Sainte Anne trinitaire
La sculpture représentant sainte Anne trinitaire occupe la caisse d’un retable de petites dimensions, œuvre de dévotion à usage privé.
- Intervention de conservation, Aubert Gérard, 1988.
- Étude et restauration de la sculpture, Anne Gérard-Bendelé, 1991.
- Identification du bois, Élisabeth Ravaud, Centre de restauration et de recherche des musées de France, 2013.
- Analyses de la polychromie, Anne-Solenn Le Hô, 2016.
Sculpture taillée dans une pièce principale de bois (tilleul) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sous la base, deux fines entailles (chacune, L. 1,3 cm environ) distantes de 4,5 cm ; sur la tête de l’Enfant, une petite cavité rectangulaire (3 x 1 mm ; trace d’étau ?).
- Traces d’outils : sous la base, traces de scie et d’une gouge creuse à lame étroite (L. 5 mm environ) ; sur la face interne de la couronne de la Vierge, traces parallèles d’une gouge de même type ; au revers en partie haute, traces de gouge à l’arrière des personnages.
- Éléments assemblés : main droite de la Vierge ; main gauche de sainte Anne et main gauche de l’Enfant Jésus (restituées), probablement assemblées à l’origine.
- Traces de la fixation d’origine dans la caisse du retable : au revers, deux cavités de section carrée (2 x 2 mm) correspondant à deux trous percés dans le fond vertical de la caisse ; une cheville arasée sous la base.
- Manques : quelques extrémités des pointes de la couronne.
- Interventions postérieures : restitution du pouce et des extrémités des autres doigts de la main droite de la Vierge, de la main gauche de sainte Anne et de celle de l’Enfant ; au revers, cavité centrale pour une vis, qui servait à la fixation de la sculpture dans la caisse et correspond au trou percé dans le fond vertical de la caisse.
Polychromie d’origine de la sculpture, avec quelques lacunes, usures et reprises locales. Peinture des volets, polychromie de la caisse et de la sculpture vraisemblablement conçues ensemble et exécutées dans le même atelier.
1. Polychromie d’origine :
Préparation blanche (carbonate de calcium).
- Manteaux : bol (terre, oxyde de fer), or.
- Coussin : bol, or, glacis vert (pigment au cuivre organométallique), glacis rouge et vert sur les glands.
- Couronne et chevelures : couche à base de terre et de minium (mixtion ?), or lacunaire (or, un peu de cuivre et d'argent).
- Banc : bol (terre, oxyde de fer), argent lacunaire et altéré.
- Robe de sainte Anne : décors moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués » ; stratigraphie : 1. préparation ; 2. matériau de remplissage blanc (à base de carbonate de calcium) ; 3. feuille d'étain ; 4. mixtion ; 5. feuilles d’or (lacunaires) ; 6. rehauts de glacis vert (pigment au cuivre organométallique) et rouge, presque totalement disparus.
- Robe de la Vierge : une seule couche bleue (azurite).
- Revers des robes : rouge vif.
- Revers du manteau de sainte Anne : bleu.
- Revers du manteau de la Vierge : rouge (vermillon), glacis rouge.
- Carnations : sous-couche (blanc de plomb), couche rose très pâle (blanc de plomb, grains de colorant rouge fixé sur un substrat minéral) avec joues et mentons rose vif ; détails des visages très soignés : fin trait ocré pour les sourcils, yeux avec iris brun clair cerné de brun foncé, petite touche rouge ponctuant le coin interne, paupière inférieure bordée d’un trait rouge, paupière supérieure de rouge plus sombre, lèvres indiquées en rouge vif ; sur le corps de l’Enfant, détails anatomiques soulignés de rose clair, tels les plis de chair sur le buste et les cuisses ou les saillies des genoux.
2. Polychromie postérieure : reprises locales, notamment couche rose de la fin du 19e siècle sur les parties restituées, doigts de la Vierge, mains de sainte Anne et de l’Enfant.
La représentation de sainte Anne trinitaire (en allemand : Anna Selbdritt), réunissant trois personnes, Anne, sa fille la Vierge Marie, et son petit-fils Jésus, prend des formes diverses à la fin du Moyen Âge. La Sainte Anne trinitaire du retable de Colmar suit l'un des types iconographiques les plus répandus dans l’art allemand gothique tardif. D’importance égale, la Vierge Marie et sa mère sont assises côte à côte. La chevelure dénouée de la Vierge fait allusion à sa jeunesse virginale, sa couronne est celle de la reine du ciel. Anne est coiffée comme une femme mariée ou d'âge mûr, la tête strictement couverte d’un voile formant mentonnière. Au centre de la composition, l'Enfant est soutenu par les deux femmes. Il devait tenir un attribut dans sa main gauche (restituée), peut-être une boule évoquant le globe terrestre ou encore une grappe de raisin, symbole eucharistique.
Souabe (Schwaben), Ulm
Retable provenant au 19e siècle de la région de Lindau. Selon J. M. Guggenheim, antiquaire à Lindau, le retable aurait été acquis à Schwarzenbach, près de Lindau, par le curé de Leupholz, qui lui a vendu l'œuvre. Acquis en 1887 auprès de J. M. Guggenheim par le collectionneur colmarien Edmond Fleischhauer (Strasbourg, 1812-Colmar, 1896). Legs Edmond Fleischhauer, 1896.
p. 100, n° 1033 (Allemagne, Nuremberg ?, 16e siècle).
p. 86, n° 145 (« Petit triptyque de la Vierge […] provenant de Scharzenbach près de Lindau. »).
p. 81, n° 145 (idem).