Portrait d'un homme barbu

S’il est vrai que l'œuvre présente de fortes similarités avec Corneille d’un point de vue formel, par ses dimensions, sa composition ou encore la lumière venant de la gauche, la touche de l’artiste ne s’apparente pas à celle du maître. Cette dernière apparaît en effet plus fine et fondue, voire même vaporeuse par endroits, en particulier dans les représentations de détails épidermiques et capillaires. L’homme habillé de noir, qui demeure anonyme, est présenté de trois quarts, la tête et le regard tournés vers le spectateur, dans une aisance de mouvement habituellement absente des portraits du peintre de La Haye. Son costume, dont les textures et les nuances de noir sont délicatement travaillées, confirme la datation de 1561. En comparaison, les œuvres des années 1560 dues à Corneille, comme le portrait du jeune garçon conservé au Museum of Fine Arts de Boston (inv. 21.137), sont réalisées dans une touche beaucoup plus libre et liquide, résultant en une impression d’ensemble moins précise dans les détails morphologiques. De façon générale, l’aspect du portrait de 1561 est plus doux, laissant moins apparaître les traits de pinceaux, notamment dans les cheveux. De même, la figure semble plus en chair que les effigies de Corneille, avec une chevelure et des vêtements définis avec davantage de soin. Cette facture plus fine, conférant à l'œuvre un aspect fondu par endroits, ne se retrouve en effet pas dans les portraits parfois davantage brossés et épais du maître de La Haye, comme dans le Portrait de Pierre Aymeric du Louvre. 

Les inscriptions au revers posent question. Selon Alexandra Zvereva (communication orale, 2023), elles sont de trois mains différentes. La plus ancienne, la date de 1561 en chiffres romains, est grattée. Le nom de « Brontinus » à l’encre n’est pas incompatible avec une graphie de la Renaissance mais elle pourrait également être un report plus tardif d’une inscription originelle qui aurait disparue. 

Brontinus

MDLXI

PINSIT ANNO