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De Groot, Johann Jacob Maria

Statut
Publiée
Contributeur
jnorindr
Dernière modification
16/04/2024 11:14 (il y a 8 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
De Groot
Prénom : 
Johann Jacob Maria
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
De Groot
Prénom : 
Johannes Jacobus Maria
Qualificatif : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
8 février 1854
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
24 septembre 1921
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1891 - 1897
Adresse : 

Rembrandtstraat

Code postal : 
2300-2334
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1897 - 1912
Adresse : 

Zoeterwoudschen Singel

Code postal : 
2300-2334
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1912 - 1921
Adresse : 

Dahlemer straße 69.

Code postal : 
‎10178
Ville : 
Commentaire Ville : 

Ancienne commune de Groß-Lichterfelde.

Professions / activités
Type de profession / activité : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1891 - 1911
Commentaire Professions / activités : 

Professeur d’ethnologie et de chinois.

Type de profession / activité : 
Institution : 
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1912 - 1921
Commentaire Professions / activités : 

Professeur de chinois.

Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Issu d’une fervente famille catholique, Johann Jacob Maria de Groot (Schiedam 18/2/1854-Berlin 24/9/1921) est le quatrième des treize enfants de la famille de Johann Seraphin Matthias de Groot (1824-1912), commerçant et marchand d’alcool, et d’Helena Wilhelmina Elisabeth Beukers (1830-1920) (AM, Schiedam, 21 février 1854, 79).

Fasciné depuis son enfance par les récits de voyage en mer de l’officier-écrivain Fredericks Marryatt (1792-1848), de Groot rêve d’abord de devenir officier dans la Marine royale hollandaise (Groot J. J. M. de, Notizen über mein Leben). Mais ses échecs successifs aux examens d’entrée l’engagent dans une autre direction. Il s’inscrit d’abord à l’école gouvernementale de Delft pour devenir fonctionnaire colonial de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, puis part trois ans à l’université de Leyde (Werblowsky Z., 2002, p. 15 ; Kuiper K., 2017, p. 331-332). Il suit une formation d’interprète en chinois auprès de Gustave Schlegel (1840-1903), lui-même formé en Chine dans les années 1860 et interprète pour la Cour suprême du gouvernement colonial de Batavia. De caractères différents, de Groot se montrera, quelques années plus tard, assez critique envers son professeur (Werblowsky Z., 2002, p. 16 ; Kuiper K. 2017, p. 349). Pendant cette période de formation, il va également prendre ses distances vis-à-vis de l’Église catholique qu’il juge trop intransigeante (Visser M. W. de, 1921, p. 2).

Premier séjour en Asie (1876-1883)

Le 11 décembre 1876, de Groot quitte les Pays-Bas pour effectuer sa dernière année d’étude pratique du chinois. Il arrive à Amoy (actuel Xiamen), dans la province du Fujian, au sud-est de la Chine, le 2 février 1877 (Groot J. J. M. de, Notizen ; Kuiper K., 2017, p. 479). Dès 1842, Amoy est l’un des cinq ports ouverts aux étrangers par le traité de Nankin (Nanjing) après la première guerre de l’opium et devient rapidement un des centres de la présence occidentale en Chine du Sud. Pendant un an il va étudier la langue vivante et le dialecte local du Fujian, collecter des données sur la vie et les cultes populaires et étudier le système monastique bouddhiste. Il détruira plus tard ce carnet de terrain pour ne conserver que les données scientifiques qui seront publiées (Groot J. J. M. de, Notizen ; Visser, 1921, p. 2 ; Werblowsky Z., 2002, p. 34 ; Kuiper K., 2017, p. 484). Cette formation lui sera d’autant plus utile que les administrateurs coloniaux ont alors grand besoin d’interprètes pour traiter avec une forte population d’émigrés chinois du Fujian venue chercher du travail aux Indes orientales (actuelle Indonésie).

Le 9 février 1878, il quitte Amoy pour Canton, Singapour, puis il est nommé interprète à Cheribon (actuelle ville de Cirebon) sur la côte nord de Java (Visser M. W. de, 1921, p. 3). Il profite de cette période pour travailler sur ses notes de terrain avant de partir à Pontianak, dans l’île de Bornéo, pour se soigner. De Groot se trouve isolé dans la communauté néerlandaise dont il ne partage pas les mœurs (Groot J. J. M. de, Notizen). Il poursuit son étude et parvient à publier en 1881, la première partie de ses travaux sur les Fêtes et coutumes annuelles des Emoy-Chinois (Jaarlijksche feesten en gebruiken van de Emoy-Chineezen, Batavia, 1881) (Werblowsky Z., 2002, p. 19-22).

En mars 1883, son état de santé le contraint à rentrer aux Pays-Bas. Il publie la deuxième partie de son travail sur les fêtes ainsi qu’une étude sur le système des kongsi ou « maison des clans » regroupant des Chinois de la diaspora à Bornéo (Het Kongsiwezen an Borneo, 1885).

Installé à La Haye, il prépare une communication sur les messes funéraires bouddhiques pour le congrès des Orientalistes à Leyde en septembre 1883 (Actes du sixième Congrès international des orientalistes, 1885). Il y rencontre Émile Guimet (1836-1918), industriel et fondateur d’un musée des religions à Lyon depuis 1879, qui lui propose de publier une édition illustrée des Fêtes dans les Annales du musée Guimet. César Gustave Chavannes (1832-1909) traduit et adapte le texte avec l’écrivain, et le peintre Félix Régamey (1844-1907) illustre l’œuvre. Les deux volumes paraissent deux ans plus tard (Les Fêtes annuellement célébrées à Emoui (Amoy). Étude concernant la religion populaire des chinois, 1886, p. 403-832). Le 5 décembre 1884, il obtient son doctorat à Leipzig sur la base de ce travail qui le fait connaître dans le monde de la sinologie (Visser M. W. de, 1921, p. 4 ; Werblowsky Z., 2002, p. 19).

Les objets collectés lors de son premier séjour seront donnés au musée d’ethnographie de Leyde et il vend les ouvrages achetés à Amoy à l’Université de la même ville (Kuiper K., 2017, p. 1003).

