Grobet-Labadié, Marie
Épouse de Bruno Vayson (1840-1896), puis de Louis Grobet (1851-1917).
140, bld Longchamp
483, rue Paradis
10, rue de la Terrasse
Rentière
À l'origine du Musée Grobet-Labadié, Marseille (Bouches-du-Rhône), par le don à la Ville de ses collections et de son hôtel particulier.
Marie Grobet est issue d’une famille de marchands, fille d’Alexandre Labadié (1814-1892), homme politique inscrit dans la mouvance républicaine, et d’Anna Eugénie Malbernat (1821-1889), sans profession. Sa biographie s’avère lacunaire.
L’héritière d’une riche famille de marchands
Comme le soulignent Bruno Coutancier et Marie-Josée Linou, conservateurs du musée Grobet-Labadié, « [On] ne sait que peu de choses sur son enfance et ses études », si ce n’est son goût pour le piano et son initiation à cet instrument par le biais de cours privés. Il en est de même pour son goût développé de la collection, dont Jean-Amédée Gibert (1869-1945) suppose qu’il viendrait du père (2018, p. 14-15, n. 11). Alexandre Labadié se trouve à l’origine de l’hôtel particulier situé à l’angle du boulevard Longchamp et de la place Henri-Dunan, faisant face au palais Longchamp, nouvellement construit en 1869. Le quartier naissant, en pleine expansion, accueille alors la bourgeoisie montante de Marseille. La cité phocéenne connaît en effet une période de prospérité, marquée pendant les années 1850-1880 par un dynamisme économique, un accroissement urbain, associé à une croissance démographique.
Alexandre Labadié est spécialisé dans le négoce de draps pour l’intérieur et l’exportation, et dispose à ce titre de nombreux contacts avec le Moyen-Orient (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 13). Il tient la maison de commerce fondée par son père dans les années 1830, située au 24, rue Longue des Capucins, dans le quartier Noailles. Catholique pratiquant, il est connu pour ses idées libérales. Il dispose d’une certaine aura politique. D’abord préfet des Bouches-du-Rhône, il est élu président du conseil général, puis devient député en 1870, après la défaite de Sedan (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 14). La conservatrice Danielle Maternati-Baldouy souligne à cet égard un comportement exemplaire auprès de ses concitoyens, relevant son « intégrité morale » et « sa haute probité politique et commerciale » (Maternati-Baldouy D., 1983 ? , p . 9).
À la mort de son beau-père Georges-François Malbernat en 1872, il se sert de son héritage pour ériger la demeure, dont il confie l’élaboration des plans à l’architecte Gabriel Clauzel (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 14). Cet hôtel sera le futur écrin de la collection de sa fille Marie.
L’entreprise collectionniste
Le 6 juillet 1872, Marie épouse Bruno Vayson (1840-1896), notable comtadin, maire de Murs et conseiller général du Vaucluse, frère du peintre animalier Paul Vayson (1842-1911). Elle l’entraîne dans sa passion collectionniste, leurs rentes confortables leur permettant de se livrer à leur passion commune. Son mari commence la rédaction des Cahiers en 1873. De 1882 à 1885, ils habitent un temps le 140, boulevard Longchamp, manière de se familiariser avec les lieux, comme le soulignent Bruno Coutancier et Marie-Josée Linou (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 17).
Alexandre Labadié meurt en 1892 et lègue l’ensemble de ses biens à sa fille unique, qui devient de fait propriétaire de l’hôtel particulier en 1893. Marie Vayson s’occupe alors de son aménagement. La collection prend une tournure décorative, avec la priorisation de la sculpture dans les acquisitions réalisées en 1890 (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 38).
