La Présentation au Temple
Bas-relief appliqué sur la face interne du volet senestre de la caisse d’un retable.
- Intervention de conservation, musée du Louvre, 1984.
- Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, 2021.
Relief composé de deux planches de bois (tilleul ?) assemblées verticalement par collage (planche senestre : L. 28 cm ; planche dextre : L. 36 cm).
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur le chant supérieur du relief, une cavité (diamètre : 0,5 cm) ; dans le bas du relief, sur le chant intérieur de la feuillure, trois cavités quadrangulaires (0,4 x 0,4 cm environ) aux angles fourchus.
- Feuillure taillée sur le bord inférieur (H : 3,5 cm ; P. : 1 cm environ).
- Parties ajourées d’origine : les deux baies ouvertes dans le mur du fond de la salle du Temple.
- Travail détaillé de la surface du bois : dalles du sol soulignées par des lignes incisées, panier, barbes et chevelures.
- Écus (surface lisse, sans détails sculptés) sur les deux écoinçons de l’architecture.
- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : sept chevilles, une dans chaque angle, deux dans la partie haute du bord senestre, une sur le bord dextre.
- Attaque d'insectes xylophages (actuellement inactive).
- Fentes et surface du bois endommagée, notamment de part et d’autre du joint entre les deux planches.
- Manques : les deux angles inférieurs ; éclats sur les bords du relief, sur les plis et les bords des vêtements.
Interventions postérieures :
- traitement insecticide (?) par application d’un produit aujourd’hui assombri (couleur brune) : couche visible en partie haute au revers ;
- le revers a reçu postérieurement une couche de peinture grise recouverte d’un vernis brun, probablement contemporaine de la pose de trois traverses clouées dans le haut, au centre et dans le bas du revers (traces de ces traverses supprimées par la suite) ;
- probablement dans les années 1930, peut-être lors de l’ouverture du musée en 1933 : relief appliqué sur un fond vertical et inséré dans un cadre de style néogothique ; la frise décorative ajourée sur le bord supérieur du cadre a été supprimée quand les reliefs de la Nativité, de la Fuite en Égypte et de la Présentation au Temple ont été assemblés postérieurement pour former un triptyque factice ;
- probablement lors d’une intervention au Louvre en 1984 à l’occasion de l’installation actuelle du musée : suppression du fond et du cadre ; au revers, pose de six petites pièces de bois collées sur le joint entre les deux planches, pour consolider l’assemblage, et de deux pièces de bois collées sur des fentes dans le haut ; comblements avec de la poudre de bois liée à la colle.
Traces de polychromie :
Polychromie d’origine (?) : préparation blanche
Polychromies postérieures :
1. Vestiges de préparation et de couleurs.
2. Polychromie postérieure (19e siècle ?) posée après suppression de la polychromie précédente : préparation blanche, couche ocrée.
Couche actuelle : après décapage du bois, application d’une couche brillante brun-noir (vernis et cire teintée) lors de la pose du nouvel encadrement au 20e siècle (probablement vers 1933 au moment de l’ouverture du musée). La couche recouvre les cassures et les zones endommagées et empâte les détails sculptés en surface.
Le récit de la Présentation au Temple, qui se déroule quarante jours après la Nativité, est relaté dans l’évangile de Luc (2, 22-24) : « Et quand vint le jour où, selon la loi de Moïse, ils devaient être purifiés, Joseph et Marie le portèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur -ainsi qu’il est écrit dans la loi du Seigneur : tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur-, et pour offrir en sacrifice, un couple de tourterelles ou deux jeunes colombes, suivant ce qui est dit dans la loi du Seigneur ». Le relief représente la scène suivant divers codes iconographiques en usage à la fin du Moyen Âge. Le grand-prêtre est reconnaissable à sa coiffure inspirée d’une mitre épiscopale pour évoquer un costume juif. Les mains voilées en signe de respect, il s’incline vers Enfant Jésus nu, porté sur l’autel par la Vierge Marie. Le cierge, que cette dernière tient dans sa main droite, fait référence à la procession des fidèles porteurs de cierges bénis et allumés, symboles de la pureté de Marie. Cette procession se déroulait au Moyen Âge lors la célébration de la Présentation au Temple ou fête de la Purification de la Vierge le 2 février (la Chandeleur). Vêtu comme sur le relief de la Fuite en Égypte, Joseph se tient derrière la Vierge, un chapelet dans la main droite, et dans l’autre le panier d’osier contenant les deux tourterelles offertes en sacrifice. Les deux femmes voilées placées à l’arrière-plan sont des suivantes de la Vierge. L’intérieur du Temple de Jérusalem est suggéré par une salle partiellement voûtée d’ogives, qui s’ouvre à l’avant par un arc en plein cintre dont les écoinçons portent des écus sans armes sculptées.
