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Lagrené, Théodose de

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nvoleon
Dernière modification
25/10/2023 19:02 (il y a environ 1 an)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Lagrené
Prénom : 
Théodose de
Nom : 
Lagrené
Prénom : 
Marie Melchior Joseph Théodose
Qualificatif : 
Sexe : 
Nationalité : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
14 mars 1800
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
26 janvier 1862
Lieu de mort : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Commentaire Type de profession / activité : 

Secrétaire d'ambassade

Lieu institution : 
Date d'activité : 
Vers 1862
Type de profession / activité : 
Commentaire Type de profession / activité : 

ministre plénipotentiaire

Lieu institution : 
Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Théodose de Lagrené entre en 1822 aux Affaires étrangères. Il est successivement secrétaire d’ambassade à Saint-Pétersbourg puis ministre plénipotentiaire en Grèce. Lors de son séjour en Russie, il épouse la comtesse Daubensky, ancienne demoiselle d’honneur de l’impératrice de Russie, avec qui il aura un fils, Edmond, qui mènera également une carrière diplomatique. Théodose de Lagrené est nommé commandeur de la Légion d’honneur en 1842. Il dirige, de 1843 à 1846, une mission en Chine organisée conjointement par le ministère de la Marine et celui des Affaires étrangères. Il est nommé Commandant de la Légion d’honneur le 20 octobre 1842 et Grand officier le 8 juillet 1846 (AN, LH//1443/11). Après s’être retiré de la vie politique à la suite du coup d’État du 2 décembre 1849, il devient membre du conseil d’administration du chemin de fer du Nord et décède le 27 avril 1862 (Bensacq-Tixier N. 2003, p. 345).

La mission en Chine

Après la signature, le 26 août 1842, du traité de Nankin entre la Grande-Bretagne et la Chine, la France de Louis-Philippe souhaite obtenir les mêmes avantages et notamment l’ouverture de nouveaux ports chinois au commerce français. Le gouvernement de François Guizot (1787-1874) décide d’envoyer une mission organisée conjointement par le ministère de la Marine et celui des Affaires étrangères. Le premier ordonne au capitaine de vaisseau Jean-Baptiste Cécille (1786-1873) de visiter les positions françaises en mer de Chine, tandis que François Guizot charge Albert Philibert Dubois de Jancigny (1795-1860) d’obtenir des renseignements sur les affaires de Chine et de l’Inde anglaise. Il se met à la disposition du ministre de l’Agriculture et du Commerce pour connaître les éventuels intérêts commerciaux de la France. Après des premiers contacts un peu désordonnés, Louis-Philippe (1773-1850) décide d’envoyer en Chine une ambassade, dirigée par Théodose de Lagrené (1800-1862).

Le 12 décembre 1843, l’ambassade embarque à Brest sur la frégate la Sirène, et après le parcours traditionnel via Rio de Janeiro et le cap de Bonne-Espérance, arrive dans la rade de Macao le 13 août 1844. Dix membres accompagnent l’ambassadeur, dont Charles de Montigny (1805-1868), plus tard consul à Shanghai et Ningbo, et Jules Itier (1802-1877), inspecteur des Finances, désigné comme chef de la mission commerciale. Ce dernier allait obtenir un franc succès en Chine en pratiquant le daguerréotype. Leur interprète est le père Joseph-Marie Callery (1810-1862) qui résidait déjà à Macao comme interprète du consul de France, le comte de Ratti-Menton, arrivé en 1842. Quant aux délégués commerciaux, accompagnés du second secrétaire de l’ambassade, ils quittent Brest en février 1844 à bord de l’Archimède, navire à vapeur qui effectue un voyage d’essai en longeant les côtes d’Europe et d’Afrique jusqu’au cap de Bonne-Espérance ; ils arrivent à Macao le 24 août 1844. Cette mission commerciale désignée par le ministère de l’Agriculture, après consultation des chambres de commerce concernées, comprend : Auguste Haussmann (1815-1874) pour l’industrie des cotons, Natalis Rondot (1821-1900) pour l’industrie des laines, draps et vins de Champagne, Isidore Hedde (1801-1880) pour l’industrie des soies et des soieries et Édouard Renard (1812-1898) pour les articles dits de Paris.

