Gautier, Judith
Ancien 5e arrondissement
32 rue de Longchamp
4 cité de Trévise
spécialisée dans les arts d'Extrême-Orient
Collabore avec des journaux et revues : L'Artiste, Le Moniteur Universel, Journal Officiel. Elle publie des études sur les arts de Chine, du Japon, du Siam et d’Inde sous son nom ainsi que sous les pseudonymes « Judith Walter », « F. Chaulnes », ou « Judith Mendès ».
De la formation à la création
L’écrivaine, artiste et critique d’art Judith Gautier (1845-1917) a participé à tous les courants de pensée littéraires et artistiques français du xixe siècle. La présente notice mettra l’emphase sur ses connaissances en ce qui concerne l’Extrême-Orient, ainsi que son rôle primordial dans la diffusion de l’intérêt européen pour l’art, la littérature et l’histoire de Chine, du Japon, d’Inde, de la Thaïlande, du Laos, d’Indonésie et du Vietnam. Pour une biographie détaillée, il convient de se reporter aux études de Joanna Richardson, Bettina Knapp et Véronique Chagnon-Burke qui évoquent la diversité de ses contributions littéraires (poésie, prose, théâtre) et artistiques (la sculpture, la critique artistique et musicale), ainsi que ses amitiés avec les membres des écoles littéraires (les romantiques et les réalistes, les parnassiens, les naturalistes et les symbolistes) (Richardson J., 1986, surtout la bibliographie en fin d’ouvrage, p. 285-293 ; Knapp B., 2007 ; Chagnon-Burke V., 2013).
La fille de l’influent homme de lettres Pierre Jules « Théophile » Gautier (1811-1872) et de la chanteuse « Ernesta » Giuseppina Jacomina Grisi (1816-1895), Louise Charlotte Ernestine « Judith » est née le 24 août 1845 à Paris (AD Neuilly-sur-Seine 2E27/57). Dans les livres de souvenirs qu’elle publie à partir de 1904, Gautier évoque le milieu bohémien de son enfance où elle fréquente les grands artistes et écrivains amis de ses parents (Gautier J., 1904 ; Gautier, J., 1905). Elle cite son père, comme l’origine de son amour pour l’Orient dès la rédaction du Roman de la momie (1857), auquel elle a contribué (Gautier J., 1904, p. 245-247). C’était pendant un voyage à Londres avec ses parents pour assister à l’Exposition universelle en 1862 que l’adolescente Judith Gautier dit avoir eu son premier contact direct avec l’Asie : deux Japonais en « costume national » entrent dans un magasin où elle essaie de « causer » avec eux (Gautier J., 1905, p. 132-134). Elle est fascinée autant par les détails de leur habillement que par leur découverte de la culture européenne : « On eût dit qu’autour d’eux, sans que rien s'en fût encore dispersé, flottait le parfum et comme l'atmosphère de leur fabuleux pays ». C’est une rencontre « fatidique » et « inoubliable » qui lui révèle « tout un monde inouï » (Gautier J., 1905, p. 134). Encouragée par son père, Judith Gautier se plonge dans la découverte de la littérature de l’Extrême-Orient.
Une autre rencontre fortuite met la famille Gautier en contact avec un exilé chinois, Ding Dunling ([丁墩龄],1831-1886 ; Gautier l’écrit « Ting-Tun-Ling »), qui commence – à partir de 1863 – à donner des cours de chinois à Judith et sa sœur Estelle (1848-1914) [Gautier J., 1905, p. 159-163]. Il leur apprend à prononcer les mots et à maîtriser l’écriture. Afin de diversifier les études, il leur raconte, de temps en temps, des légendes chinoises et leur parle des mœurs et des paysages des différentes régions de l’empire du Milieu. Ses cours passionnent les deux jeunes filles. Judith Gautier apprécie le dépaysement qu’ils offrent, lui permettant de voyager par l’imagination. Avec le soutien de son précepteur, elle commence à lire les ouvrages chinois. Elle possède une copie du dictionnaire chinois-français composé par Joseph de Guignes (1721-1800) et publié en 1813 (Dictionnaire chinois, français et latin), offert par le comte Olivier de Gourjault (1837-1891). Celui-ci s’avère très utile au cours de ses premières lectures des livres chinois (Gautier J., 1905, p. 203). Plus tard, elle fréquente la bibliothèque de la rue de Richelieu avec Ding Dunling, où ils copient des poèmes chinois et empruntent d’autres ouvrages qui vont inspirer ses écrits (Gautier J., 1905, p. 204-206).
