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Dutuit, Héloïse

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Publiée
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jnorindr
Dernière modification
29/01/2024 16:52 (il y a 11 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Dutuit
Prénom : 
Héloïse
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Dutuit
Prénom : 
Amédée Jean-Baptiste Héloïse
Qualificatif : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
10 avril 1810
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
29 mai 1874
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1830 - 1874
Adresse : 

79 quai du Havre

Code postal : 
76000
Ville : 
Commentaire Adresses : 

Ancien 21A quai du Havre.

Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1856 - 1874
Adresse : 

Château d'Epremesnil

Code postal : 
76610
Ville : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Eugène, Héloïse et Auguste Dutuit, collectionneurs d’art asiatique

La collection Dutuit, aujourd’hui conservée au Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, a été léguée par le dernier survivant d’une fratrie de célibataires sans enfant : Eugène (1806-1886), Héloïse (1810-1874) et Auguste (1812-1902) Dutuit. Tous trois héritiers d’une fortune considérable réunie par leurs deux aïeux paternel et maternel, Pierre-Etienne Dutuit (1742-1811) et Jacques-Vivien Duclos (1745-1837), dans la filature et le commerce du coton, en Normandie, en Provence et à Paris (Chaline J.-P., 1982, p. 110-114), ils ont consacré l’essentiel de leur existence à constituer une collection artistique de premier plan. L’activité d’Eugène Dutuit, l’aîné, principalement connu comme amateur d’estampes et de livres, et celle d’Auguste Dutuit, le benjamin, comme amateur d’antiques, sont bien connues. Celle de leur sœur l’est beaucoup moins. Peut-être aurait-elle été oubliée d’ailleurs si son frère Auguste, dans le premier testament qu’il rédige le 30 septembre 1886, repris dans les testaments postérieurs, n’avait évoqué : « la collection artistique bien connue, ayant appartenu tant à ma sœur Amédée-Jean-Baptiste Héloïse Dutuit, mon frère Eugène Dutuit et ainsi qu’à moi ».

Il n’existe que peu de documents sur Héloïse Dutuit dans les archives liées à la collection (archives de la succession conservées aux Archives départementales de Seine-Maritime (non classées), Archives du Petit Palais, à Paris et Archives du bureau des dons et legs de la Ville de Paris). C’est, pourtant, elle que Georges Cain (1853-1919), conservateur du musée Carnavalet entre 1897 et 1914 et chargé d’accueillir le legs pour la Ville de Paris en 1902, désigne d’abord à l’origine de la collection asiatique : « Mlle Héloïse Dutuit […] avait formé une très précieuse collection d’objets chinois et japonais, de laques, de jades, de boîtes d’ivoire ; elle avait su, par le choix parfait de ces fragiles objets, apporter une note féminine et charmante dans cette collection un peu austère. » (Cain G., 1902, p. 442). Peut-être Georges Cain, à l’occasion des inventaires de la collection qu’il fut chargé de faire en 1902 (AP, 3111W40), eut-il à connaître d’autres témoignages. On l’ignore cependant et on ne connaît aujourd’hui que quelques factures envoyées pour règlement à son frère Eugène par la maison Beurdeley : « le 22 juillet 1862. Par Mademoiselle Dutuit. Quatre tasses de Chine. Payé 110 frs. » ; « Le 2 décembre [1863] à Mlle Dutuit. Six assiettes de Chine. 240 francs. » ; le 8 janvier 1870 : « Votre beau vase acheté par Madame votre sœur » (Musée des Beaux-Arts de la ville de Paris – Petit Palais (MBAP PP), s.c., boîte « Collection Dutuit. Factures d’objets d’art »). Il est hélas impossible de reconnaître ces objets dans la collection conservée au Petit Palais.

