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Ephrussi de Rothschild, Béatrice

Statut
Publiée
Contributeur
ldefucci
Dernière modification
27/11/2023 13:33 (il y a 12 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Ephrussi de Rothschild
Prénom : 
Béatrice
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Ephrussi
Prénom : 
Béatrice
Qualificatif : 
Nom : 
Rothschild
Prénom : 
Béatrice de
Qualificatif : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
14 septembre 1864
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
7 avril 1934
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1864 - 1883
Adresse : 

Hôtel Saint-Florentin, 2 rue Saint-Florentin

Code postal : 
75001
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1864 - 1883
Adresse : 

Château de Ferrières, Rue du Château

Code postal : 
77164
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1864 - 1883
Adresse : 

Villa Rothschild, 1 Av. Jean de Noailles

Code postal : 
06400
Ville : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Petite fille du « grand Baron » James de Rothschild (1792-1868), fondateur de la branche française, et fille d’Alphonse et de Leonora de Rothschild, qui appartenait à la branche anglaise de la famille, Béatrice de Rothschild, née à Paris le 14 septembre 1864, est un parfait exemple du cosmopolitisme familial. Ses années de jeunesse se partagent entre l’hôtel de ses parents rue Saint-Florentin (ancienne demeure de Charles Maurice de Talleyrand - Périgord), le château de Ferrières, construit par son grand-père James de Rothschild (1860, Joseph Paxton), et la villa de Cannes édifiée par sa grand-mère Betty en 1880 (Charles Baron), trois demeures emblématiques du goût Rothschild, caractéristique de leur fièvre « bâtisseuse » et de leur intérêt pour le patrimoine. Il faut sans doute voir dans ces exemples une référence pour la fille d’Alphonse de Rothschild qui en 1933 léguera, en mémoire de ses parents, à l’Institut de France, l’Académie des Beaux-Arts, la villa « Ile de France », à Saint Jean Cap Ferrat afin d’en faire un musée, ainsi que l’ensemble de ses collections dispersées entre Paris et ses demeures de la Riviera (principalement à Monte-Carlo, villa Soleil, Blume et Rose de France).

Son père Alphonse de Rothschild, régent de la banque de France est l’une des personnalités les plus en vue du XIXe siècle, resté célèbre pour ses collections d’art, notamment du XVIIIe siècle, et son rôle de mécène envers les artistes contemporains. Sa mère Leonora appartient à la branche la plus influente de la famille Rothschild : son père Lionel de Rothschild joua un rôle déterminant dans la reconnaissance des juifs en Angleterre : homme politique, élu aux Communes en 1846, il sera le premier juif à entrer au Parlement anglais.

En 1883, à 19 ans, Béatrice de Rothschild épouse Maurice Ephrussi, de 15 ans son aîné, issu d’une famille de banquiers et d’exportateurs de blé, israélites, originaire d’Odessa, dont elle se séparera en 1904. Décrit par Elizabeth de Clermont Tonnerre comme « un être assez laid et vulgaire », Maurice Ephrussi se montre plus passionné par ses chevaux de course, dont il fait l’élevage dans sa propriété de Reux en Normandie, que par l’acquisition d’œuvres d’art. Administrateur de la Société Le Nickel, fief des banques Rothschild, il est cependant apparenté à Charles Ephrussi, l’un des grands amateurs d’art de l’époque, directeur de la Gazette des Beaux-Arts et ami des Impressionnistes, et aussi à l’helléniste et membre de l’Institut Théodore Reinach, propriétaire de la villa Kerylos à Beaulieu-sur-Mer.