Le 11 avril 1896, Marie Vayson déplore la mort de son époux survenue à l’âge de cinquante-cinq ans. Le 24 août 1897, elle épouse en secondes noces Louis Grobet (1851-1917), de condition plus modeste. Après une formation au conservatoire de Marseille, Louis Grobet poursuit ses études au Conservatoire national de Paris. Les événements de 1870 l’obligent à retourner à Marseille, où il persévère dans ses activités de concertiste et de professeur de musique. C’est certainement dans ce contexte qu’il rencontre Marie (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 18). En 1894, il est admis parmi les membres de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Sa sensibilité d’artiste – il est également peintre en amateur – l’amène à soutenir son épouse dans ses projets d’acquisition. Le couple poursuit ainsi de concert la collection.
De la collection au musée Grobet-Labadié
Tous deux continuent de tenir les carnets, sorte de « chroniques de la collection » (Coutancier B., Linou M.-J., 2018). Les carnets, neuf au total, regroupés sous l’intitulé Catalogue des œuvres d’art, s’achèvent le 16 février 1917 avec la mort de Louis Grobet, mort des suites de la grippe espagnole. L’entreprise de collection prend également fin. L’hôtel est cédé du vivant de Marie Grobet, à la Ville de Marseille, afin d’en faire un musée. La donation est effectuée le 19 octobre 1919 et entérinée par le conseil municipal le 24 janvier 1920. Jean-Amédée Gibert est nommé conservateur. Marie Grobet contribue au financement de l’aménagement des locaux. Mais, à la suite de lenteurs administratives, le musée n’est inauguré que le 3 novembre 1925 par le sénateur-maire Siméon Flaissières (1851-1931 ; maire de Marseille de 1892 à 1902 et de 1919 à 1931). Marie Grobet déménage alors au 483, rue Paradis, se ménageant également un pied-à-terre à Paris.
Article rédigé par Florence Adrover
Marie Grobet came from a family of merchants; she was the daughter of Alexandre Labadié (1814-1892), a politician involved in the republican movement, and Anna Eugénie Malbernat (1821-1889), without profession. Her biography is incomplete.
Heiress of a Wealthy Merchant Family
As pointed out by Bruno Coutancier and Marie-Josée Linou, curators of the musée Grobet-Labadié: “[We] know very little about her childhood and his studies,” except for her inclination for the piano and her initiation to this instrument through private lessons. The same is true for the development of her taste for collecting, which Jean-Amédée Gibert (1869-1945) supposed came from her father (2018, p. 14-15, n. 11). Alexandre Labadié was at the origin of the hotel particulier located at the corner of boulevard Longchamp and place Henri-Dunan, facing the Palais Longchamp, which was newly built in 1869. At that time, the nascent district, in full expansion, was welcoming the rising bourgeoisie of Marseilles. The “cité phocéenne” was experiencing a period of prosperity and was marked during the years 1850-1880 by economic dynamism and urban development, associated with population growth.
Alexandre Labadié specialised in the linen trade both for domestic consumption and for export.As such, he had many contacts with the Middle East (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 13). He ran the trading house that had been founded by his father in the 1830s, located at 24, rue Longue des Capucins, in the Noailles district. While a practicing Catholic, he was known for his liberal ideas. He also maintained a certain political presence. First prefect of Bouches-du-Rhône, he was elected president of the general council, and then became deputy in 1870, after the defeat of Sedan (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 14). In this regard, the curator Danielle Maternati-Baldouy underlines an exemplary behaviour with his fellow citizens, noting his "moral integrity" and "high political and commercial probity" (Maternati-Baldouy D., 1983 ? p. 9).
On the death of his father-in-law Georges-François Malbernat in 1872, he used his inheritance to erect the house, for which he entrusted the drawing up of the plans to the architect Gabriel Clauzel (Coutancier B., Linou M.-J ., 2018, p. 14). This house would be the future setting for the collection of his daughter Marie.