Cette hypothèse d’un rôle majeur d’Héloïse Dutuit dans l’histoire de cette collection, même si elle est peu étayée, ne doit pas être négligée. Comme l’a récemment mis en évidence Elizabeth Emery, il existe, dans la deuxième moitié du XIXsiècle, une présence affirmée des femmes parmi les collectionneurs d’art asiatique (Emery E., 2020) : celle de Clémence d’Ennery (1823-1898), fondatrice du musée qui porte son nom, est emblématique. La collection d’Adèle de Rothschild (1843-1922), baronne Salomon de Rothschild, proche de celle des Dutuit, a été récemment étudiée (d’Abrigeon P., 2019). On citera encore, représentées au Musée Oriental de 1869 (voir le Catalogue du Musée oriental qui donne le nom des prêteurs), et, de fait, concurrentes de la collection Dutuit, celles de Mme Desoye (1836-1909) ou de Mme Malinet, épouses et collaboratrices de marchands de curiosités. Au demeurant, si l’on ignore tout ou presque d’Héloïse Dutuit, on la sait néanmoins, par les factures, les inventaires et la correspondance, amatrice de fourrures, de châles, de bijoux et de mondanités (voir notamment la vente des biens mobiliers de 1904, AD 76, 6 E 1 808).

Les archives de ses deux frères étant plus riches, et leur vie plus longue, les témoignages de leur intérêt pour les objets asiatiques sont aussi plus nombreux. Leur correspondance (AD 76, 220 JP 2068) en donne plusieurs exemples : en avril 1868, Auguste écrit : « Je te fais compliment de tes cinq pots chinois. Je les connais ils sont bien payés mais enfin ils sont jolis. ». Il s’agit des vases rouges du XVIIIe siècle exposés et reproduits en 1869 sous le no 8 (MBAP PP, inv.num. ODUT1198). En juin 1875, Auguste fait l’acquisition de « blancs de la Chine » qu’il envoie aussitôt à Rouen. On peut sans doute reconnaître ici les deux chiens de Fô du XVIIIe siècle du Petit Palais (MBAP PP inv.num. ODUT1209). En juin 1878, il envoie à son frère « trois pièces de Chine », difficiles à identifier. On remarquera ici que certains objets de la collection ont donc été acquis en Italie, Auguste Dutuit étant installé à Rome depuis au moins 1862 (Los Llanos J., 2015, p. 17).

D’autres documents d’archives, des factures ou des mémoires, nous renseignent sur les marchands de curiosités avec lesquels ils sont en affaires à Paris, notamment pour leur collection chinoise et japonaise. Avec Louis-Auguste-Alfred Beurdeley (1808-1882) qui tient boutique au « Pavillon de Hanovre », 33 boulevard des Italiens, citons encore Nicolas-Joseph Malinet (1805-1886), installé 25 quai Voltaire, et Delange, père et fils, au 15 quai Voltaire. Carle, fils de Joseph-Henri Delange (1805-1876), succède alors peu à peu à son père comme un des intermédiaires les plus actifs pour les acquisitions en vente publique des Dutuit. Leur nom est abondamment cité dans leur correspondance. La plus ancienne facture conservée date de 1855, émise par la maison Beurdeley, sans mention du prénom de l’acheteur : « Deux petites tasses. Porcelaine de Chine. Payé 60 francs » (MBAP PP, s.c., boîte « Collection Dutuit. Factures d’objets d’art »). On peut supposer néanmoins que leurs acquisitions remontent plus tôt.

Les noms de ces marchands apparaissent aussi sur des documents relatifs aux expositions auxquelles ils prêtaient régulièrement : les Dutuit avaient pour habitude de laisser en dépôt leurs acquisitions chez leurs fournisseurs. On les retrouve encore cités dans leur correspondance, notamment pendant la Commune (AD 76, 220 JP 2068). Delange et Malinet, voisins du Palais d’Orsay incendié le 23 mai 1871, conservaient alors dans leurs magasins un nombre important d’objets des Dutuit : ceux-ci s’en inquiétèrent légitimement. Plus tard, après la mort de son frère Eugène, en 1886, Auguste Dutuit, qui allait résider plus régulièrement encore à Rome, continuerait d’entretenir des relations très étroites, voire amicales, avec ces marchands qui le représentaient sur le sol français.