En 1864, la chercheuse publie dans L’Artiste – sous le nom de « Judith Walter » – neuf poèmes traduits d’après les créations originales de cinq poètes chinois sous le titre Variations sur des thèmes chinois (Walter J., 1864, p. 37-38). L’année suivante, huit nouvelles traductions sont publiées dans la même revue (Walter J., 1865, p. 261). En 1867, sa première anthologie poétique, intitulée Le Livre de Jade, voit le jour (Walter J., 1867). Elle contient, en plus des 17 poèmes publiés antérieurement, 54 traductions supplémentaires. Le Livre de Jade est aujourd’hui considéré comme un des textes les plus influents pour la réception de la poésie chinoise en Occident (Yu P., 2015 ; Yu P, 2007).
L’année suivante, Judith Gautier publie son premier roman, Le Dragon impérial, ouvrage légendaire sur la Chine, paru d’abord en 33 épisodes dans La Liberté (23 mars – 27 mai 1868) et puis en volume par Lemerre en 1869. Il paraît sous le nom « Judith Mendès », car elle a épousé le poète Catulle Abraham Mendès (1841-1901) le 17 avril 1866 à Neuilly-sur-Seine (AD Neuilly-sur-Seine 2E27/57) après avoir refusé l’année précédente une demande en mariage de Mohsin Khan, M’uin ul Mulk, ambassadeur de Perse (dates inconnues ; Gautier J., 1905, p. 331-334 ; Richardson J., 2013, p. 27). Le mariage avec Catulle Mendès s’avère tout de suite malheureux et Judith obtient une séparation des biens le 13 juillet 1878 et un divorce le 28 décembre 1896 (Richardson J., 1986, p. 54-55, 108-112, 134 ; AD Neuilly-sur-Seine 2E27/57).
À la légation de Chine et du Japon en France
Si l’apprentissage du chinois et ses lectures forment un lien indirect entre Judith Gautier et le monde oriental qu’elle n’a jamais visité, ses échanges avec les envoyés et les voyageurs asiatiques à Paris, ainsi que sa participation aux événements interculturels, lui offrent de diverses occasions directes pour mieux connaître ces pays lointains. Grâce au milieu de son père et par l’intermédiaire de ses amis français, Judith Gautier fait la connaissance et entretient de bonnes relations avec les envoyés asiatiques. Son nom apparaît souvent dans les récits des voyageurs chinois qui délivrent d’importants témoignages sur la poursuite de l’apprentissage de la chercheuse française en dehors de ses cours de chinois à domicile (Shi Y., 2020). Judith Gautier visite fréquemment la légation de Chine en France et assiste à un grand nombre d’activités que les Chinois organisent à Paris. Nous le voyons dans les nombreuses « Notes sur la Chine » qu’elle publie dans le Journal officiel sous le pseudonyme « F. Chaulnes » du 31 juillet 1875 au 22 septembre 1876 (Chaulnes F., 1875-1876), où elle traite des sujets comme la médecine, les pratiques de mariage, la poésie, les cérémonies funèbres et la musique, présentant ainsi au grand public les récits qu’elle a entendus chez les diplomates chinois. En 1905, elle participe à la cérémonie de célébration pour la nouvelle année chinoise, organisée à la légation de Chine à Paris (Gautier J., 1919, p. 153) et, en 1906, à une soirée pour accueillir le prince Zaize ([载泽], 1868-1929).
Judith Gautier est ainsi devenue un témoin important des échanges diplomatiques et culturels de haut niveau entre la France et la Chine. Durant ses rencontres avec les premiers diplomates chinois, notamment avec Zeng Jize ([曾纪泽], 1839-1890), elle porte le titre de visiteuse ou d’invitée. Néanmoins, au fur et à mesure du développement de sa relation avec les membres de la légation de Chine en France, elle tisse des liens amicaux, comme avec Liu Shixun ([刘式训], 1869-1929), et même des amis intimes, tels que Yu Geng ([裕庚], ?-1905) et Sun Baoqi ([孙宝琦], 1867-1931) [Shi Y., 2020]. Étant tous poètes et écrivains, les échanges leur inspirent de nouvelles créations littéraires.
