Fabiani, Martin
5 avenue Montaigne
71 avenue des Champs-Elysées
26 avenue Matignon
Adresse de la galerie Weil, reprise par Fabiani en décembre 1941
En décembre 1941, Martin Fabiani reprend la galerie d'André Weil, sise 26 avenue Matignon.
Originaire de Corse, Martin Fabiani s’installe à Paris pour y suivre des cours de droit et de sciences politiques. Ses débuts en tant que marchand d’art sont difficiles à retracer et c’est son rôle dans la succession du marchand Ambroise Vollard qui le pousse sur le devant de la scène du marché de l’art parisien. Il aurait été choisi comme expert dans cette succession par Lucien Vollard. Fabiani quitte la France le 17 juin 1940 pour Lisbonne afin de mettre des tableaux de la collection de Vollard à l’abri. Avec sa compagne Adrienne Delabard, il ne parvient à regagner la France qu’avec le soutien du régime de Vichy en janvier 1941.
Le 16 décembre 1941, Martin Fabiani reprend la galerie appartenant à André Weil contraint de fuir aux États-Unis en raison de ses origines juives. Elle est située au 26 avenue Matignon. Une partie du stock de cette galerie est mise aux enchères à l’hôtel Drouot le 13 mai 1942. Après la reprise de la galerie Weil, Fabiani occupe une place croissante sur le marché de l’art parisien. De vendeur/acheteur rusé parvenant à dissimuler ses transactions à Drouot en jouant avec son nom et sa signature, il devient expert aux côtés d’André Schoeller. Son activité marchande s’intensifie donc pendant les années de la guerre, lui conférant une importante fortune. Aucun catalogue d’exposition au sein de sa galerie n’étant néanmoins connu, il est fort probable qu’elle lui ait davantage servi de vitrine pour poursuivre ses affaires, notamment les ventes d’œuvres aux occupants, en essayant de laisser le moins de traces possible des transactions. Doué d’une certaine habileté pour fournir des tableaux de maîtres anciens à sa clientèle allemande, il se tient proche également des artistes contemporains. En août 1941, après le départ de Paul Rosenberg, il devient le marchand de Matisse, avec qui il collabore à l’édition de livres d’art.
L’ampleur des ventes réalisées par Fabiani sous l’Occupation est difficilement mesurable, mais après la guerre il est identifié par les enquêteurs français et américains comme fortement impliqué dans les transactions avec l’occupant. Bien qu’il fasse l’objet d’une surveillance accrue à partir de 1944, le marchand corse continue à bénéficier de soutiens, notamment de celui du ministre des Colonies à la Libération, Paul Giacobbi. Le 2 juillet 1945, inculpé pour atteinte à la sûreté de l’État, il parvient à fuir à Londres. Le 19 septembre suivant, il est arrêté par les services de la brigade financière de la Préfecture de police, inculpé de recel, incarcéré puis libéré en novembre suivant. Au cours de ses procès, Fabiani se défend d’ailleurs en affirmant avoir contribué à financer des publications clandestines. Dans son autobiographie parue en 1976, le marchand cherche également à se placer du bon côté de l’Histoire. Si deux grands dossiers de poursuites judiciaires sont classés à la fin de l’année 1946, le marchand n’échappe pas au Comité de confiscation des profits illicites. Cette condamnation ne l’empêche pas cependant de poursuivre son activité de marchand d’art après la guerre.
Martin Fabiani a été l'exécuteur testamentaire d'Ambroise Vollard, décédé en 1939.
Martin Fabiani - Roger Dequoy
Dequoy et Fabiani se connaissent depuis 1941. Ils achètent des tableaux en commun et Fabiani cache des tableaux pour Dequoy. En janvier 1944, Lohse, Dequoy et Fabiani s’entendirent pour échanger 60 œuvres d’art moderne confisquées par l’ERR contre sept peintures du XVIIIe siècle destinées au musée de Linz. Fabiani est le représentant des intérêts de Dequoy auprès de Lohse et Hofer.
Archives de Paris, Procès-verbal de constat du directeur général des douanes, relevé des ventes, 17/01/1946, AP 112W 75 et voir la description de l’échange projeté dans NARA: OSS Art Looting Investigation Unit Reports, 1945-46. NARA M1782, Roll 10F1: Detailed Interrogation Reports (DIR), nr 6 Bruno Lohse, p. 11-13, https://www.fold3.com/image/231996271, [consulté le 6 août 2020].
Collaboration entre Etienne Bignou et Martin Fabiani.
p. 118, 120, 128, 130, 165, 168.
p. 126f., 206, 213, 217, 221, 229, 244, 402, 404, 544f., 558f.
Roberts Commission, Subject File, CIR # 2 - The Goering Collection, p. 41, 55, 78.
Ardelia Hall Collection : Munich Administrative Records, Restitution Research Records, Linz Museum : Consolidated Interrogation Report (CIR) No. 4, p. 61, 66.
Etat : Publiée (01/07/2021) ; Saisi par: cgautier (09/11/2017) ; Modifié par: plaborde (31/08/2021)