Grobet-Labadié, Marie
Épouse de Bruno Vayson (1840-1896), puis de Louis Grobet (1851-1917).
140, bld Longchamp
483, rue Paradis
Rentière
À l'origine du Musée Grobet-Labadié, Marseille (Bouches-du-Rhône), par le don à la Ville de ses collections et de son hôtel particulier.
Marie Grobet est issue d’une famille de marchands, fille d’Alexandre Labadié (1814-1892), homme politique inscrit dans la mouvance républicaine, et d’Anna Eugénie Malbernat (1821-1889), sans profession. Sa biographie s’avère lacunaire.
L’héritière d’une riche famille de marchands
Comme le soulignent Bruno Coutancier et Marie-Josée Linou, conservateurs du musée Grobet-Labadié, « [On] ne sait que peu de choses sur son enfance et ses études », si ce n’est son goût pour le piano et son initiation à cet instrument par le biais de cours privés. Il en est de même pour son goût développé de la collection, dont Jean-Amédée Gibert (1869-1945) suppose qu’il viendrait du père (2018, p. 14-15, n. 11). Alexandre Labadié se trouve à l’origine de l’hôtel particulier situé à l’angle du boulevard Longchamp et de la place Henri-Dunan, faisant face au palais Longchamp, nouvellement construit en 1869. Le quartier naissant, en pleine expansion, accueille alors la bourgeoisie montante de Marseille. La cité phocéenne connaît en effet une période de prospérité, marquée pendant les années 1850-1880 par un dynamisme économique, un accroissement urbain, associé à une croissance démographique.
Alexandre Labadié est spécialisé dans le négoce de draps pour l’intérieur et l’exportation, et dispose à ce titre de nombreux contacts avec le Moyen-Orient (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 13). Il tient la maison de commerce fondée par son père dans les années 1830, située au 24, rue Longue des Capucins, dans le quartier Noailles. Catholique pratiquant, il est connu pour ses idées libérales. Il dispose d’une certaine aura politique. D’abord préfet des Bouches-du-Rhône, il est élu président du conseil général, puis devient député en 1870, après la défaite de Sedan (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 14). La conservatrice Danielle Maternati-Baldouy souligne à cet égard un comportement exemplaire auprès de ses concitoyens, relevant son « intégrité morale » et « sa haute probité politique et commerciale » (Maternati-Baldouy D., 1983 ? , p . 9).
À la mort de son beau-père Georges-François Malbernat en 1872, il se sert de son héritage pour ériger la demeure, dont il confie l’élaboration des plans à l’architecte Gabriel Clauzel (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 14). Cet hôtel sera le futur écrin de la collection de sa fille Marie.
L’entreprise collectionniste
Le 6 juillet 1872, Marie épouse Bruno Vayson (1840-1896), notable comtadin, maire de Murs et conseiller général du Vaucluse, frère du peintre animalier Paul Vayson (1842-1911). Elle l’entraîne dans sa passion collectionniste, leurs rentes confortables leur permettant de se livrer à leur passion commune. Son mari commence la rédaction des Cahiers en 1873. De 1882 à 1885, ils habitent un temps le 140, boulevard Longchamp, manière de se familiariser avec les lieux, comme le soulignent Bruno Coutancier et Marie-Josée Linou (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 17).
Alexandre Labadié meurt en 1892 et lègue l’ensemble de ses biens à sa fille unique, qui devient de fait propriétaire de l’hôtel particulier en 1893. Marie Vayson s’occupe alors de son aménagement. La collection prend une tournure décorative, avec la priorisation de la sculpture dans les acquisitions réalisées en 1890 (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 38).
Le 11 avril 1896, Marie Vayson déplore la mort de son époux survenue à l’âge de cinquante-cinq ans. Le 24 août 1897, elle épouse en secondes noces Louis Grobet (1851-1917), de condition plus modeste. Après une formation au conservatoire de Marseille, Louis Grobet poursuit ses études au Conservatoire national de Paris. Les événements de 1870 l’obligent à retourner à Marseille, où il persévère dans ses activités de concertiste et de professeur de musique. C’est certainement dans ce contexte qu’il rencontre Marie (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 18). En 1894, il est admis parmi les membres de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (Sacem). Sa sensibilité d’artiste – il est également peintre en amateur – l’amène à soutenir son épouse dans ses projets d’acquisition. Le couple poursuit ainsi de concert la collection.
De la collection au musée Grobet-Labadié
Tous deux continuent de tenir les carnets, sorte de « chroniques de la collection » (Coutancier B., Linou M.-J., 2018). Les carnets, neuf au total, regroupés sous l’intitulé Catalogue des œuvres d’art, s’achèvent le 16 février 1917 avec la mort de Louis Grobet, mort des suites de la grippe espagnole. L’entreprise de collection prend également fin. L’hôtel est cédé du vivant de Marie Grobet, à la Ville de Marseille, afin d’en faire un musée. La donation est effectuée le 19 octobre 1919 et entérinée par le conseil municipal le 24 janvier 1920. Jean-Amédée Gibert est nommé conservateur. Marie Grobet contribue au financement de l’aménagement des locaux. Mais, à la suite de lenteurs administratives, le musée n’est inauguré que le 3 novembre 1925 par le sénateur-maire Siméon Flaissières (1851-1931 ; maire de Marseille de 1892 à 1902 et de 1919 à 1931). Marie Grobet déménage alors au 483, rue Paradis, se ménageant également un pied-à-terre à Paris.