Les négociations avec Qi-ying (1790-1858), le représentant de la Chine, aboutissent au « traité commercial de dix mille ans entre la Chine et la France », signé le 24 octobre 1844 à Whampoa, près de Canton, à bord de l’Archimède : il permet l’ouverture de cinq ports au commerce français, Canton [Guangzhou], Fou-Tchou [Fuzhou], Amouï [Xiamen], Ning-Po [Ningbo] et Chang-haï [Shanghai] et accorde en outre le droit pour les missionnaires de propager la religion catholique. Les délais étant longs pour aboutir à la ratification définitive de ce traité entre la France et la Chine, la mission peut prospecter en Chine pendant deux périodes séparées par un voyage à Manille et en Asie du Sud-Est. À l’automne 1844, la délégation évolue entre Macao et Canton [Guangzhou], s’installant même pendant une semaine à Canton, dans la ville extérieure la seule accessible aux étrangers, où elle peut observer les commerces et ateliers chinois installés dans cette zone voisine des treize factoreries des pays étrangers. L’année suivante, à l’automne 1845, la mission peut visiter trois des quatre ports nouvellement ouverts, Amoi [Xiamen], Ning-po [Ningbo] et Chang-haï [Shanghai] ainsi que deux villes renommées pour l’industrie de la soie (Suzhou et Zhangzhou). L’échange des ratifications a finalement lieu à Pantang près de Canton [Guangzhou], le 31 décembre 1845.

Théodose de Lagrené et les diplomates reviennent par la route de Suez, tandis que les attachés commerciaux, avec tout ce qui a été collecté en Asie, passent par le cap de Bonne-Espérance et arrivent en France le 16 mai 1846.

Une mission aux intérêts divers

Outre l’intérêt diplomatique premier, les membres de la mission commerciale sont en effet responsables d’une collecte d’échantillons variés de ce qui les avait intéressés lors de leurs escales, et notamment en Chine. Ils enquêtent, tant à Macao qu’à Canton, pour rédiger sur place une Étude pratique du commerce d’exportation de la Chine, qui fut mise à jour par Natalis Rondot et publiée à Paris, Canton et Batavia en 1849. Ils étudient toutes les matières premières et les productions chinoises. Ils évoquent les objets en jade et pierres précieuses vendus à la Physic Street de Canton, les cornes de rhinocéros sculptées ou les laques de la New China Street. Ils s’intéressent aux peintures et expliquent : « Il y a beaucoup d’ateliers à Canton et à Macao où l’on peint sur papier de moelle » (Hedde I., Renard E., Haussmann A. et Rondot N., Étude pratique du commerce d’exportation de la Chine, p.176) ; ils notent : « Les Européens demandent les divers procédés de l’agriculture et de l’industrie chinoise. Les Délégués sont les premiers qui aient songé à donner cette impulsion, et ils ont pu obtenir et rapporter une collection très remarquable de dessins industriels à l’aquarelle et au trait, précieux tant par leur nouveauté et leur utilité pratique » (Hedde I., Renard E., Haussmann A. et Rondot N., Étude pratique du commerce d’exportation de la Chine, p. 176). Pour les dessins au trait, « c’est à M. Hedde, Renard et N. Rondot que les peintres de Canton doivent leurs progrès dans ce genre de dessin, et c’est sous la direction de ces trois délégués que Ting-qua et You-qua ont exécuté leur intéressante collection de procédés industriels et agricoles du Céleste Empire. La douzaine se vend 75 c., mais ordinairement ces dessins sont reliés en volumes, élégamment couverts de crêpe de soie broché de couleur ponceau et chaque volume qui renferme 120 dessins, se paie 7 piastres » (Hedde I., Renard E., Haussmann A. et Rondot N., Étude pratique du commerce d’exportation de la Chine, p. 177).

Les peintures à l’huile sont sur coton et représentent notamment des « vues d’habitations chinoises (intérieurs et extérieurs) » et valent, « encadrés de bois jaune, de 4 à 5 piastres. Il y a cependant à Canton un peintre Chinois, nommé Kwan Kiu Cheong 關喬昌, plus connu sous le nom de Lam Qua 林官 (1801-1860), élève de Georges Chinnery (1774-1852) peintre anglais distingué, qui a acquis une grande renommée par la ressemblance de ses portraits dont le prix, en assez petite dimension, est de 20 piastres. Quelques élèves des peintres Youqua et Tingqua sont arrivée à acquérir une certaine habileté pour les paysages d’après nature ; leurs tableaux se vendent 6, 8 et 10 piastres » (Hedde I., Renard E., Haussmann A. et Rondot N., Étude pratique du commerce d’exportation de la Chine, p. 177). Puis ils décrivent leurs ateliers sur deux étages, où le travail s’organise suivant la méthode de division du travail.

