Maître de 1561 (Jean Brotin ?)
Le portrait d’homme sur fond vert comportant le nom de « Brontinus » au revers constitue l’œuvre de référence pour la reconstitution de la personnalité artistique du peintre, hypothétiquement identifiable avec Jean Brotin, ou Brutin, repéré par Natalis Rondot de 1528 à 1536 (Rondot 1888, p. 84). Nous savons qu’il participe en 1533 à l’Entrée de la reine Eléonore, où il aura certainement pu côtoyer Corneille de La Haye, dans la mesure où le style de ses œuvres s’inscrit parfaitement dans son atelier lyonnais. A l’occasion des travaux de 1533, les comptes de l’Entrée le citent auprès de deux autres peintres, Mathieu Chevrier et Jehan Viant, à qui l’on fournit des couleurs et du papier. Selon les sources disponibles, il travaille six jours et reçoit trois livres. Il habite dans le quartier de la rue Mercière, où il est voisin des peintres Daniel de Cran et Pierre Ratyer en 1529 (T. Lévy, « Mystères » et « joyeusetés » : les peintres de Lyon autour de 1500, thèse de doctorat, sous la dir. de F. Joubert, Paris-Sorbonne, 2013, 2, p. 29.). La rue Mercière dépend de la paroisse Saint-Nizier : c’est également sur la presqu’île qu’habite de nombreux imprimeurs et libraires, et surtout d’autres peintres que Jean Brotin a pu côtoyer, comme Corneille de Lyon et Mathieu Chevrier. Soulignons également, avec prudence car ce nom semble courant, qu’un Jean Brotin, peintre, participe en 1552 aux travaux décoratifs de l’Entrée Farnèse à Avignon. C’est la seule mention connue de cet artiste dans la ville des papes. Les deux villes étant géographiquement proches et facilement joignables grâce à l’axe rhodanien, il n’est pas impossible que des peintres de Lyon aient été engagés pour prêter main forte aux artisans locaux à l’occasion de ces travaux d’envergure.
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