Article rédigé par Florence Adrover
Marie Grobet came from a family of merchants; she was the daughter of Alexandre Labadié (1814-1892), a politician involved in the republican movement, and Anna Eugénie Malbernat (1821-1889), without profession. Her biography is incomplete.
Heiress of a Wealthy Merchant Family
As pointed out by Bruno Coutancier and Marie-Josée Linou, curators of the musée Grobet-Labadié: “[We] know very little about her childhood and his studies,” except for her inclination for the piano and her initiation to this instrument through private lessons. The same is true for the development of her taste for collecting, which Jean-Amédée Gibert (1869-1945) supposed came from her father (2018, p. 14-15, n. 11). Alexandre Labadié was at the origin of the hotel particulier located at the corner of boulevard Longchamp and place Henri-Dunan, facing the Palais Longchamp, which was newly built in 1869. At that time, the nascent district, in full expansion, was welcoming the rising bourgeoisie of Marseilles. The “cité phocéenne” was experiencing a period of prosperity and was marked during the years 1850-1880 by economic dynamism and urban development, associated with population growth.
Alexandre Labadié specialised in the linen trade both for domestic consumption and for export.As such, he had many contacts with the Middle East (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 13). He ran the trading house that had been founded by his father in the 1830s, located at 24, rue Longue des Capucins, in the Noailles district. While a practicing Catholic, he was known for his liberal ideas. He also maintained a certain political presence. First prefect of Bouches-du-Rhône, he was elected president of the general council, and then became deputy in 1870, after the defeat of Sedan (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 14). In this regard, the curator Danielle Maternati-Baldouy underlines an exemplary behaviour with his fellow citizens, noting his "moral integrity" and "high political and commercial probity" (Maternati-Baldouy D., 1983 ? p. 9).
On the death of his father-in-law Georges-François Malbernat in 1872, he used his inheritance to erect the house, for which he entrusted the drawing up of the plans to the architect Gabriel Clauzel (Coutancier B., Linou M.-J ., 2018, p. 14). This house would be the future setting for the collection of his daughter Marie.
The Collecting Business
On July 6, 1872, Marie married Bruno Vayson (1840-1896), notable Comtadin, mayor of Murs and general councillor of Vaucluse, the brother of Paul Vayson (1842-1911) who was the painter of animals. Marie was the leader in their passion for collecting. Their comfortable income allowed them to indulge in their common passion. Her husband began writing the Cahiers in 1873. From 1882 to 1885, they lived for a time at 140, boulevard Longchamp, as Bruno Coutancier and Marie-Josée Linou point out (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 17). Alexandre Labadié died in 1892 and bequeathed all of his property to his only daughter, who became the de facto owner of the mansion in 1893. Marie Vayson then oversaw its development. The collection took a decorative turn, with the prioritisation of sculpture in the acquisitions made in 1890 (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 38).
On April 11, 1896, Marie Vayson mourned the death of her husband at the age of fifty-five. On August 24, 1897, she married a second time to Louis Grobet (1851-1917), of more modest means. After training at the conservatory of Marseilles, Louis Grobet continued his studies at the Conservatoire national in Paris. The events of 1870 forced him to return to Marseilles, where he persevered in his activities as a concert performer and music teacher. It was certainly in this context that he met Marie (Coutancier B., Linou M.-J., 2018, p. 18). In 1894, he was admitted as a member of the Society of Authors, Composers and Music Publishers (la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, or Sacem). His sensitivity as an artist - he was also an amateur painter - led him to support his wife in her acquisition projects. The couple thus continued the collection together.
From Collection to Museum
Both continued to keep notebooks, a kind of "chronicle of the collection" (Coutancier B., Linou M.-J., 2018). Nine in total, these notebooks, grouped under the title Catalogue des œuvres d’art, end on February 16, 1917 with the death of Louis Grobet, who died of consequences of the Spanish flu. The collecting also came to an end. The house was sold during Marie Grobet's lifetime to the city of Marseilles, with the aim of turning it into a museum. The donation was made on October 19, 1919 and was approved by the city council on January 24, 1920. Jean-Amédée Gibert was appointed curator. Marie Grobet contributed to financing the arrangement of the premises. But, following administrative delays, the museum was only inaugurated on November 3, 1925 by the senator-mayor Siméon Flaissières (1851-1931; mayor of Marseilles from 1892 to 1902 and from 1919 to 1931). Marie Grobet then moved to 483, rue Paradis, establishing a base in Paris.
Article by Florence Adrover (Translated by Jennifer Donnelly)
[Objets collectionnés] Bronze
[Objets collectionnés] Horlogerie
[Objets collectionnés] Ferronnerie
Les carnets de la collectionneuse Marie Grobet (1852-1944) font état d’un certain Dauphin, auprès duquel elle a pu acquérir plusieurs faïences de Moustiers. Ces transactions sont mentionnées en date du 9 août 1874, et, avec approximation, aux mois d’octobre 1874 et d’avril 1876 (Linou M.-J. et Coutancier B., Une vie de collectionneuse : les Cahiers de Marie Grobet, 2018, p. 27 ; 134).
Bruno Vayson est le premier mari de Marie Grobet-Labadié.
Source : Archives départementales des Bouches-du-Rhône, table décennale 201 E TD 55 - 1863-1872, Mariage, lettre V, année 1872, p. 23. https://www.archives13.fr/ark:/40700/vta9e5328cedd6f1328/daogrp/0/23)
Louis Grobet est le second mari de Marie Grobet-Labadié.