Le couple s’installe quelques années après leur mariage (1887) dans l’hôtel de Monpelas, 19 avenue Foch construit par l’architecte Thierry pour le Duc de Nemours (aujourd’hui ambassade d’Angola). Malgré l’absence d’archives ou de notice biographique sur ses années de jeunesse, Béatrice Ephrussi se distingue ; les journaux en font foi par sa beauté, et sa participation à de nombreuses réceptions mondaines ; peu d’éléments sont connus sur ses premiers goûts artistiques. Son intérêt pour la danse, la musique, l’exotisme ou les voyages sont cependant des traits saillants de sa personnalité. Si contrairement à d’autres membres de sa famille, ou aux collectionneurs de son époque, Béatrice Ephrussi ne semble pas marquer un intérêt particulier pour les musées, elle visite cependant à plusieurs reprises en Angleterre les collections exceptionnelles de son cousin Ferdinand de Rothschild, également féru d’art du XVIIIe siècle (Waddesdon Manor 1880), ou celles de son grand-père Lionel de Rothschild à Londres, l’un des plus talentueux collectionneurs de sa génération, dont la collection d’art décoratif français était internationalement connue. L’Italie est aussi son pays de prédilection : elle y effectuera de nombreux voyages rapportant de rares œuvres d’art ; on peut également citer des voyages plus lointains en Russie (1884) ou au Caire où elle acquerra la série de moucharabiehs exposés dans le patio de la villa. Profitant de la venue des Ballets russes à Paris, Béatrice et Maurice Ephrussi organisent dans leur hôtel particulier parisien le 20 juin 1909, la dernière représentation de la Compagnie dirigée par Serge Diaghilev (Le Ballet, Les Sylphides), rare témoignage de son soutien à l’art de l’avant-garde.

À la suite de placements hasardeux, Maurice Ephrussi fut contraint d’emprunter des fonds à son beau-père, Alphonse de Rothschild et de lui céder pour le rembourser en 1904 pour 907.950 frs de meubles et d’objets d’art ; cet inventaire sommaire et non exhaustif de l’avenue Foch donne une première indication sur ses goûts. Ce sont principalement des œuvres d’art décoratif du XVIIIe siècle (mobilier, tapisseries), peu de tableaux (trois œuvres de Boucher cependant) et surtout une collection importante de porcelaines de Sèvres, vases, services, meubles à plaques de porcelaine, qui rejoindront en partie plus tard les collections de la villa de Saint Jean Cap Ferrat (Séret G., 2016).

La séparation en 1904 de Béatrice Ephrussi et de son époux Maurice, la mort de son père Alphonse de Rothschild (1905), une année plus tard marquent un tournant dans sa vie. Désormais à la tête d’un patrimoine financier important, Béatrice Ephrussi en 1905 se lance dans de grands projets architecturaux et accroît considérablement sa collection notamment dans le domaine des arts décoratifs dont l’analyse ne peut se comprendre sans évoquer le rôle qu’elle a joué dans la construction de la villa Ile de France, « sa véritable œuvre ». C’est la même démarche créatrice qui la pousse à composer, travestir la réalité, et finalement réaliser une villa hors du temps qui réunit à la fois tous les traits méditerranéens de la Renaissance espagnole, au rococo piémontais, dans un intérieur du XVIIIe siècle rendu très présent par l’abondance de boiseries provenant d’hôtels parisiens.

Pas moins de onze architectes se sont succédé dont plusieurs prix de Rome (Marcel Auburtin, A. Demerlé, Charles Girault, Henri Paul Nénot, Edouard Niermans), mais aucun ne fut vraiment retenu. Ce fut finalement un architecte local Gaston Messiah, (sur les plans d’Auburtin) qui obtint la commande se pliant aux désirs du maître d’ouvrage (1905-1912). Le résultat est pour le moins inattendu et disparate : Béatrice, Ephrussi, véritable et seule commanditaire, pratique la politique du fragment et du collage, chacune des façades fonctionnant comme un tableau séparé des autres mais en relation avec le paysage. Si le modèle général reste la Renaissance italienne (florentine ou vénitienne), d’autres références peuvent de façon inattendue être évoquées, l’époque médiévale par exemple le portail de l’église Saint-Médard, à Paris sur la façade nord. Pour les jardins, les paysagistes Achille Duchene, puis Harold Peto procèdent de manière semblable : il s’agit de juxtaposer des espaces contrastés qui formeront également un ensemble unique d’une collection de sept jardins (jardin espagnol, anglais, exotique, régulier, florentin, italien et lapidaire) ; l’un des aspects les plus inattendus est la présence dans le jardin lapidaire de nombreuses sculptures espagnoles démontées (retables, fragments de tombeaux funéraires : de celui de Don Garcia Osirio et de son épouse Maria de Perea, on retrouve aujourd’hui des fragments à Cambridge (Fitzwilliam Museum) ou à New York (Metropolitan Museum et Hispanic Society) (Malgouyres P., 2016)).