Elle fréquente aussi la légation du Japon, notamment par le biais de ses amis Saionzi Kinmochi ([西園寺公望],1849-1940), futur Premier ministre du pays, qu’elle rencontre peu après l’arrivée du jeune étudiant à Paris en 1871, et surtout Saburō Komyōji (« Mitsouda Komiosi » [光妙寺三郎], 1847-1893) qui est attaché à la légation (Gautier J., 1912, p. 59). Saionzi et Saburō contribuent au roman que Gautier intitule L’Usurpateur (Mendès J., 1875), réédité à partir de 1883 sous le titre La Sœur du soleil (Emery E., 2022). Ce roman historique raconte en détail la vie à la cour impériale japonaise tout en faisant revivre les épisodes les plus connus du siège d’Osaka (1615). Elle collabore de nouveau avec ses amis japonais sur Les Poèmes de la libellule (Gautier J., 1885) qui, avec des illustrations par Yamamoto Hosui ([山本芳翠], 1850-1906) font découvrir la poésie japonaise « waka » aux Européens, découverte qui s’avère capitale pour le mouvement symboliste en particulier (Hokenson J., 2004). Gautier continue à participer aux activités culturelles offertes par la légation, comme une cérémonie de thé au début du XXe siècle, évoqué dans un chapitre du livre Le Japon (Gautier J., 1912, p. 59-68).
Il n’y a plus de légation pour la dynastie des Nguyễn après l’invasion française du Tonkin en 1885, mais Gautier rencontre Hàm Nghi (咸宜帝), né Nguyễn Phúc Ưng Lịch (1872-1944) à partir de 1900. Amoureuse de l’« empereur de l’Annam », ses sentiments ne sont pas partagés, ce qui n’empêche pas le développement d’une longue et durable amitié (Richardson J., 1986, p. 203-205 ; Dabat A, 2020, p. 325-326). Elle lui rend visite dans son exil algérien (son seul voyage en dehors de l’Europe) et sa famille lui rend régulièrement visite en France (Richardson J., 1986, p. 203-205, 245, 260 ; Dabat A., 2020). Quoique ce prince en exil refuse de parler de ses expériences au Vietnam, son injuste traitement aux mains des Français sert d’inspiration aux écrits de Gautier ainsi qu’à ses ouvrages artistiques : elle produit des bustes et des médaillons de l’empereur et sa famille et les deux artistes exposent leurs sculptures ou dessins à la Galerie Devambez en 1909 (Dabat A., 2020, p. 332-338).
Un œuvre informé par les arts d’Extrême-Orient
Judith Gautier est connue aujourd’hui comme poète, romancière, dramaturge et artiste mais, à son époque, elle était également appréciée comme critique d’art et chroniqueuse spécialisée dans les arts d’Extrême-Orient. Dès 1864, elle collabore avec des journaux et revues de premier plan (L’Artiste, Le Moniteur universel, Journal officiel) où elle publie des études sur les arts de Chine, du Japon, du Siam et d’Inde sous les pseudonymes « Judith Walter », « F. Chaulnes », ou « Judith Mendès ». De nombreux exemples se trouvent dans la bibliographie : des articles sur la sculpture sur bois, les émaux, jades, ivoires et costumes chinois aussi bien que sur la peinture japonaise (Chaulnes F., 1878). Son appréciation de la collection chinoise du militaire Jean-Louis de Négroni (dates inconnues) en 1864, par exemple, condamne le « pillage » du « Palais du Fils du Ciel » tout en faisant valoir la beauté des objets en jade et cristal de roche et des étoffes qui figurent dans cette collection française rapportée de Chine (Walter J., 1864, p. 188-89). De même, ses longs comptes rendus des Expositions universelles de 1867 et 1878 pour Le Moniteur universel font découvrir au grand public la peinture et la sculpture de ces pays (Walter J., 1867 ; Chaulnes F., 1878) lorsque ses écrits sur la musique chinoise sont fondés sur de sérieuses recherches (Shi Y., 2020).
Mais à partir des années 1880, Gautier semble se laisser emporter par la vogue commerciale pour les histoires de « princesses » (Viegnes M., 2011). Influencée autant par ses amitiés avec Victor Hugo (1802-1885) et Richard Wagner (1813-1883) – tous deux férus de mythologie – que par de nouvelles opportunités commerciales, elle publie de plus en plus de textes imprégnés de l’« exotisme » de l’Extrême-Orient. Elle republie ses vieux articles de presse dans des anthologies avec de nouveaux titres mystérieux pour accrocher le public : Les Peuples étranges (Gautier J., 1879) – où elle évoque des traditions chinoises, japonaises et cochinchinoises – Les Musiques bizarres à l’Exposition de 1900 – où elle décrit des spectacles chinois, javanais, indochinois, japonais, égyptiens et malgaches (Gautier J., 1900). Les Princesses d’amour (Gautier J., 1900) évoquent le monde des courtisanes japonaises si connu en France grâce aux estampes ukiyo-e devenues à la mode à Paris à partir de l’exposition des estampes japonaises à l’École des beaux-arts en 1891. Ses livres illustrés pour enfants En Chine (Merveilleuses Histoires) ou Le Japon (Merveilleuses Histoires) juxtaposent des éléments historiques, linguistiques, culturels et religieux avec des chapitres portant sur l’art, la musique, la mode et la littérature (Gautier J., 1911 ; Gautier J., 1912).