The Collecting Business
On July 6, 1872, Marie married Bruno Vayson (1840-1896), notable Comtadin, mayor of Murs and general councillor of Vaucluse, the brother of Paul Vayson (1842-1911) who was the painter of animals. Marie was the leader in their passion for collecting. Their comfortable income allowed them to indulge in their common passion. Her husband began writing the Cahiers in 1873. From 1882 to 1885, they lived for a time at 140, boulevard Longchamp, as Bruno Coutancier and Marie-Josée Linou point out (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 17). Alexandre Labadié died in 1892 and bequeathed all of his property to his only daughter, who became the de facto owner of the mansion in 1893. Marie Vayson then oversaw its development. The collection took a decorative turn, with the prioritisation of sculpture in the acquisitions made in 1890 (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 38).
On April 11, 1896, Marie Vayson mourned the death of her husband at the age of fifty-five. On August 24, 1897, she married a second time to Louis Grobet (1851-1917), of more modest means. After training at the conservatory of Marseilles, Louis Grobet continued his studies at the Conservatoire national in Paris. The events of 1870 forced him to return to Marseilles, where he persevered in his activities as a concert performer and music teacher. It was certainly in this context that he met Marie (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 18). In 1894, he was admitted as a member of the Society of Authors, Composers and Music Publishers (la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, or Sacem). His sensitivity as an artist - he was also an amateur painter - led him to support his wife in her acquisition projects. The couple thus continued the collection together.
From Collection to Museum
Both continued to keep notebooks, a kind of "chronicle of the collection" (Coutancier B., Linou M.-J., 2018). Nine in total, these notebooks, grouped under the title Catalogue des œuvres d’art, end on February 16, 1917 with the death of Louis Grobet, who died of consequences of the Spanish flu. The collecting also came to an end. The house was sold during Marie Grobet's lifetime to the city of Marseilles, with the aim of turning it into a museum. The donation was made on October 19, 1919 and was approved by the city council on January 24, 1920. Jean-Amédée Gibert was appointed curator. Marie Grobet contributed to financing the arrangement of the premises. But, following administrative delays, the museum was only inaugurated on November 3, 1925 by the senator-mayor Siméon Flaissières (1851-1931; mayor of Marseilles from 1892 to 1902 and from 1919 to 1931). Marie Grobet then moved to 483, rue Paradis, establishing a base in Paris.
Article by Florence Adrover (Translated by Jennifer Donnelly)
[Objets collectionnés] Bronze
[Objets collectionnés] Horlogerie
[Objets collectionnés] Ferronnerie
[Objets collectionnés] Faïence
[Objets collectionnés] Tapisserie
[Objets collectionnés] Mobilier
[Objets collectionnés] Porcelaine, Serrurerie, Peinture, Tissus, Sculpture, Tapis, Vitraux, Fauteuils et canapé, Armes, Argenterie, Miroiterie, Marqueterie, Porte, Bas-relief, Instrument de musique, Dessin, Aquarelle, Estampe, Objets en paille, Miniature, Stéatite
L’entreprise collectionniste s’achève avec la mort de son second mari, Louis Grobet. En ce sens, la collection est considérée comme un ensemble fermé, qui fait sens avec l’immeuble qui l’abrite. Elle est à comprendre comme un cycle, correspondant à des moments de vie. Les objets ne constituent pas un ensemble homogène, qui serait composé en séries ou en thématiques précises. Bruno Coutancier et Marie-Josée Linou invoquent à cet égard « un geste global » (2018, p. 9).
De la collection au musée Grobet-Labadié
Le projet de donation englobe toutes les collections du 140, boulevard Longchamp. Marie Grobet joint cependant à cette donation un certain nombre de conditions (AM Marseille, 59 R 1). Il s’agira d’en faire tout d’abord un musée accessible, identifiable sous l’intitulé de « musée Labadié-Grobet » – l’inversion sera finalement privilégiée –, qu’une plaque de marbre rappellera sur la façade. La collectionneuse veille également à l’intégrité de sa collection. « Aucun objet étranger à la collection ne pourra y être ajouté », précise-t-elle. De même, « [aucun] objet ne pourra sortir du Musée ». Elle prend soin de signaler la nécessité de placer « les bibelots fragiles », dans des vitrines prévues à cet effet. L’attention est portée sur l’identification des pièces exposées et la nécessité de présenter un catalogue des objets numérotés dans chaque salle. Le musée sera payant, et placé sous la surveillance d’une commission, sous la responsabilité d’un conservateur. Marie Grobet supervise la transformation progressive de l’hôtel en musée. Elle donne son avis sur les projets qui lui sont soumis.
