Orléans (duc d'Aumale), Henri d'
Château de Chantilly
Orleans House
Grande Bretagne
Militaire (1840-1848), Gouverneur de l’Algérie (1847-1848).
Commandant du 7e corps d’armée, Ministère de la guerre.
Henri d’Orléans, duc d’Aumale, est le cinquième fils de Louis-Philippe (1773-1850), le dernier roi des Français, et de la reine Marie-Amélie (1782-1866). Filleul et petit-neveu du dernier prince de Condé, Louis-Henri-Joseph, duc de Bourbon (1756-1830), il hérite à l’âge de huit ans, en 1830, de l’immense fortune des Condé, dont le Palais-Bourbon (actuelle Assemblée nationale) et le château de Chantilly, alors en partie rasé depuis la fin de la Révolution. Après des études littéraires classiques au lycée Henri IV, à dix-huit ans, le duc d’Aumale embrasse la carrière militaire et rejoint en Algérie son frère aîné le prince royal, Ferdinand, duc d’Orléans (1810-1842). Soldat intrépide, il gagne ses épaulettes de lieutenant-colonel et la Légion d’honneur au passage du Teniah de Mouzaïa en 1840 (AN, LH/667/59). Général de division à vingt et un ans, il s’illustre par la prise de la smalah d’Abd el-Kader (16 mai 1843) et devient gouverneur de l’Algérie à vingt-cinq ans en remplacement du vieux maréchal Bugeaud. Très attaché à l’armée, il se définira ensuite toujours comme un soldat. Mais la révolution de 1848, chassant du trône son père le roi Louis-Philippe, brise sa carrière et l’exile en Angleterre pour vingt-trois ans, de 1848 à 1871. Gouverneur de l’Algérie, à la tête d’un corps expéditionnaire et secondé par son frère Joinville, disposant d’une partie de la flotte française, il aurait alors pu décider d’intervenir militairement, mais, profondément attaché aux libertés, il s’incline devant la volonté du peuple (Cazelles R., 1984, p. 149).
Réfugié avec les siens à Claremont, où les Orléans sont accueillis par la reine Victoria, leur cousine, le duc d’Aumale est le seul à disposer d’une fortune personnelle qui lui permet d’acquérir une belle demeure, Orleans House, à Twickenham, au sud-ouest de Londres. C’est là qu’il constitue la collection qui fait aujourd’hui de Chantilly le premier musée de peinture ancienne après le Louvre et l’une des plus grandes bibliothèques de France pour les éditions rares et les manuscrits à peintures.
Rentré en France en 1871, après la chute du Second Empire, veuf et sans enfants (il a perdu ses fils à l’âge de vingt et un ans et dix-huit ans), le duc d’Aumale se consacre à sa collection et à son château de Chantilly. De 1875 à 1880, il restaure l’aile Renaissance élevée par Jean Bullant pour le connétable Anne de Montmorency, ou « Petit Château », et remeuble les appartements historiques des princes de Condé (XVIIIe siècle) vidés par la Révolution. Surtout, avec son architecte Honoré Daumet, il reconstruit l’aile principale du château de Chantilly, ou « Grand Château », qui avait été rasée après la Révolution, afin d’y présenter ses collections (archives du musée Condé, série 4-PA et série CP). Il dispose ses tableaux selon les normes de l’époque, sur plusieurs niveaux, cadre contre cadre, selon une logique qui lui est propre, honorant la mémoire de la famille de Condé et de la famille royale de Bourbon. Voulant éviter la dispersion de sa collection après sa mort, il lègue l’ensemble en 1884 à l’Institut de France (dont il sera trois fois membre : 1871, Académie française ; 1880, Académie des beaux-arts ; puis 1889, Académie des sciences morales et politiques). Son testament contient deux contraintes majeures : ne pas prêter les collections, ne pas modifier la présentation – ce qui fait de Chantilly un témoignage irremplaçable sur les musées du XIXe siècle (AN, MC/RS//1573). Il continue d’acquérir des œuvres majeures jusqu’à sa mort en 1897 et fera de nombreux émules : d’autres grands collectionneurs, comme les Jacquemart-André, légueront leurs collections, véritables musées privés, à l’Institut de France.
Député de l’Oise en février 1871, conseiller général de Clermont et président du conseil général de l’Oise, le duc d’Aumale exerce des responsabilités politiques. En 1873, on pense à lui pour la présidence de la République. Mais ce n’est pas un homme politique au sens actuel (Woerth E., 2006). Fils de roi, militaire reconnu par ses supérieurs, historien, amateur d’art et collectionneur, le duc d’Aumale est une personnalité multiple, « un prince aux dix visages » (Cazelles R., 1984), à la fois un homme de lettres reconnu par l’Académie française, un homme politique qui aurait pu atteindre la présidence de la République, un chef militaire de grande envergure et, bien sûr et surtout, un collectionneur d’art exceptionnel.
