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Notovitch, Nicolas

Statut
Publiée
Contributeur
branasin
Dernière modification
15/02/2023 16:39 (il y a presque 2 ans)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Notovitch
Prénom : 
Nicolas
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Notovič
Prénom : 
Nikolaï Aleksandrovitch
Nom : 
Notoviche
Naissance et mort
Date de naissance : 
13 août 1858
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
Après 1936
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1887 - 1892
Adresse : 

12 avenue d’Antin

Code postal : 
75002
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1892 - Avant 1895
Adresse : 

3 rue Robert-Estienne

Code postal : 
75008
Ville : 
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1895
Adresse : 

106 boulevard Haussmann

Code postal : 
75008
Ville : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Date d'activité : 
1887 - 1906
Type de profession / activité : 
Biographie
Commentaire biographique : 

Le nom de Nicolas Notovitch est aujourd’hui uniquement associé à son ouvrage La Vie inconnue de Jésus Christ (Notovitch N., 1894) et à sa descendance nombreuse d’« apocryphes modernes » (Mayer J.-F., 2007, voir également et entre autres, Bouchet Ch., 2004 et Prophet E., 1984). Dans son livre, paru en français en 1894 chez Ollendorff et immédiatement traduit en plusieurs langues (dont le russe en 1904), l’auteur raconte brièvement son voyage en Inde et son séjour de 1887 au monastère de Himis (Ladakh), où il aurait récolté des récits oraux et un manuscrit tibétain relatifs aux quinze années que saint Issa (Jésus) aurait passées en Inde et au Tibet de l’âge de quatorze à vingt-neuf ans (BnF, 4-impr or-1013). Le manuscrit découvert, rédigé d’après l’auteur par des moines bouddhistes dès la mort de Jésus et ainsi bien avant les Évangiles, rend Ponce Pilate seul responsable de l’arrestation et de la crucifixion du Christ et évacue le thème de la résurrection, en expliquant que le corps avait été déplacé par les Romains à l’insu de la foule constatant que son tombeau était vide. Cette publication a été largement commentée dans la presse et souvent sévèrement dénoncée en faux dans les cercles théosophiques (Mead G., 1894), catholiques (Giovannini R., 1894), rabbiniques (Deutsch G., 1896) et orientalistes (Blind K., 1901, Douglas J. A., 1896 et Max Müller F., 1894, qui, de célèbre mémoire, avait antérieurement combattu, dans le même Nineteenth Century, les déclarations d’Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891), la célèbre fondatrice de la Société théosophique, au sujet de mahatmas retirés au Tibet dont elle aurait reçu des révélations sur le bouddhisme primordial. Dans une lettre à Jules Simon (1814-1896), auprès de qui il semble avoir obtenu un appui autant politique que littéraire, l’auteur raconte en date du 4 octobre 1892 avoir sur son conseil partagé sa découverte avec Ernest Renan (1823-1892 : le célèbre auteur de La Vie de Jésus (1863) est mort le 2 octobre). Ce dernier l’aurait dissuadé de publier sa traduction du manuscrit car, selon Notovitch, la thèse de Renan s’en trouvait « amoindrie » (AN, 87/AP/5), tandis que dans La Vie inconnue, Notovitch prétend que Renan aurait voulu s’arroger le succès escompté de la découverte, raison qui l’aurait conduit à attendre la mort du savant avant de publier sa traduction. Pourtant rattaché au camp des « Rationalistes » par ses critiques (Giovannini R., 1894), il semble ainsi que Notovitch ait surtout cherché à jeter un pavé dans la mare renanienne : passant sous silence le modèle évident de sa démarche (Jacolliot L., 1869), il suit l’idée de Renan de reconstituer les « origines du christianisme » à partir de la vie de Jésus, en s’appuyant moins sur un vraisemblable philologico-critique (les années que Jésus aurait passées auprès de communautés esséniennes) que sur un vraisemblable orientaliste (l’antériorité historique de la doctrine du Bouddha sur celle du Christ dont les ressemblances supposées s’expliqueraient par un contact direct). En termes d’orientalisme, force est de constater que le récit de Notovitch traduit beaucoup plus nettement l’atmosphère du Paris fin de siècle qu’une quelconque source tibétaine ancienne. Au sujet du mystérieux manuscrit à la source du récit traduit par Notovitch, l’hypothèse la plus séduisante et la plus recevable a été avancée par Norbert Klatt (Klatt N., 2011, p. 74) : au Ladakh, le voyageur aurait eu sous les yeux des opuscules sur la vie de Jésus traduite en tibétain par les missionnaires moraves installés dans cette région et se serait inspiré de ces documents réels que des interlocuteurs ladakhi lui auraient peut-être présentés et dont il n’avait pas identifié la provenance pour sa « traduction » du récit de la vie de saint Issa en Inde et au Tibet raconté par des témoins bouddhistes. 