La quatrième Commission de l’enseignement et des beaux-arts, au cours d’un voyage dans le sud de la France, dans les musées ayant refusé de participer à l’exposition du musée Carnavalet sur les chefs-d’œuvre des musées de province, programmée en janvier 1933, évoque « un charmant petit musée où l’on ne rencontre point de chef-d’œuvre, mais où les jolies choses abondent ». Le musée Grobet-Labadié réunit « [une] fort belle collection particulière », qui le rapproche du musée Cognacq-Jay à Paris. La délégation relève aussi la profonde diversité de cette collection (1933, p. 7).
L’art asiatique dans les collections : une présence éparse
L’art asiatique occupe ainsi une place singulière dans cette collection tout à fait éclectique, riche de plus de 5 000 objets.
Les faïences des fabriques locales de Moustiers et de Marseille, et celles de Strasbourg et de Delft marquent l’entrée et le vestiaire de l’hôtel particulier, auréolés d’objets religieux du Moyen Âge. L’horloge de parquet du xviiie siècle en noyer (GL 634), qui marque un temps d’arrêt dans l’escalier menant au premier étage, surmonté d’un petit chinois en bronze, donne le ton sur l’exotisme latent de la collection. En prenant l’escalier des basses-offices, il convient de noter la présence d’éléments architecturaux du style xviiie siècle. Du mobilier Louis XVI garnit le Salon, dont les murs sont parés de tableaux légers de Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) et de François Boucher (1703-1770). Le boudoir est tendu de tapisseries d’Aubusson et ponctué d’appliques et de potiches en faïence. Le mobilier de la salle à manger réunit différents styles, du Louis XIV au Louis XVIII, relevé par un tapis de prière, du Caucase, daté du début du xixe siècle (inv. GL 1812).
Les faïences édifient les petits espaces. Sur le palier du deuxième étage, deux vitrines contiennent des objets de curiosité : épée, fourreaux, haches, boîtes, poignets, briquets. La sculpture du xvie siècle, du mobilier Henri II et Louis XIII, associé à une porte gothique, composent le fumoir du premier étage. L’antichambre est garnie d’un mobilier italien, entre autres. Des portraits féminins et des scènes légères décorent le cabinet de toilette. Enfin, la salle de musique opère un rapprochement entre la Chine, le Japon, la Perse et les peintures de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Gustave Ricard (1823-1873), Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), Rembrandt (1606-1669), Honoré Daumier (1808-1879), Pierre Puget (1620-1694), Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), Narcisse Virgilio Díaz (1807-1876), François Marius Granet (1775-1849), Louis Grobet, Jean-François Millet (1814-1875), Charles-François Daubigny (1817-1878), Félix Ziem (1821-1911), etc. Une paire de potiches en émaux cloisonnés orne la cheminée. La salle des primitifs se remarque par l’omniprésence de l’Empire perse, avec un bassin du xvie siècle, venant d’Iran, en cuivre incrusté d’argent ciselé (inv. GL 1375), un vase à col évasé et à corps sphérique de l’époque Qājār (1794-1925), du xixe siècle (inv. GL 1377), deux pyxides en cuivre ciselé (inv. GL 1378 et GL 1394), une coupe hémisphérique de la même matière (inv. GL 1379) et une poudrière piriforme (inv. GL 1380). Jean-Amédée Gibert note dans la salle Fragonard la présence d’une étoile en faïence de Perse à reflets métalliques du xiiie siècle (Gibert J.-A., Gonzalès P., 1930, p. 13), aux côtés de porcelaines chinoises et japonaises. Le cabinet des faïences du premier étage est garni de porcelaines Imari du Japon, datées de la fin du xviiie siècle (inv. GL 1247, GL 3332, GL 3335, GL 1246).