C’est surtout au théâtre que Gautier fait valoir sa connaissance de l’art et de la musique asiatiques : des lettres envoyées au musée Guimet montrent à quel point elle cherche à faire figurer sur scène des objets d’art authentiques, que ce soit des costumes ou des instruments de musique qu’elle emprunte ou copie (MNAAG, lettre de Gautier au musée Guimet du 7 novembre 1897). Mais les nombreuses pièces de théâtre « chinois », « japonais » ou « annamites » qu’elle fait monter au théâtre de l’Odéon, au Vaudeville et dans des résidences privées de 1880 à 1918 ont dû bien compliquer la vision de l’Extrême-Orient des Parisiens : si les objets d’art et les costumes sur scène étaient plus ou moins authentiques, quoi dire des scénarios adaptés des histoires chinoises ou japonaises et joués en français par des Européens habillés en « Orientaux » ? La Marchande de sourires, pièce dite « chinoise » qu’elle adapte pour l’Odéon en 1888 en transposant l’intrigue au Japon, fournit un bon exemple de la confusion causée par ce genre de mélange. Les costumes et scènes, photographiés par l’Atelier Nadar et conservés à la Bibliothèque nationale, nous permettent d’évaluer les effets qu’auraient pu produire ce genre de spectacle (Atelier Nadar, 1888).
Et que dire des stéréotypes disséminés par les titres « orientaux » interchangeables de ces pièces ? Le Ramier blanc (pièce chinoise) joué à l’hôtel de Poilly en 1880 (Richardson J., 1986, p. 139) ; La Tunique merveilleuse (pièce chinoise) à l’Odéon en 1899 (Gautier J., 1904) ; Princesses d’amour (adaptation de son recueil éponyme de contes « japonais » au Vaudeville en 1908 ; Richardson J., 1986, p. 288) ; L’Avare chinoise (pièce chinoise) à l’Odéon en 1908 (Gautier J., 1919) ; Embûche fleurie au théâtre Michel en 1911 (Richardson J., 1986, p. 233, 281) ; La Fille du ciel (« drame chinois » co-écrit avec Pierre Loti, 1850-1923 ; Gautier J., 1911) ; L’Apsara (pièce hindoue ; Richardson J., 1986, p. 288) ; Les Portes rouges (« pièce annamite » ; Richardson J., 1986, p. 279). Les cinq volumes du Japon et la Chine dans les œuvres de Judith Gautier, collection dirigée par Brigitte Koyama-Richard, fournit une anthologie des plus importants textes de Gautier sans prétendre à l’exhaustivité. Ses Œuvres complètes, collection dirigée par Yvan Daniel chez Classiques Garnier, sont en cours ; Daniel et ses collaborateurs mettront peut-être plus d’emphase sur son importante œuvre théâtrale et l’influence que ses spectacles auraient exercée sur le public occidental.
Monde de rêve
Le parcours de recherche de Judith Gautier est caractérisé par son « esprit libre », comme elle le dit lors de son élection à l’Académie Goncourt en 1910 (Gautier J., Le Temps, 1910). Elle cherche une autonomie, une identité distinctive. Si elle est d’abord reconnue pour des publications inspirées par la poésie chinoise ou japonaise ou pour des chroniques consacrées à l’histoire ou la culture des pays de l’Extrême-Orient, elle abandonne progressivement l’ethnographique et l’histoire pour produire – à partir des années 1880 – des traductions ou des réécritures de textes chinois, japonais ou indiens. Comme pour ses pièces de théâtre, les titres de certains de ses ouvrages en prose donnent un sens du « parfum » exotique qu’elle diffuse autour des cultures qu’elle a d’abord cherché à rendre familières. Dans Fleurs d’Orient : nouvelles historiques (Gautier J., 1893), par exemple, on mélange des contes égyptiens, vietnamiens, chinois et japonais, comme c’est également le cas dans Khou-n-ato-nou (fragments d’un papyrus) et diverses nouvelles (Gautier J., 1898) ou Le Paravent de soie et de l’or (Gautier J., 1904).
