Ariel, Édouard
Écrivain de la Marine au port de Nantes.
Secrétaire archiviste du gouverneur des établissements français dans l'Inde.
Enfance et début de carrière
Édouard-Simon Ariel, fils de Simon Ariel et Victoire-Aglaë Gautron, est né à Nantes (Loire-Atlantique) le 5 octobre 1818 (AD 44, 96 J 7). Son père, Simon Ariel (né le 10 septembre 1772), était lieutenant des douanes royales à Nantes (AD 44, 96 J 6). Ce, poste lié au port de la ville, offrait à l’époque une rare fenêtre sur les mondes lointains. Les influences de ce milieu et les préoccupations de sa famille portent naturellement Édouard Ariel vers une carrière dans la Marine. À partir du 1er août 1836, il est attaché au service administratif du port de Nantes, en tant qu’écrivain de la Marine (BnF, Indien 1061, f. 8ro). Il occupe ce poste jusqu’au 7 décembre 1840, date à laquelle il devient attaché à l’administration centrale de la maire de Paris (BnF, Indien 1061, f. 9ro). Il est nommé commis de la Marine de deuxième classe le 24 décembre 1840 ; environ quatre ans plus tard, le 10 février 1844, il devient commis de la Marine de première classe (ANOM, EE 40/12). Le 3 avril de la même année il est affecté à Pondichéry et il s’embarque à Brest le 13 juin 1844 (BnF, Indien 1061, f. 9ro).
Carrière dans l’administration coloniale en Inde
Après cinq mois de navigation, Ariel débarque à Pondichéry le 19 novembre 1844 (BnF, Indien 1061, f. 9ro). Dès lors, il entame une carrière dans l’administration coloniale des établissements français dans l’Inde. Il est nommé secrétaire archiviste du gouverneur Louis Pajol (1790-1855), par un arrêté de nomination provisoire le 24 février 1845. Cette nomination est confirmée le 28 avril 1847 (AD 44, 96 J 7). Au fil des ans, il occupe d’autres fonctions : le 5 janvier 1846, il est nommé conservateur de la bibliothèque publique de Pondichéry ; le 31 décembre 1852, alors que, le 23 décembre 1847, il avait déjà reçu le titre d’aide-commissaire de la Marine, il est appelé à remplir les fonctions de garde-magasin, commissaire aux approvisionnements, chantiers et ateliers (AD 44, 96 J 7). En outre, par arrêté du 15 janvier 1849, le nouveau gouverneur, Hyacinthe Marie de Lalande de Calan (1802-1850), désigne Ariel pour présider le bureau électoral de Bahour, à partir du 22 janvier de la même année (AD 44, 96 J 7). Une lettre d’archives nous apprend que, depuis le mois de juillet 1852, Ariel a cessé ses fonctions de secrétaire archiviste et est remplacé par un certain Chauvet de Cavrolais ; dans la même lettre, datée du 4 août 1852, M. Le Peltier suggère au gouverneur de l’employer comme secrétaire particulier (AD 44, 96 J 7). Nous n’avons pas d’informations sur les fonctions qu’Ariel exerce dans l’administration coloniale de Pondichéry en 1852, mais nous savons qu’il monte en grade et devient sous-commissaire de la Marine le 21 mars 1853 (ANOM, EE 40/12). Le 31 décembre de la même année, il est rétabli dans ses anciennes fonctions de secrétaire archiviste du gouvernement (BnF, Indien 1061, f. 15ro). C’est à peu près à cette époque qu’il doit tomber malade ; d’après Léon de Rosny (1837-1914), « les médecins lui déclarent alors qu’il n’avait de chance de recouvrer la santé qu’en retournant de suite en Europe ; mais M. Ariel ne voulait pas abandonner l’Inde avant d’avoir achevé ses recherches. En dépit de sa maladie, il se mit donc au travail avec plus d’ardeur que jamais, espérant ainsi rapprocher le moment de son départ pour la France. Il n’en fallut pas davantage pour aggraver rapidement sa situation ; et, le 23 avril 1854, la mort vint le contraindre de renoncer à toutes ses espérances » (Rosny L. de, 1868, p. 177, n. 1).