Pour sa part, Jules Itier rapporte : « Il y a, dans Old China Street, un magasin des plus renommés pour ses peintures à la gouache sur papier dit de riz, comme pour les dessins au trait et les tableaux à l’huile qu’on y fabrique. Je me sers de ce mot, car c‘est réellement une fabrique que l’atelier du célèbre Yom-qua [sic] » (HEDDE I., 1848, vol. II, p. 17). Les différents membres de la délégation font de nombreuses acquisitions et commandes à cet atelier.

Article rédigé par Geneviève Lacambre

Commentaire biographique : 

Théodose de Lagrené joined the Affaires étrangères in 1822 becoming Sécrétaire d’ambassade in Saint Petersburg and then ministre plénipotentiare in Greece. He married Countess Daubensky while in Russia, who was the former maid of honor to the Empress of Russia.They had a son, Edmond, who would also pursue a diplomatic career like his father. Théodose de Lagrené was then appointed Commandant de la Légion d’Honneur on October 20, 1842. From 1843 to 1846, he led a mission to China organized by both the Ministère de la Marine and the Affaires étrangères. He was later appointed Grand Officier on July 8, 1846 (AN, LH//1443/11). Following the coup of December 2, 1849 he retired from political life and became a member of the board of directors of the Chemin de fer du Nord. He died on April 27, 1862 (Bensacq-Tixier N. 2003, p.345).

The Chinese Mission

After the signing of the Treaty of Nanjing between Great Britain and China on August 26, 1842, Louis-Philippe’s France wished to obtain the same arrangements, especially the opening of new Chinese ports for French trade. François Guizot’s (1787-1874) government decided to send a mission organized by both the Ministère de la Marine and the Affaires étrangères. The first of this duo, ordered Captain Jean-Baptiste Cécille (1786-1873) to visit the French outposts in the China Sea, while François Guizot instructed Albert Philibert Dubois de Jancigny (1795-1860) to obtain information on China and British India’s trade. He made himself available to the Ministre d’Agriculture et du Commerce to research any French commercial interests. After the first, somewhat disorganized contacts, Louis-Philippe (1773-1850) decided to send an embassy to China, led by Théodose de Lagrené (1800-1862).

On December 12th, 1843, the embassy set sail on the frigate La Sirène from Brest, and after sailing the usual route via Rio de Janeiro and the Cape of Good Hope, arrived in Macau harbor on August 13, 1844. The ambassador was accompanied by ten people including Charles de Montigny (1805-1868), later consul in Shanghai and Ningbo, and Jules Itier (1802-1877), Inspecteur des Finance who was appointed as head of the trade mission. The latter was very successful in China due to use of daguerreotype. Their interpreter was Father Joseph-Marie Callery (1810-1862) who was living in Macao as interpreter for the French consul, Comte de Ratti-Menton who arrived in 1842. Having left Brest in February 1844 aboard the Archimède, a steamship and maiden voyage via the coasts of Europe and Africa to the Cape of Good Hope, the commercial delegates arrived in Macao on August 24, 1844, accompanied by the second secrétaire de l’ambassade. This mission was appointed by the Ministère de l’Agriculture following a meeting of the chambers of commerce involved, and included: Auguste Haussmann (1815-1874) for the cotton industry, Natalis Rondot (1821- 1900) for the wool, cloth and champagne industry, Isidore Hedde (1801-1880) for the silk and silk manufacturers industry and Édouard Renard (1812-1898) for the so-called articles of Paris.

