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Tastet, Emile

Statut
Publiée
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mlaboure
Dernière modification
03/04/2024 12:43 (il y a 9 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Tastet
Prénom : 
Emile
Sexe : 
Nationalité : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
11 avril 1799
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
15 novembre 1882
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1857
Adresse : 

10 rue de Choiseul

Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1846 / 1875
Adresse : 

4 rue du Vieux Colombier

Code postal : 
75006
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1849
Adresse : 

43 rue du faubourg Montmartre

Code postal : 
75009
Ville : 
Commentaire Adresses : 

lieu de distribution des catalogues de vente de cette année

Professions / activités
Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Commentaire Lieu institution : 

Travaille à Bordeaux puis Paris

Prix et distinctions
Prix / distinction : 
Date prix / distinction : 
27 avril 1846
Commentaire Prix et distinctions : 

Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 27 avril 1846 (AN, LH/2571/84), son dossier est cependant trop lacunaire pour comprendre réellement la raison de cette décoration. (Source : notice Agorha "Emile Tastet" rédigée par Pauline d’Abrigeon.)

Biographie
Commentaire biographique : 

Émile Tastet (1799-1882), « négociant en produits industriels de la Chine » (MMNS, 4W388) est né le 11 avril 1799 à Baigts dans les Landes (AN, LH/2571/84). Émile Tastet offre un exemple rare pour le XIXe siècle d’importateur qui, pendant un temps, va se consacrer essentiellement au commerce des porcelaines chinoises en lien étroit avec les armateurs faisant les trajets vers la Chine. Les sources le concernant restent cependant éparses, ce qui rend particulièrement difficile l’écriture linéaire d’un parcours pour le moins éclectique.

Les premières traces de son activité

Il semblerait qu’il commence son activité à Bordeaux où il pratique l’import-export de toute sorte de produits. Il fonde en 1823 une société du nom de « Tastet et comp. » avec un certain M. Rudelle qui perdure jusqu’en mars 1848 (Anonyme, 1848, n.p.). Une affaire du tribunal de commerce de la Seine nous renseigne sur la grande variété des produits dont il se chargeait de l’importation à cette époque. Un pharmacien du nom de Duvignau avait porté plainte contre Émile Tastet, car il était parti avec un lot de médicaments sans leur trouver de débouchés commerciaux à Manille (Anonyme, 1839, n.p.). Le tribunal acquitte finalement Émile Tastet qui ne s’était engagé que sur le transport des médicaments et non sur leur liquidation (id.). L’anecdote permet aussi d’établir qu’à cette période, Émile Tastet effectuait lui-même les trajets vers la Chine — le retour en question à bord du Grand-Duquesne se solda d’ailleurs par un naufrage dont il réchappe par chance — ce qui n’est pas forcément le cas par la suite (id.). D’autres sources rapportent qu’il fut le premier à introduire en France des cigares de Manille (Lafond de Lurcy G., 1843, T. VIII, p. 173).

Émile Tastet et la porcelaine de Chine

À partir de 1844, il fait commerce avec les navires fraîchement arrivés de Chine au port du Havre. Il acquiert des porcelaines chinoises rapportées par le Lafayette en juillet 1844 pour les revendre à Paris. En août 1844, le Musée céramique de Sèvres fait ainsi l’acquisition de dix pièces provenant de cette cargaison auprès d’Émile Tastet par l’intermédiaire d’un certain Eyriès pour un total de 397 francs (SMMN, 4W388 ; inv. MNC 3401.1 à 3401.10).

