charles Marpon (1838-1890). The couple's lavish social life continued, but in a less flourishing context, which is also reflected in their collecting activities.
Georges and Marguerite Charpentier were pioneers in the recognition of Japanese art, but more in its mundane and "decorative" incarnations. The name of Georges Charpentier does not appear among the exhibitors in the Catalogue de l'exposition rétrospective de l'art japonais, organised by Louis Gonse (1846-1921) in 1883.
After the death of his son and his retirement from business in 1896, Georges Charpentier left the hotel particulier on rue de Grenelle and no traces remain of their Japanese objects. The sales of the library and works of art in 1907 (the Madame Charpentier et ses enfants by Renoir was sold there to the Metropolitan Museum (inv. 07.122) for a large sum) does not mention Japanese art.
Article by Virginie Meyer (translated by Jennifer Donnelly)
Georges Charpentier (1846-1905) est un éditeur au tempérament d’artiste et de lettré, ami intime d’Émile Zola (1840-1902). (Source : Notice Agorha "Georges Charpentier" rédigée par Virginie Meyer)
Georges Jeanniot dessine un carton d'invitation (Paris, Musée Carnavalet) pour le salon Charpentier représentant un intérieur caractérisé par le foisonnement des styles : on aperçoit à droite un bronze ou une sculpture à l’antique, tandis que la cheminée porte des objets d’inspiration japonaise, et que le dessus de la fenêtre semble orné à la manière néo-XVIIIe. (Source : Notice Agorha "Georges Charpentier" rédigée par Virginie Meyer)
Le couple Charpentier devient mécène de Renoir à partir du milieu des années 1870. Le peintre leur réalise plusieurs portraits dont certains témoignent du goût pour le japonisme des Charpentier. (Source : Notice Agorha "Georges Charpentier" rédigée par Virginie Meyer)