L’aménagement intérieur de la villa et des collections procède du même esprit. Contrairement à la tradition familiale qui privilégie les œuvres de grande qualité, souvent de provenance royale, Béatrice Ephrussi achète sans idée préconçue et les œuvres exceptionnelles côtoient d’autres plus modestes qui appartiennent aussi bien aux traditions européenne ou extrême-orientale. Ce n’est pas l’un des moindres paradoxes de souligner que même si la demeure a finalement été peu habitée par son commanditaire, son aménagement rappelle plus celui d’un hôtel particulier parisien que celui d’une résidence secondaire sur la Riviera. Contrairement à l’hôtel Saint-Florentin où Alphonse de Rothschild cherchait une unité entre décor et collections, les œuvres choisies par Béatrice Ephrussi sont décontextualisées. D’un esprit très libre et fantaisiste, elle s’accommode des reconstitutions artistiques éclectiques et procède par collages d’éléments stylistiques corrects, mais modifiés selon les nécessités intérieures. Tout doit participer à la mise en scène, l’effet d’ensemble prévalant et justifiant la présence de nombreuses copies ou remaniements. Ainsi les boiseries, du salon Louis XVI de Pierre Adrien Pâris provenant probablement de l’hôtel Crillon, démantelées par Walter André Destailleur en 1907, sont complétées par des fragments anciens provenant des petits appartements du Palais Bourbon, ou de l’hôtel Hosten de Ledoux (Rousseau de La Rottière) ; celles de la grande chambre Louis XVI appartenaient au marchand collectionneur Georges Hoentschel tandis que celles d’époque directoire du boudoir de la salle de bain, attribuées à Leriche proviennent d’un hôtel parisien. Les quelques panneaux de la folie Beaujon cédés par sa cousine la Baronne Salomon de Rothschild orneront le fumoir (Pons B., 1995 ; Steve M., 2002 et Leben U., 2016).

Comme le soulignent les recherches récentes (2016), c’est dans son goût pour la porcelaine, conservée dans son hôtel parisien avenue Foch et aujourd’hui exposée à la villa Île-de-France, que Béatrice Ephrussi se montre une véritable collectionneuse, l’émule de son père, Alphonse de Rothschild ou de ses cousins Ferdinand ou Alfred de Rothschild. De l’héritage de son père décédé nous l’avons vu en 1905, elle conserve quelques pièces majeures de mobilier ainsi que la collection de porcelaines (notamment le service « Worms de Romilly » et le service « Mannheim ») qu’elle augmentera considérablement avec des pièces de productions allemandes, ou des biscuits, préférant se séparer en 1920 des œuvres hollandaises dont elle avait hérité. Sa passion pour les formes l’amène à constituer des séries (pots de toilettes, éléments de déjeuner, plateaux « quarrés »). On note également sa prédilection pour la couleur carmin et le motif des Bleuets. Cet ensemble exceptionnel est sans doute la plus importante collection de porcelaines conservée dans une institution française (Séret G., 2016). Fidèle à sa période de prédilection, Béatrice Ephrussi privilégie le XVIIIe siècle dans toutes ses composantes. À l’instar d’autres collectionneuses (Isabella Stewart Gardner par exemple) elle montre un intérêt pour les textiles anciens mais souvent collectionnés à des fins décoratives. Là encore, la diversité des étoffes (costumes du siècle des Lumières, intérêt pour la tapisserie fin XVe-XVIe, ou pour le textile liturgique) témoigne de l’éclectisme de son goût (Privat-Savigny M., 2016). Dans le domaine du mobilier, les pièces héritées de son père Alphonse restent le fleuron de la collection (pendule baromètre d’André Charles Boulle, la commode de Joseph Baumhauer ou encore la table à jeu de René Dubois), mais les salons comptent également une quantité importante de sièges français Louis XV ou des petits meubles d’ébénisterie (Leben U., 2016). Il faudrait également ajouter une exceptionnelle réunion de meubles de facture piémontaise, attribué aujourd’hui à Francesco Bolgié et Pietro Piffetti, qui témoignent d’un goût original, rare parmi les collectionneurs de la Riviéra (Leben U., 2016 et Mézin L., 2020). La qualité des tableaux est plus inégale, mais la collection de dessins de Fragonard acquis pour la plupart en vente publique fait figure d’exception.