En 1846, il est également l’armateur du navire l’Édite, arrivé à Nantes chargé des échantillons envoyés à la manufacture de Sèvres par le père Joseph Ly (SMMN, U20 d.19, lettre de Stanislas Julien du 4 juin 1846 ; d’Abrigeon P., notice Joseph Ly). À plusieurs reprises, il offre des pièces au musée céramique de Sèvres, notamment en 1847 un « réchaud portatif en terre cuite, avec ses bouilloires » (SMMN, 4W388, lettre du 15/09/1847 ; seul subsiste le réchaud inv. MNC 3783), puis en 1849 une paire de vases « émaillés en couverte ombrante [sic] vert-olivâtre, remarquables par le ton, l’éclat, et l’effet produit sur les reliefs, par la dégradation de teinte de cette couverte » (SMMN, 4W388, lettre de Denis Désiré Riocreux du 15/06/1849) et il sera remercié de sa générosité par un vase Lanus de la manufacture de Sèvres (id.). Au-delà de ces échanges, il semble qu’Émile Tastet ait proposé de se mettre au service de la manufacture pour favoriser ses liens avec la Chine : à la fin d’une lettre, le conservateur du musée céramique rappelle à l’administrateur de la manufacture Jacques Joseph Ebelmen (1814-1852) « l’idée de M. Tastet sur la possibilité d’échanges à établir entre la manufacture et la Chine et ses offres de service pour les négociations d’une pareille affaire » (id.). Cette proposition resta sans suite.

Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur par décret du 27 avril 1846 (AN, LH/2571/84), son dossier est cependant trop lacunaire pour comprendre réellement la raison de cette décoration.

Son nom réapparaît dans les archives de la manufacture de Sèvres en juin 1856 pour le don d’une « gargoulette réfrigérative du Kaboul [sic], province d’Afghanistan (Asie Centrale) rapportée de Bombay où on en fait un grand usage pour rafraichir l’eau à boire » (SMMN, 4W32, d. Tastet).  

En 1850 il est répertorié comme négociant commissionnaire au 43 rue du Faubourg Montmartre, 1853 il est enregistré comme « négociant-armateur, commissaire, commerce avec la Chine et les Indes orientales » au 26 bd des Italiens, puis en 1857 au 10, rue de Choiseul (Annuaire du commerce, 1850, p. 380, 1853, p. 831 et 1857, p. 759). Ces changements d’adresse fréquents sont sans doute le résultat de ses allées venues en Chine et en Inde. À partir de 1859, il organise lui-même plusieurs ventes à l’Hôtel Drouot (cf. commentaire sur la collection). Dans les procès-verbaux de ces ventes, il est simplement décrit comme « propriétaire ».

Sériciculture et botanique

En parallèle de ses activités commerciales, Émile Tastet s’intéresse de près à la sériciculture. Il est en 1854 rapporteur de la « Commission chargée d’introduire en France les vers à soie sauvages de la Chine, et des œufs de vers à soie ordinaires des meilleures races blanches et jaunes élevées dans ce même pays » (Tastet E., 1854, p. 3). À la suite à son rapport, la toute nouvelle société zoologique d’acclimatation décide de solliciter les missionnaires présents en Chine afin que soient rapportés en France des cocons et des œufs de vers à soie sauvage. L’année suivante des enquêtes sont également menées sur les bombyx indiens à l’initiative d’Émile Tastet (Duméril, 1855, p. 396) et sur la culture du riz en Inde (Tastet E., 1855, p. 224). À partir de 1855, il fait partie du conseil d’administration et restera jusqu’à la fin des années 1850 un membre très actif de cette société (Anonyme, 1855, p. XXI). C’est sans doute son intérêt pour la culture des vers à soie et la Chine qui le font entrer en contact avec le sinologue Stanislas Julien (1799-1873), traducteur d’un traité à ce sujet (Bulletin de la société zoologique, p. 225 ; Julien S., 1837). Émile Tastet sollicite aussi le sinologue afin d’obtenir des renseignements sur les pois oléagineux dans les livres chinois (Julien S., 1855, p. 221-226). Il met à profit ses activités d’armateur pour rapporter des plantes chinoises à la société, telles que des graines du rhamnus utilis (Vilmorin L., 1859, p. 521). Sa connaissance de la Chine et de l’Inde fait de lui un atout précieux pour la société d’acclimatation, non seulement pour faciliter l’acheminement de plantes et d’insectes depuis ces contrées, mais aussi pour donner des informations sur les coutumes locales. Les procès-verbaux des séances sont ainsi riches de ses interventions sur les cultures et usages locaux (Duméril, 1855, p. 236).