Il ne faudrait pas forcément interpréter la profusion de princesses et de figures mythologiques qui peuplent les écrits de Gautier à partir des années 1880 comme une réflexion de ses connaissances de réelles pratiques culturelles : séparée de son époux et toujours à court d’argent, elle profite aussi d’un moment où les réformes pédagogiques de la IIIe République créent une demande pour des lectures de jeunesse. Elle gagne sa vie en adaptant les histoires légendaires qu’elle a entendues, suscitant l’imagination de ses lecteurs pour le voyage et la géographie, contribuant ainsi sans le vouloir à l’expansion coloniale. Son amitié, puis sa cohabitation avec la jeune Suzanne Meyer-Zundel (1882-1971), passionnée par les légendes européennes et asiatiques, comme l’avaient été auparavant ses amis Hugo et Wagner, a dû encourager cette production mythologique. Meyer-Zundel partage aussi son enthousiasme pour l’art chinois et japonais : elle installe sa propre petite collection de meubles japonais et chinois dans leur appartement parisien (Étude KL, 1918).
Article rédigé par Elizabeth Emery et Yichao Shi
Education to Creation
The writer, artist and art critic Judith Gautier (1845-1917) participated in all currents of French literary and artistic thought of the 19th century. This article emphasises her knowledge of the Far East, as well as her key role in spreading European interest in the art, literature and history of China, Japan, India, Thailand, Laos, Indonesia and Vietnam. For a detailed biography, reference should be made to the studies of Joanna Richardson, Bettina Knapp, and Véronique Chagnon-Burke, which evoke the diversity of her literary production (poetry, prose, theatre) and artistic contributions (sculpture, artistic and musical criticism), as well as her friendships with members of diverse literary schools (the Romantics and the Realists, the Parnassians, the Naturalists and the Symbolists) (Richardson J., 1986, especially the bibliography at the end of the book, pp. 285-293; Knapp B., 2007; Chagnon-Burke V., 2013).
The daughter of the influential man of letters Pierre Jules "Théophile" Gautier (1811-1872) and the singer "Ernesta" Giuseppina Jacomina Grisi (1816-1895), Louise Charlotte Ernestine "Judith", was born on August 24, 1845 in Paris (AD Neuilly-sur-Seine 2E27/57). In the memoirs she published from 1904, Gautier evokes the Bohemian milieu of her childhood where she frequented the great artists and writers who were friends of her parents (Gautier J., 1904; Gautier, J., 1905). She cites her father as the origin of her love for the Orient from the writing of the Roman de la momie (1857), to which she contributed (Gautier J., 1904, p. 245-247). It was during a trip to London with her parents to attend the Universal Exhibition in 1862 that the teenaged Judith Gautier said she had her first direct contact with Asia: two Japanese in "national costume" entered a store where she tried to "chat" with them (Gautier J., 1905, p. 132-134). She was fascinated as much by the details of their clothing as by their discovery of European culture: "It was as if around them, without anything having yet been dispersed, the perfume and the atmosphere of their fabulous country floated". It was a "fatal" and "unforgettable" encounter that revealed to her "a whole incredible world" (Gautier J., 1905, p. 134). Encouraged by her father, Judith Gautier immersed herself in the discovery of Far Eastern literature.
Another chance encounter brought the Gautier family into contact with a Chinese exile, Ding Dunling ([丁墩龄], 1831-1886; Gautier spelled it "Ting-Tun-Ling"), who began to give Chinese lessons to Judith and her sister Estelle (1848-1914) from 1863 [Gautier J., 1905, p. 159-163]. He taught them to pronounce words and to master writing. In order to diversify their studies, he sometimes told them Chinese legends and talked to them about the customs and landscapes of the different regions of the Middle Kingdom. His lessons fascinated the two young girls. Judith Gautier appreciated the change of scenery they offered that allowed her to travel through her imagination. With the support of her tutor, she began to read Chinese books. She had a copy of the Chinese-French dictionary composed by Joseph de Guignes (1721-1800) and published in 1813 (Dictionnaire chinois, français et latin), donated by Count Olivier de Gourjault (1837-1891). This proved to be very useful during her first readings of Chinese books (Gautier J., 1905, p. 203). Later, she frequented the rue de Richelieu library (now the Bibliothèque nationale) with Ding Dunling, where they copied Chinese poems and borrowed other works that would inspire her writings (Gautier J., 1905, p. 204-206).
