Dumonstier, Étienne

Peintre de portraits

Fils aîné de Geoffroy Dumonstier, il est peintre au service de Henri II, François II, Charles IX, Henri III et Henri IV, et surtout connu pour son office auprès de Catherine de Médicis pour qui il travaille entre 1568 et 1586 (Laborde 1850, Zvereva 2011). Une épitaphe en l’église de Saint-Jean-en-Grève, aujourd’hui détruite, indique qu’il est mort à l’âge de 83 ans, il serait donc né vers 1520. Pourtant ses deux frères sont nés autour des années 1540. Il s’agit en réalité d’une erreur de l’épitaphe qui aurait dû lire 63 ans. Un dessin d’Antoine Caron montre Étienne II et Pierre I Dumonstier d’âge similaire, suggérant donc que cet Étienne devait avoir le même âgé qu’eux. D’autre part, le contrat de mariage avec Marie Lesaige (cf. infra) indique l’âge de Dumonstier, confirmant donc une naissance vers 1540. On suggère ici qu’Étienne I était possiblement un autre fils de Jean I, mort en 1535, et donc oncle d’Étienne II (cf. Rapports et réseaux).

Selon Alexandra Zvereva, il aurait possiblement été formé par François Clouet bien que rien ne l’atteste (Zvereva 2011). En 1565, il est envoyé avec son frère Pierre I en Espagne, puis en 1570, en mission diplomatique à l’occasion du mariage de Charles IX et Elisabeth d’Autriche ((Lettre d’Etienne Dumonstier, 19 juillet [1565 ou 1570 ?], BnF, Français 2812, f. 73, Moreau-Nélaton 1908 ; Gonzalez de Amezua y Mayo 1949). Pourtant, il apparaît effectivement dans les comptes royaux qu’en 1568 au service de Catherine de Médicis avec 400 livres annuels, puis en 1570 et 1577 (1568 : Guiffrey 1872, p. 172 ; 1569 ; Laborde 1850 ; 1570, BnF, Français 21479, f. 123r ; 1577 : quittance perdue, coll. Joursanvault, pub. 1838, cf. Zvereva 2011). En 1578, elle lui offre une rente annuelle de 1330 livres (Archives nationales (AN), K/104 f. 68, Moreau-Nélaton 1916, p. 64-66). En 1581, il suit la cour du duc d’Alençon en voyage à Londres, possiblement avec son frère Pierre (Zvereva 2011). En 1583, ses gages montent à 600 livres annuels (Bnf ? Français 21451, f. 367). Entre 1575 et 1589, il est également au service de Henri III (Laborde 1850, 1576-1578 : Bnf, Dupuy 852, f. 74 ; 1584, sans gages, AN, KK/139 f. 39v). En 1601, Catherine de Médicis, alors décédée, lui devait encore 2400 livres sur les 2730 livres de rente mise en place en 1578 (AN, K/103, 23 août 1601, Zvereva 2011). Bien qu’il conserve le titre de peintre du roi, ce dernier est peu employé par Henri IV qui voit sans doute en lui un confident des derniers Valois par les nombreux voyages diplomatiques que ce dernier a effectué : il reçoit alors seulement 100 livres de gages annuels en 1599 (AN, KK/151, f. 16v).

Il épouse Madeleine Linières le 1er avril 1574 avec qui il est père de Louise, devenue nonne à la confrérie du Saint-Sacrement, enterrée le 10 novembre 1596, et de Gilles, marié le 9 février 1597. Il aurait aussi eu Geneviève avec Jeanne Barbarat, baptisée à Saint-Roch le 16 aout 1579. Le 25 janvier 1585, il épouse à l’âge de 45 ans Marie Lesaige (Lesage) avec qui il a eu Pierre II, peintre, confirmé par le contrat de mariage de ce dernier en 1611 (BnF NAF 12092, cf. archives ; AN, Y/126 f. 423v ; Guiffrey 1906, t. XVIII p. 331-333, cf. rapports et réseaux). Il habite alors rue des Quatre-Fils (auj. rue des Archives) dans la paroisse de Saint-Jean-en-Grève où il fut enterré. Ce contrat de mariage de 1611 suggère qu’Étienne Dumonstier aurait reçu des lettres de noblesse, passé ensuite à son fils Pierre II (Guiffrey 1906, t. XX, p. 322). Il écrit son testament, malade, le 27 septembre 1603, et meurt donc le 23 octobre suivant selon l’épitaphe de l’église Saint-Jean-en-Grève. (AN, MC/ET/XVI/21, Zvereva écrit le 28 septembre 1603, cf. Zvereva 2011).

Il est considéré comme le fondateur de l’École de Dumonstier à qui les historiens attribuent de nombreux portraits de la deuxième moitié du XVIe siècle. Son style se différencie de Pierre, se concentrant plutôt sur une représentation fidèle des traits du visage et sur leur aspect psychologique. Il est considéré comme le plus doué des trois frères Dumonstier. Dimier met en valeur sa « sureté de contour, une précision en même temps qu’une rondeur de modelé » dans ses ouvrages (Dimier 1924, I p. 146). Bien que peu documenté, Étienne Dumonstier est un artiste sur le devant de la scène, tout au long de la 2e moitié du XVIe siècle, encore mieux payé que François Clouet, ce qui pourrait donc suggérer une importante production de portraits, même si la plupart ne sont pas signés. En tant qu’artiste de premier plan, il est également possible que, tout comme pour François Clouet, il était à la tête de l’atelier Dumonstier et en cette qualité, soit plus présent en tant que maître de son atelier qu’en tant qu’artiste.

p. 227, 232, 240 et 250

t. XVIII p. 12-16 et p. 327-333 (confondu avec Étienne I), t. XX p. 322