Aux vues des sources consultées, il n’a pas été possible pour le moment de retrouver la trace d’Émile Tastet après les années 1860 et jusqu’à sa mort le 15 novembre 1882 (AN, LH/2571/84).

Article rédigé par Pauline d'Abrigeon

Commentaire biographique : 

Émile Tastet (1799-1882), "trader in industrial products from China" (MMNS, 4W388) was born on April 11, 1799 in Baigts in the Landes (AN, LH/2571/84). Émile Tastet offers a rare example for the 19th century of an importer who for a time devoted himself to the trade in Chinese porcelain in close connection with the shipowners making the journey to China. However, the sources concerning him remain scattered, which makes it difficult to write linearly of such an eclectic path.

First Traces of Activity

His activities seem to have begun in Bordeaux, with the import-export of all kinds of products. In 1823, he founded a company along with a certain M. Rudelle called “Tastet et comp.” which continued until March 1848 (Anonymous, 1848, n.p.). A case from the commercial court of the Seine tells us about the wide variety of products he was responsible for importing at that time. A pharmacist by the name of Duvignau had lodged a complaint against Émile Tastet because he had left with a batch of medicine without finding a commercial outlet for it in Manila (Anonymous, 1839, n.p.). The court finally acquitted Émile Tastet who had committed only to the transport of the drugs, not to their liquidation (id.). The anecdote also makes it possible to establish that at this time, Émile Tastet was making the journeys to China himself — the return in question aboard the Grand-Duquesne ended in a shipwreck from which he escaped by chance — which is not necessarily the case thereafter (id.). Other sources report that he was the first to introduce cigars from Manila into France (Lafond de Lurcy G., 1843, T. VIII, p. 173).

Émile Tastet and Chinese Porcelain

From 1844, he traded with ships that had freshly arrived from China at the port of Le Havre. He acquired Chinese porcelain brought back by the Lafayette in July 1844 to resell in Paris. In August 1844, the Ceramic Museum of Sèvres thus acquired ten pieces of this cargo from Émile Tastet through a certain Eyriès for a total of 397 francs (SMMN, 4W388; inv. MNC 3401.1 at 3401.10).

In 1846, he was also the owner of the ship Édite, which arrived in Nantes loaded with samples sent to the Sèvres factory by Father Joseph Ly (SMMN, U20 d.19, letter from Stanislas Julien dated June 4, 1846; d 'Abrigeon P., note Joseph Ly). On several occasions, he offered pieces to the Musée céramique de Sèvres, notably in 1847 a "portable terracotta stove, with its kettles" (SMMN, 4W388, letter of 09/15/1847; only the stove inv. MNC 3783 remains), then in 1849 a pair of vases "enamelled in olive-green shade glaze, remarkable for the tone, the brilliance, and the effect produced on the reliefs, by the degradation of color of this glaze" (SMMN, 4W388, letter from Denis Désiré Riocreux dated 06/15/1849); he was thanked for his generosity by a Lanus vase from the Sèvres manufactory (id.). Beyond these exchanges, it seems that Émile Tastet offered to serve the factory to promote its links with China: at the end of a letter, the curator of the ceramics museum reminds the administrator of the manufacture Jacques Joseph Ebelmen (1814-1852) "the idea of ​​Mr. Tastet on the possibility of exchanges to be established between the manufacture and China and his offers of service for the negotiations of such a matter" (id.). This proposal remained unfulfilled.

He was named chevalier de la Légion d’honneur by decree of April 27, 1846 (AN, LH/2571/84); however, his file is too incomplete to explain the grounds for this decoration.

His name reappears in the archives of the Sèvres manufactory in June 1856 related to the gift of a "refrigerating jug from Kabul, province of Afghanistan (Central Asia) brought back from Bombay where it is used extensively to cool the 'water to drink' (SMMN, 4W32, d. Tastet).

In 1850 he was listed as a commission merchant at 43 rue du Faubourg Montmartre; in 1853 he was registered as a "trader-shipowner, commissioner, trade with China and the East Indies" at 26 bd des Italiens, then in 1857 at 10, rue de Choiseul (Business Directory, 1850, p. 380, 1853, p. 831 and 1857, p. 759). These frequent changes of address are undoubtedly the result of his trips to China and India. From 1859, he organised several sales himself at the Hôtel Drouot (see Commentary on the Collection, below). In the records of these sales he is simply described as "owner".