Anglaise par sa mère, Béatrice Ephrussi avec sa collection évoque un modèle culturel cosmopolite très ouvert, témoignant d’une influence anglo-italienne centrée sur les arts décoratifs. Son goût pour les meubles peints dans le style de la Renaissance rappelle les maisons des préraphaélites au XIXe siècle, de même que la variété de sa collection d’art appliqué qui fait penser à l’agencement du musée londonien de South Kensington ; on retrouve également ce syncrétisme, où le cloisonnement entre arts majeurs et arts mineurs, œuvres sacrées et profanes, n’existe pas dans les palais italiens réaménagés par les grands antiquaires de l’époque (Elia Volpi au palais Davanzatti, ou Bardini au palais Mozzi à Florence).

L’ensemble de la collection est tourné vers le XVIIIe siècle, mais Béatrice Ephrussi y associe des œuvres appartenant à des arts plus lointains (Chine, Japon), et une collection d’œuvres italiennes et espagnoles. Elle est en contact direct avec des restaurateurs antiquaires du nord de l’Italie (Attilio Simonetti, Giuseppe Sangiorgi, ou Antonio Salvadori, célèbre antiquaire vénitien). Il s’agit là aussi de mise en scène, puisque certaines peintures italiennes sont intégrées à l’architecture et détournées à des fins décoratives (l’exemple le plus notable est le retable du maître de Cesi démantelé à la demande de Béatrice Ephrussi en 1920, dont les volets se transforment en battants de « Porte de Sienne » (Moench E., 2016).

S’il est difficile de trouver une évolution dans sa collection, on peut insister sur ce goût permanent pour le XVIIIe siècle jusqu’à la fin de sa vie, très certainement entretenu par les grands marchands (Henri Stettiner, Auguste Vandermeersh, Jules Dennery, Seligmann, Wildenstein) qui continuent jusqu’en 1934 à lui proposer des œuvres.

En 1933, Béatrice Ephrussi lègue à l’Institut, pour l’Académie des Beaux-Arts la villa Île-de-France ainsi que l’ensemble de ses collections « à condition que ce Musée garde l’aspect actuel d’un salon ». Il ne fait nul doute que la fille d’Alphonse de Rothschild s’inscrit dans la politique de philanthropie artistique menée par sa famille depuis plus d’un demi-siècle, mais aussi prend modèle sur les nombreuses maisons-musées qui se développent à l’époque (Édouard et Nélie Jacquemart-André, 1912, Cognacq-Jay 1928 etc.).

Il est difficile de déterminer la place de Béatrice Ephrussi au sein de la famille Rothschild. Considérée de son temps comme un esprit fantasque et rarement comme une collectionneuse, on doit cependant souligner que l’ampleur de ses collections et la générosité de son legs à l’Académie des Beaux-arts en font une personnalité représentative du goût Rothschild, à l’instar du Grand Baron, de son père Alphonse ou son oncle Edmond de Rothschild, ce qui permet de conclure que c’en est une dans l’histoire du goût et un maillon indispensable pour sa connaissance outre-Atlantique.

Article rédigé par Pauline Prevost – Marcilhacy

Commentaire biographique : 

Béatrice de Rothschild, granddaughter of "Grand Baron" James de Rothschild (1792-1868), founder of the family’s French branch, and daughter of Alphonse and Leonora de Rothschild, of the English branch, was born in Paris on September 14, 1864 and is a perfect example of her family’s cosmopolitanism. Her youth was divided between her parents' hôtel particulier on rue Saint-Florentin (former residence of Charles Maurice de Talleyrand-Périgord), the Château de Ferrières, built by her grandfather James de Rothschild (1860, Joseph Paxton), and the villa in Cannes built by her grandmother Betty in 1880 (Charles Baron) — three residences emblematic of the Rothschild taste, characteristic of their zest for building and their interest in heritage. These examples doubtless helped inspire this daughter of Alphonse de Rothschild who in 1933 bequeathed to the Institut de France and the Académie des Beaux-Arts, in memory of her parents, the villa "Ile de France” in Saint Jean Cap Ferrat in order to turn it into a museum, as well as her collections scattered between Paris and her residences on the Riviera (mainly in Monte-Carlo, Villa Soleil, Blume, and Rose de France).