Negotiations with Chinese representative Qi-ying (1790-1858) led to the "ten thousand year commercial treaty between China and France", signed on October 24, 1844 at Whampoa, near Canton, aboard the Archimedes.  It stipulated the opening of five ports to French trade, Canton [Guangzhou], Fou-Tchou [Fuzhou], Amouï [Xiamen], Ning-Po [Ningbo] and Chang-haï [Shanghai] as well as giving the right to missionaries to propagate the Catholic faith. Given long delays in writing the final draft of the treaty between France and China, the mission was allowed to prospect in China for two periods separated by the trip to Manila and South-East Asia. In the fall of 1844, the delegation travelled in between Macau and Canton [Guangzhou]. They even spent a week in the outer city of Canton which was the only one accessible to foreigners. They visited Chinese businesses and workshops of the area that neighbored thirteen international factories. During the following year, in the fall of 1845, the mission was able to visit three of the four newly opened ports, Amoi [Xiamen], Ning-po [Ningbo] and Chang-haï [Shanghai] as well as two cities renowned for silk industry (Suzhou and Zhangzhou). The exchange of ratifications finally took place in Pantang near Canton [Guangzhou], on December 31, 1845.

Théodose de Lagrené and the diplomats returned via the Suez route, while the commercial attachés travelled via the Cape of Good Hope and arrived in France on May 16, 1846 with all that had been collected in Asia.

A mission with various objectives

Primarily diplomatic, the members of the trade mission were in fact responsible for collecting various samples of commercial interest during their stopovers, with a particular focus while in China. They investigated Macao and Canton in which they wrote the Étude pratique du commerce d’exportation de la Chine, which was updated by Natalis Rondot and published in Paris, Canton and Batavia in 1849. They studied all the raw materials available as well as Chinese industry. They mentioned objects made of jade and precious that were sold on Physic Street in Canton, the sculpted rhinoceros horns or the lacquerware on New China Street. They were interested in paintings and commented that "There are many workshops in Canton and Macao where people paint on marrow paper" (Hedde I., Renard E., Haussmann A. and Rondot N., Étude Practice of China's Export Trade, p.176) and they note that “The Europeans demand the various processes of Chinese agriculture and industry. The Delegates were the first who thought of giving this impetus, and they were able to obtain and bring back a very remarkable collection of industrial watercolor and line drawings, valuable both for their novelty and their usefulness” (Hedde I., Renard E., Haussmann A. and Rondot N., Practical Study of China's Export Trade, p. 176). For the line drawings, "it is to M. Hedde, Renard and N. Rondot that the painters of Canton owe their progress in this kind of drawing, and it is under the direction of these three Delegates that Ting-qua and You-qua created their Celestial Empire industrial and agricultural processes. They sell for 75 cents a dowen, but usually the drawings are bound in volumes, elegantly covered with brocaded silk crepe in the color of ponceau, and each volume, which contains 120 drawings, costs 7 piastres” (Hedde I., Renard E., Haussmann A. and Rondot N., Practical Study of China's Export Trade, p. 177).

The oil paintings are on cotton and represent “views of Chinese dwellings (interior and exterior)” and are worth, when “framed in yellow wood”, 4 to 5 piastres.” There is however Chinese painter in Canton, named Kwan Kiu Cheong 關喬昌, better known under the name of Lam Qua 林官 (1801-1860), who is a pupil of the distinguished English painter Georges Chinnery (1774-1852), who was renowned for the remarkable resemblance of his portraits, which cost 20 piastres for small sizes. Some pupils of the painters Youqua and Tingqua acquire a certain skill for nature. Their paintings sold for 6, 8 and 10 piastres” (Hedde I., Renard E., Haussmann A. and Rondot N., Practical study of the Chinese export trade, p. 177). Then they describe their two-floored workshops, where the work was organized according to method and division of labor.

Jules Itier reports: "There is, in Old China Street, a shop most renowned for its gouache paintings on so-called rice paper, as well as for the line drawings and oil paintings that they make. I use this word because it is more of a factory than an atelier of the famous Yom-qua [sic]” (HEDDE I., 1848, vol. II, p. 17). The various members of the delegation made multiple acquisitions and orders at this factory.

Article by Geneviève Lacambre (translated by Benjamin West)

Evénements
Type d'événement : 
Date de l'événement : 
1843 - 1846
Lieu de l'événement : 
Thèmes d'étude
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] Tissus (soie, dentelle), tableaux (dont 25 peintures à l’huile sur toile de coton), céramiques, des ouvrages techniques, des outils et des maquettes de métiers à tisser, coutellerie, papiers de tenture, rouleaux de peinture pour tenture, papiers et couleurs, albums, objets en ivoire, laques, santal, objets en bambou, objets en bronze, en argent et en cuivre, écaille, nacre, jades, pierre de lare, pagodites, stéatites.

