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Lesouëf, Auguste

Statut
Publiée
Contributeur
lbaumel
Dernière modification
21/03/2024 10:07 (il y a 8 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Lesouëf
Prénom : 
Auguste
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Lesouëf
Prénom : 
Alexandre Auguste
Qualificatif : 
Nom : 
Le Souëf
Naissance et mort
Date de naissance : 
16 août 1829
Lieu de naissance : 
Date de mort : 
25 août 1906
Lieu de mort : 
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1876 - 1906
Adresse : 

109 boulevard Beaumarchais

Code postal : 
75003
Ville : 
Professions / activités
Type de profession / activité : 
Date d'activité : 
1870 - 1906
Biographie
Commentaire biographique : 

Formation

Le grand-père d’Auguste, Gilles Lesouëf (1744-1837), originaire de Bayeux, est marchand de soieries à Paris. Nous le retrouvons au début du siècle associé à son fils Charles-Abel (1784-1857) — père d’Auguste — dans le commerce de l’or et de l’argent(Acte de fondation de la société, 1821. Arch. Fondation SL, carton 3, documents concernant Charles et Auguste-Léonard Lesouëf) . Ce dernier cesse ses activités au milieu des années 1820 ; il place sa fortune dans des immeubles, des titres de rentes et des obligations de chemin de fer, dont il comprend immédiatement l’avenir (Champion, P., 1942. Champion, P., « Auguste Lesouef, collectionneur », La Gerbe, 15, 22 janvier 1942. Carteron, G., 1985).

Placé en pension en 1839, le jeune Auguste Lesouëf manifeste tôt des aptitudes aussi variées qu’éloignées des projets paternels : poésie, dessin, histoire, latin et grec. Son oncle, Léonard-Auguste, grand voyageur et peu doué pour le commerce, l’encourage à apprendre les langues étrangères, notamment l’anglais, l’italien et l’allemand (Correspondance entre Charles-Abel et Léonard-Auguste Lesouëf, Arch. Fondation SL, carton 3, documents concernant Charles et Auguste-Léonard Lesouëf, 1840-1844). Auguste Lesouëf prépare le baccalauréat ; son père, voulant en faire un négociant, le place tout d’abord chez un parent de Marseille, marchand de savon. Puis chez M. Duché, avoué, où il prépare sa licence de droit.

C’est sans doute dans la riche bibliothèque paternelle qu’Auguste Lesouëf cultive son goût pour l’histoire et les récits de voyage. Ces lectures, aussi bien que la fascination exercée par les multiples périples de son oncle, nourrissent la curiosité du jeune Lesouëf pour l’archéologie et la découverte de terres nouvelles, curiosité qu’il tourna plus tard vers les civilisations d’Extrême-Orient (Catalogue de la bibliothèque de Charles-Abel Lesouëf. MSS Smith-Lesouëf 172, BnF, dpt Manuscrits). Il approfondit cet intérêt pour l’histoire et l’archéologie au cours de ses premiers voyages ; en 1851 à l’Exposition universelle de Londres (Passeport daté du mois d’août 1851. Arch. Fondation SL, carton 12, diplômes, 1851), ou en 1863 en Italie (Arch. Fondation SL, carton 3, lettres reçues par Mme Charles Lesouëf, 1863, 1865). Il voyage ensuite relativement peu jusqu’à la mort de sa mère en 1876 ; il reste auprès d’elle pour lui faire la lecture dans l’appartement du 109 boulevard Beaumarchais, qui avait appartenu à son grand-père (Champion, P., 1942).

La fortune réunie par son père, l’héritage de son oncle en 1869, puis de sa mère en 1876 donnent à Auguste Lesouëf les moyens et le loisir d’élaborer sa collection (Partage entre Auguste-Léonard Lesouëf et la succession de Charles-Abel Lesouëf, 1857. Et : Acte de partage du 24 janvier 1866. Arch. Fondation SL, carton 15, propriétés d’Auguste Lesouëf). Il y consacre la majeure partie de sa fortune : le poids de ses acquisitions dans le budget de Lesouëf est significatif et témoigne de l’exclusivité de la passion du collectionneur pour ses livres (Arch. Fondation SL, carton 15, Factures). Lesouëf conserve, par ailleurs, toute sa vie une certaine parcimonie dans son mode de vie, restant dans son appartement du boulevard Beaumarchais.