Article rédigé par José de Los Llanos

Commentaire biographique : 

Eugène, Héloïse, and Auguste Dutuit, collectors of Asian art

The Dutuit collection—now held in the Petit Palais, the Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris—was bequeathed by the last surviving member of childless siblings: Eugène (1806–1886), Héloïse (1810–1874), and Auguste (1812–1902) Dutuit. All three were heirs to a considerable fortune amassed by their two paternal and maternal ancestors, Pierre-Etienne Dutuit (1742–1811) and Jacques-Vivien Duclos (1745–1837), in cotton spinning and cotton trade, in Normandy, Provence, and Paris (Chaline, J.-P., 1982, pp. 110–114). They devoted most of their lives to compiling an extraordinary artistic collection. The activities of Eugène Dutuit, the eldest, who is mainly known as a collector of prints and books, and those of Auguste Dutuit, the youngest of the children, as a collector of antiques, are well known. Their sister’s activities are less well known. Perhaps she may have been forgotten if her brother Auguste, in the first will (and repeated in later wills) he drew up on 30 September 1886, had not mentioned: ‘the well-known art collection, which belonged in equal measure to my sister Amédée-Jean-Baptiste Héloïse Dutuit, my brother Eugène Dutuit, and myself’.

Very few documents about Héloïse Dutuit exist in the archives relating to the collection (the inheritance archives held in the Seine-Maritime’s Archives Départementales (not classified), the archives of the Petit Palais, in Paris, and the archives of the Bureau des Dons et Legs (donations and bequests) of the City of Paris). And yet, Georges Cain (1853–1919), the Curator of the Musée Carnavalet between 1897 and 1914 who was responsible for receiving the bequest for the Ville de Paris in 1902, designated her as being at the origin of the Asian Collection: ‘Mademoiselle Héloïse Dutuit (…) had assembled a very precious collection of Chinese and Japanese objects, lacquer objects, jades, and ivory boxes; she managed, through her perfect selection of these fragile objects, to add a feminine and charming touch to this slightly austere collection’. (Cain, G., 1902, p. 442). Perhaps Georges Cain, when he was drawing up the inventories of the collection in 1902 (AP (Paris archives), 3111W40), came across other accounts. But we do not know and we are only aware of several invoices sent for settlement to her brother Eugène by the Maison Beurdeley: ‘On 22 July 1862. By Mademoiselle Dutuit. Four Chinese cups. Bought for 110 francs’; ‘On 2 December [1863] to Mademoiselle Dutuit. Six Chinese plates. 240 francs.’; on 8 January 1870: ‘Your beautiful vase bought by Madame, your sister’ (MBAP PP (inv. no. unknown), box: ‘Dutuit Collection. Invoices for objects d’art’). Unfortunately, it is impossible to identify these objects in the collection held in the Petit Palais.

The hypothesis of Héloïse Dutuit’s major role in the history of this collection, even if it is relatively unconfirmed, should not be neglected. As recently highlighted by Elizabeth Emery, in the second half of the nineteenth century there was a distinct presence of women amongst collectors of Asian art (Emery E., 2020): that of Clémence d’Ennery (1823–1898), the founder of the museum that bears her name, is emblematic. The collection of Adèle de Rothschild (1843–1922), Baroness Salomon de Rothschild, similar to that of the Dutuits, has been studied recently (d’Abrigeon, P., 2019). Also worth mentioning, represented in the Musée Oriental in 1869 (see the Catalogue du Musée Oriental, which lists the names of the lenders), and, consequently concurrent with the Dutuit Collection, are the collections of Madame Desoye (1836–1909) and Madame Malinet, the wives and collaborators of dealers in curiosities. Indeed, while nothing or very little is known about Héloïse Dutuit, we do know—via the invoices, inventories, and correspondence—that she loved fur, shawls, jewellery, and socialising (see, in particular, the sale of her furniture in 1904, ADSM, 6 E 1 808).

