Beaurain, Nicolas
Une œuvre sure est conservée de sa main : un élément de verrière au motif de la Vierge à l'Enfant, provenant de la Sainte Chapelle de Vincennes, déposée en 1872-1875 et connue par le marché avec Philibert de l'Orme en 1551. La verrière reprenait des cartons de Claude Baldouin et Luca Penni entre autres. Le vitrail est aujourd'hui au musée du Louvre (OA 2453, cf. Béguin 1972).
Nicolas Beaurain semble avoir été le successeur du peintre-verrier Jean Chastellain (mort en 1541) sur les chantiers royaux (Laborde). Dès le mois de décembre 1541, les gouverneurs de la confrérie Saint-Étienne, à Saint-Étienne-du-Mont, lui commandent une verrière pour la baie du choeur, sur le thème de saint Étienne, après la mort de Chastellain. Cette verrière fait de Beaurain l'un des premiers verriers parisiens à utiliser l'émail sur verre (Leproux 1993 et 2001).
Il devient le peintre-verrier attitré de Philibert de l'Orme sur les chantiers du règne d'Henri II, après avoir travaillé une première fois au Louvre en 1538. Il s'illustre à Anet à partir de 1548, puis à la Sainte-Chapelle de Vincennes. Il réalise également la verrière de l'histoire de Joseph (église Saint-Merry, cf. Gatouillat et al. 1997) et des vitraux à Saint-Aspais de Melun. Les verrières de l'église de Saint-Michel-sur-Orge (provenant d'une église parisienne) peuvent aussi lui être attribuées.
En 1548, il signe un marché auprès de Diane de Poitiers, pour réaliser les vitres du château d'Anet, sous la direction de Philibert de l'Orme.
Entre 1551 et 1556, il réalise les verrières de la Sainte-Chapelle de Vincennes, d'après des cartons fournis par Claude Baldouin et Luca Penni notamment. Le chantier des verrières de Vincennes s'est peut-être interrompu en 1559, à la mort d'Henri II, et reprend vers 1563, date à laquelle Beaurain reçoit les derniers versement pour ses travaux. Après sa mort, le maître verrier Jean de La Hamée semble lui avoir succédé sur le chantier de Vincennes, pour de menus travaux d'entretien.
Parallèlement à ses réalisations à Vincennes, il travaille également à l'hôtel des Tournelle, et est rémunéré en 1559 pour des réparations à l'Arsenal, et des travaux au château de Saint-Léger. Il signe également un marché en 1557 pour des vitres à réparer au gros pavillon du roi au Louvre. L'année de sa mort (1563), il travaille pour le château de Madrid, et reçoit une commande d'un vitrail pour l'église Saint-Paul, émanant de la duchesse d'Estouteville. Il a également travaillé à des demeures privées : pour Jacques d'Albon, et pour Antoine Olivier, évêque de Lombez.
Sa formation est malheureusement inconnue. Toutefois, les sources nous indiquent qu'il fut également un maître important pour les verriers de Paris. Il prit pas moins de quatre apprentis dans son atelier : Aubert Anglart entre 1545 et 1547 (Paris, Archives nationales, MC/ET/LXXVIII/14, 13 avril 1545), Jean Denis en 1556, Baptiste Bonet à une date indéterminée mais avant 1558, date de sa maîtrise (Arch. nat., MC/ET/VIII/302, 20 novembre 1558), et Claude Beaurain (un parent ?) en 1562. (Arch. nat., MC/ET/VIII/450, 9 février 1562)
En 1556, certains membres de la corporation dont Nicolas Adet, intentent un procès contre Nicolas Beaurain et Louis Meignan. Les raisons ne sont pas déterminées.
Guy-Michel Leproux cite un important nombre de sources au sujet de Beaurain qu'il a découvert aux Archives nationales, Paris. Outre celles citées ci-dessus, il ajoute également : MC/ET/LXXXV/10, 1er février 1543 ; MC/ET/VIII/225, 9 juillet 1556 ; MC/ET/VIII/298, 7 mai 1556 ; MC/ET/VIII/445, 21 avril 1556 MC/ET/VIII/449, 14 octobre 1560 (cf. Leproux 2001, p. 169).
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