Un deuxième séjour en Chine (juin 1886-avril 1890)

Souhaitant poursuivre ses recherches sinologiques dans le cadre d’un deuxième séjour, de Groot réussit à convaincre le ministère des Colonies de lui confier une mission d’étude, de deux ans renouvelables. À l’issue de nombreux échanges, il obtient cet accord le 8 mai 1885 avec comme sujet de recherche les langues, la géographie et l’ethnologie de la Chine (Kuiper K., 2017, p. 404-412). Il séjourne deux mois à Leyde pour apprendre la photographie et réaliser les études préparatoires. Sur le trajet pour Marseille, il s’arrête à Lyon pour rencontrer Émile Guimet et visiter son musée (Werblowsky Z., 2002, p. 24). À cette occasion, et sur une proposition de de Groot, Guimet lui confie la constitution d’une collection scientifique liée aux religions populaires chinoises pour compléter son musée (Guimet E., 1913. p. 95). Il quitte Marseille en janvier 1886, passe par Batavia et poursuit son voyage par Delhi, Canton, Hong Kong et enfin Amoy où il arrive en juin 1886 (Visser M. W. de, 1921, p. 4 ; Werblowsky Z., 2002, p. 55).

Son deuxième séjour en Chine sera très riche. Il collecte de nombreux détails sur la vie familiale — héritage, adoption, statut de la femme, mariage — et les cérémonies funéraires qu’il a soigneusement observées et enregistrées. À cette fin, il s’installe souvent au sein des familles chinoises et assiste aux fêtes religieuses de la population pour mieux les appréhender. Il séjourne dans des monastères bouddhiques pour étudier la vie monastique. Il voyage dans les provinces du sud de la Chine, non sans difficulté du fait du climat et de la méfiance de la population vis-à-vis des étrangers (Groot J. J. M. de, 1892, p. 9 ; Visser M. W. de, 1921, p. 5).

En parallèle il met en œuvre l’émigration de coolies chinois vers l’île de Bangka et la côte Est de Sumatra (Groot J. J. M. de, Notizen ; Werblowsky Z., 2002, p. 50).

Le 30 janvier 1888, son séjour est prolongé de deux ans. Il travaille alors sur la consécration monastique et reçoit dès 1888 deux prix prouvant l’intérêt suscité par ses travaux en Europe. La France lui décerne la Légion d’honneur le 6 janvier 1888 pour sa collaboration avec le musée Guimet (Groot J. J. M. de, Notizen ; Werblowsky Z., 2002, p. 64-66), et les Pays-Bas le nomment membre correspondant de l’Académie royale des sciences à Amsterdam. En avril et mai 1889, il séjourne pour la dernière fois dans le monastère de Kushan près de Fuzhou, pour étudier certains points du bouddhisme chinois restés obscurs (Groot J. J. M. de, Notizen ; Visser M. W. de, 1921, p. 6).

En janvier 1890 il accepte une proposition de nomination, pour trois ans, comme enseignant de chinois et malaisien à l’école de commerce d’Amsterdam et rentre aux Pays-Bas. Il passe par Shanghai, Tianjin, Beijing et ses alentours, il visite de nombreux monastères et pagodes, ainsi que le mausolée des empereurs de la dynastie Ming, qu’il mesure, décrit et photographie (Groot J.J.M. de, The religious system of China, 1894 et 1897 ; Visser M.W. de, 1921, p. 6).

Arrivé au Japon, il visite Nagasaki, Kyoto, Tokyo et assiste à quelques festivals dans des temples. Il quitte Yokohama pour l’Amérique, l’Angleterre et retrouve enfin sa terre natale. Il ne retournera jamais en Asie (Visser, 1921, p. 6 ; Kuiper K., 2017, p. 862-865).

Le retour aux Pays-Bas (1891-1911)

Son séjour à Amsterdam sera très court car dès octobre 1891, il est nommé professeur de géographie et d’ethnologie à l’université de Leyde et succède au professeur G. A. Wilken (1847-91) (Kuiper K., 2017, p. 1004). À cette époque, il publie des traités scientifiques dans la revue internationale de sinologie T'oung Pao ainsi que des articles sur le statut juridique de l’émigrant chinois et sur la politique consulaire chinoise (Groot J. J. M. de, 1892a, 1892b, 1892c). De 1891 à 1904, il exerce comme professeur d’ethnologie puis succède à Gustave Schlegel à la chaire de chinois jusqu’en 1911 (Visser M.W. de, 1921, p. 9).

Resté célibataire, De Groot vit alors avec deux de ses sœurs qui gèrent le quotidien et son secrétariat. Il poursuit ses recherches sur le système religieux chinois. Le matériel recueilli au cours de ses voyages est édité, expliqué et complété par une étude approfondie des sources de sa riche bibliothèque chinoise. En avril 1892, la première partie de son grand ouvrage intitulé The religious system of China est publié. La conception initiale devait comporter le double de parties, mais seulement six seront finalement publiées. Cet ouvrage novateur contient une mine de données non seulement pour la sinologie, mais aussi pour l’ethnologie et l’histoire religieuse comparée (Visser M. W. de, 1921, p. 7-8). Le Prix Stanislas Julien, décerné chaque année par l’Académie des inscriptions et belles-lettres de l’Institut de France, à Paris, pour le meilleur ouvrage sur la Chine publié cette année-là sera attribué par deux fois à cet ouvrage, en 1898 et 1902 (Jugement des concours, 1898. p. 753-767 ; Palmarès des prix et récompenses décernés, 1902, p. 588-603).

En 1892, il devient membre de l’Académie royale des sciences à Amsterdam, de la Société de littérature néerlandaise et de la Société de l’université d’Utrecht (Visser M. W. de, 1921, p. 8). Il donne également quelques leçons à la reine Wilhelmina et à la reine mère des Pays-Bas entre janvier 1899 et août 1900 (Werblowsky Z., 2002, p. 26).