Cette touche d’exotisme apparaît dans la salle de musique et de façon sporadique dans le décor de certaines faïences de Delft ou de Rouen, évocatrices des tendances sinisantes ou japonisantes, qui conditionnent surtout les premières productions. L’art asiatique ponctue ainsi la décoration, de façon diffuse, par touches discrètes.
L’influence mesurée du japonisme sur les collections
Le 21 juin 1891, le couple acquiert à l’hôtel des ventes Drouot, à Paris, un album d’estampes japonaises, intitulé Les Dix-Huit Restaurants de Tokyo, identifié sous le lot no 347 du catalogue de vente d’un amateur. La vente est menée sous le marteau du commissaire-priseur Me Maurice Delestre (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 77). La collection d’estampes japonaises compte également dix feuilles de la série des « Cinquante-trois relais du Tôkaidô » réalisée par Katsushika Hokusai (1760-1849), quatorze de la « Série des trente-six fleurs » d’Hiroshige II [Utagawa Ryusho] (1829-1869) et quelques-unes de son père adoptif, Andô Hiroshige (1797-1858). Ces quelques gravures témoignent de l’influence du japonisme sur la collection. Il convient également de relever deux kozuka (inv. GL 6520, GL 6521), ou manches de poignards, qui évoquent ces petits objets gravés, dont sont tant friands les Occidentaux.
Un ensemble de bronzes chinois, évoquant les huit immortels taoïstes et d’autres symboles bouddhistes, qui ornaient une vitrine du salon de musique, ou du studio, du temps de Jean-Amédée Gibert (1930, p. 22), restent aujourd’hui confinés dans les réserves mutualisées de la Ville de Marseille.
Ainsi, convient-il de relever quelques objets collectionnés en séries, même si l’ensemble constitué reste inachevé.
La question des provenances : achats, échanges, magasins et ventes aux enchères
Les carnets tenus par Marie Grobet (Archives du musée Grobet-Labadié) nous délivrent des renseignements précieux sur les provenances de ses différentes acquisitions. Mais nombre de pièces demeurent orphelines, et le descriptif de certaines d’entre elles est tellement factuel qu’il est difficile de savoir de quelle pièce il s’agit véritablement. Les carnets n’en demeurent pas moins intéressants pour comprendre la genèse de la collection et donnent des indications sur le commerce d’objets asiatiques à Marseille, « porte de l’Orient ».
Ainsi, le 1er juin 1889, Marie Grobet se rend au Dépôt chinois, au 49, rue de la Victoire, et achète une ceinture japonaise, en soie brochée, bleu clair et marron clair, un plateau en laque avec figures de musiciens et une petite coupe en porcelaine. Chez Foa, un antiquaire situé rue de Paradis, elle devient propriétaire en juillet 1896 d’une paire de vases de Chine, à fond blanc, à décor fleuri. Marie Grobet côtoie également les grands antiquaires parisiens spécialisés dans les arts asiatiques (Coutancier B., Linou M.-J., 2018), que sont Philippe Burty (1830-1890) et Siegfried Bing (1838-1905).
Aussi, la collectionneuse fréquente assidûment les ventes aux enchères. À la vente L. Demarre, organisée le 10 novembre 1889, au château de Goult dans le Lubéron, elle fait l’acquisition d’un petit pot à lait en porcelaine de Chine, de la famille rose, de deux petites tasses en porcelaine chinoise et d’une soucoupe en porcelaine du Japon, auxquels s’ajoute une assiette de Delft, à décor Imari.
Des transactions de particulier à particulier, Marie Grobet acquiert auprès de Mme René X, habitant au 37, boulevard Chave, un lot d’assiettes de Chine et un pot du Japon.
