DUSEIGNEUR Raoul (FR)
Les frères Duseigneur, antiquaires à Lyon puis à Paris
Raoul Duseigneur naît à Lyon le 28 septembre 1845 (AP, 7D150). Il se destine au métier d’ingénieur et sort diplômé de l’École Centrale lyonnaise en 1863. Il travaille ensuite dans l’industrie textile, notamment les filatures et séjourne en Espagne (Bulletin, 1916, p. 18). C’est après cette première carrière industrielle qu’il devient antiquaire, aux côtés de son frère Georges (1841-1906). Ce dernier a fait les Beaux-Arts de Lyon et pratique la peinture et la gravure (Bailly-Herzberg J., 1973 et 1985, p. 111). Il réunit un cercle d’érudits et d’artistes à son domicile lyonnais de la rue Malesherbes. Les deux frères débutent leurs activités commerciales à Lyon dès les années 1880 (Archives du musée national des arts asiatiques - Guimet, carton V, lettre de Raoul Duseigneur datée du 15 octobre 1882).
Dans les années 1890, ils s’installent définitivement à Paris, où ils s’approvisionnaient déjà depuis plusieurs années (Eudel P., 1887, p. 359). Selon Marcel Guérin, les deux frères « habitaient alors les vieux bâtiments de l’Abbaye contigus à Saint-Germain-des-Prés » (Guérin M., 1932, p. 75). Ils apparaissent dans le Bottin du Commerce de 1896 à 1907, Rive gauche, tout d’abord au 3, rue de l’Abbaye (1896-1900), puis au 18, rue Séguier (1901-1907). Ce changement de ville d’activités semble coïncider avec le rôle que joue Raoul Duseigneur lors de la vente de la collection Spitzer en 1893. Le récit de Gaston Migeon à ce propos explique que le marchand lyonnais est choisi pour réaliser le catalogue en amont de la vente du fait de « son éducation, et ses voyages », ainsi que « son séjour en Espagne ». Les archives de la vente confirment sa qualité de « conservateur de la collection » (Cordera P., 2014, p. 116). Leurs activités couvrent des domaines variés ; Raoul Duseigneur s’attache plus particulièrement aux objets d’art italiens, islamiques et asiatiques.
Raoul Duseigneur, ami intime de la marquise Arconati-Visconti
Le nom de Raoul Duseigneur est étroitement associé à celui de la marquise Arconati-Visconti (1840-1923). Ami intime de la célèbre bienfaitrice des musées et des institutions françaises, il aurait fait sa connaissance à l’occasion de la vente Spitzer (Bailly-Herzberg J., 1973, p. 16). C’est d’ailleurs à l’occasion de cette mise aux enchères que la marquise débute sa collection d’objets d’art (Migeon G., 1924, p. 10). Duseigneur deviendra ensuite son conseiller et son fournisseur.
Gaston Migeon, proche de la marquise et de son ami « le plus intime, le plus fidèle », raconte la douleur extrême de la marquise à la mort de Duseigneur le 13 mars 1916 (Migeon G., 1924, p. 5-6). Elle honorera sa mémoire par des actions philanthropiques à son nom dans les villes de Lyon et Paris. La plus célèbre est son don de deux millions de francs à l’Université de Paris en 1921 pour fonder un « Institut de l’Histoire de l’Art » en souvenir de M. Raoul Duseigneur. Elle instaurera plus tard l’Université parisienne comme sa légataire universelle (Recueil, p. 550).
Raoul Duseigneur et les collectionneurs et musées parisiens
Raoul Duseigneur est proche des musées et des collectionneurs de la capitale. Il vend à plusieurs collectionneurs contemporains comme Raymond Koechlin (1860-1931) (Guérin M., 1932, p. 75), Émile Guimet (1836-1918) ou encore Ernest Grandidier (1833-1912) (Chopard L., 2020). Il fait commerce avec le Musée du Louvre, le musée Guimet, l’Union centrale des arts décoratifs (UCAD) ou encore le musée de Sèvres. On retrouve également, dans ces institutions, plusieurs dons en son nom propre ou associé à celui de son frère (Musée Guimet, 1904, p. 39-40).
Notices liées
Personne / personne
Collection / collection d'une personne