En 1902, l’université de Columbia aux États-Unis et l’université de Berlin lui proposent de diriger une chaire de sinologie. Après un entretien en Allemagne et beaucoup d’hésitations face à cette proposition très attrayante, et assortie de bien des avantages pour sa recherche, il décline cette offre et reste aux Pays-Bas.

Nommé en décembre 1903, membre correspondant de la branche chinoise de la Royal Asiatic Society à Shanghai, il devient président de la Section de l’Extrême-Orient du Congrès orientaliste à Alger en avril-mai 1905, puis membre associé étranger de la Société asiatique de Paris (Visser M. W. de, 1921, p. 9).

En 1904 puis de nouveau en 1911, il prend position contre la tradition du bizutage des jeunes étudiants. Il sera d’abord peu entendu et fortement critiqué avant finalement de permettre quelques avancées dans ce domaine. Les rumeurs sur l’homosexualité de de Groot, contestées par certains historiens comme Zwi Werblowsky, pourraient venir de cette période où de Groot se scandalise lors d’une représentation théâtrale mettant en scène des pratiques homosexuelles dans le cadre d’un bizutage (Mungello D. E., 2012, p. 77).

Du 14 mars au 16 mai 1908, il voyage pour la première fois en Amérique, où il donne huit conférences à Hartford sur la religion chinoise. La même année, il assiste aux congrès de Copenhague et d’Oxford et il est nommé membre correspondant de l’Institut de France. Son deuxième voyage en Amérique (24 septembre-30 décembre 1910) fut à l’invitation du Committee for Lectures on the History of Religions, où il donna six conférences à Boston, New Haven, Philadelphia, New York, Baltimore et Chicago. Il est invité en Amérique pour la troisième fois en 1911, pour être nommé docteur honoris causa à Princeton le 13 juin (Visser M. W. de, 1921, p. 11).

Départ pour l’Allemagne en 1912

La seconde offre de Berlin lui parvient le 25 mai 1911. Les conditions d’enseignement offertes sont certes avantageuses, mais surtout cette proposition intervient au moment où de Groot se trouve en lutte d’un côté contre les pratiques de bizutage et de l’autre contre l’Université qui refuse de créer un poste pour l’iraniste Joseph Marquart (1864-1930). Cette chaire de philologie iranienne sera créée à Berlin pour Marquart et finira de convaincre de Groot de quitter les Pays-Bas et ce malgré les tentatives de l’Université et du Ministère pour le faire changer d’avis. Il faudra attendre 1919 pour qu’il soit remplacé par un ancien élève, J.J.L. Duyvendak (Blussé L., 2014, p. 30).

Il part en 1912 et devient professeur à la Friedrich Wilhelms Universität (actuelle université Humboldt) de Berlin puis membre de la Royale Académie. L’empereur allemand le nomme Königlicher geheimer Regierungsrat (conseiller secret du gouvernement royal) et pendant la guerre, de Groot rejoint sans réserve le camp allemand. En 1914, il fait partie du Manifeste des 93 en signant un document de propagande sous le titre Aufruf an die Kulturwelt, An die Kulturwelt ! Ein Aufruf (l’Appel des intellectuels allemands aux nations civilisées) qui réfute le rôle d’agresseur de l’Allemagne au début de la Grande Guerre. Il va également renoncer à la moitié de son salaire pour participer à l’effort de guerre et en 1918 l’empereur allemand lui décerne la Croix du Mérite pour aide de guerre (Verdienstkreuz für Kriegshilfe). Cette position lui vaudra une prise de distance de ses collègues occidentaux. De Groot étant fortement conservateur, son respect de la monarchie et son désir d’ordre et de discipline ont contribué à le rapprocher de l’Allemagne wilhelminienne (Werblowsky Z., 2003, p. 31).

Au cours de ses premières années à Berlin, de Groot va écrire sur l’histoire asiatique à partir de sources chinoises. L’ouvrage Chinesische Urkunden zur Geschichte Asiens sera achevé en 1917, mais le premier volume ne parait pas avant 1921, l’année de sa mort, et le deuxième en 1926 (Werblowsky Z., 2003, p. 103).

Au sortir de la guerre, il va poursuivre ses travaux dans le domaine de la religion chinoise et de l’histoire et se consacre à la formation de ses étudiants parmi lesquels les sinologues Franz Kuhn (1884-1961) et Erich Haenisch (1880-1966) (Kuiper K. 2017, p. 1006).

Il meurt en 1921 des suites de maladie dans sa maison à Berlin. Ses collègues allemands lui rendront hommage (Visser M. W. de, 1921, p. 14).

Plusieurs biographies ont permis la rédaction de cette notice. Sa nécrologie la plus complète est celle de son ancien élève Marinus Willem De Visser (1875-1930) qui a accès en 1922 à son carnet de notes et aux souvenirs personnels de l’une de ses sœurs (Visser M. W. de, 1921). Dès 1983, Zwi Werblowski (1924-2015), spécialiste des religions comparées, complète ces biographies grâce au journal retrouvé dans la famille en 1972 et publie en 2002 The Beaten Track of Science, The life and Work of J.J.M. de Groot. Il considère de Groot comme le père de l’ethno-sinologie. En 2013, Wilt L. Idema et Léonard Blussé, deux historiens de la Chine, reviennent sur l’histoire des fondateurs des études chinoises aux Pays-Bas parmi lesquels de Groot. Plus récemment en 2017, Koos Kuiper, bibliothécaire à l’université de Leyde, lui consacre une partie de son ouvrage sur les sinologues hollandais entre 1854 et 1900, en s’appuyant sur de nombreux documents d’archives. Enfin, Egbert Fleuren en 2018, consacre son mémoire de thèse à la place et à l’influence de de Groot dans l’histoire de la sinologie néerlandaise.

Article rédigé par Deirdre Emmons

Commentaire biographique : 

Born into a fervent Catholic family, Johann Jacob Maria de Groot (Schiedam, 18/2/1854-24/9/1921, Berlin) was the fourth of thirteen children in the family of Johann Seraphin Matthias de Groot (1824–1912), a merchant and liquor dealer, and Helena Wilhelmina Elisabeth Beukers (1830–1920) (AM (municipal archives), Schiedam, 21 February 1854, 79).