Les éléments de biographie d’Auguste Lesouëf nous fournissent les traits d’un certain type de collectionneur, dont nous trouvons le portrait dans les publications contemporaines : absence d’activité économique, célibat, modestie du cadre de vie, refus du paraître, sociabilité restreinte aux sociétés savantes.

Une sociabilité savante

Lesouëf fait partie de cette notabilité disposant de suffisamment de loisir et d’aisance pour se permettre d’adhérer à plusieurs sociétés savantes et d’en suivre l’activité. Lesouëf est présenté à la Société d'ethnographie par Léon de Rosny (1827-1914), premier professeur de japonais en France et personnage qui dirige toute l’orientation de la Société. Les circonstances de leur rencontre sont mal connues ; Lesouëf semble avoir un rôle de mécène, finançant les voyages et la publication de fac-similés de Rosny, comme il le fit plus tard pour Pierre Champion (1880-1942) en 1904 (Voir Champion, P., 1942). Lesouëf est élu membre de la Société d'ethnographie en avril 1872 (Arch. Fondation SL, carton 12, Diplômes) et fait immédiatement partie du Conseil de la Société d'ethnographie (ASE, t. 8, 1874, p. 9, séance du 6 avril 1874), ce qui lui donne la possibilité de participer de façon active aux décisions de la société, comme la désignation de l’administration. Il se distingue en proposant plusieurs prix, dans le but de favoriser les publications. Le prix Urechia, du nom du délégué de l’Institution ethnographique en Roumanie, est destiné à récompenser les travaux sur l’ethnographie de cette région (BSE, t. 12, 1888, p. 197-198). Lesouëf met à la disposition des chercheurs ses collections de livres anciens japonais et chinois et des ouvrages sur les études américaines, en publiant leur catalogue sous forme de bulletin dans les revues de la Société d’ethnographie (Catalogue…1897, 1900 ; Lesouëf A., 1899-1906). La reconnaissance des services du collectionneur au sein des sociétés savantes lui vaut plusieurs récompenses, diplômes d’honneur (1881) et médailles (1883, 1888) (Arch. Fondation SL, carton 12, Diplômes).

La Société d'ethnographie, au recrutement très ouvert sur l’étranger, a un réseau de sociabilité savante à travers le monde qui permet à Lesouëf d’établir des contacts avec les américanistes et orientalistes européens  (Création des « diplômes circulaires » : BOIE, t. 1, 1878, p. 11.). Elle est, pour le passionné de civilisations étrangères qu’est Lesouëf, le cadre de missions vers des destinations sinon lointaines, du moins originales pour son temps, comme la Roumanie ou la Bulgarie  (Arch. Fondation SL, carton 12, Diplômes).

Lesouëf et Rosny utilisent ce réseau dans leurs différents voyages à but scientifique : Finlande, Espagne, Portugal, Roumanie, Grèce…Lesouëf finance sans doute les déplacements du savant (Rosny L. de, 1882, p. 47).

Plusieurs traductions sont publiées sous le nom de Lesouëf, ainsi que des études sur des ouvrages de sa collection ; il fait également des communications lors des séances de la Société d’ethnographie (Fortescue, J., 1884 ; Fraser, J., 1889 ; Lesouëf A., 1884a, 1884b, 1886, 1888, 1899-1900). Les sujets portent sur des contenus très différents : civilisations péruvienne, américano-indienne, océanienne, chinoise. L’éclectisme des études menées par Lesouëf répond au projet pluridisciplinaire élaboré par la Société d'ethnographie ; il se comprend dans la perspective d’une étude comparative des civilisations n’hésitant pas à mettre côte à côte le Japon et la Grèce, approche qui n’aura plus cours à la fin du siècle.

Lesouëf n’est d’ailleurs pas seulement membre de la Société d'ethnographie : il est nommé membre titulaire de la Société d’anthropologie de Paris en janvier 1877, de la Société indochinoise en octobre 1877 ; en 1884, membre titulaire de la société de géographie de Saint-Valéry-en-Caux ; en 1887, membre ordinaire de la Société asiatique italienne (Arch. Fondation SL, carton 12, Diplômes).