Commentaire Thèmes d'étude : 

Objets rapportés par la mission

À leur retour, plusieurs expositions sont organisées à Paris en 1846, à Lyon en 1847, à Saint-Étienne en 1848 et, plus restreinte, à Nîmes en 1849.

Les objets rapportés par la mission sont ensuite, selon leur nature, distribués par le ministère de l’Agriculture et du Commerce entre les diverses institutions nationales et chambres de commerce. En voici quelques exemples : ce qui concerne l’industrie de la soie enrichit la chambre de commerce de Lyon et se trouve maintenant au musée des Tissus - musée des Arts décoratifs de Lyon, avec notamment des albums d’aquarelles et de nombreux albums de dessins au trait sur moelle d’oeschynomene paludosa commandés spécialement par les délégués commerciaux aux ateliers de Yeou-Kwa [Youqua], de Tin-Kwa [Tingqua] ou de Sunkwa [Sunqua] de Canton, mais aussi des tableaux représentant l’industrie de Ning-po, ainsi que des échantillons textiles (Privat-Savigny, 2009). Le Muséum d’histoire naturelle de Paris reçoit les échantillons de matériaux naturels. On trouve, entrés par l’intermédiaire d’Isidore Hedde, au musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne, des modèles de métiers à tisser chinois et des objets liés au textile (rubans, cartes d’échantillons, étoffes). Le musée de Sèvres obtint des céramiques le 10 janvier 1849, à la demande de M. Edelman, administrateur de la manufacture (À l’aube du japonisme, 2017, cat. no 18). Le Conservatoire des Arts et Métiers reçoit soixante-huit lots, des ouvrages techniques, des outils et des maquettes de métiers à tisser, le Cabinet des Estampes de la Bibliothèque nationale plus de cent albums, dont une trentaine due à l’atelier de Youqua.

Le ministre de l’Agriculture et du Commerce de la seconde République, Louis Buffet (1818-1899), décide de trouver un emplacement définitif pour des objets qui « encombrent [s]on bureau » et les propose au directeur des Musées nationaux, Alfred Jeanron (1808-1877), dans une lettre conservée dans les archives des Musées nationaux à la date du 17 mars 1849 : « La mission commerciale envoyée dans le courant de 1843 en Chine a rapporté de ce pays en 1846 de nombreux échantillons de produits naturels et fabriqués. Ces produits ont été l’objet d’une exposition publique qu’ont visitée un grand nombre de fabricants, d’industriels, de commerçants et d’artistes. En vue de leur donner une destination définitive aussi utile que possible, et d’assurer en même temps leur conservation, j’ai conçu la pensée de les répartir selon leur spécialité dans nos divers musées nationaux. Là ils pourraient être vus et examinés et l’industriel, comme l’artiste et l’artisan, pourra s’inspirer de leur forme et de leur dessin soit pour les imiter en vue de l’exportation, soit pour modifier nos propres marchandises. Parmi les objets qui composent cette vaste collection, il en est qui, ayant plus spécialement un caractère de curiosité ethnologique ou industrielle, m’ont paru pouvoir prendre place dans le musée confié à votre direction. Ce sont en général des articles d’ajustement et d’armement, des objets de tabletterie en ivoire, laque ou sandal, quelques bronzes et des cartes, images coloriées et tableaux » (AN, série EM, 4698).

La liste des objets livrés au musée du Louvre le 1er mars 1849 qui l’accompagne décrit sept cent soixante-douze objets sous trois cent cinq numéros, classés sous les rubriques suivantes : bronze et cuivre, coutellerie et outils, instruments de musique, cannes, pipes et parapluies, armes, armures et vêtements, parures et ornements, outils, vêtements, objets d’ameublement [fauteuils, peignes, sacs, boussoles, paire de lunettes, etc. Un jeu de cartes européennes de fabrication chinoise], jouets, bambou [et bois divers], laques de Chine, laques du Japon, bois de santal, écaille, nacre, argent, ivoires, jades, pierres de lare, pagodites, stéatites, papiers et couleurs, tableaux, rouleaux de peinture, papiers de tenture, rouleaux de peinture pour tenture. Cette collection à caractère plutôt ethnographique couvre tous les registres de la vie matérielle des Chinois des régions visitées par la délégation commerciale, à l’exception de ce qui concerne les activités industrielles, notamment le travail de la soie, dont les échantillons ont été envoyés dans d’autres institutions. Elle contient aussi quelques objets provenant du Japon, en vente à Canton, ou de Cochinchine. Elle est placée au musée de Marine, qui se situe alors au musée du Louvre.

