Skip to main content
Lien copié
Le lien a été copié dans votre presse-papier

À partir de 1940, Pierre Landry dispose d’une galerie, sise 12 place Vendôme, depuis laquelle il conclut des affaires entre autres avec Hans Wendland, Walter Bornheim, Maria Gillhausen, Josef Mühlmann et Bruno Lohse.


Pierre Landry est né le 14 juin 1898 à Moscou. Joueur de tennis et artiste peintre, il pratique occasionnellement une activité de courtier en tableaux à partir de 1925, année à laquelle il est inscrit au registre du commerce comme marchand d’antiquités1. Il acquiert notamment Le Tricheur à l’as de carreau de Georges de La Tour en 1926, qui sera cédé au musée du Louvre en 19722. Il rencontre à cette occasion Hermann Voss (1884-1969), puisque ce dernier publie un texte sur cette œuvre en 19313. Fin 1940, la galerie sise 12 place Vendôme4 est mise temporairement à sa disposition par Jules-Eugène Féral (1874-1944), peintre et expert. Elle devient dès lors le centre de son activité commerciale jusqu’en 19435.

L’importance de son activité de courtier s’accroît sous l’Occupation. Il conclut de nombreuses opérations avec des Allemands. Il est très actif auprès de Hans Wendland (1880-1965) et serait intervenu dans le réseau formé par ce dernier, composé d’Achille Boitel, d’Yves Perdoux et d’Ali Loebl d’après les enquêtes américaines6. Il reconnaît avoir vendu différents tableaux à Walter Bornheim : une Vierge à l’Enfant de Neroccio de Landi ; une Vierge à l’Enfant de Blanchard ; une vue sur Venise de Canaletto ; une scène d’intérieur de Leprince ; un portrait de femme de Mignard ; un tableau attribué à Lorenzo di Credi, ainsi qu’un lot de statues anciennes en bois sculpté7. Au Kaiser Wilhelm Museum de Krefeld, il vend un tableau de Backhuyzen représentant le port d’Amsterdam8. Sont également recensés comme ayant été exportés sans autorisation une esquisse de Fragonard, La réprimande ainsi qu’un portrait de C. A. Bertinazzi dit Carlin par Quentin de La Tour, tous deux pour les Städtische Kunstsammlungen de Düsseldorf9, puis Femmes et enfants dans un parc de Louis Trinquesse pour le Kaiser Wilhelm Museum de Krefeld10. Lors de ces transactions, Bruno Lohse et Loebl interviennent en tant qu’intermédiaires11. Il vend également à Josef Mühlmann12 et à Maria Gillhausen13.

Landry fait l’objet d’une citation devant le Comité de confiscation des profits illicites le 7 février 1946, pour « exportation d’objets d’art sans autorisation à destination de l’Allemagne14 ». Landry déclare avoir vendu des tableaux aux Allemands pour une valeur totale de 748 000 F, dont 593 000 F ne figurant pas dans sa comptabilité. Il explique avoir vendu ces tableaux pour des Juifs ayant besoin de liquidités, ventes sur lesquelles il touche une commission de 10 %15. Le Comité de confiscation constate une diminution constante du pourcentage de ses affaires conclues avec des Allemands tout au long de l’Occupation16.

Le Comité de confiscation des profits illicites lui confisque la somme de 224 689 F et fixe une amende à son encontre de 137 000 F17. Par ailleurs, une enquête est ouverte par la Cour de justice concernant ses relations avec les autorités allemandes. Elle s’en remet aux conclusions du rapport de Michel Martin, de la Commission de récupération artistique. Ce dernier considère les ventes réalisées par Landry comme « minimes » et atteste de relations correctes avec l’administration des Beaux-Arts. La Commission nationale interprofessionnelle d’épuration décide donc du classement de l’affaire Landry le 16 décembre 194618.