Un recentrement sur Paris après 1890

Lesouëf ne s’éloigne guère de Paris après 1889, et passe ses journées principalement chez les libraires, ou aux séances des sociétés savantes. Les seuls témoignages de ses échanges avec les libraires sont donnés par Pierre Champion (Champion P., 1942, qui assiste aux conversations des clients rassemblés dans la boutique d’Honoré Champion (1846-1913) quai Voltaire. C’est une « librairie à chaises », où chaque habitué avait sa place (Monfrin J., Honoré Champion, 1978, p. 32). Lesouëf est un de ces habitués et noue des rapports étroits avec la maison Champion : il subventionne les fac-similés des Plus anciens monuments de la typographie parisienne (1904) et collabore avec Honoré Champion pour l’édition de manuscrits et de cartes. « Auguste Lesouëf s’asseyait dans le cercle, sur la chaise de canne, prenant discrètement part à la conversation générale, écoutant le plus souvent ; il formulait, avec certaine moue, une observation où se marquaient le doute, le scepticisme le plus profond… » (Champion, P., « Auguste Lesouef, collectionneur », La Gerbe, 15, 22 janvier 1942, p. 5).

Dans ses dernières années, il perd peu à peu la vue en raison de son diabète. Il meurt des suites d’un accident de circulation, renversé par un fiacre en août 1906.

Article rédigé par Véronique Béranger

Commentaire biographique : 

Training

Auguste’s grandfather, Gilles Lesouëf (1744–1837), who came from Bayeux, was a silk textiles dealer in Paris. At the beginning of the century, he worked with his son Charles-Abel (1784–1857)—Auguste’s father—in the gold and silver trade. The latter stopped this activity in the mid 1820s; he invested his fortune in buildings, annuities, and bonds for railways, whose promising future he immediately foresaw (Champion, P., 1942. Champion, P., ‘Auguste Lesouef, Collectionneur’, La Gerbe, 15, 22 January 1942. Carteron, G., 1985).

Placed in a boarding school in 1839, the young Auguste Lesouëf soon showed an aptitude for various subjects that were very different from the paternal projects: poetry, drawing, history, Latin, and Greek. His uncle, Léonard-Auguste, a great traveller who had little talent for business, encouraged him to learn foreign languages, especially English, Italian, and German. Auguste Lesouëf studied for the baccalaureate exam; his father, who wanted him to become a dealer, initially sent him to stay with a relative in Marseille, a soap dealer. He then worked with Monsieur Duché, a solicitor, with whom he studied for his law degree.

It was probably in his father’s rich library that Auguste Lesouëf cultivated his taste for history and travel accounts. This reading matter, as well as his fascination for his uncle’s many travels, nourished the young Lesouëf’s curiosity for archaeology and the discovery of new lands, a curiosity that later came to focus on Far-Eastern civilisations. His interest in history and archaeology deepened during his first travels: in 1851 at the Universal Exhibition in London, and in 1863 in Italy. Thereafter he travelled little until the death of his mother in 1876; he stayed at her side and read to her in the apartment at 109 Boulevard Beaumarchais, which had belonged to his grandfather.

The fortune amassed by his father, the inheritance from his uncle in 1869, and his mother in 1876 provided Auguste Lesouëf with the financial means and free time to compile his collection. He devoted most of his fortune to achieving this goal: a significant portion of Lesouëf’s budget was devoted to these acquisitions, attesting to the collector’s exclusive passion for books. Incidentally, there was a certain parsimony in Lesouëf’s lifestyle, as he stayed in his apartment on the Boulevard Beaumarchais.

The elements of Auguste Lesouëf’s biography provide us with an idea of the characteristics of a certain type of collector, who was portrayed in contemporary publications: there was an absence of economic activity, he remained single, led a modest life, had little interest in appearances, and restricted his social activities to attending scholarly societies.

Scholarly sociability

Lesouëf belonged to a class of persons that had enough leisure time and financial means to join several scholarly societies and keep up with their activities. Lesouëf was presented to the Société d’Ethnographie by Léon de Rosny (1827–1914), the first professor of Japanese in France and a figure who directed the Société’s entire orientation. The circumstances of their encounter are unknown; Lesouëf seems to have played the role of a patron, funding travels and the publication of de Rosny’s facsimiles, as he did later for Pierre Champion (1880–1942) in 1904. Lesouëf was elected a member of the Société d’Ethnographie in April 1872 and immediately became a member of the Conseil of the Société d’Ethnographie, which enabled him to actively take part in the Société’s decisions, such as the selection of its administrators. He distinguished himself by proposing several prizes, with the aim of encouraging publications. The Urechia Prize, named after the delegate of Romania’s Institute of Ethnography, was created to reward ethnographic studies in this region. Lesouëf gave the researchers access tohis collections of ancient Japanese and Chinese books and works on American studies, by publishing their catalogue in the form of a bulletin in the Société d’Ethnographie’s journals. The recognition of the collector’s services in the scholarly societies brought him various awards, honorary diplomas (1881), and medals (1883 and 1888).