Article rédigé par Nicole Garnier-Pelle
Henri d’Orléans, the Duc d’Aumale, was the fifth the son of Louis-Philippe (1773–1850), the last French king, and Queen Marie-Amélie (1782–1866). The godson and great nephew of the last Prince de Condé, Louis-Henri-Joseph, Duc de Bourbon (1756–1830), he inherited at the age of eight, in 1830, the immense fortune of the Condés, including the Palais-Bourbon (the present-day Assemblée Nationale) and the Château de Chantilly, which had been partly destroyed since the end of the Revolution. After completing classical literary studies at the Lycée Henri IV, at the age of eighteen, the Duc d’Aumale began a military career and went to Algeria where he joined his elder brother, the royal prince, Ferdinand, Duc d’Orléans (1810–1842). A brave soldier, he earned his epaulettes of Lieutenant-Colonel and was awarded the Légion d’Honneur at the passage of the Teniah de Mouzaïa in 1840 (national archives (AN), LH/667/59). Divisional General at the age of twenty-one, he distinguished himself by the capture of the Smala of Abd el-Kader (16 May 1843) and became Governor of Algeria at the age of twenty-five, replacing the old Marshal Bugeaud. With his close links to the army, he would always call himself a soldier. But the 1848 Revolution, which deposed his father, King Louis-Philippe, brought his career to an end and forced him into exile in England for twenty-three years, from 1848 to 1871. As governor of Algeria, at the head of an expeditionary force and seconded by his brother Joinville, who commanded part of the French fleet, he could have intervened militarily, but deeply attached to liberty he gave way to the will of the people (Cazelles, R., 1984, p. 149).
Having taken refuge with his family in Claremont, where the Orléans were welcomed by Queen Victoria, their cousin, the Duc d’Aumale was the only one left with a personal fortune that enabled him to acquire a fine residence, Orleans House, in Twickenham, south west of London. It was here that he assembled the collection that has turned Chantilly into the most important museum of old paintings after the Louvre and one of the greatest libraries in France for rare editions, manuscripts, and paintings.
He returned to France in 1871, after the fall of the Second Empire, a widower and without children (he lost his sons at the ages of twenty-one and eighteen); the Duc d’Aumale devoted himself to his collection and his Château de Chantilly. From 1875 to 1880, he restored the Renaissance wing built by Jean Bullant for the Constable Anne de Montmorency, or ‘Small Château’, and refurnished the historical apartments of the princes de Condé (eighteenth century), which had been emptied by the Revolution. Above all, with his architect Honoré Daumet, he reconstructed the main wing of the Château de Chantilly, or ‘Large Château’, which had been destroyed after the Revolution, so that he could exhibit his collections there (Musée Condé archives, series 4–PA and series CP). He displayed his pictures according to the standards of the era, on several levels, frame next to frame, using his own approach, in honour of the de Condé family and the royal family of Bourbon. Eager to avoid the dispersion of his collection after his death, he bequeathed it in its entirety in 1884 to the Institut de France (of which he was a member on three occasions: 1871, Académie Française; 1880, Académie des Beaux-Arts; then in 1889, the Académie des Sciences Morales et Politiques). His will comprised two important restrictions: the collections could not be loaned, nor could their presentation be modified—which makes Chantilly an irreplaceable example of a nineteenth-century museum (national archives (AN), MC/RS//1573). He continued to acquire major works until his death in 1897 and inspired many others: other major collectors, such as the Jacquemart-Andrés, bequeathed their collections, veritable private museums, to the Institut de France.
A member of Parliament for the Oise in February 1871, General Councillor of Clermont, and President of the General Council of the Oise département, the Duc d’Aumale fulfilled his political duties. In 1873, he was considered as a presidential candidate. But he was not a politician in the contemporary sense of the word (Woerth, E., 2006). The son of a king, a soldier acknowledged by his superiors, a historian, and an art lover and collector, the Duc d’Aumale was a person with many sides to his character, ‘a prince with ten faces’ (Cazelles, R., 1984), both a literary man recognised by the Académie Française, a politician who could have become President of the Republic, a highly important military leader and, of course and above all, an exceptional art collector.
Article by Nicole Garnier-Pelle (translated by Jonathan & David Michaelson)
[Objets collectionnés] Antiques du Ve siècle av. J.-C. au Ier siècle.
[Objets collectionnés] monnaies et médailles.
[Objets collectionnés] peinture, dessin, sculpture, porcelaines, objets d'art.
Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), est le cinquième fils de Louis-Philippe, le dernier Roi des Français, et de la reine Marie-Amélie . (Source : notice Agorha "Henri d’Orléans, duc d’Aumale" rédigée par Nicole GARNIER-PELLE.)
En 1830, le jeune duc d’Aumale, alors âgé de huit ans, hérite ses premiers objets d’art asiatique de son grand-oncle et parrain Louis-Henri-Joseph, duc de Bourbon, dernier prince de Condé (1756-1830) (Source : notice Agorha "Henri d’Orléans, duc d’Aumale" rédigée par Nicole GARNIER-PELLE.)
Le coffre japonais en laque représentant des coqs, des poules et des poussins (OA 1798) et le vase urne en porcelaine dure du Japon à décor kakiemon vers 1690-1700 (OA 1031), ainsi que sa copie en porcelaine tendre de Chantilly (OA 1032) proviennent de Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé (1692-1740), le grand collectionneur d’art asiatique qui créa au XVIIIe siècle la manufacture de porcelaine tendre de Chantilly inspirée des pièces kakiemon de sa collection et fit peindre les deux Singeries de Chantilly où domine l’inspiration asiatique . (Source : notice Agorha "Henri d’Orléans, duc d’Aumale" rédigée par Nicole GARNIER-PELLE.)
Notice catalogue BNF : https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12375307v