Savant et orientaliste
Parallèlement à sa carrière officielle, Édouard Ariel a poursuivi tout au long de sa vie une carrière de savant et d’orientaliste. Dès son plus jeune âge, il s’est intéressé à la poésie, à la littérature, à l’histoire et à la médecine. En témoignent les papiers restés en possession de sa famille, aujourd’hui conservés dans les archives départementales de Loire-Atlantique (AD 44, 96 J 7). On y trouve, par exemple, de nombreux poèmes dédiés à sa mère, ainsi que des recettes pour fabriquer l’« élixir de longue » vie ou d’autres remèdes. Peut-être Ariel a-t-il déjà commencé à fréquenter le cercle des orientalistes au cours des années 1840-1844, qu’il a passées à Paris avant son départ pour l’Inde. Il apparaît qu’il a étudié sous la direction d’Eugène Burnouf (1801-1852), linguiste et indianiste français, par ailleurs membre fondateur de la Société Asiatique en 1822. Peu après son arrivée à Pondichéry, Ariel entretient une correspondance savante (BnF, Indien 1061, f. 11ro) avec Burnouf, qu’il appelle « Cher Professeur » (Ariel E., 1848, p. 416). Cette relation privilégiée semble expliquer aussi le lien étroit d’Ariel avec la Société Asiatique : c’est dans le journal de cette société savante qu’il publie tous ses travaux de recherche et c’est à elle qu’il lègue sa bibliothèque à sa mort. Certains détails de ces legs nous sont connus par deux lettres de Gallois Montbrun, exécuteur testamentaire d’Édouard Ariel, envoyées au notaire nantais Auguste-Julien Aubert qui était chargé des affaires de la famille Ariel. Dans une la première en date du 23 février 1855, Montbrun écrit à Aubert : « [...] au terme de la liquidation de la succession Ariel, j'embarque demain, sur le Frimaquet, qui mettra dans quelques jours à la voile pour Bordeaux, 15 colis destinés tant à la famille qu’à la Societé Asiatique. Veuillez avoir la bonté de faire ouvrir une police d’assurance pour une somme de six mille francs (5 500 pour la collection destinée à la Societé Asiatique et 500 francs pour les effets destinés à la famille). » Un second courrier de Montbrun, datée du 10 mars 1855, explique à Aubert la question de l'héritage monétaire d'Ariel, qui devait être utilisé principalement pour l’éducation de sa fille Marie, née d’une femme tamoule nommée Ellammaḷ (AD 44, 96 J 7).
Quoi qu’il en soit, peu après son arrivée à Pondichéry, Ariel a commencé à s’intéresser à l’histoire, à l’archéologie, à la langue et à la littérature de la région, comme le montrent ses divers papiers aujourd’hui conservés à la BnF (NAF 8883-8941, Indien 160-168). Surtout, Ariel se passionne immédiatement pour la langue tamoule, dont il obtient une maîtrise exceptionnelle qui lui permet de réussir un concours difficile. Julien Vinson (1843-1926) nous apprend que « le gouvernement colonial a établi par deux arrêts des 28 février 1843 et 12 août 1849 une prime de 3 750 francs (1 500 roupies anglaises) “à l’étude des langues natives ou orientales”, l’hindoustany, le tamoul, le télinga. Cette prime, décernée après un concours oral et écrit des plus sérieux, n’a été obtenue jusqu’à ici que cinq fois : [...] le 27 avril 1850 par M. Ariel [...] » (Vinson J., 1879, p. 21). Nous savons, par une résolution du conseil d’administration des établissements français dans l’Inde de Pondichéry, daté du 20 août 1851 et attribuant cette prime à Ariel, que le concours ne comportait pas moins de neuf épreuves : « 1. Exercice, Grammaire tamile ; 2. Lecture et traduction de vive voix d’ouvrages tamils en prose ; 3. Dictée en tamil ; 4. Traduction en français de vive voix d’une requête en tamil et conversation dans cette langue avec le pétitionnaire ; 5. Déchiffrement d’écritures difficiles en tamil ; 6. Traduction par écrit d’un passage en prose tamile et d’un procès-verbal écrit en cette langue concernant les revenus territoriaux ; 7. Traduction en tamil d’un jugement ; 8. Établissement d’un compte en tamil et traduction d’un autre compte du tamil en français ; 9. Rédaction d’une lettre officielle en tamil » (AD 44, 96 J 7). Sa mort précoce empêcha Ariel de partager ses prodigieuses connaissances avec un large public, comme le note Gallois Montbrun dans sa nécrologie (Gallois Montbrun A., 1854). Il a cependant publié dans le Journal de la Société Asiatique trois études importantes, avec des traductions, sur le Tirukkuṟaḷ (திருக்குறள்) de Tiruvaḷḷuvar, un texte classique de la littérature tamoule (Ariel E., 1847, 1848, 1852).
