Duseigneur, Raoul

Il fréquenta écrivains, artistes et amateurs d'Art. Collectionneur érudit d'archéologie, conservateur de la collection Spitzer, il fut le bibliothécaire et l'ami de la marquise Arconati-Visconti. Sa collection a été donnée à la Bibliothèque municipale de Lyon par Prosper Holstein. (Source : Numelyo Bibliothèque numérique de Lyon)

En tant qu’amateur, expert et marchand, Raoul Duseigneur entretient, comme avec plusieurs autres institutions dont le musée du Louvre, d’étroits liens avec le Musée des Arts Décoratifs auquel il vend et donne près d’une cinquantaine de pièces entre 1892 et 1914. (Source : "La Marquise et Raoul Duseigneur, un tandem au service des arts" Musée des Arts décoratifs")

Les frères Duseigneur, antiquaires à Lyon puis à Paris

Raoul Duseigneur naît à Lyon le 28 septembre 1845 (AP, 7D150). Il se destine au métier d’ingénieur et sort diplômé de l’École Centrale lyonnaise en 1863. Il travaille ensuite dans l’industrie textile, notamment les filatures et séjourne en Espagne (Bulletin, 1916, p. 18). C’est après cette première carrière industrielle qu’il devient antiquaire, aux côtés de son frère Georges (1841-1906). Ce dernier a fait les Beaux-Arts de Lyon et pratique la peinture et la gravure (Bailly-Herzberg J., 1973 et 1985, p. 111). Il réunit un cercle d’érudits et d’artistes à son domicile lyonnais de la rue Malesherbes. Les deux frères débutent leurs activités commerciales à Lyon dès les années 1880 (Archives du musée national des arts asiatiques - Guimet, carton V, lettre de Raoul Duseigneur datée du 15 octobre 1882).

Dans les années 1890, ils s’installent définitivement à Paris, où ils s’approvisionnaient déjà depuis plusieurs années (Eudel P., 1887, p. 359). Selon Marcel Guérin, les deux frères « habitaient alors les vieux bâtiments de l’Abbaye contigus à Saint-Germain-des-Prés » (Guérin M., 1932, p. 75). Ils apparaissent dans le Bottin du Commerce de 1896 à 1907, Rive gauche, tout d’abord au 3, rue de l’Abbaye (1896-1900), puis au 18, rue Séguier (1901-1907). Ce changement de ville d’activités semble coïncider avec le rôle que joue Raoul Duseigneur lors de la vente de la collection Spitzer en 1893. Le récit de Gaston Migeon à ce propos explique que le marchand lyonnais est choisi pour réaliser le catalogue en amont de la vente du fait de « son éducation, et ses voyages », ainsi que « son séjour en Espagne ». Les archives de la vente confirment sa qualité de « conservateur de la collection » (Cordera P., 2014, p. 116). Leurs activités couvrent des domaines variés ; Raoul Duseigneur s’attache plus particulièrement aux objets d’art italiens, islamiques et asiatiques.

Raoul Duseigneur, ami intime de la marquise Arconati-Visconti

Le nom de Raoul Duseigneur est étroitement associé à celui de la marquise Arconati-Visconti (1840-1923). Ami intime de la célèbre bienfaitrice des musées et des institutions françaises, il aurait fait sa connaissance à l’occasion de la vente Spitzer (Bailly-Herzberg J., 1973, p. 16). C’est d’ailleurs à l’occasion de cette mise aux enchères que la marquise débute sa collection d’objets d’art (Migeon G., 1924, p. 10). Duseigneur deviendra ensuite son conseiller et son fournisseur.

Gaston Migeon, proche de la marquise et de son ami « le plus intime, le plus fidèle », raconte la douleur extrême de la marquise à la mort de Duseigneur le 13 mars 1916 (Migeon G., 1924, p. 5-6). Elle honorera sa mémoire par des actions philanthropiques à son nom dans les villes de Lyon et Paris. La plus célèbre est son don de deux millions de francs à l’Université de Paris en 1921 pour fonder un « Institut de l’Histoire de l’Art » en souvenir de M. Raoul Duseigneur. Elle instaurera plus tard l’Université parisienne comme sa légataire universelle (Recueil, p. 550).