En 1894, Notovitch avait déjà derrière lui une assez longue carrière de journaliste et d’écrivain. De ce point de vue, la publication de La Vie inconnue étonne dans sa production, en russe dédiée à des questions patriotiques et politiques (Patriotisme : poèmes, 1880, Biographie du glorieux héros et commandant russe, l’adjudant général d’infanterie Mikhail Dmitrievich Skobelev, 1882 La vérité sur les juifs, 1889, L’Europe à la veille de la guerre, 1890) et en français dédiée essentiellement au rapprochement franco-russe (voir Bibliographie ci-dessous). Le voyage de 1887 a en outre suscité plusieurs publications en russe (Quetta et le chemin de fer militaire par les cols de Bolan et Gernai, 1888, Où est la route des Indes ?, 1889), tandis que la relation du voyage, annoncée ici et là, n’a jamais vu le jour en français : ainsi son À travers la Perse, relation de voyage illustrée est dit « sous presse » en 1898 dans Europe et Égypte (Notovitch, N., 1898) et encore huit ans plus tard dans son ultime livre paru en français La Russie et l’Alliance anglaise (Notovitch N., 1906). Ici la liste des « à paraître » s’augmente d’un « À travers l’Inde ». Les titres d’autres genres d’ouvrages vraisemblablement jamais édités figurent également à côté de ces deux récits de voyage : Gallia, drame historique, La Femme à travers le monde, études, observations et aphorismes, Un bâtard couronné (les aventures de l’ex-roi Milan).

Malgré la réputation polémique de l’auteur suscitée par sa publication de 1894, peu de données biographiques certaines sont disponibles au sujet de Nicolas Notovitch. Dans le Catalogue général de la librairie française, il est succinctement signalé comme « journaliste, écrivain et explorateur russe, né en Crimée en 1858 » (Lorenz O., 1891, p. 772). Suit une fiche au nom du « frère du précédent », O[sip]. K. Notowitch, marquis O’Kvitch (ou O’Knitch), « journaliste russe, né en Crimée en 1847 » et auteur de trois ouvrages de philosophie traduits du russe en allemand et en français entre 1887 et 1893 (La Liberté de volonté, Un peu de philosophie, sophismes et paradoxes, L’Amour, étude psycho-philosophique), rédacteur en chef des Nowosti (agence de presse russe ; d’après Revue indépendante de littérature et d’art, 1898, p. 354). S’était-il lui aussi établi en France ? Rien ne le prouve, mais il apparaît clairement que les activités journalistiques des deux frères étaient liées.

Dans leurs préfaces aux rééditions récentes de La Vie inconnue, les commentateurs complètent ces maigres données par quelques aperçus biographiques, sans toujours préciser leurs sources. Nous reproduisons ci-dessous la seule notice biographique historique fiable sur Nicolas Notovitch (et peut-être rédigée de sa main), parue dans le Dictionnaire national des contemporains :

« Écrivain et voyageur, né à Kertch (Crimée) le 13/25 août 1848 [corrigé : 1858]. ses études faites à Saint-Pétersbourg, il servit dans l’armée russe et fit la campagne de Serbie et de Turquie, de 1876 à 1878. Entré dans la presse comme correspondant du Nouveau Temps en Orient (1883), il accomplit ensuite plusieurs voyages ethnographiques en Arabie, en Perse, dans l’Asie centrale, l’Afghanistan, l’Inde, le Kasimir [corrigé : Kachmir] et le Thibet. En 1894, M. Nicolas Nottovich [corrigé : Notovitch] publia un ouvrage sensationnel sur la Vie inconnue de Jésus-Christ, qui fut traduit dans toutes les langues et souleva de vives polémiques. Cette publication lui valut d’être envoyé, par décision du Conseil des ministres russe, en Sibérie, où il se rendit volontairement en 1895 et d’où il revint en 1897 pour se fixer désormais à Paris. Il y était déjà venu en 1889 et avait publié dans la presse parisienne des articles remarqués, notamment des études politiques dans le Journal, de 1892 à 1896. [Suit une liste des ouvrages publiés et à paraître de l’auteur ; ajouté : M. Notovitch dirige, depuis 1897, la revue politique et économique la Russie.] Membre de la Société d’histoire diplomatique, membre d’honneur des « Combattants de Crimée, » etc., il a été fait, en 1889, officier de l’Instruction publique, pour avoir donné au musée du Trocadéro de précieuses collections d’objets rapportés de l’Inde et de la Perse. Il est grand officier et commandeur d’ordres russes, bulgares, etc. » (Curinier C.-E., 1901, p. 274).