Il reste actuellement au musée national de la Marine, assez peu d’objets décrits dans cette liste, sans doute un peu plus d’une trentaine et quelques autres qui sont encore à identifier. Ainsi ont été récemment retrouvés le no 3 de la liste du 1er mars 1849, une des deux « cloches suspendues avec pied en bois richement sculpté » ou, parmi les ivoires, le no 214, un « éventail dentelle fouillé à jour à sujets, fleurs et très riche ». Un objet, revenu en 2009 de Brest où il avait été déposé en 1926 au Cercle naval (seul rescapé des bombardements de la Seconde Guerre mondiale) correspond au no 12 de la liste de 1849 : il s’agit d’un brûle-parfum « en cuivre, couvercle à jour, animaux formant anses, trois pieds sur piédestal », mais son piédestal qui devait être en bois a disparu. Parmi les rouleaux de « peinture pour tenture » conservés, le no 264 est une « carte de Chine avec hémisphère céleste », le no 265, « une carte de Canton, ville et province », le no 278, deux « caricatures chinoises. Anglais débarquant d’un bateau à vapeur », le no 279, quatre rouleaux peints de différents formats représentant des « Femmes de Soutchou, ville élégante de la Chine... », le no 286, « Prise de Chusan par les anglais » (Lacambre G., 2008).

Il y a dans la liste vingt-cinq peintures à l’huile chinoise sur toile de coton (dont l’une, envoyée au Ministère de la Marine en 1922 n’a pas été retrouvée), mais deux de petit format avec leur très simple cadre chinois sont encore conservées au musée national de la Marine : le no 258, « femme de pêcheur » et le no 260, le « portrait de l’interprète (jeune malais) de la délégation commerciale en Chine du ministère du commerce ». Anonymes, elles peuvent être attribuées au portraitiste Lam Qua (Lacambre G., 2008). Parmi les dix-huit « tableaux à l’huile, intérieur chinois, grands paysages, jardins, jeux, musiciens et dans leur cadre en bois faits en Chine » correspondant au no 256, un n’a pas été retrouvé les dix-sept autres ont été déposés à La Rochelle en 1923. Ils se trouvent toujours dans les collections des musées d’art et d’histoire de La Rochelle avec le no 259, un « portrait de Ky-ing, vice-roi de Canton, signataire du traité de la France avec la Chine ». Ce tableau porte la signature, en bas, à droite, en bleu clair et en lettres européennes, de « Youqua », dont l’étiquette imprimée en anglais (« Youqua Painter - old Street No 34 ») se trouve encore au revers de plusieurs des dix-sept autres peintures, incontestablement du même atelier. Ces dix-huit peintures, restées en pile dans une réserve, ont été sorties de l’anonymat en 2005, puis ont été restaurées (De Couleurs et d’Encre, 2015, cat. no 1 à 18). Il semble que ce sont ces peintures qui ont été exposées à Saint-Étienne en 1848 avec cette description : « Vues et costumes de Macao, tableaux peints à l’huile et sur toile par des Chinois, à la manière européenne » (Hedde, 1848, no 1069).

D’autres objets ont été déposés à la Rochelle en 1923, par exemple, deux cachets en ivoire correspondent à la description du no 226 de la liste de 1849 : ils sont « sphériques dont un à boules concentriques, et un à clous mobiles intérieurs », un bol japonais à couvercle en laque vert foncé et or, avec intérieur rouge (A l’aube du japonisme, 2017, cat. no 20), du même modèle que celui rapporté par l’amiral Cécille, conservé à Brest. On trouve aussi à La Rochelle une corne de rhinocéros sculptée (no 171).

Pour sa part, le musée des beaux-arts de Brest a reçu en dépôt en 1924 trois porte-cartes de visite en bois de santal (no 194), en nacre (no 204) et en ivoire sculpté (no 215 ou 216).