Fascinated since his childhood by the tales of the sea voyages of the officer and writer Frederick Marryatt (1792–1848), de Groot initially wanted to become an officer in the Dutch Royal Navy (Groot, J. J. M. de, Notizen über mein Leben). But his successive failures in the entry exams obliged him to take a different path. At first, he enrolled at the governmental school of Delft to become a colonial public servant of the Dutch East India Company, then spent three years in the University of Leiden (Werblowsky, Z., 2002, p. 15; Kuiper, K., 2017, pp. 331–332). He trained as a Chinese interpreter with Gustave Schlegel (1840–1903), who had himself trained in China in the 1860s and worked as an interpreter for the Supreme Court of the colonial government of Batavia. Different in character to his teacher, de Groot was quite critical of him several years later (Werblowsky, Z., 2002, p. 16; Kuiper, K., 2017, p. 349). During this period of training, he also distanced himself from the Catholic Church, which he considered too intransigent (Visser, M. W. de, 1921, p. 2).

A first stay in Asia (1876–1883)

On 11 December 1876, de Groot left the Netherlands to complete his last year of practical Chinese studies. He arrived in Amoy (present-day Xiamen), in the province of Fujian, in south-east China, on 2 February 1877 (de Groot, J. J. M. de, Notizen; Kuiper, K., 2017, p. 479). In 1842, Amoy was one of five ports that opened to foreigners after the Treaty of Nanking (Nanjing) after the first opium war and soon became one of the centres of the Western presence in Southern China. He spent one year studying the living language and local dialect of Fujian, to collect data about the life and popular cults, and study the Buddhist monastic system. He later destroyed this field notebook and only kept the scientific data that were eventually published (de Groot, J. J. M. de, Notizen; Visser, 1921, p. 2; Werblowsky, Z., 2002, p. 34; Kuiper, K., 2017, p. 484). This training was extremely useful as the colonial administrators needed many interpreters to deal with a large population of Chinese émigrés from Fujian who were seeking work in the East Indies (present-day Indonesia).

On 9 February 1878, he left Amoy for Canton, Singapore, and then he was appointed as an interpreter at Cheribon (the present-day city of Cirebon, in Java) on the northern coast of Java (Visser, M. W. de, 1921, p. 3). He used this period to work on his field notes before leaving for Pontianak, on the Island of Borneo, to take care of his health. De Groot was isolated in the Dutch community, whose way of life he did not share (Groot, J. J. M. de, Notizen). He continued with his study, and in 1881 managed to publish the first part of his studies into the Jaarlijksche feesten en gebruiken van de Emoy-Chineezen (the annual feasts and customs of the Amoy Chinese, Batavia, 1881) (Werblowsky, Z., 2002, pp. 19–22).

In March 1883, he was forced by health issues to return to the Netherlands. He published the second part of his work on the feasts, as well as a study of the Kongsi system or ‘clan house’ that brought together the Chinese of the diaspora in Borneo (Het Kongsiwezen an Borneo, 1885).

Living in The Hague, he prepared a speech about Buddhist funerary masses for the Congrès des Orientalistes in Leiden in September 1883 (Actes du sixième Congrès international des orientalistes, 1885). Here he met Émile Guimet (1836–1918), an industrialist and founder of a museum of religions in Lyon in 1879, who suggested that he publish an illustrated edition of the ‘Feasts’ in the Annales du Musée Guimet. César Gustave Chavannes (1832–1909) translated and adapted the text from the Dutch with the writer, and the work was illustrated by the painter Félix Régamey (1844–1907). The two hefty volumes were published two years later (Les Fêtes annuellement célébrées à Emoui (Amoy). Étude concernant la religion populaire des chinois, 1886, pp. 403–832). This work earned him a doctorate at the University of Leipzig (5 December 1884), and was acknowledged in Sinology circles (Visser, M. W. de, 1921, p. 4; Werblowsky, Z., 2002, p. 19).

The objects collected during his first stay were donated to the Ethnography Museum in Leiden and he sold the works purchased at Amoy to the University of the same city (Kuiper, K., 2017, p. 1003).

A second stay in China (June 1886–April 1890)

Wishing to pursue his sinological research during a second stay, de Groot managed to convince the Dutch Ministry of Colonies to entrust him with a two-year renewable study mission. After much discussion, he was granted permission on 8 May 1885, with as a research subject the languages, geography, and ethnology of China (Kuiper, K., 2017, pp. 404–412). He stayed in Leiden for two months to learn about photography and produce preparatory studies. En route to Marseille, he stopped in Lyon to meet Émile Guimet and visit his museum (Werblowsky, Z., 2002, p. 24). On this occasion, and based on a proposition by de Groot, Guimet entrusted him with compiling a scientific collection relating to Chinese popular religions to enrich his museum (Guimet, E., 1913. p. 95). He left Marseille in January 1886, passing by Batavia, and his journey took him to Delhi, Canton, Hong Kong, and lastly Amoy, where he arrived in June 1886 (Visser, M. W. de, 1921, p. 4; Werblowsky, Z., 2002, p. 55).

His second stay in China was extremely fruitful. He collected many details about family life—inheritance, adoption, the status of women, and marriage—and funerary ceremonies, which he carefully observed and recorded. Consequently, he often stayed with Chinese families and attended the religious festivals held by the population to gain a better understanding of them. He stayed in Buddhist monasteries to study monastic life. He travelled to China’s southern provinces, not without some difficulty, due to the climate and mistrust of the population vis-à-vis foreigners (Groot, J. J. M. de, 1892, p. 9; Visser, M. W. de, 1921, p. 5).

At the same time, he organised the emigration of Chinese coolies towards the Island of Bangka and the Eastern coast of Sumatra (Groot, J. J. M. de, Notizen; Werblowsky, Z., 2002, p. 50).