Complétant cette notice par des documents d’archives, Norbert Klatt (Klatt N., 2011) a documenté la jeunesse de Notovitch en Russie et ses années passées entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie jusqu’en 1916, pendant lesquelles Notovitch s’est illustré autant comme une cheville ouvrière de l’entente franco-russe, à l’heure du « Grand Jeu » (Hopkirk P., 1992), puis anglo-franco-russe, que comme un curieux intrigant politique connu des services secrets anglais et allemands (outre Klatt, voir Gooch J., 1929, Schwertfeger B. 1919 et 1921). En 1916, Notovitch est rédacteur et éditeur de plusieurs journaux de Saint-Pétersbourg.

D’autres documents d’archives que Klatt n’a pas eus à sa disposition complètent son portrait, certainement le plus complet et le plus convaincant parmi toutes les tentatives biographiques entreprises. Des échanges de lettres, tout d’abord, avec Jules Simon et avec Alexandre Dumas fils (1824-1895) (BnF, NAF15666, F.515-516) témoignent de l’insertion de Notovitch dans les milieux conjointement politiques et artistiques parisiens à partir de 1892. Fort de la publicité suscitée par La Vie inconnue, Notovitch désire notamment lancer en 1895 L’Horizon, une « revue de littérature, de Beaux-Arts, d’histoire, de géographie, des sciences, etc. » ouverte aux jeunes auteurs et soutenue par des grands noms, dont certains figurent parmi les signataires prestigieux de son Livre d’or à la mémoire d’Alexandre III (Notovitch N., 1895). Les Archives nationales conservent en outre la demande de mission scientifique que Notovitch a adressée au Ministère de l’Instruction publique en 1890 (AN F/17/2995). Sa demande de mission est déposée le 6 février 1890 et décrit le projet d’une « exploration du cours du Brahmapoutre et du lac Pangong à Lassa (orthographié « Zassa » par les agents du ministère) » ; le projet envisage encore d’explorer l’ancienne route commerciale du Tonkin vers le Tibet. Alléguant son expérience de huit années de voyages en Orient durant lesquelles il aurait « étudié systématiquement ces contrées », Notovitch ne se prive pas de rappeler que le don de sa collection en 1889 lui avait valu d’être nommé officier de l’Instruction publique. Malgré le soutien du ministre de l’Instruction publique, Armand Fallières (1841-1931), qui souligne la loyauté de ce voyageur russe au service de la France, la demande sera néanmoins rejetée après consultation du ministre des Affaires étrangères, Alexandre Ribot (1842-1923), lequel s’était engagé dans l’entente avec la Russie d’Alexandre III (1845-1894), au motif que Notovitch ne possédait pas la nationalité française. Notovitch a-t-il fait ultérieurement une demande de naturalisation ? Les biographes le supposent sur la base de plusieurs témoignages concordants à partir de 1893 (Klatt N., 2011, p. 22), mais aucune preuve formelle n’a été retrouvée à ce jour. Les Archives nationales ont également enregistré un dossier de la Sécurité nationale sous le nom de « Nicolas Notovitch » (AN, 19949464104), pourtant les documents, datés de 1929, concernent une certaine Eugénie Notovitch, née en 1882 à Saint-Pétersbourg, dont il est impossible de dire quel rapport elle a eu avec notre auteur.