In 1864, the budding scholar published nine poems translated from the original creations of five Chinese poets titled Variations sur des thèmes chinois in L’Artiste under the name "Judith Walter" (Walter J., 1864, p. 37-38). The following year, eight new translations were published in the same journal (Walter J., 1865, p. 261). In 1867, her first poetic anthology, entitled Le Livre de Jade, was published (Walter J., 1867). In addition to the 17 previously published poems, it contained 54 additional translations. Le Livre de Jade is now considered one of the most influential texts for the reception of Chinese poetry in the West (Yu P., 2015; Yu P, 2007).
The following year, Judith Gautier published her first novel, Le Dragon impérial, a legendary work on China, which first appeared in 33 instalments in La Liberté (March 23 – May 27, 1868) and then in book form with Lemerre in 1869. The novel appears under the name "Judith Mendès" because she married the poet Catulle Abraham Mendès (1841-1901) on April 17, 1866 in Neuilly-sur-Seine (AD Neuilly-sur-Seine 2E27/57) after having refused the marriage proposal of Mohsin Khan, M'uin ul Mulk, Ambassador of Persia the previous year (dates unknown; Gautier J., 1905, p. 331-334; Richardson J., 2013, p. 27). The marriage with Catulle Mendès immediately proved unhappy, and Judith obtained a legal separation on July 13, 1878 and a divorce on December 28, 1896 (Richardson J., 1986, p. 54-55, 108-112, 134; AD Neuilly-sur-Seine 2E27/57).
At the Chinese and Japanese Legations in France
While learning Chinese and reading it formed an indirect link between Judith Gautier and the Eastern world, which she never visited, her exchanges with envoys and Asian travellers in Paris, as well as her participation in intercultural events, offered various direct opportunities to learn about these distant countries. Thanks to her father's background and through her French friends, Judith Gautier got to know the Asian envoys and maintained good relations with them. Her name often appeared in the written accounts of Chinese travellers whose notes provide important documentation of the young woman’s continued education outside of the formal Chinese lessons she received at home (Shi Y., 2020). Judith Gautier frequently visited the Chinese legation in France and attended many of the activities the envoys organised in Paris. We see this participation in cultural activities in the numerous "Notes sur la Chine" that she published in the Journal officiel under the pseudonym "F. Chaulnes" from July 31, 1875 to September 22, 1876 (Chaulnes F., 1875-1876). In these notes, she dealt with subjects such as medicine, marriage practices, poetry, funeral ceremonies and music, and brought the stories she heard from Chinese diplomats to the general public. In 1905, she participated in the celebration ceremony for the Chinese New Year, organised at the Chinese legation in Paris (Gautier J., 1919, p. 153) and, in 1906, in an evening to welcome Prince Zaize ([载泽], 1868-1929).
Judith Gautier thus became an important witness to high-level diplomatic and cultural exchanges between France and China. During her meetings with the first Chinese diplomats, notably with Zeng Jize ([曾纪泽], 1839-1890), she bore the title of visitor or guest. However, as her relationships with members of the Chinese legation in France developed, she forged friendly ties, such as with Liu Shixun ([刘式训], 1869-1929), and even close friends, such as Yu Geng ([裕庚], ?-1905) and Sun Baoqi ([孙宝琦], 1867-1931) [Shi Y., 2020]. As they were all poets and writers, their exchanges inspired new literary creations.
She also frequented the Japanese legation, notably through her friends Saionzi Kinmochi ([西園寺公望], 1849-1940), future Prime Minister of the country, whom she met shortly after the young student's arrival in Paris in 1871, and especially Saburō Komyōji (“Mitsouda Komiosi” [光妙寺三郎], 1847-1893) who was attached to the legation (Gautier J., 1912, p. 59). Saionzi and Saburō contributed to the novel that Gautier called L'Usurpateur (Mendès J., 1875), which was republished from 1883 under the title La Sœur du soleil (Emery E., 2022). This historical novel recounts life at the Japanese imperial court in detail while bringing alive the best-known episodes of the Siege of Osaka (1615). She collaborated again with her Japanese friends on Les Poèmes de la libellule (Gautier J., 1885) which, with illustrations by Yamamoto Hosui ([山本芳翠], 1850-1906) introduced Japanese "waka" poetry to Europeans, a discovery that turned out to be crucial for the Symbolist movement in particular (Hokenson J., 2004). Gautier continued to participate in the cultural activities offered by the legation, such as a tea ceremony at the beginning of the 20th century, mentioned in a chapter of the book Le Japon (Gautier J., 1912, p. 59-68).