On 30 January 1888, his sojourn was prolonged by two years. At the time he worked on monastic consecration and in 1888 he was awarded two prizes that attested to the interest engendered by his work in Europe. France awarded him the Légion d’Honneur on 6 January 1888 for his collaboration with the Musée Guimet (Groot, J. J. M. de, Notizen; Werblowsky, Z., 2002, pp. 64–66), and the Netherlands made him a correspondent member of the Royal Academy of Science in Amsterdam. In April and May 1889, he stayed for the last time in the monastery of Kushan near Fuzhou, to study certain aspects of Chinese Buddhism that were still obscure (Groot, J. J. M. de, Notizen; Visser, M. W. de, 1921, p. 6).

In January 1890, he accepted the offer of an appointment as a teacher of Chinese and Malaysian at the Amsterdam Business School and returned to the Netherlands. He travelled through Shanghai, Tianjin, Beijing, and its environs, and he visited many monasteries and pagodas, as well as the mausoleum of the emperors of the Ming Dynasty, which he measured, described, and photographed (Groot, J. J. M. de, The Religious System of China, 1894 and 1897; Visser M. W. de, 1921, p. 6).

When he arrived in Japan, he visited Nagasaki, Kyoto, and Tokyo and attended several festivals in temples. He left Yokohama for America and England and finally returned to his native land. He never went back to Asia (Visser, 1921, p. 6; Kuiper, K., 2017, pp. 862–865).

The return to the Netherlands (1891–1911)

His stay in Amsterdam was very brief, because in October 1891 he was appointed Professor of Geography and Ethnology at the University of Leiden, succeeding Professor G. A. Wilken (1847–91) (Kuiper, K., 2017, p. 1004). At the time, he published scientific treatises in the international Sinology journal T'oung Pao, as well as articles on the legal status of Chinese emigrants and on Chinese consular policy (Groot, J. J. M. de, 1892a, 1892b, and 1892c). From 1891 to 1904, he worked as a professor of ethnology and then took over Gustave Schlegel’s position as Chair of Chinese until 1911 (Visser, M. W. de, 1921, p. 9).

As he was still unmarried, De Groot lived at the time with two of his sisters, who managed everyday and secretarial matters. He continued his research into the Chinese religious system. The material collected during his travels was edited, explained, and complemented by an in-depth study of the sources of his rich Chinese library. In April 1892, the first part of his major work entitled The Religious System of China was published. The initial work was going to comprise twice as many parts, but only six were ultimately published. This innovative work contained a mine of information, not only in relation to sinology, but also ethnology and comparative religious history (Visser, M. W. de, 1921, pp. 7–8). The Prix Stanislas Julien, awarded each year by the Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de l’Institut de France, in Paris, for the finest work on China published that year, was awarded twice for this work, in 1898 and 1902 (Jugement des concours, 1898. pp. 753–767; Palmarès des prix et récompenses décernés, 1902, pp. 588–603).

In 1892, he became a member of the Royal Academy of Science in Amsterdam, the Dutch Literary Society, and the Society of the University of Utrecht (Visser, M. W. de, 1921, p. 8). He also gave several lessons to Queen Wilhelmina and the Queen Mother of the Netherlands between January 1899 and August 1900 (Werblowsky, Z., 2002, p. 26).

In 1902, the University of Columbia in America and the University of Berlin offered him a post as director of a Chair of Sinology. After an interview in Germany and much hesitation over this very tempting proposition, which was complemented by numerous advantages for his research, he eventually turned down the offer and remained in the Netherlands.

In December 1903, he became a correspondent member of the Chinese branch of the Royal Asiatic Society in Shanghai, and he became president of the Far-Eastern Section of the International Orientalist Congress in Algiers in April–May 1905, then foreign associate member of the Société Asiatique de Paris (Visser, M. W. de, 1921, p. 9).

In 1904, and again in 1911, he protested against the tradition of hazing young students. Initially, he was ignored and heavily criticised, but his intervention eventually led to some progress made with the issue. The rumours about de Groot’s homosexuality, contested by certain historians such as Zwi Werblowsky, may have originated from the time when de Groot created a scandal during a theatrical representation that highlighted homosexual practises used in hazing (Mungello, D. E., 2012, p. 77).

From 14 March to 16 May 1908, he travelled for the first time to America, where he held eight conferences at Hartford about Chinese religion. The same year, he attended the Congresses of Copenhagen and Oxford and was appointed correspondent member of the Institut de France. His second journey to America (24 September–30 December 1910) was made on the invitation of the American Committee for Lectures on the History of Religions, and he gave six conferences in Boston, New Haven, Philadelphia, New York, Baltimore, and Chicago. He was invited to go to America for the third time in 1911, and was made a Doctor Honoris Causa in Princeton on 13 June (Visser, M. W. de, 1921, p. 11).

Departure for Germany in 1912

He received a second offer from Berlin on 25 May 1911. The proposed teaching conditions were certainly advantageous, but most importantly this proposition occurred at a time when de Groot was combating, on the one hand, the practices of hazing and, on the other, the University, which was refusing to create a post for the Iranian specialist Joseph Marquart (1864–1930). The Chair of Iranian philology was established in Berlin for Marquart and resulted in de Groot leaving the Netherlands, despite attempts by the University and the Ministry to make him change his mind. It was not until 1919 that he was replaced by a former pupil, J. J. L. Duyvendak (Blussé, L., 2014, p. 30).

He left in 1912 and became a lecturer at the Friedrich Wilhelms Universität (today, the University Humboldt) in Berlin, then a member of the Royale Academy. The German Emperor appointed him Königlicher Geheimer Regierungsrat (secret adviser to the royal government) and during the war de Groot unreservedly supported the German side. In 1914, he joined in with the Manifesto of the Ninety-Three, signing a propaganda document with the title Aufruf an die Kulturwelt, An die Kulturwelt ! Ein Aufruf (‘Appeal of German intellectuals to the civilised nations’), which protested against the accusations of barbarity made against Germany at the beginning of the Great War. He also gave up half of his salary to contribute to the war effortand in 1918 the German Emperor bestowed on him the Merit Cross for War Aid (Verdienstkreuz für Kriegshilfe). Due to this, his Western colleagues distanced themselves from him. As De Groot was decidedly conservative, his respect for the monarchy and desire for order and discipline brought him closer to Wilhelm’s Germany (Werblowsky, Z., 2003, p. 31).