Un dernier dossier de lettres vient compléter utilement nos connaissances sur la trajectoire de Nicolas Notovitch. Dans trois lettres adressées à Gabriel Hanotaux (1853-1944), en 1935 et 1936, avec qui Notovitch avait déjà été en contact en 1898, en tant que « modeste homme de lettres russe », alors que Hanotaux était ministre des Affaires étrangères, Notovitch évoque ses activités littéraires et la fondation de la ligue commerciale franco-américaine. Y est jointe une lettre de recommandation (3 avril 1933) signée du maréchal Philippe Pétain (1856-1951) et de Georges Leygues (1857-1933) au sujet de la promotion de Notovitch, déjà décoré de la Croix d’officier de la Légion d’Honneur, dans l’ordre de la Légion d’honneur, « en récompense de son action persistante au service de la France ». La lettre souligne qu’« après le malheur qui a frappé sa Patrie, la Russie [en 1917], M. Notovitch s’est installé en France qu’il considère comme sa seconde patrie. Il a consacré à la France ses forces et son expérience politique et économique. » Surtout, ce dossier apporte des informations sur les activités antérieures de Nicolas Notovitch dans l’entourage du tzar Alexandre III et comme secrétaire de la Ligue des Patriotes russes, qui œuvra directement au rapprochement de la France et de la Russie. Notovitch aurait également établi les droits d’auteurs en Russie sur le modèle français. C’est Notovitch qui aurait convaincu le tzar Nicolas II d’attribuer la Croix de Saint-Georges à la ville de Verdun en 1916. Depuis la fin de la guerre, Notovitch se serait surtout distingué dans le cadre d’accords commerciaux entre la France et les États-Unis, par la création de la Ligue commerciale franco-américaine consacrée à la promotion de produits de luxe français, de vins et spiritueux, mais aussi susceptible de promouvoir la culture française par l’organisation d’expositions artistiques, de conférences et d’échanges internationaux d’étudiants. La Ligue, sise à New York et à Paris, publie une revue : L’Horizon franco-américain littéraire et économique. En accompagnement de ses lettres, Notovitch adresse à Hanotaux des exemplaires de ses trois derniers livres datant respectivement de 1898, 1899 et 1906, avec pour justification : « je vois que les événements d’aujourd’hui ont une analogie psychologique avec les événements d’autrefois. »

Article rédigé par Samuel Thévoz

Commentaire biographique : 

Today, the name of Nicolas Notovitch is solely associated with his work La Vie inconnue de Jésus Christ (The Unknown Life of Jesus Christ) (Notovitch N., 1894) and with his numerous descendants in "modern apocrypha" (Mayer J.-F., 2007, see also and among others, Bouchet Ch., 2004 and Prophet E., 1984). In his book, published in French in 1894 by Ollendorff and immediately translated into several languages ​​(including Russian in 1904), the author briefly recounts his trip to India and his stay in 1887 at the monastery of Himis (Ladakh), where he collected oral accounts and a Tibetan manuscript relating to the fifteen years that Saint Issa (Jesus) is said to have spent in India and Tibet from the age of fourteen to twenty-nine (BnF, 4-impr or-1013). The rediscovered manuscript, written according to the author by Buddhist monks from the death of Jesus and thus well before the Gospels, holds Pontius Pilate solely responsible for the arrest and crucifixion of Christ and does away with the theme of the resurrection, explaining that the body had been moved by the Romans without the knowledge of the crowd finding that his tomb was empty. This publication was widely commented on in the press and often severely denounced by theosophical (Mead G., 1894), Catholic (Giovannini R., 1894), rabbinical (Deutsch G., 1896), and orientalist circles (Blind K., 1901, Douglas J. A., 1896 and Max Müller F., 1894). They had previously contradicted the declarations of Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891) in the journal Nineteenth Century. Blavatsky was the celebrated founder of the Theosophical Society and claimed to have received revelations on primordial Buddhism from the mahatmas that had been retired to Tibet. In a letter from October 4, 1892 to Jules Simon (1814-1896), from whom he seems to have obtained political as well as literary support, the author recounts having heeded his advice and shared his discovery with Ernest Renan (1823-1892), the famous author of La Vie de Jésus (1863), who had died on October 2. The latter dissuaded him from publishing his translation of the manuscript, explaining that his own thesis was supposedly on the ground by it (AN, 87/AP/5). Notovitch, on the other hand, claims in La Vie inconnue, that Renan wished to claim for himself the expected success of the discovery, a reason that would have led him to wait for the scholar’s death before publishing his translation. Although assigned to the “rationalist" camp by his critics (Giovannini R., 1894), it seems that Notovitch sought above all to throw a stone into the Renanian pond: concealing the obvious models of his approach, he followed Renan's idea of ​​reconstructing the "origins of Christianity" from the life of Jesus, an idea at the source of many variations (Kaempfer J., 2008). However, Notovitch’s critique relies less on a plausible philological basis (the years that Jesus would have spent with Essene communities) than on a plausible orientalist one (the historical anteriority of the doctrine of the Buddha over that of Christ whose supposed resemblances are explained by direct contact) and an epistemological shift to India and Tibet with lasting fortune in esoteric, artistic, and literary circles (Thévoz S., 2016). In so doing, Notovitch echoed a famous model (Jacolliot L., 1869) revived shortly before him by works with theosophical tendencies such as those of Saint-Patrice (1854-1898) (Harden-Hickey J., 1891; note also that several of the author's books, including his Théosophie (Harden-Hickey J., 1890), kept at the BnF, come from Renan's library). The idea had been widely relayed by the press, in particular by an interview in Le Siècle with Léon de Rosny (1837-1914), reproduced in countless newspapers in France and abroad: the scholar, a figure in Asian and Buddhist studies and respected in public opinion, presented as possible the "augmented" Essene hypothesis that Christianity was a derivative of Buddhism and that Jesus benefited from Indian revelations (Rosny L. de, 1890). In terms of Orientalism, it is clear that Notovitch's story translates the atmosphere of fin-de-siècle Paris much more clearly than any ancient Tibetan source. Regarding the mysterious manuscript at the source of the story translated by Notovitch, the most attractive and plausible hypothesis has been put forward by Norbert Klatt (Klatt N., 2011, p. 74): in Ladakh, the traveler would have seen the pamphlets on the life of Jesus translated into Tibetan by the Moravian missionaries settled in this region and would have been inspired by these authentic documents, which Ladakhi interlocutors might have presented to him and whose provenance he had not identified, in his "translation" of the account of Saint Issa's life in India and Tibet told by Buddhist witnesses.

