Pottier, Edmond
(source : AP, 7D199, acte n° 1029)
Mère : Servier, Sophie Anne
Père : Pottier, Marie Ferdinand, ingénieur civil
Épouse : Gorges, Madeleine Paule
10 bis rue du Pré aux clercs, 7e arrondissement
(source : AP, 7D199, acte n° 1029)
10 bis rue du Pré aux clercs, 7e arrondissement
(source : AP, 7D199, acte 1029)
Pottier fut nommé conservateur adjoint au département des Antiquités orientales et de la céramique antique du musée du Louvre en 1893, puis conservateur en 1910, poste qu'il quittera par un départ anticipé à la retraite en 1925 pour se consacrer exclusivement à la recherche. Avait commencé sa carrière au Louvre en 1884 comme attaché libre (non rémunéré), puis comme attaché (1886), sous la direction de Léon Heuzey. Passa plus de 40 ans dans l'institution et intégra le Conseil des Musées en 1927. Mena en parallèle une carrière d'enseignant à l'École du Louvre, y devint suppléant d'Heuzey en 1884, puis titulaire en 1908. Eut de son vivant une salle à son nom à l'École. Organisait ses cours de façon à privilégier l'étude des objets eux-mêmes et des collections. À savoir : des conférences magistrales avec projections à la lumière hivernale (décembre-mars), des cours dans les galeries, devant les vitrines et en présence des œuvres, au printemps (mars-juin), (Alfred Merlin, « L'œuvre d'Edmond Pottier au musée et à l'École du Louvre », Bulletin des Musées de France, 6e année, n° 10, décembre 1934, p. 190-203 et Henri Verne et alii, L'École du Louvre 1882-1932, Paris, 1932, p. 49-41).
René-Jean est l’interlocuteur privilégié de Pottier à la Bibliothèque d’art et d’archéologie (source : BINHA, Autographes 145,1,1020-1259, cf. infra René-Jean). Les lettres du conservateur du Louvre informent sur les échanges de bons procédés entre les deux institutions. Il s’agit pour l’essentiel de la mutualisation de la ressource photographique : dépôt des plaques de verre de Pottier à la Bibliothèque d’art et d’archéologie, accès privilégié aux œuvres du Musée pour le photographe de la BAA, partage des épreuves. S’y ajoute, au profit de Pottier, la production de « clichés à projections » pour ses propres cours.
Dès la création de la Bibliothèque, Edmond Pottier compte parmi les conseillers de René-Jean : « Je serai heureux de causer avec vous de la Bibliothèque Doucet et des moyens de l’enrichir. » (source : BINHA, Autographes René-Jean, 145-1-1020). À ce titre, il envoie sur les conseils de François Thureau-Dangin à la bibliothèque Doucet une liste de livres sur l’Assyriologie à acquérir (source : BINHA, Autographes René-Jean, 145-1-1023). Par ailleurs, Edmond Pottier recommande pour la bibliothèque l’achat du livre de François Thureau-Dangin une relation de la huitième campagne de Sargon, ouvrage que la bibliothèque peut se procurer chez Geuthner (source : BINHA, Autographes René-Jean, 145-1-1035).
En 1909, au nom de Thureau-Dangin, Edmond Pottier donne également l’ouvrage sur les Inscriptions de Sumer et Akkad que ce dernier a publié afin que compléter la section assyriologique de la Bibliothèque Doucet. (source : BINHA, Autographes René-Jean, 145-1-1021).
Edmond Pottier est inscrit à la Bibliothèque d'art et d'archéologie en 1910 pour une unique venue (source : Fichier des lecteurs, AN, AJ/16/8416-8417). Ses rencontres avec René-Jean se font dans son bureau du Louvre, et les reproductions faites par la Bibliothèque à son intention sont livrées au Musée ou à son domicile. A partir de cette date, les lettres portent pour l’essentiel sur la mutualisation de la ressource photographique : accès privilégié aux œuvres du Musée pour le photographe de la BAA (cf. infra Devismes), partage des épreuves et conditions d'utilisations ; dépôt des plaques de verre de Pottier à la Bibliothèque d’art et d’archéologie (cf. infra donateur).