During his first years in Berlin, de Groot wrote about Asian history inspired by Chinese sources. The work Chinesische Urkunden zur Geschichte Asiens was finished in 1917, but the first volume was not published until 1921, the year of his death, and the second in 1926 (Werblowsky, Z., 2003, p. 103).

At the end of the war he continued his work in the field of Chinese religion and history and devoted himself to training his students, who included the sinologists Franz Kuhn (1884–1961) and Erich Haenisch (1880–1966) (Kuiper, K. 2017, p. 1006).

He died in his house in Berlin in 1921 following an illness. His German colleagues paid tribute to him (Visser, M. W. de, 1921, p. 14).

This article was based on several biographies. His most comprehensive necrology was that of his former pupil Marinus Willem De Visser (1875–1930), who in 1922 had access to his notebook and the memoirs of one of his sisters (Visser, M. W. de, 1921). In 1983, Zwi Werblowski (1924–2015), a specialist in comparative religions, complemented these biographies thanks to a diary found in 1972 and published in 2002, The Beaten Track of Science, The life and Work of J. J. M. de Groot. It viewed de Groot as the father of ethno-sinology. In 2013, Wilt L. Idema and Léonard Blussé, two historians specialising in China, studied the history of the founders of Chinese studies in the Netherlands, which included de Groot. More recently, in 2017, Koos Kuiper, a librarian at the University of Leiden, devoted part of his book about Dutch sinologists between 1854 and 1900 to de Groot, based on many archive documents. Lastly, in 2018, Egbert Fleuren devoted his thesis to the role and the influence of de Groot in the history of Netherlandish sinology.

Article by Deirde Emmons (Translated by Jonathan & David Michaelson)

Evénements
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Pour sa dernière année d'étude du chinois, de Groot se rend à Xiamen (Amoy) le 2 février 1877, pour un an.

Type d'événement : 
Lieu de l'événement : 
Lien événement institutionnel : 

Après une année passée à Xiamen, de Groot quitte la ville le 9 février 1878 et voyage à Canton et Singapour avant d'être nommé interprète à Ceribon (île de Java). Il part ensuite pour Pontianak (île de Bornéo) et retourne aux Pays-Bas en mars 1883.

Type d'événement : 
Date de l'événement : 
1886 - 1890
Lien événement institutionnel : 

En 1886, de Groot obtient du ministère des Colonies la charge d'une mission d'étude sur la Chine. A cette occasion, Emile Guimet lui confie la constitution d’une collection scientifique pour compléter son musée. Il reste en Chine de juin 1886 à 1890.

Thèmes d'étude
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] statuaire, marionettes, instruments de musique, objets et mobiliers cultuels et de procession, mannequin.

Commentaire Thèmes d'étude : 

La collection de Groot

La collection de Groot, dans son ensemble, représente des centaines d’objets répartis entre Leyde aux Pays-Bas, Paris et Lyon. La collection de Leyde est constituée plus largement de matériel ethnographique (Werblowsky Z., 2003, p. 53), tandis que la collection des musées français est exclusivement religieuse (MNAAG, inventaire des collections dans le Catalogue général des objets d’art, non daté ; Musée des Confluences, archives, copie de l’arrêté de dépôt de la collection de Groot de Paris à Lyon, 1913) et ce pour répondre au projet initial d’Émile Guimet de créer à Lyon puis à Paris une bibliothèque, un musée religieux contenant tous les dieux de l’Inde, de la Chine, du Japon, de l’Égypte, de la Grèce et de l’Empire romain et une école de langue (Catalogue des objets exposés, 1880, p. 1-2). La collection de Groot est riche de marionnettes à fils, costumes, instruments de musique, pipes à opium, ustensiles d’un magasin de barbier ; mais aussi d’objets rituels comme des autels, des tablettes d’ancêtres, des amulettes ou talismans, et un large panthéon de divinités : shen, gui, dieux, esprits, fantômes, démons, spectres, génies, arhats, immortels, etc. en bois polychrome.

À son retour d’Asie en 1883, de Groot donne au musée d’ethnographie et à la bibliothèque de l’université de Leyde les objets et ouvrages collectés (Kuiper K., 2017, p. 1003). Trois ans plus tard, il veut profiter de son deuxième séjour pour continuer à rassembler du matériel ethnographique et de l’iconographie religieuse pour le musée, mais ses mauvaises relations avec Lindor Serrurier (1846-1901), le directeur, rendent ce projet caduc (Werblowsky Z., 2003, p. 18). C’est vers la société Brill, spécialisée à l’époque dans les livres et les antiquités orientales, qu’il se tourne alors pour recueillir les fonds nécessaires. Ironie de l’histoire, quelques années plus tard, le musée de Leyde se portera acquéreur de la collection constituée par de Groot pour l’éditeur Brill. Elle comprenait quatre-vingts statues de divinités, mais aussi des estampes, des cercueils et une série de costumes, des tablettes, des objets à l’usage des fumeurs d’opium et de tabac, des instruments de musique, des marionnettes et jouets d’enfants qui furent publiés dans le Catalogue des différentes collections ethnographiques provenant de la Chine et appartenant à la maison E. J. Brill à Leide. Ce catalogue de vente, qui aurait été publié en 1890, comprend plusieurs lots rachetés par le musée entre 1893 et 1896 (Werblowsky Z., 2003, p. 62-63).

À l’opposé, les bonnes relations qu’il entretient avec Léon de Milloué, conservateur au musée Guimet de Lyon, l’encouragent à proposer ce projet à Émile Guimet lui-même. Dans une lettre datée du 8 novembre 1885, de Groot demande à Léon de Milloué si « M. Guimet serait incliné de profiter de mon séjour en Chine dans l’intérêt du Musée. Voulez-vous avoir la bonté de lui dire que, s’il veut que je fasse des collections pour lui, je me mets entièrement à sa disposition ? » Proposition qu’il réitère dans un courrier du 16 décembre 1885 en proposant de passer à Lyon (MNAAG, archives). Il met en avant l’intérêt d’une telle collecte peu onéreuse, car constituée et documentée sur place par un connaisseur des lieux et des usages et non par un voyageur de passage. Guimet accepte cette offre, n’ayant pas pu lui-même constituer les bases d’une collection chinoise à l’inverse des œuvres qu’il rapporte du Japon en 1876 (Werblowsky Z., 2003, p. 73). Ainsi il fera parvenir de l’argent à de Groot pour l’envoi des caisses en provenance de Chine (MNAAG, archives, lettre de de Groot du 7 novembre 1886 ; Guide illustré, 1913, p. 95).