Commentaire rédigé par Emmanuel Francis et Margherita Trento. Cette notice est le résultat du travail commun des deux auteurs dans le cadre du projet TST financé par l'ANR.
Édouard-Simon Ariel, son of Simon Ariel and Victoire-Aglaë Gautron, was born in Nantes (Loire-Atlantique) on October 5, 1818 (AD 44, 96 J 7). His father, Simon Ariel (born September 10, 1772), was lieutenant of royal customs in Nantes (AD 44, 96 J 6). This position, connected with the city’s port, provided a window onto faraway lands that was rare at the time. The influence of this setting and the interests of his family naturally guided Édouard Ariel towards a career in the Navy. From August 1, 1836, he was an attaché in the administrative service of the port of Nantes, as a Navy scrivener (écrivain de la Marine) (BnF, Indien 1061, f. 8ro). He served in this role until December 7, 1840, when he became attaché to the central administration of the mayor of Paris (BnF, Indien 1061, f. 9ro). He was named Navy clerk second class (commis de la Marine de deuxième classe) on December 24, 1840; about four years later, on February 10, 1844, he was promoted to Navy clerk first class (commis de la Marine de première classe) (ANOM, EE 40/12). On April 3 of the same year he was assigned to Pondicherry and on June 13 he embarked from Brest (BnF, Indien 1061, f. 9ro).
On November 19, 1844, after five months at sea, Ariel landed at Pondicherry (BnF, Indien 1061, f. 9ro), whereupon he launched a career in the colonial administration of the French establishments in India. He was named secretary of the archives (secrétaire archiviste) for the governor Louis Pajol (1790-1855) by a provisory decree of nomination on February 24, 1845. This nomination was confirmed on April 28, 1847 (AD 44, 96 J 7). Over the years, he assumed various roles: on January 5, 1846, he was named conservator of the public library of Pondicherry; on December 31, 1852, having received the title of assistant commissioner of the Navy (aide-commissaire de la Marine) on December 23 1847, he was called upon to oversee provisions, commissioning of provisions, construction sites, and studios (AD 44, 96 J 7). Furthermore, by an order of January 15, 1849, the new governor, Hyacinthe Marie de Lalande de Calan (1802-1850), designated Ariel to preside over the electoral bureau of Bahour, starting January 22 that year (AD 44, 96 J 7). A letter from the archives informs us that since July 1852 Ariel had dropped the role of secretary of the archives and had been replaced by a certain Chauvet de Cavrolais, In the same letter, dated August 4, 1852, M. Le Peltier suggests that the governor hire him as a personal secretary (AD 44, 96 J 7). We do not have information on the duties that Ariel performed in the colonial administration in Pondicherry in 1852, but we know that he rose in rank and became under-commissary of the Navy (sous-commissaire de la Marine) on March 21, 1853 (ANOM, EE 40/12). December 31 of the same year he was established in his previous functions of secretary of the archives in the government (BnF, Indien 1061, f. 15ro). It is around this time that he must have fallen ill; according to Léon de Rosny (1837-1914), “the doctors declared that he had no chance of recovering his health unless he returned to Europe; but Mr. Ariel did not wish to leave India before having completed his research. Despite his illness, he set to work with greater fervour than ever, hoping thus to hasten the moment of his departure for France. But it only worsened his situation; and on April 23, 1854, death compelled him to give up all his hopes” (Rosny L. de, 1868, p. 177, n. 1).