Aussi, leurs voyages les conduisent à agrémenter leur collection, suivant leur destination. Mais d’aucuns les mènent en Asie.
La lecture des carnets, mis en forme et analysés par Bruno Coutancier et Marie-José Linou, montre une évolution des collections au grès des opportunités d’achat et de vente (2018, p. 28). Si Jean-Amédée Gibert observe un « un goût châtié », alliée à « une érudition profonde » (1930, p. 6), la collection se révèle hétéroclite dans ses composantes et « obéit pour l’essentiel à une logique d’aménagement de résidence » (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 31). L’art asiatique correspond à une touche diffuse et discrète, parure envoûtante d’un intérieur aménagé à dessein, témoignage de la curiosité d’une collectionneuse pour l’exotisme latent, caractéristique des collections du xixe siècle.
Article rédigé par Florence Adrover
The collecting enterprise concluded with the death of her second husband, Louis Grobet. In this sense, the collection can be considered as a completed whole, which corresponds to the building housing it. It should be understood as a cycle, corresponding to moments of life. The objects themselves do not constitute a homogeneous whole, as they are susceptible to arrangement by series or precise themes. In this regard, Bruno Coutancier and Marie-Josée Linou invoke "a global gesture" (2018, p. 9).
From the Collection to the Museée Grobet-Labadié
The donation project encompassed all the collections at 140, boulevard Longchamp. However, Marie Grobet attached a certain number of conditions to this donation (AM Marseille, 59 R 1). First of all, it would have to be an accessible museum, identifiable under the title of “musée Labadié-Grobet" - the inversion will finally be favoured - which a marble plaque would recall on the façade. The collector also ensured the integrity of her collection. "No object foreign to the collection can be added to it", she specifies. Likewise, "[no] object may be removed from the Museum". She took care to point out the need to place "fragile trinkets" in display cases provided for this purpose. Attention was paid to the identification of exhibits and the need to present a catalogue of numbered objects in each room. The museum would charge admission and be placed under the supervision of a commission, under the responsibility of a curator. Marie Grobet oversaw the gradual transformation of the house into a museum and gave her opinion on the projects submitted to it.
During a trip to the south of France to the museums that had refused to participate in the musée Carnavalet exhibition on the masterpieces of provincial museums scheduled for January 1933, the fourth Education and Fine Arts Commission (Commission de l’enseignement et des beaux-arts) spoke of “a charming little museum where one does not encounter a masterpiece, but where pretty things abound.” The musée Grobet-Labadié displayed "[a] very fine private collection", which made it more similar to the musée Cognacq-Jay in Paris. The delegation also noted the collection’s great diversity (1933, p. 7).
Asian Art in Collections: A Scattered Presence
Asian art occupies a unique place in this eclectic collection, containing more than 5,000 objects.
Earthenware from the local manufactures of Moustiers and Marseille, as well as from Strasbourg and Delft, mark the mansion’s entrance and cloakroom, also haloed with religious objects from the Middle Ages. The 18th century grandfather clock in walnut (GL 634) that rests on the staircase leading to the first floor and is surmounted by a small bronze Chinese figure, sets the tone for the latent exoticism of the collection. Taking the staircase to the rooms of the lower level, it is worth noting the presence of architectural elements of the 18th century style. Louis XVI furniture adorns the Salon, whose walls are adorned with light paintings by Jean-Honoré Fragonard (1732-1806) and François Boucher (1703-1770). The boudoir is hung with Aubusson tapestries and punctuated with earthenware sconces and potiches. The furniture in the dining room brings together different styles, from Louis XIV to Louis XVIII, enhanced by a prayer rug, from the Caucasus, that dates from the beginning of the 19th century (inv. GL 1812).