Her father Alphonse de Rothschild, regent of the Banque de France, was one of the most prominent personalities of the 19th century, famous for his art collections, particularly from the 18th century, and his role as a patron of contemporary artists. Her mother Leonora belonged to the most influential branch of the Rothschild family; her father Lionel de Rothschild played a decisive role in the recognition of Jews in England: a politician, elected to the Commons in 1846, he was the first Jew to enter Parliament English.

In 1883, at the age of 19, Béatrice de Rothschild married Maurice Ephrussi, 15 years her senior, from a family of bankers and wheat exporters, who were Jewish and originally from Odessa. She separated from him in 1904. Described by Elizabeth de Clermont Tonnerre as "a rather ugly and vulgar being", Maurice Ephrussi was more passionate about his racehorses, which he bred on his property in Reux in Normandy, than about acquiring works of art. Director of the Société Le Nickel, stronghold of the Rothschild banks, he was nevertheless related to Charles Ephrussi, one of the great art aficionados of the time, director of the Gazette des Beaux-Arts and friend of the Impressionists, and also to the Hellenist and Institut member Théodore Reinach, owner of the villa Kerylos in Beaulieu-sur-Mer.

A few years after their marriage (1887), the couple moved to the Hôtel de Monpelas, 19 avenue Foch, built by the architect Thierry for the Duke of Nemours (now the Angolan embassy). Despite the absence of archives or biographical notes on her early years, Béatrice Ephrussi stands out; the newspapers testify to her beauty, and her frequent participation in social receptions, although little is known about her early artistic tastes. Her interest in dance, music, exoticism, and travel, however, were salient features of her personality. While Béatrice Ephrussi did not seem to show a particular interest in museums, unlike other members of her family, or collectors of her time, she nevertheless made several visits to the exceptional collections of her cousin Ferdinand de Rothschild, another 18th century art enthusiast (Waddesdon Manor 1880), in England, or those of her grandfather Lionel de Rothschild in London, one of the most talented collectors of his generation, whose collection of French decorative art was internationally renowned. Her favourite country was Italy: there she would make many trips, bringing back rare works of art; there were also more distant trips to Russia (1884) or to Cairo, where she would acquire the series of moucharabiehs exhibited in the villa’s patio. Benefitting from the arrival of the Ballets Russes in Paris, Béatrice and Maurice Ephrussi organised the company’s last performance directed by Serge Diaghilev (Le Ballet, Les Sylphides) in their Parisian home on June 20, 1909, a rare testimony to their support for avant-garde art.

Following some risky investments, Maurice Ephrussi was forced to borrow funds from his father-in-law, Alphonse de Rothschild, and to reimburse him by turning over 907,950 Francs worth of furniture and works of art in 1904; the summary and non-exhaustive inventory of avenue Foch gives a first indication of his tastes. These were mainly works of decorative art from the 18th century (furniture, tapestries), relatively few paintings (three works by Boucher, however), and above all a large collection of Sèvres porcelain, vases, services, and porcelain plated furniture, which would later partly join the collections of the villa of Saint Jean Cap Ferrat (Séret G., 2016).

The separation in 1904 of Beatrice Ephrussi and her husband Maurice and the death of her father Alphonse de Rothschild a year later (1905) marked a turning point in her life. Now at the head of a significant financial inheritance, Béatrice Ephrussi embarked in 1905 on major architectural projects and considerably increased her collection, particularly in the realm of decorative arts, the analysis of which cannot be understood without mentioning the role she played in the construction of the Ile de France villa, "her true work". It was the same creative approach that drove her to compose, dissimulate, and ultimately create a timeless villa bringing together wide Mediterranean characteristics, Spanish Renaissance, and Piedmontese Rococo, in an 18th century interior rendered contemporary by the abundance of woodwork from Parisian hotels.