L’intérêt de cette collection réside dans le mode de collecte lui-même. De Groot commande directement auprès des sculpteurs de divinités, des répliques de statuettes des temples, qu’il connaît parfaitement (Guide illustré, 1913, p. 95). Cette façon de procéder et cette cohérence dans la constitution de la collection sont bien différentes des collections constituées après lui. À aucun moment il n’agira comme un collectionneur ou même un amateur d’art asiatique. Chercheur de terrain, son intérêt ne se porte pas sur le caractère original et unique des divinités ou objets de culte, mais bien sur l’intérêt des objets comme témoins d’une pratique sociale. Pour de Groot lui-même cette collection « forme une chaîne ininterrompue illustrant les pages les plus importantes de la vie religieuse de la Chine » (De Groot J. J. M., 1892, p. XV). Position que son biographe, Zwi Werblowsky nuance car pour lui cette collection fonctionne dans son ensemble plus comme une photographie à un instant précis de l’histoire de la Chine autour d’un thème et d’un lieu donné (Werblowsky Z., 2003, p. 58). Unique dans les musées, la collection à Lyon est riche de plus de deux cent cinquante statuettes peintes et colorées avec des pigments naturels et de près de quatre cents éléments supplémentaires parmi lesquels des marionnettes, des instruments de musique, des ensembles avec mannequins et objets de culte reproduisant des scènes religieuses et enfin du mobilier de temple. Ces statuettes, entités spirituelles bonnes ou mauvaises, ou les deux, possèdent pour l’essentiel des étiquettes sous leur base ou des inscriptions derrière le socle dans une transcription de la langue du Fujian, mais ne correspondant à aucun système actuel, qui ont permis de retrouver leur identité au cours d’un patient travail d’étude mené par Zwi Werlowski pendant plus de dix ans.

Ces pièces seront exposées un temps dans les salles du musée Guimet de Paris avant d’être presque intégralement transférées en dépôt en 1913 dans le nouveau musée Guimet de Lyon pour sa réouverture (Guide illustré, 1913, p. 95). La collection est décrite dans les guides de 1897 et de 1913 certainement à partir des notes envoyées par de Groot qui furent par la suite détruites ou perdues. Elles resteront ainsi exposées jusqu’en 1955, année où un orage de grêle détruit la verrière de la grande salle du muséum. En 1968, le musée Guimet de Lyon ferme, les collections sont mises en caisses en réserves et dix ans plus tard elles fusionnent avec le fonds du Muséum d’histoire naturelle alors cooccupant du bâtiment. En 1983, une partie de la collection est de nouveau accessible dans la salle rénovée Arts et religions, au deuxième étage du musée. Son directeur, Louis David et le conservateur des collections ethnographiques, Roland Mourer, feront patiemment revivre cette collection avec l’aide de deux éminents sinologues, Anna Seidel puis Zwi Werblowski. Un catalogue complet des statuettes (250) est publié en 2004, après une longue étude menée par Zwi Werblowski et une restauration de plus de dix ans (Werblowsky Z., 2004). Une partie de la collection sera exposée au sein du musée en 2001 lors de l’exposition temporaire Trésors, chefs d’œuvres et quoi encore, en 2004 et 2005 à l’occasion de l’année de la Chine, et sur la base de l’ouvrage Dieux de Chine que le musée a consacré à cette collection (Emmons D., Werblowsky Z., Stevens K., 2003). En 2013, à l’occasion de la rétrospective de l’artiste Huang Yong Ping au musée d’Art contemporain de Lyon, une partie des statuettes sont mises en scène au centre de l’espace, à sa demande, dans une installation prenant la forme d’une réserve de musée. En 2014 l’exposition temporaire Les trésors de Guimet évoque l’histoire du musée à Lyon et les collections exposées et depuis la même année dans les salles permanentes du musée des Confluences, une vitrine présente un extrait du panthéon des divinités chinoises.

Article rédigé par Deirde Emmons (Translated by Jonathan & David Michaelson)

Commentaire Thèmes d'étude : 

The de Groot Collection

De Groot’s collection, as a whole, represents hundreds of objects distributed between Leiden in the Netherlands, Paris, and Lyon. The Leiden Collection comprised more generally ethnographic material (Werblowsky, Z., 2003, p. 53), whilst the collection in the French museums was exclusively religious (MNAAG, inventory of the collections in the Catalogue Général des Objects d’Art, undated; Musée des Confluences, archives, copy of the permanent loan statement relating to the transfer of de Groot’s collection from Paris to Lyon, 1913), and this was intended to put into effect Émile Guimet’s initial project to establish—in Lyon, then in Paris—, a library, a religious museum that would contain all the gods of India, China, Japan, Egypt, Greece, and the Roman Empire, and a language school (‘Catalogue des objects exposés’, 1880, pp. 1–2). Groot’s collection was full of string marionettes, costumes, musical instruments, opium pipes, utensils from a barber shop; as well as religious objects such as altars, ancestral tablets, amulets, and talismans, and a large pantheon of divinities: shen, gui, gods, spirits, phantoms, demons, ghosts, genies, arhats, immortals, and so on, in polychrome wood.