Earthenware decorates smaller spaces. On the landing of the second floor, two display cases contain various curiosities: swords, scabbards, axes, boxes, cuffs, lighters. The sculpture of the 16th century, Henri II and Louis XIII furniture, associated with a Gothic door, compose the smoking room on the first floor. The antechamber is furnished with Italian furniture, among others. Feminine portraits and light scenes decorate the bathroom. Finally, the music room gathers objects from China, Japan, Persia along with paintings by Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867), Gustave Ricard (1823-1873), Jean-Baptiste Camille Corot (1796-1875), Rembrandt (1606-1669), Honoré Daumier (1808-1879), Pierre Puget (1620-1694), Jean-Baptiste Greuze (1725-1805), Narcisse Virgilio Díaz (1807-1876), François Marius Granet (1775 -1849), Louis Grobet, Jean-François Millet (1814-1875), Charles-François Daubigny (1817-1878), Félix Ziem (1821-1911), etc. A pair of cloisonné enamel vases adorns the fireplace. The ‘room of the primitives’ (la salle des primitifs) stands out for the omnipresence of the Persian Empire, with a basin from the 16th century from Iran, in copper inlaid with chased silver (inv. GL 1375), a vase with flared neck and spherical from the Qājār period (1794-1925), from the 19th century (inv. GL 1377), two chiseled copper pyxis (inv. GL 1378 and GL 1394), a hemispherical cup of the same material (inv. GL 1379), and a pear-shaped powder magazine (inv. GL 1380). Jean-Amedée Gibert notes the presence of a Persian faience star with metallic reflections from the 13th century in the Fragonard room (Gibert J.-A., Gonzalès P., 1930, p. 13), alongside Chinese and Japanese porcelain. The earthenware cabinet on the first floor is furnished with Imari porcelain from Japan, dating from the end of the 18th century (inv. GL 1247, GL 3332, GL 3335, GL 1246).
This touch of exoticism appears in the music room and sporadically in the decor of certain earthenware from Delft or Rouen, evocative of Chinese or Japanese tendencies, which mainly condition the first productions. Asian art thus punctuates the decoration with discreet touches in a diffuse way.
The Measured Influence of Japonisme
On June 21, 1891, the couple acquired an album of Japanese prints at the Drouot auction house in Paris, entitled Les Dix-Huit Restaurants de Tokyo, identified as lot no. 347 of an amateur's sale catalogue. The sale is conducted under the hammer of auctioneer Maitre Maurice Delestre (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 77). The collection of Japanese prints also includes ten sheets from the series of "Fifty-three Stations of the Tôkaidô" by Katsushika Hokusai (1760-1849), fourteen from the "Thirty-Six Selected Flowers" by Hiroshige II [Utagawa Ryusho ] (1829-1869), and some by his adoptive father, Andô Hiroshige (1797-1858). These few engravings bear witness to the influence of Japonisme on the collection. It is also worth noting two kozuka (inv. GL 6520, GL 6521), or dagger handles, which evoke the small engraved objects of which Westerners were so fond.
A set of Chinese bronzes, evoking the eight Taoist immortals and other Buddhist symbols, which adorned a window in the music room, or studio, in the time of Jean-Amédée Gibert (1930, p. 22), currently remain confined to the pooled reserves of the city of Marseille.
Thus, some objects can be described as collected in series, even if the greater whole remained unachieved.
The Question of Provenances: Purchases, Exchanges, Storage, and Auctions
The notebooks kept by Marie Grobet (Archives du musée Grobet-Labadié) provide us with valuable information regarding the origins of her various acquisitions. But many objects go unmentioned, and other descriptions are so factual that it is difficult to determine which items they refer to. The notebooks are nonetheless interesting for understanding the genesis of the collection and provide information on the trade in Asian objects in Marseilles, the "gateway to the Orient".
For example, we can read that on June 1, 1889, Marie Grobet went to the Dépôt chinois at 49, rue de la Victoire, and bought a Japanese belt in brocaded silk of light blue and light brown, a lacquer tray with figures of musicians, and a small porcelain bowl. At Foa, an antiques dealer located on rue de Paradis, she became the owner of a pair of Chinese vases, with a white background and floral decoration in July 1896. Marie Grobet also rubbed shoulders with the great Parisian antique dealers specialising in Asian arts (Coutancier B., Linou M.-J., 2018), such as Philippe Burty (1830-1890) and Siegfried Bing (1838-1905).