There was no longer a legation for the Nguyễn dynasty after the French invasion of Tonkin in 1885, but Gautier met Hàm Nghi (咸宜帝), born Nguyễn Phúc Ưng Lịch (1872-1944) from 1900. She fell in love with the "Emperor of Annam", but the feelings were not mutual, which did not however prevent the development of a long and lasting friendship (Richardson J., 1986, p. 203-205; Dabat A, 2020, pp. 325-326). She visited him in his Algerian exile (her only trip outside of Europe), and his family visited her regularly in France (Richardson J., 1986, p. 203-205, 245, 260; Dabat A., 2020). Although this exiled prince refused to talk about his experiences in Vietnam, his unjust treatment at the hands of the French served as an inspiration for Gautier's writings as well as his artistic works: she produced busts and medallions of the emperor and his family, and the two artists exhibited their sculptures and drawings at the Galerie Devambez in 1909 (Dabat A., 2020, p. 332-338).
A Work informed by the Arts of the Far East
Judith Gautier is known today as a poet, novelist, playwright and artist, but in her time she was also appreciated as an art critic and columnist specialising in the arts of the Far East. As of 1864, she collaborated with leading newspapers and reviews (L'Artiste, Le Moniteur Universel, Journal Officiel) where she published studies on the arts of China, Japan, Siam and India under the pseudonyms "Judith Walter", "F. Chaulnes", and "Judith Mendès". Many examples can be found in the bibliography: articles on woodcarving, enamels, jades, ivories and Chinese costumes as well as on Japanese painting (Chaulnes F., 1878). Her appreciation of the Chinese collection of the soldier Jean-Louis de Négroni (dates unknown) in 1864, for example, condemns the "looting" of the "Palace of the Son of Heaven" while emphasising the beauty of jade, rock crystal objects and fabrics that appeared in this French collection brought back from China (Walter J., 1864, p. 188-89). Similarly, her long reviews of the Universal Exhibitions of 1867 and 1878 for Le Moniteur universel introduced the general public to the painting and sculpture of these countries (Walter J., 1867; Chaulnes F., 1878) while her writings on Chinese music are based on serious research (Shi Y., 2020).
But from the 1880s, Judith Gautier seemed to have been influenced by the commercial vogue for the stories of "princesses" (Viegnes M., 2011). Influenced as much by her friendships with Victor Hugo (1802-1885) and Richard Wagner (1813-1883) – both fond of mythology – as by new business opportunities, she published more and more texts imbued with "exoticism" from the Far East. She republished her old press articles in anthologies with mysterious new titles to hook the public: Peuples étranges (Gautier J., 1879) –in which she evokes Chinese, Japanese and Vietnamese traditions – Les Musiques bizarres à l’Exposition de 1900 –where she describes Chinese, Javanese, Indochinese, Japanese, Egyptian and Malagasy performances (Gautier J., 1900). Les Princesses d’amour (Gautier J., 1900) evokes the world of Japanese courtesans so well known in France thanks to the ukiyo-e prints that became fashionable in Paris after the exhibition of Japanese prints at the École des beaux-arts in 1891. Her illustrated children's books En Chine (Merveilleuses Histoires) and Le Japon (Merveilleuses Histoires) juxtapose historical, linguistic, cultural, and religious elements with chapters on art, music, fashion and literature (Gautier J., 1911; Gautier J., 1912).
It is above all in the theatre that Gautier demonstrated her knowledge of Asian art and music: letters sent to the Musée Guimet show how much she sought to bring authentic works of art on stage, whether costumes or musical instruments that she borrowed or copied (MNAAG, letter from Gautier to the Musée Guimet on November 7, 1897). But the many "Chinese", “Japanese", or "Annamite" plays that she put on at the Odéon theatre, at the Vaudeville, and in private residences from 1880 to 1918 must have complicated the vision of the Far East for Parisians. If the artwork and costumes on stage were more or less authentic, can the same be said for scripts adapted from Chinese or Japanese stories and performed in French by Europeans dressed as "Orientals"? La Marchande de sourires, a so-called "Chinese" play that she adapted for the Odéon in 1888 by transposing the plot to Japan, provides a good example of the confusion caused by this kind of mixture. The costumes and scenes, photographed by the Atelier Nadar and kept at the Bibliothèque nationale, allow us to assess the effects that this kind of spectacle might have produced (Atelier Nadar, 1888).