Le musée du quai Branly — Jacques Chirac a hérité notamment de deux des six « couteaux à papier » en ivoire [coupe-papier] (no 220) ou d’une grande tabatière à quatre tiroirs en laque à décor floral en nacre de couleur, de fabrication japonaise (no 283), (A l’aube du japonisme, 2017, cat. no 21), déposés au musée de l’Homme en 1946. Elle est proche de celle qu’a rapportée de Canton l’amiral Cécille, maintenant au musée des beaux-arts de Brest. Il reste à identifier bien d’autres objets, notamment des instruments de musique, présents dans les deux collections de la mission Lagrené et de Charles de Montigny et déposés au musée de l’Homme (actuellement au musée du quai Branly-Jacques Chirac) ou à La Rochelle.

Article rédigé par Geneviève Lacambre

Commentaire Thèmes d'étude : 

Upon their return, the objects brought back by the delegates were displayed in several exhibitions organized in Paris in 1846, in Lyon in 1847, in Saint-Étienne in 1848 and in Nîmes in 1849. Depending on their nature, the objects were distributed by the le ministère de l’Agriculture et du Commerce among the various national institutions and chambers of commerce. Some examples include: what was pertinent to the silk industry went to the Chambre de Commerce de Lyon and is now in the Musée des Tissus - Musée des Arts décoratifs de Lyon. With albums of watercolors and many line drawings on marrow of oeschynomene paludosa that were specially ordered by trade commissioners at the workshops of Yeou-Kwa [Youqua], Tin-Kwa [Tingqua] or Sunkwa [Sunqua] of Canton, but also some paintings representing the industry of Ning -po, as well as textile samples (Privat-Savigny, 2009). Le Muséum d’histoire naturelle de Paris received the samples of natural materials. We find musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne, as mentioned by Isidore Hedde, models of Chinese looms and objects related to textile (ribbons, sample cards, fabrics) . The Musée de Sèvres obtained ceramics on January 10, 1849, at the request of Mr. Edelman, administrator of the factory (At the dawn of Japanism, 2017, cat. no 18). The Conservatoire des Arts et Métiers received 68 lots, technical works, tools and models of weaving looms. The Cabinet des Estampes of the National Library received more than 100 albums, including 30 from the Youqua workshop. The Ministre de l’Agriculture et du Commerce, Louis Buffet (1818-1899), decided to find a permanent location for the objects which "encumbered [his] desk" and offered them to the director of the National Museums, Alfred Jeanron (1808-1877), in a letter preserved in the archives of the National Museums on March 17, 1849: “The commercial mission to China of 1843, returning in 1846, brought back numerous samples of both natural and manufactured products. These products were publicly exhibited and visited by a large number of manufacturers, industrialists, merchants and artists. With the aim to find them a definitive space in which they would be most useful as well as insuring their preservation, I have conceived the idea of ​​distributing them according to their specialty in our various national museums. There they can be seen and examined and the industrialist, the artist and the craftsman, can be inspired by their form and their design either to imitate them with a view to exporting, or to modify our own goods. Among the objects that make up this vast collection, there are some which, having more especially a character of ethnological or industrial curiosity, seemed to me to be able to take their place in the Museum entrusted to your direction. They are generally d’ajustement et d’armement, intricate objects in ivory, lacquer or sandalwood, some bronzes and maps, colored images and paintings” (AN, series EM, 4698).

The accompanying list of objects delivered to the Louvre on March 1, 1849 describes 772 objects referenced under 305 numbers, and classified under the following headings: bronze and copper; cutlery and tools; musical instruments; walking sticks; pipes and umbrellas; weapons; armor and clothing; adornments and ornaments; tools; clothing; furnishing objects [armchairs, combs, bags, compasses, pair of glasses, etc., and a set of Chinese-made European cards]; toys; bamboo [and various woods]; Chinese lacquerware; Japanese lacquerware; sandalwood; tortoiseshell; mother-of-pearl; silver; ivories; jades;  rare stones; pagodites; soapstones; papers and colors; paintings; paint rollers; wallpapers; and paint rollers for wall hangings. This rather ethnographic collection covers all aspects of Chinese daily life in the regions visited by the trade delegation. The exception being objects from the industrial activities particularly the production of silk, samples of which were sent to other institutions. It also contains a few objects from Japan, sold in Canton, or from Cochinchina.  These are in the Musée de Marine and then relocated to the Louvre.