No less than eleven architects succeeded one another in the running, including several laureates of the Prix de Rome (Marcel Auburtin, A. Demerlé, Charles Girault, Henri Paul Nénot, Edouard Niermans), but none was actually selected. It was finally a local architect Gaston Messiah, (on plans by Auburtin) who obtained the commission, complying with the client's wishes (1905-1912). The result was, to say the least, unexpected and disparate: Béatrice Ephrussi, the true and only sponsor, adhered to a policy of fragment and collage, each of the facades functioning as a painting separated from the others but in relation to the landscape. If the general model remained the Italian Renaissance (Florentine or Venetian), other references were unexpectedly evoked; the medieval period, for example, in the portal of the Saint-Médard church in Paris on the north facade. For the gardens, the landscape designers Achille Duchene and then Harold Peto proceeded similarly, juxtaposing contrasting spaces that would also form a unique ensemble of a collection of seven gardens (Spanish, English, Exotic, Regular, Florentine, Italian, and Lapidary). One of the most unexpected elements is the presence in the lapidary garden of numerous dismantled Spanish sculptures (for example, altarpieces or fragments of funerary tombs, such as that of Don Garcia Osirio and his wife Maria de Perea, fragments of which today can be found in Cambridge (Fitzwilliam Museum) and New York (Metropolitan Museum and Hispanic Society) (Malgouyres P., 2016).

The interior design of the villa and the collections followed from the same spirit. Contrary to the family tradition favouring works of high quality, often of royal provenance, Béatrice Ephrussi made purchases without preconceived notions, and pieces of exception sit alongside more modest ones from both European and Far Eastern traditions. Paradoxically, while the residence was rarely inhabited by its patron, its layout was more reminiscent of that of a Parisian hôtel particulier than that of a second home on the Riviera. Unlike the Hôtel Saint-Florentin, where Alphonse de Rothschild sought unity between decor and collections, the works chosen by Béatrice Ephrussi are decontextualised. With a free and fanciful approach, she accommodated eclectic artistic reconstructions and made collages of stylistic elements that were accurate, but modified according to the particular requirements of the interior. All details participated in the staging, the overall effect prevailing and justifying the presence of numerous copies or modifications. Thus the woodwork, from the Louis XVI salon of Pierre Adrien Pâris and likely originating from the Hôtel Crillon, dismantled by Walter André Destailleur in 1907, are complemented by old fragments from the small apartments of the Palais Bourbon, or the Hôtel Hosten de Ledoux (Rousseau de La Rottiere); those in the large Louis XVI bedroom belonged to the merchant collector Georges Hoentschel, while those from the Directoire period in the boudoir in the bathroom, attributed to Leriche, were from a Parisian hotel. The few Beaujon folly panels donated by her cousin Baroness Salomon de Rothschild adorned the smoking room (Pons B., 1995; Steve M., 2002 and Leben U., 2016).

As emphasised by recent research (2016), it was in her taste for porcelain, kept in her Parisian home on avenue Foch and now exhibited at the villa Île-de-France, that Béatrice Ephrussi showed herself to be a true collector, an emulator of her father, Alphonse de Rothschild, or her cousins ​​Ferdinand and Alfred de Rothschild. From the inheritance from her father, who died in 1905, she kept a few major pieces of furniture as well as the porcelain collection (notably the "Worms de Romilly" and the "Mannheim" services). She increased this collection considerably with pieces of German production, or biscuits, and she preferred to part with the Dutch works, which she had inherited in 1920. Her passion for form led her to create series (chamber pots, lunch items, square trays). We can also note her predilection for the carmine colour and the cornflower pattern. This exceptional set is undoubtedly the most important porcelain collection kept in a French institution (Séret G., 2016). Faithful to her favourite period, Béatrice Ephrussi privileged the 18th century in all its components. Like other collectors (for example Isabella Stewart Gardner), she showed an interest in old textiles often collected for decorative purposes. Here again, the diversity of fabrics (costumes from the Age of Enlightenment, interest in late 15th-16th century tapestry, or for liturgical textiles) testifies to the eclecticism of her taste (Privat-Savigny M., 2016). In the field of furniture, the pieces inherited from his father Alphonse remain the flagship of the collection (barometer clock by André Charles Boulle, the chest of drawers by Joseph Baumhauer, even the game table by René Dubois), but the salons also have a large quantity of French Louis XV chairs or small cabinet-making furniture (Leben U., 2016). We should also add an exceptional collection of Piedmontese furniture, attributed today to Francesco Bolgié and Pietro Piffetti, that testifyies to an original taste, rare among collectors of the Riviera (Leben U., 2016 and Mézin L., 2020). The quality of the paintings is more uneven; the collection of drawings by Fragonard acquired primarily at public auction is an exception.