And what about the stereotypes disseminated by the interchangeable "oriental" titles of these plays? Le Ramier blanc (Chinese play) performed at the Hôtel de Poilly in 1880 (Richardson J., 1986, p. 139); La Tunique merveilleuse (Chinese piece) at the Odéon in 1899 (Gautier J., 1904); Princesses d’amour (adapted from her eponymous collection of “Japanese” tales at the Vaudeville in 1908; Richardson J., 1986, p. 288); L’Avare chinoise (Chinese play) at the Odéon in 1908 (Gautier J., 1919); Embûche fleurie at the Michel theater in 1911 (Richardson J., 1986, p. 233, 281); La Fille du Ciel ("Chinese drama" co-written with Pierre Loti, 1850-1923; Gautier J., 1911); L’Apsara (Hindu play; Richardson J., 1986, p. 288); Les Portes rouges (“Annamite Play”; Richardson J., 1986, p. 279). The five volumes of Japon et la Chine dans les œuvres de Judith Gautier, a collection directed by Brigitte Koyama-Richard, provide an anthology of Gautier’s most important texts without claiming to be exhaustive. Her Œuvres complètes, a collection curated by Yvan Daniel at Classiques Garnier, is in progress; Daniel and his collaborators will perhaps put more emphasis on her important theatrical work and the influence that these performances would have had on Western audiences.
Dream World
Judith Gautier's career can be characterised by her "free spirit", as she put it when she was elected to the Académie Goncourt in 1910 (Gautier J., Le Temps, 1910). She sought autonomy, a distinctive identity. If she was first recognised for publications inspired by Chinese or Japanese poetry or for chronicles devoted to the history or culture of the countries of the Far East, she gradually abandoned ethnography and history to produce free translations or rewritings of Chinese, Japanese or Indian texts. As with her plays, the titles of some of her later prose works convey a sense of the exotic "scent" she diffused around the cultures she first sought to make familiar. In Fleurs d'Orient: Nouvelles Historiques (Gautier J., 1893), for example, Egyptian, Vietnamese, Chinese and Japanese tales are mixed together, as is also the case in Khou-n-ato-nou (fragments of a papyrus) and various short stories (Gautier J., 1898) or Le Paravent de soie et de l’or (Gautier J., 1904).
One should not necessarily interpret the profusion of princesses and mythological figures that populate Gautier's writings from the 1880s onwards as a reflection of her knowledge of real cultural practices: separated and then divorced from her husband and always short of money, she took advantage of a new demand for appropriate reading materials for children generated by the educational reforms of the Third Republic. She made a living by adapting the legendary stories she had heard, sparking her readers' imaginations regarding travel and geography, thus unwittingly contributing to the colonial expansion of which she disapproved. Suzanne Meyer-Zundel (1882-1971), with whom she lived, was passionate about European and Asian legends, as her friends Hugo and Wagner had previously been. This friendship with the young Meyer-Zundel likely encouraged Judith Gautier’s mythological production. Meyer-Zundel shared her friend’s enthusiasm for Chinese and Japanese art: she installed her own small collection of Japanese and Chinese furniture in their Paris apartment (Etude KL, 1918).
Article by Elizabeth Emery and Yichao Shi (Translated by Jennifer Donnelly)
Voyage à Londres en famille pour l’Exposition internationale. C’est là où Judith Gautier rencontre deux Japonais en costume national. (Gautier J., 1905, p.124)
Voyages pour fréquenter Victor Hugo et Richard Wagner et sa famille. (Richardson J., 1986, pp. 68-86, p. 121-144)
Voyages pour fréquenter Victor Hugo et Richard Wagner et sa famille. (Richardson J., 1986, pp. 68-86, p. 121-144)
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
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Georges Clemenceau fréquente Judith Gautier à travers les salons mondains. (Source : Notice Agorha "Georges Clemenceau" rédigée par Matthieu Séguéla).
Judith Gautier est la fille de l'homme de lettres Théophile Gautier. (Source : notice Agorha "Judith Gautier" rédigée par Elizabeth Emery et Yichao Shi)
Judith Gautier et Catulle Abraham Mendès se marient en 1866. Le mariage s'avère tout de suite malheureux et Judith Gautier obtient une séparation des biens en 1878 puis un divorce en 1896. (Source : notice Agorha "Judith Gautier" rédigée par Elizabeth Emery et Yichao Shi)