Upon his return from Asia in 1883, de Groot donated to the Musée d’Ethnographie and the library of the University of Leiden the objects and works he had collected (Kuiper, K., 2017, p. 1003). Three years later, he profited from his second stay to continue gathering ethnographic material and religious iconography for the Musée, but his bad relations with Lindor Serrurier (1846–1901), the director, made the project null and void (Werblowsky, Z., 2003, p. 18). Hence, he turned to the company Brill, which at the time specialised in books and Oriental antiquities, to collect the necessary funds. Ironically, several years later, the Musée de Leiden acquired the collection assembled by de Groot for the publisher Brill. It included eighty statues of divinities, along with prints, coffins, and a series of costumes, tablets, objects used by opium and tobacco smokers, musical instruments, marionettes, and children’s toys, which were published in the Catalogue des différentes collections ethnographiques provenant de Chine et appartenant à la maison E. J. Brill à Leide. This sale catalogue, which is believed to have been published in 1890, comprised several lots purchased by the museum between 1893 and 1896 (Werblowsky, Z., 2003, pp. 62–63).

In contrast, the good relations he had with Léon de Milloué, curator in the Musée Guimet in Lyon, encouraged him to propose this project to Émile Guimet himself. In a letter dated 8 November 1885, de Groot asked Léon de Milloué if ‘Monsieur Guimet would be inclined to profit from my stay in China in the interests of the museum. Would you be so kind as to inform him that if he wishes me to compile collections for him, I am entirely at his disposition?’ He reiterated this proposition in a letter dated 16 December 1885, in which he offered to come to Lyon (MNAAG, archives). He underlined the interest of such an inexpensive collection, for it was compiled and documented on site by a connoisseur of the places and customs and not by a passing traveller. Guimet accepted this offer, as he had not managed to form the basis of a Chinese collection, unlike the works he had brought back from Japan in 1876 (Werblowsky, Z., 2003, p. 73). Hence,he sent de Groot money to ship the crates from China (MNAAG, archives, de Groot’s letter on 7 November 1886; Guide illustré, 1913, p. 95).

The interesting thing about this collection is the way it was compiled. De Groot directly commissioned from the sculptors of divinities, replicas of statuettes from temples, which he was perfectly familiar with (Guide Illustré, 1913, p. 95). This approach and the coherence in the compilation of the collection were very different from the collections compiled after his. At no point did he behave like a collector or even an amateur of Asian art. A field researcher, he was not interested in the original and unique nature of the divinities or religious objects, but rather the role of these objects as evidence of social practices. For de Groot himself this collection ‘forms un uninterrupted chain that illustrates the most important aspects of Chinese religious life’ (De Groot, J. J. M., 1892, p. XV). This stance was qualified by his biographer, Zwi Werblowsky, because he saw this collection as functioning as a whole more like a photograph of a specific point in the history of China around a theme and a given place (Werblowsky, Z., 2003, p. 58). Unique in museums, the collection in Lyon comprises more than two hundred and fifty statuettes painted and coloured with natural pigments, and almost four hundred additional elements, including marionettes, musical instruments, ensembles with mannequins and religious objects that reproduce religious scenes, and lastly, temple furniture. These statuettes, good or bad spiritual entities, or both, mostly have labels on their bases or inscriptions behind the socle in a transcription of the language of Fujian—but do not match any current system—, which has enabled their identity to be established through patient investigative work carried out by Zwi Werlowski for more than ten years.

These objects were exhibited for a while in the rooms of the Musée Guimet in Paris before being almost entirely transferred on permanent loan in 1913 to Lyon’s new Musée Guimet when it was reopened (Guide Illustré, 1913, p. 95). The collection was described in the guides of 1897 and 1913, based on the notes sent by de Groot, which were subsequently destroyed or lost. Hence, they were exhibited there until 1955, the year when a hail storm destroyed the glass canopy in the museum’s main room. In 1968, the Musée Guimet in Lyon closed, the collections were packed into crates in the storerooms and ten years later they were added to the collection in the Muséum d’Histoire Naturelle, and were housed together in the building. In 1983, part of the collection could be seen once again in the renovated room of Arts et Réligions, on the museum’s second floor. Its director, Louis David, and the curator of the ethnographic collections, Roland Mourer, patiently brought the collection to life with the help of two eminent sinologists: Anna Seidel, followed by Zwi Werblowski. A comprehensive catalogue of the statuettes (250) was published in 2004, after a long study carried out by Zwi Werblowski and a restoration campaign that lasted more than ten years (Werblowsky, Z., 2004). Part of the collection was exhibited in the museum in 2001 during the temporary exhibition ‘Trésors, chefs d’œuvres et quoi encore’, in 2004 and 2005 during the ‘Year of China’, and based on the work Dieux de Chine, which the museum devoted to this collection (Emmons, D., Werblowsky, Z., and Stevens, K., 2003). In 2013, during the retrospective exhibition of the artist Huang Yong Ping in the Musée d’Art Contemporain de Lyon, some of the statuettes were displayed in the centre of the exhibition area, at his request, in an installation that resembled a museum storeroom. In 2014, the temporary exhibition ‘Les Trésors de Guimet’ explored the history of the museum in Lyon and the exhibited collections, and since then a showcase has been presenting an extract of the pantheon of Chinese divinities in the permanent exhibition rooms of the Musée des Confluences.

Article by Deirde Emmons (Translated by Jonathan & David Michaelson)

Liens entre personnes
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Félix Régamey illustre Fêtes annuellement célébrées à Emoui, de Jan Jakob de Groot, paru en 1886 chez E. Leroux. (Source : Notice Agorha "Félix Régamey" rédigée par Cristina Cramerotti)

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De Groot rencontre Émile Guimet (1836-1918), industriel et fondateur d’un musée des religions à Lyon depuis 1879, au Sixième Congrès des Orientalistes à La Haye. Emile Guimet lui propose de publier une édition illustrée des Fêtes dans les Annales du musée Guimet.

En route pour son deuxième voyage en Chine, De Groot rencontre Emile Guimet à Lyon. Guimet lui confie la constitution d’une collection scientifique liée aux religions populaires chinoises pour compléter son musée (Guimet E., 1913. p.95). La France lui décerne la Légion d’honneur le 6 janvier 1888 pour sa collaboration avec le musée Guimet (Groot J. J. M. de, Notizen ; Werblowsky Z., 2002, p. 64-66).

(Source : notice Agorha "Johan Jacob Maria De Groot"par Deirdre Emmons)

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Date de consultation : 
16/11/2020
Date de consultation : 
28/01/2022
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Deirdre Emmons