In 1894, Notovitch already had a fairly long career as a journalist and writer behind him. From this perspective, the publication of La Vie inconnue is astonishing, compared with the works in Russian dedicated to patriotic and political issues (Patriotism: Poems, 1880, Biography of the Glorious Russian Hero and Commander, the Adjutant Infantry General Mikhail Dmitrievich Skobelev, 1882, The Truth about the Jews, 1889, Europe on the Eve of War, 1890) and in French dedicated essentially to the Franco-Russian rapprochement (see bibliography below). His trip in 1887 also prompted several publications in Russian (Quetta and the Military Railroad through the Bolan and Gernai Passes, 1888, Where is the Passage to India?, 1889), while an account of the trip, which is mentioned here and there, never appeared in French: thus his A travers la Perse, relation de voyage illustrée was said to be "in press" in Europe and Egypt in 1898 (Notovitch, N., 1898) and again eight years later in his last book, published in French, La Russie et l'Alliance anglaise (Notovitch N., 1906). Here the list of "to appear" is increased by "Through India". The titles of other genres of works that were probably never published also appear alongside these two travelogues: Gallia, drame historique; La Femme à travers le monde, études, observations et aphorismes; Un bâtard couronné (les aventures de l’ex-roi Milan).

Despite the controversial reputation that the author’s 1894 publication aroused, little clear biographical information is available about Nicolas Notovitch. In the Catalogue général de la librairie française, he is succinctly mentioned as "Russian journalist, writer and explorer, born in Crimea in 1858" (Lorenz O., 1891, p. 772). There follows a card in the name of the "brother of the previous", O[sip]. K. Notowitch, Marquis O'Kvitch (or O'Knitch), "Russian journalist, born in Crimea in 1847" and author of three works of philosophy translated from Russian into German and French between 1887 and 1893 (La Liberté de volonté; Un peu de philosophie, sophismes et paradoxes; L’Amour, étude psycho-philosophique) as well as editor of Nowosti (Russian press agency; according to the Revue indépendante de littérature et d’art, 1898, p. 354). Had he also settled in France? There is no proof, but the journalistic endeavours of the two brothers clearly appear linked.

In prefaces to recent reissues of La Vie inconnue, commentators supplement these meagre data with a few biographical sketches, without always specifying their sources. Below, we reproduce the only reliable historical biographical notice on Nicolas Notovitch (possibly written himself), which appeared in the Dictionnaire national des contemporains:

“Writer and traveller, born in Kerch (Crimea) on August 13/25, 1848 [corrected: 1858]. After studies in Saint Petersburg, he served in the Russian army and participated in the campaigns of Serbia and Turkey from 1876 to 1878. Starting in the press as a correspondent for Le Nouveau Temps en Orient (1883), he then made several ethnographical voyages in Arabia, Persia, Central Asia, Afghanistan, India, Kasimir [corrected: Kachmir], and Tibet. In 1894, Mr. Nicolas Nottovich [corrected: Notovitch] published a sensational work on the Vie inconnue de Jésus-Christ, which was translated into all languages ​​and aroused great controversy. This publication led to his being sent, by decision of the Russian Council of Ministers, to Siberia, wither he went voluntarily in 1895 and whence he returned in 1897 to settle henceforth in Paris. He was there by 1889 and had published notable articles in the Parisian press, notably political studies in the Journal, from 1892 to 1896. [Following is a list of published and forthcoming works by the author; added: Mr. Notovitch has since 1897 been directing the political and economic review Russie.] Member of the Société d’histoire diplomatique, honorary member of the "Combattants de Crimée," etc., he was named Officer of Public Instruction in 1889 for having donated valuable collections of objects brought back from India and Persia to the Musée du Trocadero. He is a grand officer and commander of orders of Russia, Bulgaria, etc.” (Curinier C.-E., 1901, p. 274).