In tandem with his official career, Édouard Ariel had throughout his life also pursued a career of scholar and orientalist. From an early age, he was interested in poetry, literature, history, and medicine. This is attested to by papers that remained in the possession of his family, today preserved in the departmental archives of the Loire-Atlantique (AD 44, 96 J 7). There one finds, for example, numerous poems dedicated to his mother, as well as recipes for producing an “elixir of long life” and other remedies. Ariel may have already begun to frequent the circle of Orientalists during the period from 1840 to 1844, which he spent in Paris before his departure for India. He seems to have studied under the direction of Eugène Burnouf (1801-1852), a French linguist and scholar of India, as well as a founding member of the Société Asiatique in 1822. Shortly after his arrival in Pondicherry, Ariel struck up a scholarly correspondence (BnF, Indien 1061, f. 11ro) with Burnouf, whom he addressed as “Dear Professor” (Ariel E., 1848, p. 416). This special relationship would also seem to explain Ariel’s close link with the Société Asiatique: he published all his research in their journal and bequeathed his library to them after his death. Certain details of this donation are known to us through two letters from Gallois Montbrun, executor of Édouard Ariel’s will, sent to the notary Auguste-Julien Aubert of Nantes who took care of the Ariel family's business. In the first, dated February 23, 1855, Montrun writes to Aubert: “[…] following the liquidation of Ariel’s inheritance, tomorrow I will load 15 packages for the family and the Asiatic Society onto the Frimaquet, which sets sail for Bordeaux in a few days. Please have the kindness to open an insurance policy for a sum of six thousand francs (5,500 for the collection for the Société Asiatique and and 500 for possessions for the family).” A second letter from Montbrun to Aubert dated March 10, 1855 explained the matter of Ariel’s financial inheritance, which was to be used principally for the education of his daughter Marie, whose mother was a Tamil woman named Ellammal (AD 44, 96 J 7).
Whatever the case, shortly after his arrival at Pondicherry, Ariel became interested in the history, architecture, language, and literature of the region, as demonstrated by the various papers today conserved at the Bibliothèque nationale de France (NAF 8883-8941, Indien 160-168). Above all, Ariel was fascinated by the Tamil language, in which he acquired an exceptional mastery which allowed him to pass a difficult competition. Julien Vinson (1843-1926) informs us that the “colonial government had established by two decrees of February 28, 1843 and August 12, 1849 a bonus of 2,750 Francs (1,500 English Rupees) for the ‘study of native or oriental languages,’ Hindustani, Tamil, and Telinga. This bonus, given after an oral and written test of the greatest seriousness, has until now been conferred only five times: [...] on April 27, 1850, by M. Ariel […]” (Vinson J., 1879, p. 21). By a resolution of the counsel of administration of the French establishments in India and Pondicherry dated August 20, 1851, which awarded the bonus to Ariel, we learn that the competition included no less than nine tests: “1. Exercise, Tamil grammar; 2. Oral reading and translation of Tamil works in prose; 3. Taking dictation in Tamil; 4. Oral translation into French of a request in Tamil and conversation in this language with the petitioner; 5. Deciphering difficult writing in Tamil; 6. Written translation of a prose passage in Tamil and of minutes in this language concerning territorial revenues; 7. Translation into Tamil of a judgement; 8. Establishment of an account in Tamil and translation of another account into Tamil and French; 9. Writing an official letter in Tamil” (AD 44, 96 J 7). His early death prevented Ariel from sharing his prodigious knowledge with a wide public, as notes Gallois Montbrun in his obituary (Gallois Montbrun A., 1854). He nevertheless published three important studies, with translations, on the Tirukkuṟaḷ (திருக்குறள்) of Tiruvaḷḷuvar, a classical text of Tamil literature, in the Journal de la Société Asiatique (Ariel E., 1847, 1848, 1852).
Entry written by Emmanuel Francis and Margherita Trento (translated by Jennifer Donnelly). This notice is the result of collaborative work by the two authors in the context of the project TST financed by the ANR.
[Objets collectionnés] statuettes en bois, bronze, albâtre, ivoire.
[Objets collectionnés]
[Objets collectionnés]
Il apparaît qu’il a étudié sous la direction d’Eugène Burnouf (1801-1852), linguiste et indianiste français, par ailleurs membre fondateur de la Société Asiatique en 1822. Peu après son arrivée à Pondichéry, Ariel entretient une correspondance savante (BnF, Indien 1061, f. 11ro) avec Burnouf, qu’il appelle « Cher Professeur » (Ariel E., 1848, p. 416). (Source : Notice Agorha "Edouard Ariel" rédigée par Emmanuel Francis et Margherita Trento)
Edouard Ariel publie ses travaux dans le Journal de la Société Asiatique et lui lègue sa bibliothèque à sa mort. (Source : Notice Agorha "Edouard Ariel" rédigée par Emmanuel Francis et Margherita Trento)
https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb143513141