The collector also regularly attended auctions. At the L. Demarre sale, organised on November 10, 1889, at the Château de Goult in the Luberon, she acquired a small famille rose milk jug in Chinese porcelain, two small cups in Chinese porcelain, and a saucer in Japanese porcelain, in addition to a plate from Delft with Imari decoration.
As for direct transactions, from one individual to another, we can read that Marie Grobet acquired a batch of plates from China and a pot from Japan from Mrs. René X, who lived at 37, boulevard Chave.
The couple’s travels also led them to enhance their collection, depending on their destination. But it never wound up being Asia.
A reading of the notebooks, formatted and analysed by Bruno Coutancier and Marie-José Linou, shows an evolution of the collections in line with buying and selling opportunities (2018, p. 28). If Jean-Amédée Gibert observes "a chastened taste", allied to "a profound erudition" (1930, p. 6), the collection reveals itself to be heterogeneous in its components and “essentially obeys a logic of arrangement of residence” (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 31). The works of Asian art show a diffuse and discreet touch, charming adornments to purposely furnished interiors and testimony to the curiosity of a collector for the latent exoticism that was characteristic of the collections of the 19th century.
Article by Florence Adrover (Translated by Jennifer Donnelly)
Les carnets de la collectionneuse Marie Grobet (1852-1944) font état d’un certain Dauphin, auprès duquel elle a pu acquérir plusieurs faïences de Moustiers. Ces transactions sont mentionnées en date du 9 août 1874, et, avec approximation, aux mois d’octobre 1874 et d’avril 1876 (Linou M.-J. et Coutancier B., Une vie de collectionneuse : les Cahiers de Marie Grobet, 2018, p. 27 ; 134).
Bruno Vayson est le premier mari de Marie Grobet-Labadié.
Source : Archives départementales des Bouches-du-Rhône, table décennale 201 E TD 55 - 1863-1872, Mariage, lettre V, année 1872, p. 23. https://www.archives13.fr/ark:/40700/vta9e5328cedd6f1328/daogrp/0/23)
Louis Grobet est le second mari de Marie Grobet-Labadié.
Chez Foa, un antiquaire situé rue de Paradis, Marie Labadié-Grobet devient propriétaire en juillet 1896 d’une paire de vases de Chine, à fond blanc, à décor fleuri. Elle côtoie également les grands antiquaires parisiens spécialisés dans les arts asiatiques (Coutancier B., Linou M.-J., 2018), que sont Philippe Burty (1830-1890) et Siegfried Bing (1838-1905).
(Source : Notice Agorha "Marie Labadié-Grobet" rédigée par Florence Adrover)
Chez Foa, un antiquaire situé rue de Paradis, Marie Labadié-Grobet devient propriétaire en juillet 1896 d’une paire de vases de Chine, à fond blanc, à décor fleuri. Elle côtoie également les grands antiquaires parisiens spécialisés dans les arts asiatiques (Coutancier B., Linou M.-J., 2018), que sont Philippe Burty (1830-1890) et Siegfried Bing (1838-1905).
(Source : Notice Agorha "Marie Labadié-Grobet" rédigée par Florence Adrover)
Marie Grobet Labadié achète un carreau Kâshi chez Rouveyre, 22 rue Lafayette, 75010 Paris en 1884.
Le mardi 24 août 1897, Philippe Jourde assiste à l’union du violoniste Louis Grobet (1851-1917) et de la collectionneuse assidue Marie Labadié (1852-1944), en tant que témoin de la mariée (La Vedette, 1897, p. 605).
(Sourcre : Notice Agorha "Philippe Jourde" rédigée par Florence Adrover)
Œuvre / décor d'architecture

Collection / collection d'une famille

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