Sericulture and Botany

Alongside his commercial activities, Émile Tastet took a close interest in sericulture. In 1854, he was rapporteur for the "Commission responsible for introducing wild silkworms from China into France, and eggs of ordinary silkworms of the best white and yellow breeds bred in France into this country” (Tastet E., 1854, p. 3). Following his report, the brand new zoological acclimatisation society decided to ask the missionaries present in China to bring cocoons and eggs of wild silkworms back to France. The following year, surveys were also carried out at the initiative of Émile Tastet on Indian moths (Duméril, 1855, p. 396) and rice cultivation in India (Tastet E., 1855, p. 224). From 1855 and until the end of the 1850s, he was on the board of directors and remained a very active member of this society (Anonymous, 1855, p. XXI). It was no doubt his interest in the culture of silkworms and China that brought him into contact with the sinologist Stanislas Julien (1799-1873), translator of a treatise on this subject (Bulletin de la société zoologique, p 225; Julien S., 1837). Émile Tastet also solicited the sinologist to obtain information on oilseed peas in Chinese books (Julien S., 1855, p. 221-226). He took advantage of his activities as a shipowner to bring back Chinese plants, such as seeds of rhamnus utilis (Vilmorin L., 1859, p. 521). His knowledge of China and India made him a valuable asset to the acclimatisation society, not only by facilitating the transport of plants and insects from these lands, but also by providing information on local customs. The minutes of the sessions are rich in his presentations on local cultures and customs (Duméril, 1855, p. 236).

Through the sources that were consulted, it has not been possible to find traces of Émile Tastet after the 1860s until his death on November 15, 1882 (AN, LH/2571/84).

Article by Pauline d'Abrigeon (Translated by Jennifer Donnelly)

Evénements
Type d'événement : 
Commentaire Type d'événement : 

Activité commerciale (import-export)

Date de l'événement : 
1833
Commentaire Evénements : 

Il est certain qu’Émile Tastet effectua de nombreux voyages en Chine et Inde mais il s’agit du seul attesté par des sources. (Source : notice Agorha "Emile Tastet" rédigée par Pauline d’Abrigeon.)

Thèmes d'étude
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Secteur fondamental d'étude : 

[Objets commercialisés]

Technique étudiée : 
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Secteur fondamental d'étude : 

[Objets commercialisés]

Commentaire Thèmes d'étude : 

Émile Tastet offre un rare exemple de négociant armateur du XIXe siècle pour lequel quelques archives et documents subsistent. Non seulement il apparaît comme un intermédiaire essentiel entre Paris et les armateurs havrais, mais il donne aussi de précieuses informations sur les moyens d’approvisionnement en Chine.

Émile Tastet et les ventes du Havre

Dans les années 1840-1850, Émile Tastet intervient dans la distribution du catalogue à Paris des cargaisons de porcelaines chinoises débarquées et vendues au Havre. Bien que son rôle dans ces transactions ne soit pas toujours facile saisir, il est fort probable que sa seule fonction ne se soit pas limitée à la promotion de ces ventes pour une clientèle parisienne, mais qu’il fut aussi impliqué dans la vente des objets. Nous avons identifié au total huit ventes de ce type, toute de navire en provenance de Canton : le Lafayette (1844), le Maupertuis (1847), le Gustave (1847), les Dugay-Trouin et Victor (1849), la Rose (1851), le Jules César (1852), ainsi qu’un dernier navire non identifié (1854) sous la responsabilité de la compagnie d’armateurs Ferrère et Morlot et enfin le Alphonse-Nicolas-Cézard (1854) dont la vente se fait par l’entremise de E. Troteux (d’Abrigeon, P, à paraître). L’exemple de la vente du navire le Lafayette est assez révélateur : alors qu’Émile Tastet n’est pas mentionné dans titre de la vente, ni dans sa distribution, il écoule plusieurs pièces pour le musée de Sèvres en tant que « vendeur » (SMMN, 4W388, « état… août 1844 »). On imagine fort bien que pour les ventes suivantes son rôle ne s’est pas limité à la seule « distribution » du catalogue sur Paris, mais à la sollicitation de clients potentiels pour ces ventes. L’absence des procès-verbaux du Havre, disparu lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, et le caractère privé de ces transactions ne permet cependant pas d’étoffer cette hypothèse.