The Société d’Ethnographie actively sought new members abroad, creating a network of scholarly sociability from around the world, which enabled Lesouëf to establish contacts with the European Americanists and Orientalists. For Lesouëf, who was passionately interested in foreign civilisations, the Société provided opportunities to go on missions to destinations that may not have been far flung, but which were at least original at the time, such as Romania or Bulgaria.

Lesouëf and de Rosny used this network for their various scientific travels: Finland, Spain, Portugal, Romania, and Greece. Lesouëf probably funded the scholar’s travels.

Several translations were published under the name Lesouëf, as well as studies of the works in his collection; he also made speeches during sessions held in the Société d’Ethnographie. The subject matter related to very diverse content: the Peruvian, American-Indian, Oceanian, and Chinese civilisations. The eclecticism of the studies conducted by Lesouëf echoed the multidisciplinary project developed by the Société d’Ethnographie; it adopted the approach of a comparative study of civilisations that readily placed Japan and Greece side by side, an approach that was no longer fashionable at the end of the century.

Lesouëf was not only a member of the Société d’Ethnographie: he was appointed a titulary member of the Société d’Anthropologie de Paris in January 1877 and the Société Indochinoise in October 1877; in 1884, he became a titulary member of the Société de Géographie de Saint-Valéry-en-Caux; and, in 1887, an ordinary member of the Société Asiatique Italienne (BNF, Département des Manuscrits, Archives. Smith-Lesouëf, box 12: diplomas).

A focus on Paris after 1890

After 1889, Lesouëf rarely left Paris and spent his days mostly in bookshops, or attended the sessions held by scholarly societies. The only accounts of his interaction with the bookshops were provided by Pierre Champion, who overheard the conversations with customers who came to the shop of Honoré Champion (1846–1913) on the Quai Voltaire. This was a ‘librairie à chaises’ (bookshop with chairs), in which each habitué had his place (Monfrin, J., Honoré Champion, 1978, p. 32). Lesouëf was one of these habitués and established close links with the Maison Champion: he funded the creation of facsimiles of the Plus Anciens Monuments de la Typographie Parisienne (1904) and collaborated with Honoré Champion on publishing manuscripts and maps. ‘Auguste Lesouëf sat down in the circle, on a rattan chair, quietly contributing to the general conversation, most often merely listening; frowning, he made an observation, characterised by doubt and the most profound scepticism …’ (Champion, P., ‘Auguste Lesouef, Collectionneur’, La Gerbe, 15, 22 January 1942, p. 5).

In his last years, he gradually lost his sight due to diabetes. He died from his injuries after a traffic accident, when he was run over by a carriage in August 1906.

Article by Véronique Béranger (Translated by Jonathan & David Michaelson)

Thèmes d'étude
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] Livres xylographiques. Albums à peintures. Rouleaux à peintures.

Aire géographique étudiée : 
Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] Livres xylographiques. Manuscrits à peintures. Rouleaux à peinture de type makimono et kakemono.

Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés] Rouleaux à peinture de type makimono et kakemono.

Liens entre personnes
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Commentaire Type de lien horizontal : 

Auguste Lesouëf fréquente le magasin de E. Desoye. (Source: Elizabeth Emery. "First Woman Importer of Japanese Art in Nineteenth-Century Paris"). Journal of Japonisme, vol. 5, 2020, p. 1-46).

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Auguste Lesouëf fréquente le magasin de E. Desoye. (Source: Elizabeth Emery. "First Woman Importer of Japanese Art in Nineteenth-Century Paris"). Journal of Japonisme, vol. 5, 2020, p. 1-46).

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Commentaire Type de lien horizontal : 

Auguste Lesouëf fréquente le magasin de E. Desoye. (Source: Elizabeth Emery. "First Woman Importer of Japanese Art in Nineteenth-Century Paris"). Journal of Japonisme, vol. 5, 2020, p. 1-46).

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Date de consultation : 
22/02/2021
Commentaire Sources en ligne : 

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Institut national d'histoire de l'art (France)
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Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Véronique Béranger