Supplementing this note with archival documents, Norbert Klatt (Klatt N., 2011) documented Notovitch's youth in Russia and the years up until 1916 spent between France, Great Britain, and Russia, during which Notovitch distinguished himself as much as a linchpin of Franco-Russian agreement, at the time of the "Great Game" (Hopkirk P., 1992), as of Anglo-Franco-Russian, as a curious political intriguer known to the English and German secret services (besides Klatt, see Gooch J., 1929, Schwertfeger B. 1919 and 1921). In 1916, Notovitch was editor and publisher of several St. Petersburg newspapers.

This portrait is complemented by other archival documents that were not at the disposal of Klatt, who certainly undertook the most complete and convincing of all biographical accounts. First of all, exchanges of letters with Jules Simon and with Alexandre Dumas fils (1824-1895) (BnF, NAF15666, F.515-516) testify to the insertion of Notovitch in the overlapping political and artistic circles of Paris in from 1892. Bolstered by the publicity generated by La Vie inconnue, Notovitch sought to launch L'Horizon, a “review of literature, fine arts, history, geography, science, etc.” in 1895, which was open to young authors and supported by big names, some of whom were among the prestigious signatories of his Livre d’or à la mémoire d’Alexandre III (Notovitch N., 1895). The Archives nationales also preserve the request for a scientific mission sent by Notovitch to the Ministry of Public Instruction in 1890 (AN F/17/2995). This request, filed on February 6, 1890, described the project of an "exploration of the course of the Brahmaputra and of Lake Pangong at Lassa [spelled "Zassa" by the agents of the ministry]”; the project planned to explore the ancient trade route from Tonkin to Tibet. Alleging eight years of travel experience in the Orient, during which he had "systematically studied these countries", Notovitch did not hesitate to recall that the gift of his collection in 1889 had earned him the appointment as an officer of public instruction. Despite support from the Minister of Public Instruction, Armand Fallières (1841-1931), who underscored the Russian traveler’s loyalty in the service of France, the request was nevertheless rejected after consultation with the Minister of Foreign Affairs, Alexandre Ribot (1842-1923), who had entered into an agreement with Alexander III's Russia (1845-1894) and had emphasised that Notovitch did not have French nationality. Did Notovitch subsequently apply for naturalisation? Biographers assume this on the basis of several concordant testimonies from 1893 (Klatt N., 2011, p. 22), but no formal proof has been found to date. The Archives nationales also records a national security file under the name "Nicolas Notovitch" (AN, 19949464104); yet the documents, dated 1929, concern a certain Eugenie Notovitch, born in 1882 in Saint Petersburg, whose link with our author is impossible to establish.

A last file of letters helps complete our knowledge of Nicolas Notovitch’s path. In three letters from 1935 and 1936 addressed to Gabriel Hanotaux (1853-1944), with whom Notovitch had already been in contact in 1898, as a "modest Russian man of letters", when Hanotaux was Minister of Foreign Affairs, Notovitch discusses his literary activities and the founding of the Franco-American Commercial League. Included is a letter of recommendation (April 3, 1933), signed by Marshal Philippe Pétain (1856-1951) and Georges Leygues (1857-1933), regarding the promotion of Notovitch, who had already been decorated with the Croix d’officier de la Légion d’Honneur, "in recognition of his persistent action in the service of France". The letter points out that “after the misfortune that struck his homeland, Russia [in 1917], Mr. Notovitch settled in France, which he considers his second homeland. He devoted his forces and his political and economic experience to France.” Above all, the letter provides information on Nicolas Notovitch’s former activities in the entourage of Tsar Alexander III and as secretary of the League of Russian Patriots, which worked directly for the rapprochement of France and Russia. Notovitch also established copyright in Russia on the French model. It was Notovitch who is said to have convinced Tsar Nicolas II to award the Cross of Saint-Georges to the city of Verdun in 1916. After the end of the war, Notovitch distinguished himself above all in the context of commercial agreements between France and the United States, through the creation of the Franco-American Commercial League devoted to the promotion of French luxury products, wines, and spirits, as well as the promotion of French culture through the organisation of artistic exhibitions, conferences, and international student exchanges. The League, based in New York and Paris, published a journal, L'Horizon franco-américain littéraire et économique. Accompanying his letters, Notovitch sent copies of his last three books to Hanotaux, dating respectively from 1898, 1899, and 1906, with the justification: “I see that the events of today have a psychological analogy with the events of in the old days.”