There currently remains quite a few objects described in this list at the Musée National de la Marine; probably a little over 30 and a few others that have yet to be identified. Recently rediscovered are No. 3 from March 1, 1849 list that is one of the two "suspended bells with a richly carved wooden foot"  and among the ivories, No. 214, a " lace openwork fan with very rich figures and flowers”. An object was returned in 2009 from Brest where it had been stored the Cercle Navale in 1926 (being the only survivor of the bombardments of the Second World War) and corresponds to No. 12 of the 1849 list. It is an incense burner in“copper, with an open lid, animals forming handles, and three legs on a pedestal”, but the pedestal, which must have been made of wood, has disappeared. Among the rolls of "painting for hangings" preserved, No. 264 is a "map of China with a celestial hemisphere"; No. 265, "a map of Canton, city and province"; No. 278, two "Chinese caricatures of Englishmen disembarking from a steamboat"; No. 279, four painted rolls of different formats representing "Women of Soutchou, elegant city of China..."; No. 286, "Capture of Chusan by the English" ( Lacambre G., 2008).

There are 25 Chinese oil paintings on cotton canvas on the list (one of which was sent to the Ministère de la Marine in 1922, has not been found), but two of a smaller format with very simple Chinese frames are still in the Musée National de la Marine : No. 258, "Fisherman's Wife" and No. 260, "Portrait of the Interpreter (young Malay) of the Trade Delegation in China of the Ministry of Commerce".  While anonymous, they can be attributed to the portrait painter Lam Qua (Lacambre G., 2008). Among 18 of them are "oil paintings of  Chinese interiors, large landscapes, gardens, games and musicians in their wooden frames that were made in China" corresponding to No. 256. One has not been found, the other seventeen were stored in La Rochelle in 1923. They are still in the collections of the Musées d’art et d’histoire de La Rochelle with no. 259, a “portrait of Ky-ing, Viceroy of Canton, Signatory of the Treaty of France with China”. This painting bears the signature in light blue and in European letters of "Youqua" in the lower right corner and with a label printed in English ("Youqua Painter - Old Street No 34") that is also on the back of several 17 other paintings, unquestionably from the same studio. These 18 paintings, left in a pile in a stockroom, were taken out of anonymity in 2005 and restored (De Couleurs et d’Encre, 2015, cat. no. 1 to 18). It seems that these paintings were exhibited in Saint-Étienne in 1848 with this description: "Views and Costumes of Macao, Pictures Painted in Oil and On Canvas by Chinese, in the European Manner" (Hedde, 1848 , no. 1069).

Other objects were stored in La Rochelle in 1923, such as two ivory seals corresponding to the description of No. 226 of the 1849 list. They are "spherical, one with concentric balls, and one with interior movable nails" , a Japanese bowl with a dark green lid and gold lacquer, with a red interior (A l'aube du japonisme, 2017, Cat. No 20), was the same model as one brought back by Admiral Cécille, and stored at Brest. There is also a sculpted rhinoceros horn (no. 171) in La Rochelle.

The Musée des Beaux-Arts in Brest received three business card holders in sandalwood (no. 194), mother-of-pearl (no. 204) and carved ivory (no. 215 or 216) on loan in 1924. The Musée du quai Branly — Jacques Chirac received two of the six ivory “paper knives” [paper cutter] (No 220) and a large snuff box with four lacquer drawers with floral decoration in colored mother-of-pearl, and made in Japan (no. 283), (A l’aube du Japonisme, 2017, Cat. No. 21), deposited at the Musée de l’Homme in 1946. It is similar to the one brought back from Canton by Admiral Cécille, that is now in the Brest Museum of Fine Arts. Many other objects remain to be identified, including musical instruments, that belong the Lagrené mission and Charles de Montigny collections that were stored at the Musée de l'Homme in La Rochelle (currently at the Musée du quai Branly-Jacques Chirac).

Article by Geneviève Lacambre (translated by Benjamin West)

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Charles de Montigny participe à la mission en Chine (1843-1846) dirigée par Théodose de Lagrené. (Source : notice Agorha « Théodose de Lagrené » rédigée par Geneviève Lacambre)

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Jules Itier participe à la mission en Chine (1843-1846) dirigée par Théodose de Lagrené. (Source : notice Agorha « Théodose de Lagrené » rédigée par Geneviève Lacambre)

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Joseph-Marie Callery participe à la mission en Chine (1843-1846) dirigée par Théodose de Lagrené, en tant qu'interprète. (Source : notice Agorha « Théodose de Lagrené » rédigée par Geneviève Lacambre)

Bibliographies / archives
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Geneviève Lacambre