The archives of her two brothers are more extensive, and, as they lived longer lives, there are also far more accounts of their passion for Asian objects. Their correspondence (ADSM, 220 JP 2068) provides several examples: in April 1868, Auguste wrote: ‘I must compliment you on your five Chinese pots. I know they were expensive, but they are very fine’. These were eighteenth-century red vases exhibited and reproduced in 1869 under no. 8 (MBAP PP, inv. no. ODUT1198). In June 1875, Auguste purchased ‘blancs de Chine’, which he immediately transferred to Rouen. No doubt this refers to the two eighteenth-century Fo dogs from the Petit Palais (MBAP PP inv. no. ODUT1209). In June 1878, he sent his brother ‘three Chinese items’, which are difficult to identify. Hence, it is to be noted that certain objects in the collection were acquired in Italy, as Auguste Dutuit had been living in Rome since at least 1862 (Los Llanos, J., 2015, p. 17).

Other archive documents, invoices,and memoirs provide information about the dealers in curiosities with whom they did business in Paris, in particular with regard to their Chinese and Japanese collection. In addition to Louis-Auguste-Alfred Beurdeley (1808–1882) who ran the shop at the ‘Pavillon de Hanovre’, 33 Boulevard des Italiens, we should also mention Nicolas-Joseph Malinet (1805–1886), based at 25 Quai Voltaire, and Delange, father and son, at 15 Quai Voltaire. Carle, the son of Joseph-Henri Delange (1805–1876), gradually took over from his father as one of the most active intermediaries for the Dutuits’ acquisitions at public sales. Their name features very often in their correspondence. The oldest of the invoices dates from 1855, and it was issued by the Maison Beurdeley, but there is no mention of the buyer’s name: ‘Two small cups. Chinese porcelain. Bought for 60 francs’ (MBAP PP, (inv. no. unknown), box: ‘Dutuit Collection. Invoices for objects d’art’). It is feasible, nevertheless, that their acquisitions were made earlier.

The names of these dealers also appear in documents relating to exhibitions to which they regularly loaned objects: the Dutuits had a habit of leaving their acquisitions with their suppliers. They are mentioned again in their correspondence, in particular, during the events of the Paris Commune (ADSM, 220 JP 2068). At the time, Delange and Malinet, neighbours of the Palais d’Orsay, which burned down on 23 May 1871, kept a large number of the Dutuits’ objects in their storerooms: they had legitimate concerns about their acquisitions. Later, after the death of his brother Eugène, in 1886, Auguste Dutuit, who later on lived on a more regular basis in Rome, continued to maintain very close, even friendly, relations, with these dealers who represented his interests in France.

Article by José de Los Llanos (Translated by Jonathan & David Michaelson)

Evénements
Type d'événement : 
Date de l'événement : 
1870 - 1871
Lieu de l'événement : 
Commentaire Evénements : 

Exil à Brighton pendant la guerre franco-prussienne.

Thèmes d'étude
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Liens entre personnes
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Auguste et Héloïse Dutuit sont frère et soeur.

Type de lien horizontal : 
Commentaire Type de lien horizontal : 

Eugène et Héloïse Dutuit sont frère et soeur.

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Malinet effectuait pour les Dutuit, des achats sur commandes dans des ventes aux enchères, se rendant parfois jusqu’à Londres dans ce seul but, mais il entreposait aussi certains objets des Dutuit et en assurait la surveillance et l’emballage en vue d’une exposition. Son principal interlocuteur semble être Eugène Dutuit (1807-1886) qui rassemble une immense collection d’art – plus de dix-huit-mille pièces dont une partie d’art asiatique – avec son frère Auguste (1812-1902) et sa sœur Héloïse (1810-1874). (Source : Notice Agorha « Joseph Malinet » rédigée par Pauline d'Abrigeon).

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Date de consultation : 
02/03/2021
Référence de notice : 
FRBNF11935081
Date de consultation : 
01/04/2021
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
José de Los Llanos