A partir de 1902 Pottier recourt aussi à la Bibliothèque pour la production de « clichés à projections », pour les cours qu’il dispense à l’École du Louvre. La Bibliothèque devient, en quelque sorte, un prestataire rendant un service gracieux, plus efficace et rapide que ne pourrait l’être le Louvre, lui-même, vis-à-vis des conservateurs enseignants :
Lettre du 18 novembre 1912 (extrait) : « Par la même occasion, si votre opérateur peut me faire pour mon cours en clichés à projections, les deux cartes qui sont dans Maspero, Hit. Anc. des peuples de l’Orient classique, tome II, les Empires, page 421 […] et page 468 […], je vous en serai bien reconnaissant » (source : BINHA, Autographe 145,1,1031).
Lettre du 15 novembre 1913 (extrait) : « Votre photographe vous rapportera 34 épreuves de clichés faits d’après les vases du Louvre et si ce n’est pas trop abuser de l’obligeance de la Bibliothèque Doucet à notre égard, je vous demanderai si l’on pourrait me transformer ces épreuves en clichés à projections pour mon cours […] Ce serait une quarantaine de projections qui me seraient très précieuses pour mon cours de cette année, car ce serait la première fois que je pourrais montrer, non pas des reproductions de ces vases d’après des planches et des calques, mais d’après les originaux eux-mêmes, et je crois que l’effet au tableau en doit être tout différent […] » (source : BINHA, Autographe 145,1,1042).
Lettre du 5 décembre 1913 (extrait) : « Puisque vous voulez bien m’encourager à « abuser », je vous fais remettre encore pour votre photographe une douzaine d’épreuves qui seraient à transformer en projections et qui me seraient très précieuses à avoir. » (source : BINHA, Autographes 145,1,1044).
Lettre du 21 décembre 1913 (extrait) : « Ne croyez pas qu’il ait besoin de recommencer les projections déjà faites, elles peuvent parfaitement tenir. Je recommande seulement, pour l’avenir, de les tenir un peu plus claires. » (source : BINHA, Autographes 145,1,1046).
Après 1914, Edmond Pottier entretient une correspondance privée avec René-Jean (source : BINHA, Autographes 145-1-1060 à 1067).
Remise par Théophile Homolle, son collègue du Louvre. Avait été précédemment nommé chevalier le 20 janvier 1899 et officier le 5 avril 1903 (source : AN, 19800035/249/33205).
Normalien (1874) et agrégé de lettres (1877), Pottier séjourne en Grèce comme membre de l’École française d’Athènes (1877-1880), s’y spécialise dans l’étude de la céramique antique, puis fouille en collaboration avec Salomon Reinach la nécropole de Myrina en Asie mineure (1880-1882). De retour en France, entame une brève carrière universitaire comme maître de conférences de littérature grecque à l’université de Rennes (1880-1883), puis comme chargé de cours à Toulouse (1883-1884). Soutient sa thèse en Sorbonne sur Les Lécythes blancs attiques à représentations funéraires (1883). Ce sont d’autres emplois, parisiens, qui s’offrent alors à lui avec le soutien de Léon Heuzey, conservateur du nouveau département des « Antiquités orientales et de la céramique antique ». Pottier entre au Louvre comme attaché libre (1884), puis attaché (1886) et devient conservateur adjoint (1893). Commence simultanément, comme suppléant d'Heuzey, un enseignement d’archéologie et l’histoire de l’art à l’École des Beaux-Arts (1884) et un cours d’archéologie orientale et de céramique antique à l’École du Louvre (1886). Sa carrière muséale et celle d’enseignant vont de paire et convergent vers un même apogée : Pottier devient professeur titulaire aux Beaux-Arts et à l’École du Louvre en 1908 ; conservateur du Louvre en 1910. Membre de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres depuis plus longtemps encore (1899), il est la figure incontestée de la céramographie antique. Son enseignement, très suivi, et ses publications s’étendent progressivement aux arts assyriens, perses et hittites. (Ève Gran-Aymerich, Dictionnaire biographique d'archéologie 1798-1945, Paris, 2001, p. 543-544).