English through her mother, Béatrice Ephrussi evokes a very open cosmopolitan cultural model through her collecting, testifying to an Anglo-Italian influence centred on the decorative arts. Her taste for painted furniture in the Renaissance style recalls Pre-Raphaelite homes in the 19th century, as does the variety of her collection of applied art, which is reminiscent of the layout of London's South Kensington Museum; we also see this syncretism, with no separation between major arts and minor arts, sacred and profane works, in the Italian palaces refurbished by the great antique dealers of the time (Elia Volpi at the Palazzo Davanzatti, or Bardini at the Palazzo Mozzi in Florence).

The entire collection is turned towards the 18th century, but Béatrice Ephrussi associated with it works belonging to arts from more distant places (China, Japan), and a collection of Italian and Spanish works. She was in direct contact with antique restorers from northern Italy (Attilio Simonetti, Giuseppe Sangiorgi, and Antonio Salvadori, a famous Venetian antique dealer). This was also a matter of staging, since certain Italian paintings were integrated into the architecture and diverted for decorative purposes (the most notable example being the altarpiece by the master of Cesi, dismantled at Béatrice Ephrussi’s request in 1920, whose panels were transformed into the leaves of the "Porte de Siena" (Moench E., 2016).

While it might be difficult to find evolution in this collection, we can nonetheless perceive a continuous taste for the 18th century until the end of her life, most certainly maintained by the great dealers (Henri Stettiner, Auguste Vandermeersh, Jules Dennery, Seligmann, Wildenstein) who continued offering her works until 1934.

In 1933, Béatrice Ephrussi bequeathed to the Institut, for the Académie des Beaux-Arts, the villa of Ile-de-France as well as all of its collections "provided that this Museum retains the current appearance of a living room". There is no doubt that the daughter of Alphonse de Rothschild participated in the policy of artistic philanthropy carried out by her family for more than half a century, but also exemplified the model of the many museum houses developing in that era (Édouard and Nellie Jacquemart André, 1912, Cognacq Jay 1928 etc.).

It is difficult to determine Béatrice Ephrussi's place within the Rothschild family. Considered in her time as a whimsical spirit and rarely as a collector, it should however be emphasised that the extent of her collections and the generosity of her bequest to the Académie des Beaux-Arts qualify her as a personality representative of the Rothschild taste, like the Grand Baron, her father Alphonse, or her uncle Edmond de Rothschild; a perspective that allows us to conclude that like them she staked her place in the history of taste and played an important role with her appreciation of the extra-European.

Article by Pauline Prevost – Marcilhacy (Translated by Jennifer Donnelly)

Evénements
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Béatrice Ephrussi de Rothschild se rend en Italie à plusieurs reprises

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Date de l'événement : 
1884
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Thèmes d'étude
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Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] reliefs en calcaire (éléments de retables), groupe de la Vierge à l’enfant, anges en marbre, sculptures en bois polychromé et doré

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] éléments architecturaux en marbre et en pierre d’Istrie, reliefs de dévotion à sujet marial (2 en bois (Vérone), le reste des Vierges florentines en terre cuite vernissée, plâtre ou stuc)

Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] armoiries, ensembles démontés, fragments de tombeaux, de retables, d’autels, de façades ou de fontaines. En bois polychromé et doré, ou en pierre (albâtre) pour la majeure partie

Liens entre personnes
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Commentaire Type de lien horizontal : 

James de Rothschild est le grand-père de Beatrice Ephrussi.

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Charles Ephrussi est le neuveu de Béatrice Ephrussi de Rothschild

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Alphonse de Rothschild est le père de Beatrice Ephrussi.

Bibliographies / archives
Type de référence : 
Référence : 

G. Ollivier, Fondation Ephrussi de Rothschild, Genève 1969

Sources en ligne
Référence de notice : 
FRBNF15775949
Date de consultation : 
04/05/2016
Commentaire Sources en ligne : 

Notice catalogue BNF : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb15775949j

Source
Institut national d'histoire de l'art (France) / Musée du Louvre (Paris)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Commentaire interne

Projet Karbowsky

Rédacteur
Pauline Prevost – Marcilhacy