Raoul Duseigneur et les collectionneurs et musées parisiens

Raoul Duseigneur est proche des musées et des collectionneurs de la capitale. Il vend à plusieurs collectionneurs contemporains comme Raymond Koechlin (1860-1931) (Guérin M., 1932, p. 75), Émile Guimet (1836-1918) ou encore Ernest Grandidier (1833-1912) (Chopard L., 2020). Il fait commerce avec le Musée du Louvre, le musée Guimet, l’Union centrale des arts décoratifs (UCAD) ou encore le musée de Sèvres. On retrouve également, dans ces institutions, plusieurs dons en son nom propre ou associé à celui de son frère (Musée Guimet, 1904, p. 39-40).

Article rédigé par Lucie Chopard

The Duseigneur Brothers, Antique Dealers in Lyon then Paris

Raoul Duseigneur was born in Lyon on September 28, 1845 (AP, 7D150). He was destined for a career as an engineer and graduated from the École Centrale Lyonnaise in 1863. He then worked in the textile industry, notably in spinning mills, and lived in Spain (Bulletin, 1916, p. 18). It was after this initial career in industry that he became an antique dealer, alongside his brother Georges (1841-1906). The latter had studied at the Beaux-Arts in Lyon and practiced painting and engraving (Bailly-Herzberg J., 1973 and 1985, p. 111). He brought together a circle of scholars and artists at his home in Lyon on rue Malesherbes. The two brothers began their commercial activities in Lyon in the 1880s (Archives du musée national des arts asiatiques - Guimet, box V, letter from Raoul Duseigneur dated October 15, 1882).

In the 1890s, they settled permanently in Paris, where they had already been stocking up for several years (Eudel P., 1887, p. 359). According to Marcel Guérin, the two brothers "then lived in the old buildings of the Abbey adjoining Saint-Germain-des-Prés" (Guérin M., 1932, p. 75). They appear in the Bottin du Commerce from 1896 to 1907, Rive Gauche, first at 3, rue de l’Abbaye (1896-1900), then at 18, rue Séguier (1901-1907). This change in the city of their activity seems to have coincided with the role played by Raoul Duseigneur during the sale of the Spitzer collection in 1893. Gaston Migeon's account of this subject explains that the Lyon merchant was chosen to produce the catalogue ahead of the sale because of "his education, and his travels", as well as "his stay in Spain". The archives of the sale confirm his status as "curator of the collection" (Cordera P., 2014, p. 116). Their activities cover various fields; Raoul Duseigneur was particularly attached to Italian, Islamic, and Asian art objects.

Raoul Duseigneur, Confidant of the Marquise Arconati-Visconti

The name of Raoul Duseigneur is closely associated with that of the Marquise Arconati-Visconti (1840-1923). A close friend of the famous benefactress of French museums and institutions, he met her during the Spitzer sale (Bailly-Herzberg J., 1973, p. 16). It was also during this auction that the marquise began her collection of works of art (Migeon G., 1924, p. 10). Duseigneur then became her adviser and supplier.

Gaston Migeon, close to the Marquise and her "most intimate, most faithful" friend, recounts the Marquise's extreme grief at the death of Duseigneur on March 13, 1916 (Migeon G., 1924, p. 5-6). She went on to honour his memory with philanthropic actions in his name in the cities of Lyon and Paris. The most famous was her donation of two million francs to the Université de Paris in 1921 to found an "Institut de l'Histoire de l'Art" in memory of Monsieur Raoul Duseigneur. She would later establish the Parisian university as her universal legatee (Recueil, p. 550).

Raoul Duseigneur, Parisian Collectors, and Museums

Raoul Duseigneur had close ties to museums and collectors in the French capital. He made sales to contemporary collectors such as Raymond Koechlin (1860-1931) (Guérin M., 1932, p. 75), Émile Guimet (1836-1918), and Ernest Grandidier (1833-1912) (Chopard L., 2020). He traded with the Musée du Louvre, Musée Guimet, Union centrale des arts décoratifs (UCAD), and Musée de Sèvres. In these institutions we also find several donations in his own name or associated with that of his brother (Musée Guimet, 1904, p. 39-40).

Article by Lucie Chopard (Translated by Jennifer Donnelly)

[objets collectionnés et commercialisés]