Pottier reprend ou initie des projets éditoriaux d’importance qu’il porte dans la durée. En premier lieu les 10 volumes collectifs du Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, en soutien puis en remplacement d’Edmond Saglio (1884-1919). Il écrit seul le Catalogue des vases antiques du Louvre en trois volumes (1896-1906) qui conjoint deux ambitions : dans sa structure, une présentation détaillée des collections du musée, à la façon d’un guide, c’est-à-dire salle après salle (A à G), tel qu’il les avait organisées ; par sa science et la nouveauté des points de vue, un ouvrage de référence pour le monde savant. Pottier double ces publications non illustrées de 3 albums savants Vases antiques du Louvre (1897-1922), puis produit les 8 premiers fascicules des collections du Louvre dans le Corpus vasorum antiquorum (1923-1933), projet d’inventaire international dont il eut l’idée, qu’il coordonna et qui se poursuit jusqu'à nos jours. Dirigea aussi la Revue archéologique (1915-1934) et la revue Syria (1920-1934).
Vases grecs, terres cuites grecques, antiquités du proche orient
Pottier, encore étudiant, fit la connaissance de Léon Heuzey : « C’est vers l’année 1879 que, revenant en congé de l’École d’Athènes, je fus pour la première fois reçu par Léon Heuzey au Louvre. Je le trouvai dans le vaste bureau, un peu sombre, tout peuplé d’armoires, de tables et de paperasses entassées, qu’il devait occuper jusqu’à sa retraite et je ne me doutais pas que dans cette chambre d’aspect sévère, où me parlait à voix presque basse un homme d’allures réservées et discrètes, devaient se dérouler tant d’années heureuses et laborieuses de ma propre existence [...] » (Revue archéologique, 5e série, t. 15, 1922, p. 324). Pottier entra ensuite au département des Antiquités orientales et de la céramique antique du Louvre avec son soutien et marcha dans ses pas. Il fut son suppléant puis son successeur comme enseignant aux Beaux-arts et à l'École du Louvre. Trois ans après le départ d'Heuzey du Louvre, Pottier, nommé conservateur, dirige à son tour le département. Pottier préfaça l'Histoire du costume antique d'après des études sur le modèle vivant, à laquelle travaillait Heuzey jusqu'à la fin de ses jours (Paris, 1922) et rédigea plusieurs hommages ; officiel et de son vivant (« Le Jubilé de M. Léon Heuzey », La Revue de Paris, 15 novembre 1911, p. 277-294) ou posthume et plus personnel (Revue archéologique, 5e série, t. 15, 1922, p. 324-331).
À quelques années d'intervalle, Salomon Reinach et Edmond Pottier ont le même cursus : Lycée Condorcet, École normale supérieure, agrégation et École française d'Athènes où ils se lient d'amitié. Assurent avec Alphonse Veyries, qui décède en décembre 1882, la fouille de Myrina. Travaillent ensemble sur le chantier ou s'y succèdent (1880-1882). En livrent les résultats dans une publication commune (Nécropole de Myrina, 2 vol., Paris, 1887-1888). Les centaines de lettres de Pottier à Reinach ont été conservées et portent sur tous les sujets, personnel, professionnel et scientifique (source : Aix-en-Provence, Bibliothèque Méjane, Fonds Salomon Reinach, boîtes 125 - 127). Les deux hommes se retrouvent au sein de nombreuses institutions : enseignent, par exemple, l'un et l'autre à l'École du Louvre, ou codirigent à partir de 1915 la Revue archéologique . Il revint à Pottier d'écrire dans ses pages la nécrologie de Reinach (1er juillet 1932, p. 137-150), (Hervé Duchêne, « Aventure archéologique et amitié épistolaire : Edmond Pottier, Salomon Reinach et les fouilles de Myrina », Journal des savants, 2002, n° 2, p. 379-440 ; Jacques Jouanna, « Les Reinach et les revues savantes », Au-delà du savoir : Les Reinach et le monde des arts, Paris, 2017, p. 1-18, en particulier p. 7-11 (Cahiers de la Villa Kérylos, 28).
René-Jean, inscrit à l’École du Louvre, y suivit comme « auditeur » les cours d’Edmond Pottier et en témoignera bien plus tard (René-Jean, « Souvenirs en triptyque », dans l’École du Louvre 1882-1932, Paris, 1932, p. 90-95, en particulier p. 93-94). Pottier, alors fort âgé, l'en remercia :
Lettre du 8 février 1932 (Pottier à René-Jean) : « Cher Monsieur, En lisant le nouveau volume sur l’École du Louvre, j’ai eu l’agréable surprise de trouver une page de votre triptyque consacrée à mon cours et je veux vous remercier de tout ce qu’elle contient d’amical et de délicat pour moi. La vraie récompense d’un professeur n’est pas tant d’inculquer quelques connaissances nouvelles à ses auditeurs que de toucher leur esprit et de mériter leur confiance. Tout ce que vous dites sur ce sujet me touche profondément et me fait espérer que j’ai pu réussir dans cette tâche fondamentale. Vous y joignez aussi un sentiment de bienveillance et d’affection que depuis longtemps j’ai éprouvé auprès de vous et qui est de tous points réciproques. Je vous remercie donc doublement et je vous prie de me croire, cher Monsieur, votre très cordialement attaché. E. Pottier » (source : BINHA, Autographes 145,1,1067).