Article by Samuel Thévoz (Translated by Jennifer Donnelly)

Evénements
Type d'événement : 
Commentaire Type d'événement : 

voyage ethnographique

Date de l'événement : 
1887
Thèmes d'étude
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] 

Commentaire Thèmes d'étude : 

La demande d’une mission scientifique déposée en 1890 au ministère de l’Instruction publique et des Beaux-Arts ayant été rejetée, la seule collection d’art asiatique de Nicolas Notovitch connue a été constituée lors du voyage de ce dernier en 1887 en Inde et au Ladakh, voyage effectué à ses propres frais, semble-t-il, avant toute relation avérée avec la France. La collection témoigne pourtant que ce voyage a été déterminant dans le tournant français de la trajectoire de Notovitch et sous ce rapport apporte un éclairage important sur la célèbre publication en français de La Vie inconnue de Jésus Christ (Notovitch N., 1894). Selon toute vraisemblance rédigé dans la seconde moitié de l’année 1892 (Klatt 2011, p. 65 ; AN, 87/AP/5), ce récit apporta au don de la collection une descendance littéraire inattendue, sept années plus tard. Ignorée des lecteurs modernes, sceptiques ou apologistes, de la Vie inconnue, cette collection se distingue ainsi comme l’unique témoignage tangible du voyage de Notovitch aux confins de l’Inde septentrionale et du Tibet occidental.

La collection comporte essentiellement des objets domestiques usuels et des instruments de musique, provenant du Ladakh, du Cachemire, du Penjab, du Sind, de l’Afghanistan, du Népal et de l’Indochine et que viennent compléter quelques objets de culte tibétains. Les conditions détaillées de collecte ne nous sont pas connues. On n’y trouve ni le célèbre manuscrit tibétain trouvé et recopié à Hémis, bien sûr, ni la pierre portant l’inscription gravée « Om mani padme hum » évoquée dans La vie inconnue (Klatt 2011, p. 48).

Sans que les raisons n’en soient explicitées, l’intention de Notovitch était initialement d’offrir sa collection à un musée français par l’intermédiaire du consul de France à Bombay. Consulté par le ministère des Beaux-Arts en février 1888, le secrétaire de la Société de géographie, Charles Maunoir (1830-1901), fait demander à Gabriel Bonvalot (1853-1933), explorateur déjà célèbre pour ses voyages en Afrique et en Asie centrale, d’expertiser les trois caisses. Bonvalot désigne à cet effet le musée ethnographique du Trocadéro et recommande d’attendre l’arrivée de Notovitch, alors en Perse, avant d’ouvrir les caisses, car le voyageur russe rapporterait d’autres collections intéressantes. Escompté, ce supplément de la donation n’est toutefois pas attesté. Signalons que, sans doute par la suite de ce premier échange indirect, Notovitch évoquera Bonvalot comme l’un de ses amis dans La Vie inconnue de Jésus Christ.

Submergé par la masse des objets déposés en ses murs, le musée du Trocadéro se départit en 1900 de nombreuses collections asiatiques qu’il destine au musée Guimet. Émile Guimet (1836-1918) ne retient que quelques objets de l’ensemble : comme d’autres collections (celles par exemple de Charles-Eude Bonin (1865-1929), de Charles de Ujfalvy (1842-1904), d’Henri d’Orléans (1867-1901), de Léon Dutreuil de Rhins (1846-1894), la collection de Notovitch a ainsi été déposée au musée ethnographique de Bordeaux (Vivez J., 1977, p. 1-27). Seule une nappe a été conservée au laboratoire d’ethnologie du musée national d’histoire naturelle (collection « Ethnographie du Petit-Tibet ») et se trouve actuellement au musée du Quai Branly.

C’est pour ce don que Notovitch a été honoré en 1889 des palmes académiques en tant qu’officier de l’Instruction publique. Dans les différentes lettres de l’auteur que nous avons pu retrouver et dans son dossier de demande de mission, Notovitch, à défaut de bénéficier de la nationalité française, s’autorise de ce don et de la décoration qu’il lui a value pour asseoir sa loyauté envers la « belle Gallia ». Se font ainsi jour les motivations diplomatiques du don de la collection d’un écrivain-journaliste francophile russe dont les activités officielles et officieuses se dérouleront ensuite durablement dans les milieux artistiques et politiques de la capitale française.