Rhin supérieur (Oberrhein), Bâle (Basel)
Relief de la Présentation au Temple provenant peut-être, ainsi que la Nativité et la Fuite en Égypte, du retable du maître-autel de l'église Saint-Léger de Guebwiller (retable mis en place en 1502, remplacé en 1776 et probablement déposé dans la chapelle Saint-Michel adossée au chœur de l'église Saint-Léger). Ancien couvent des dominicains de Guebwiller, où un hôpital est installé en 1837-1838 (les trois reliefs sont mentionnés en 1859, 1884, et 1911). Musée du Florival, Guebwiller, dons de la Commune et de l'Hôpital Civil en 1933 (reliefs entrés dans les collections dès la fondation du musée en 1933, installé dans les locaux de l'école de garçons de la ville haute ; reliefs inscrits dans le premier registre d'inventaire, à huit colonnes, de gauche à droite : « 221 », « novembre 1933 », « Trois panneaux en bois sculptés en haut-relief avec cadre, Fuite en Égypte, la Nativité et la Circoncision XVe s [École Schongauer ?], « inconnu », « Dominicains de Guebwiller », « 15 000 », « Don de la Commune et de l'Hôpital Civil », « N° 8.8b 8c » ; chaque relief est présenté dans un cadre de style néogothique surmonté d'une frise ajourée). Musée du Florival fermé en 1939 (reliefs évacués avec d'autres œuvres ?). Reliefs exposés en 1942 au château de la Neuenbourg à Guebwiller (reliefs, encadrés, présentés séparément). Réouverture du musée du Florival en 1959 dans l'ancien couvent des dominicains de Guebwiller (reliefs conservés au premier étage du chœur de l'église). À une date non précisée, les trois reliefs sont assemblés pour former un triptyque factice (mentionné ou reproduit en 1965, 1970, 1972). Ouverture du musée du Florival en 1984 dans l'ancien Grand Doyenné à Guebwiller (probablement à cette date, démontage du triptyque factice et suppression des cadres des reliefs).
Les trois reliefs, la Nativité, la Fuite en Égypte et la Présentation au Temple, étaient appliqués sur les faces internes des volets d’un même retable, vraisemblablement le retable, mis en place en 1502, du maître-autel de l’église paroissiale Saint-Léger de Guebwiller (Haut-Rhin). Les reliefs étaient superposés deux à deux : sur le volet senestre la Fuite en Égypte était placée au-dessus de la Présentation au Temple, sur le dextre la Nativité était associée à un quatrième relief, aujourd’hui disparu, figurant une scène complémentaire de l’Enfance du Christ comme l’Adoration des mages. Le format des reliefs suggère les dimensions des volets et de la caisse du retable sur laquelle ils se refermaient (chaque volet : H. 190-200 cm environ, L. 70-80 cm environ ; la caisse : H. 190-200 cm environ, L. 160 cm environ). La caisse pouvait abriter trois statues selon une disposition habituelle, par exemple la Vierge à l’Enfant en position centrale, entourée de figures de saintes ou de saints. La Vierge de douleur et le Christ de douleur conservés à Thann (inv. 761 et 767, Musée de la Société d’histoire « Les Amis de Thann ») pourraient provenir du couronnement de ce retable.
p. 409 (« Trois bas-reliefs, de la même époque [fin du 15e siècle] ornent la chapelle de l’hôpital, à Guebwiller »).
p. 115 (La Circoncision [sic] et la Fuite en Égypte, conservées dans la chapelle catholique de la galerie nord-est du cloître du couvent des dominicains à Guebwiller, œuvres charmantes du 15-16 siècle, d’une grande finesse et de conception savoureuse, malheureusement recouvertes d’épaisses couleurs : « […] reizende Arbeiten des 15.-16. Jhs. von grosser Feinheit und köstlicher Auffassung, leider mit dicken Farben überzogen. »), p. 116 (La Nativité, dans la galerie nord-est du cloître du couvent des dominicains à Guebwiller, près de la chapelle catholique, un excellent relief en bois du 16e siècle : « […] ein treffliches Holzrelief des 16. Jhs. Mit Geburt Christi. »).
Text, vol. 1, p. 16-17, Tafeln, n. 20, 29 (La Fuite en Égypte et la Présentation au Temple « se trouvent dans l’une des salles de l’hôpital de Guebwiller » ; reliefs rapprochés des stalles d’Issenheim, datées de 1493, au musée Unterlinden de Colmar et rattachés à la même « école » de sculpteurs en Alsace).