Les deux hommes travaillaient tous deux sur les objets issus de la collection Campana : Pottier sur la collection des vases antiques dont le Louvre reçut la plus grande part, René-Jean en collaboration avec Paul Perdrizet sur la recension des tableaux dispersés dans les collections françaises (La Galerie Campana et les musées français, Paris, 1908).
Les deux hommes correspondent entre 1908 et 1932, principalement sur des questions pratiques liées à la Bibliothèque (source : BINHA, Autographes 145,1,1020-1067, lettres de Pottier à René-Jean). Alors que René-Jean est à peine rentré au service de Doucet et que la Bibliothèque n'est pas encore ouverte au public, Pottier répond positivement à ses sollicitations :
Lettre du 29 septembre 1908 : « Cher Monsieur, Je serai heureux de causer avec vous de la Bibliothèque Doucet et des moyens de l’enrichir. Vous me trouverez, vous le savez, chaque après-midi au Louvre, sauf le vendredi. Croyez cher Monsieur, à l’assurance de mes sentiments très sympathiques et dévoués. E. Pottier » (source : BINHA, Autographes 145,1,1020).
Lettre du 9 juillet 1909 : « Cher Monsieur, Je vous suis bien reconnaissant d’avoir songé à nous pour les travaux de votre photographe [Devismes, qu’on sait embauché dans l’année par Jacques Doucet]. Je ne vois rien pour le moment qui soit urgent et que je puisse vous désigner ; mais j’y penserai et si je vois quelque chose d’intéressant à vous demander, je ne manquerai pas de profiter de votre offre si obligeante. Bien cordialement à vous. E. Pottier » (source : BINHA, Autographes 145,1,1022).
Lettre du 16 juillet 1909 : « Cher Monsieur, Je vous envoie la liste que Thureau Dangin [collègue de Pottier au Louvre] m’a remise pour vous des principaux ouvrages d’archéologie concernant les antiquités chaldéennes et assyriennes. Ce premier fonds constituerait ce qui est essentiel. Veuillez croire, cher Monsieur, à mes sentiments amicalement dévoués. E Pottier » (source : BINHA, Autographes 145,1,1023).
Lettre du 24 février 1910 : « Cher Monsieur, Vous m’avez dit qu’en cas de besoin, je pourrais avoir recours à vous pour me faire exécuter quelques clichés à projection, destinés à mon cours du Louvre. Notre chef d’atelier étant très pris en ce moment et d’ailleurs peu expérimenté encore, je vous serais très obligé, si vous avez l’Ephémeris archéologique d’Athènes [Archaiologike Ephemeris], de me faire exécuter en cliché 8 x 10 (positif), le lécythe d’Erétrie de l’année 1905, pl. 1 […] C’est un très ancien tableau d’intérieur qu’il me serait bien utile de pouvoir montrer, dans la série des lécythes à fond blanc. A vous cordialement, en vous remerciant d’avance. E Pottier » (source : BINHA, Autographes 145,1,1024).
De fait, le tout venant de la correspondance concerne principalement les conditions pratiques et organisationnelles relatives aux prises de vue dans les murs du Louvre et la gestion des clichés : partage des épreuves ; interdiction d'usage commercial sans accord préalable ; droits de reproduction disputés par Braun et Cie (cf. infra Devismes).
Les lettres échangées après 1914 sont à caractère privé (source : BINHA, Autographes 145,1,1060-1067).
Notice catalogue BNF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb12144783v
tampon encre : Cliché M. Pottier
Archéologue, conservateur au Musée du Louvre (1891), collaborateur de Salomon Reinach. 20 boites de clichés de vases et de terres cuites du Louvre ont été transférées en 1920 de la BAA aux Archives, service photographiques de Beaux-Arts. Cf. correspondance dans les archives des collections photographiques de la BAA.