Article rédigé par Samuel Thévoz

Commentaire Thèmes d'étude : 

Considering the rejection of his request for a scientific mission filed in 1890 with the Ministry of Public Instruction and Fine Arts, the only collection of Asian art known to have been assembled by Nicolas Notovitch must have been carried out during his 1887 trip to India and Ladakh, apparently at his own expense, before any established relationship with France. The collection nevertheless testifies that this trip was decisive in the French turn of Notovitch's trajectory and in this respect sheds important light on the famous publication in French of La Vie inconnue de Jésus Christ (Notovitch N., 1894). Likely written in the second half of 1892 (Klatt 2011, p. 65; AN, 87/AP/5), this account adds an unexpected literary lineage to the collection, seven years later. Unknown to modern readers of La Vie inconnue, whether skeptics or apologists, this collection thus stands out as the only tangible testimony of Notovitch's journey to the borders of northern India and western Tibet.

The collection primarily includes everyday household objects and musical instruments from Ladakh, Kashmir, Punjab, Sind, Afghanistan, Nepal, and Indochina, supplemented by a few cult objects from Tibet. Details on the collection methods are not known. There is neither the famous Tibetan manuscript found and copied at Hémis, nor the stone bearing the engraved inscription “Om mani padme hum” mentioned in La Vie inconnue (Klatt 2011, p. 48).

Without any explanation as to reasons, Notovitch's intention was initially to offer his collection to a French museum through the French consul in Bombay. Consulted by the Ministry of Fine Arts in February 1888, the secretary of the Société de géographie, Charles Maunoir (1830-1901), asked Gabriel Bonvalot (1853-1933), an explorer who was already famous for his travels in Africa and Central Asia, to appraise the three collections. To this end, Bonvalot indicated the Musée ethnographique du Trocadéro and recommended awaiting the arrival of Notovitch, who was then in Persia, before opening the boxes, as the Russian traveler would certainly bring back further interesting items. Although anticipated, this addition to the donation was not documented. It should be noted that, no doubt after this first indirect exchange, Notovitch mentioned Bonvalot as a friend in La Vie inconnue de Jésus Christ.

Overwhelmed by the mass of objects deposited within its walls, the Trocadéro museum gave away many Asian collections in 1900, which it intended for the Musée Guimet. But from this set Émile Guimet (1836-1918) retained only a few objects: like other collections (those, for example, of Charles-Eude Bonin (1865-1929), Charles de Ujfalvy (1842-1904), Henri d'Orléans (1867-1901), and Léon Dutreuil de Rhins (1846-1894), that of Notovitch was thus deposited in the Musée ethnographique de Bordeaux (collection "Ethnographie du Petit-Tibet") and can currently be found in the Musée du Quai Branly.

 In 1889, Notovitch was recognised for this gift with academic honours as an Officer of Public Instruction. In the various letters from the author that we have been able to locate and in his mission application file, Notovitch, in the absence of French nationality, allowed himself through this gift and the decoration that he thereby earned to establish his loyalty to the "beautiful Gallia". The diplomatic motivations for the donation of the collection of a Russian Francophile writer-journalist, whose official and unofficial activities were to have a lasting impact on the artistic and political circles of the French capital, are thus revealed.

Article by Samuel Thévoz (Translated by Jennifer Donnelly)

Liens entre personnes
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En 1888, Gabriel Bonvalot est chargé par la Société de géographie d'expertiser trois caisses d'objets envoyés d'Asie au musée ethnographique du Trocadéro par Nicolas Notovitch. Notovitch évoquera par la suite Bonvalot comme l’un de ses amis dans La Vie inconnue de Jésus Christ (1894). (Source : notice Agorha « Nicolas Notovitch » rédigée par Samuel Thévoz)

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Nicolas Notovitch et Gabriel Hanotaux échangent des lettres en 1935 et 1936, alors que Hanotaux est ministre des Affaires étrangères. (Source : notice Agorha « Nicolas Notovitch » rédigée par Samuel Thévoz)

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Jules Simon et Nicolas Notovitch échangent des lettres aux alentours des années 1890. (Source : notice Agorha « Nicolas Notovitch » rédigée par Samuel Thévoz)

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Référence de notice : 
FRBNF12203369
Date de consultation : 
07/01/2022
Référence de notice : 
0000 0001 0934 4940
Date de consultation : 
07/01/2022
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Institut national d'histoire de l'art (France)
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Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Samuel Thévoz