Ce statut d’intermédiaire se justifie peut-être par la difficulté que rencontre Émile Tastet pour s’installer comme marchand à Paris. Le journal Le Commerce rapporte que le 17 janvier 1845, Émile Tastet avait obtenu l’autorisation par un jugement du tribunal de commerce de Paris de « vendre des marchandises neuves » lesquelles consistaient en « vases chinois et curiosités ». Or, le marchand de thé M. Houasse qui tient la boutique à la Porte Chinoise ne voyant pas l’arrivé d’un concurrent d’un bon œil s’était opposé à ce jugement, au prétexte qu’Émile Tastet n’était pas « marchand sédentaire », et avait, à ce titre, obtenu gain de cause (Anonyme, 1845, n.p.).

S’approvisionner en Chine dans les années 1840-1850

Dans sa publication sur les vers à soie, il fait état des difficultés qui existaient à s’approvisionner en Chine à cette époque, autrement que par l’intermédiaire des missionnaires : « à l’exception des cinq villes du littoral ouvertes aux Européens, il est impossible, par les seules relations de commerce, de rien obtenir de vrai ni de bon de l’intérieur de la Chine, autrement qu’avec l’aide de nos missionnaires et des chrétiens chinois qui leur sont dévoués » (Tastet E., 1854, p. 4). Et pour cause, à l’instar de Stanislas Julien qui s’appuyait sur la congrégation de Saint Vincent de Paul pour faire parvenir en France des livres chinois et autres matériaux en tout genre, Émile Tastet avait également recours à l’aide de lazaristes pour l’acheminement de ses marchandises. Son nom apparaît en effet dans une lettre d’Auguste Droucel du 11 mai 1857 adressée à Ange-Michel Aymeri (connu en Chine sous le nom高幕理 1820-1880), alors procureur des missions lazaristes à Ningbo 寧波 : « les 3 caisses T S 1/3 dont vous m’entreteniez ont été retirées ici [Marseille] par le correspondant de Mons. E. Tastet, et je n’ai aucun débours à faire » (AHCM, 179.I b 3). La nature des marchandises n’est pas précisée, mais la date indique peut-être qu’il s’agit des plantes chinoises collectées à sa demande pour la société zoologique d’acclimatation.

Les quelques lettres issues de sa correspondance conservée aux archives de Sèvres rendent compte également des problèmes de communication pouvant exister entre les demandes faites par les négociants et leur exécution par les expéditionnaires. Il exprime ses craintes dans une lettre datée de janvier 1850 adressée sans doute à Denis Désiré Riocreux (1791-1872) : « J’ai expédié déjà depuis 2 mois, une fort longue note d’objets à réunir pour le navire la Rose que j’ai en cours de voyage, mais je crains bien qu’il n’y ait encore des erreurs et de fausses interprétations dans le choix, malgré la précaution que j’ai prise d’expliquer le tout en détail », (SMMN, 4W388). Cette indication montre également qu’Émile Tastet ne participait plus lui-même au voyage, mais donnait les instructions sur le type d’objet voulu. Certaines sources mentionnent le fait qu’Émile Tastet entretenait à grands frais un « connaisseur » en Chine dévolu à acquérir des porcelaines et autres objets de curiosité pour lui (Burty P., 1860, p. 178).

