Saint ermite du retable de Bergheim
Un ermite en prière devant une église (saint Onuphre ?) est représenté sur le volet senestre du retable. Le relief est encadré par deux colonnettes supportant un arc végétal orné de rinceaux de feuillages et de fleurs.
- Intervention de conservation, Michel Jeanne, 1987.
- Étude et restauration, Aubert Gérard, Anne Gérard-Bendelé, 1996.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2007.
- Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, Pantxika Béguerie-De Paepe, 2022.
Le relief du Saint ermite est constitué d’une planche de tilleul (ou deux planches ?), avec éléments secondaires assemblés. L’arc orné de feuillages et de fleurs est constitué de plusieurs pièces de tilleul (les colonnettes latérales sont sculptées dans le bâti du volet en bois résineux).
- Relief : plusieurs parties ajourées dans le bouquet d’arbres en haut du paysage.
- Relief : plusieurs fentes verticales, certaines comblées par des flipots.
- Fixation du relief et de l’arc sur le bâti du volet : plusieurs chevilles, clous forgés et clous postérieurs.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive). Surface du bois endommagée par les galeries d’insectes et les décapages.
- Principaux manques : extrémité d’un feuillage de l’arc ; parties de l’index et du majeur de la main gauche, et du chapelet de l’ermite ; éclats et manques sur les saillies du relief et sur les feuillages de l’arc.
- Interventions postérieures : restitutions des pouces de l’ermite et de l’angle senestre de la cuve de la source avec une partie du sol voisin.
Bois décapé, vestiges de la polychromie d’origine et d’une polychromie des années 1860-1870. Retable décapé une première fois, avant l’application de cette polychromie du 19e siècle, puis à nouveau dans l'atelier de Théophile Klem (1849-1923) à Colmar, après l’acquisition de l’œuvre par le Musée Unterlinden en 1909.
1.Vestiges de la polychromie d’origine :
Préparation blanche.
- Feuillages de l’arc, feuilles de la tunique de l’ermite : rouge orangé, or.
- Feuilles de la tunique de l’ermite : rouge orangé, or, glacis vert.
- Feuilles des arbres, sol (localement) : rouge orangé, vert.
- Sol (localement) : blanc gris.
- Cheveux de l’ermite : rouge orangé, brun ( ?).
- Carnations : rose.
2.Traces des polychromies postérieures :
Préparation blanche.
- Feuillages de l’arc : bleu (localement).
- Cuve de la source : brun, blanc.
- Sol (localement) : rouge, blanc, rouge orangé.
- Carnations : blanc.
Le personnage en prière présente plusieurs traits caractéristiques de l’iconographie médiévale de saint Onuphre, anachorète de la Thébaïde au 4e siècle et au début du 5e. Selon le récit du moine Paphnuce, Onuphre a quitté son monastère pour se retirer dans le désert, dans un lieu isolé près d’un palmier et d’une source. Décharné et hirsute, vêtu d’une tunique de palmes, il y vécut soixante ans, nourri par un ange qui lui apportait un pain et lui donnait la communion chaque semaine. La représentation de l’ermite agenouillé en prière devant une église, dans un paysage rocheux et boisé où coule une source, pourrait évoquer la communion de saint Onuphre. Le sculpteur semble s’inspirer de la scène centrale, S. Onofrii vita, d’une planche gravée, De variis heremi cultoribus, dans un ouvrage de Sebastian Brant publié à Bâle par Joseph Bergmann en 1494 (Albert Schramm, Der Bilderschmuck der Frühdrucke, t. XXII, Die Drucker in Basel, 2e partie, Leipzig, 1940, p. 33, 36, pl. 180 ; Roland Stieglecker, Die Renaissance eines Heiligen. Sebastian Brant und Onuphrrius eremita, Wiesbaden, 2001). Néanmoins, l’ange qui apporte l’hostie et le pain n’est pas représenté sur le relief et plusieurs éléments sont réinterprétés : les palmiers du désert deviennent des arbres feuillus, le corps velu du saint un corps aux membres lisse, sa jupe faite de palmes est transformée en tunique de feuilles de chêne, la petite construction en église monumentale. L’absence de l’ange et de l’hostie, attribut spécifique de saint Onuphre, est inhabituelle. L’accent est mis sur la prière fervente d’un ermite, dont la silhouette réduite apparaît dominée et enserrée par les éléments du paysage et de l’architecture. Les escarpements rocheux du sol montant et le traitement décoratif des feuillages et des troncs donnent l’image de la nature sauvage, selon les conventions de l’époque.
Rhin supérieur (Oberrhein), Strasbourg
Retable provenant de la chapelle de la commanderie des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem à Bergheim (Haut-Rhin), ancienne commanderie des Templiers (dite au 15e siècle « leTempelhof de Saint-Georges »). Lors de la Révolution, retable enlevé, enfoui et caché par un habitant de Bergheim, qui le garde ensuite dans sa maison. Transféré dans la chapelle de l’hôpital de Bergheim vers 1830. Menacé d’être vendu à des antiquaires parisiens par l’administration de l’hôpital, le retable est acquis par la Société Schongauer en 1909, avec une contribution financière du gouvernement de l’Alsace-Lorraine.
« Le secrétaire dépose deux photographies du retable d’un autel qui se trouve à Bergheim […]. M. Winckler donne quelques détails sur cet autel qui doit provenir de la chapelle du Tempelhof, et date du quinzième siècle. Il fait remarquer la belle exécution des reliefs et l’originalité de la composition du retable. Malheureusement celui-ci a subi, dans les années 60, une prétendue restauration qui a fait disparaitre l’ancienne peinture et y a substitué une nouvelle qui le défigure. ».
p. 21, n° 105 (« Autel à volets dans la chapelle de l’hôpital de Bergheim. Elégant travail exécuté par plusieurs maîtres avec l’aide de gravures contemporaines : Saint Georges à cheval, Annonciation, Adoration de l’Enfant Jésus, ermite en prière. […] »).
p. 192 (représentation fréquente en sculpture du voile avec le visage du Christ, deux reliefs conservés au musée de Colmar).