Heurs et malheurs des ventes d’Émile Tastet

À partir de la fin des années 1850, Émile Tastet commence à organiser des ventes par lui-même à Paris. Un croisement des catalogues de ventes conservés à la Bibliothèque nationale de France et des dépouillements de procès-verbaux de vente du commissaire Charles Pillet nous a permis d’identifier au moins quatre ventes : le 10 décembre 1859, les 26-28 janvier 1860, les 2-4 avril 1860 (AP, D48E3 51) et le 22 mars 1861 (AP, D48E3 52). Ces ventes ne se limitent plus seulement à la porcelaine, mais incluent aussi des émaux cloisonnés, des laques, des jades, divers objets en argent repoussé, des objets en ivoire, des supports de vases en bois dit « bois de fer », etc. Dans ces ventes plus tardives, il n’est pas fait mention d’Émile Tastet dans le titre du catalogue, ni même de la provenance en droiture depuis la Chine des pièces. On peut penser qu’il s’agisse d’œuvre faisant partie d’un stock peut-être accumulé lors de sa collaboration avec Ferrère et Morlot et qu’il continue d’écouler dans les années 1860.

Mais il semblerait qu’Émile Tastet, contrairement à d’autres marchands de la même époque, n’ait pas réussi à prendre le train en marche du grand développement du marché de l’art asiatique dans les années 1860. Le monde de la curiosité connaît aussi ses ratés, ses objets mal vendus, ses ventes mal promues, qui voient s’écouler à bas prix des pièces en principe très précieuses. C’est le cas de la vente organisée par Émile Tastet du 2 au 4 avril 1860.

Le critique d’art Philippe Burty (1830-1890) donne un commentaire très élogieux des pièces en vente, dont « l’importance et le choix des morceaux, ainsi que leur magnifique conservation les rendaient, pour la plupart, dignes d’entrer dans les cabinets d’élite », mais déplore longuement leur manque de mise en valeur (Burty P., 1860, p.o 177). La cause de cet échec est due, selon Philippe Burty, aux « mauvaises conditions » dans lesquelles ont été réalisée la vente : catalogue jugé trop sommaire, manque de précision dans les descriptions, absence de traduction des inscriptions... Burty souligne en particulier le décalage entre les descriptions succinctes et la véritable nature des objets : « comment, dit-il, la curiosité pouvait-elle être éveillée à la vente Tastet par les indications telles que celles-ci : 210. Bouteille forme gourde, porcelaine gris verdâtre jaspé. Ceci n’était rien moins cependant qu’un rouge soufflé, la plus rare des fabrications chinoises ». La bouteille en question sera vendue pour la somme modique de 29 francs (id., p. 177).

De nombreux lots sont rachetés par Émile Tastet lui-même (ou par son fils), sans doute lorsque les pertes sont trop importantes par rapport au prix atteint. Le procès-verbal de la vente d’avril 1860 fait état du rachat de trente-neuf lots sur les 294 numéros vendus pour un produit total de 10 572 francs (AP, D48E3 51).

Les principaux acheteurs de ces ventes sont en majorité, les principaux marchands impliqués dans le commerce de la curiosité à Paris, notamment Beuderley, Chanton, Duvauchel, Evans, Nicolas Joseph Malinet (1805-1886), Monbro, etc. (AP, D48E3 51 et 52).

Article rédigé par Pauline d'Abrigeon

Liens entre personnes
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Charles Pillet a été commissaire-priseur de ventes auxquelles Emile Tastet a participé pour revendre des objets asiatiques. (Source : notice Agorha "Emile Tastet" rédigée par Pauline d’Abrigeon.)

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Le critique d’art Philippe Burty (1830-1890) a commenté une des ventes d'Emile Tastet, du 2 au 4 avril 1860 : « l'importance et le choix des morceaux, ainsi que leur magnifique conservation, les rendaient, pour la plupart, digne d'entrer dans les cabinets d'élite » mais déplore longuement leur manque de mise en valeur. (Source : notice Agorha "Emile Tastet" rédigée par Pauline d’Abrigeon.)

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Les principaux acheteurs des ventes de Tastet sont en majorité les principaux marchands impliqués dans le commerce de la curiosité à Paris, notamment Beuderley, Chanton, Duvauchel, Evans, Nicolas Joseph Malinet (1805-1886), Monbro, etc. (AP, D48E3 51 et 52). (Source : Notice Agorha "Emile Tastet" rédigée par Pauline d'Abrigeon)

Bibliographies / archives
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Articles & actualités
Rédacteur
Pauline d'Abrigeon