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Jouveau-Dubreuil, Gabriel

Statut
Publiée
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INHA
Dernière modification
25/10/2023 19:04 (il y a environ 1 an)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Jouveau-Dubreuil
Prénom : 
Gabriel
Sexe : 
Nationalité : 
Nom : 
Dubreuil
Prénom : 
Gabriel, Jules, Charles
Qualificatif : 
Naissance et mort
Date de naissance : 
1 janvier 1885
Lieu de naissance : 
Commentaire Lieu de naissance : 

né à Saïgon (Cochinchine, Indochine française) ; act. Hô Chi Minh-Ville (Viêt Nam)

Date de mort : 
14 juillet 1945
Lieu de mort : 
Commentaire Lieu de mort : 

mort au 135 bd Raspail, 75006

Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1909 - 1941
Adresse : 

5 rue Dumas 

Code postal : 
605004
Ville : 
Commentaire Ville : 

Pondichéry (Établissements français de l’Inde, dits « Inde française ») ; act. Puducherry, Territoire de Pondichéry, Inde)

Commentaire Adresses : 

act. Dumas Street

Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
Avant 1890
Code postal : 
97120
Ville : 
Commentaire Ville : 

Saint-Claude (Guadeloupe)

Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1905 - 1909
Adresse : 

Ministère des Finances

95, rue de Rivoli

Code postal : 
75001
Ville : 
Professions / activités
Lieu institution : 
Date d'activité : 
1909 - 1945
Type de profession / activité : 
Commentaire Type de profession / activité : 

Professeur de physique

Institution : 

Collège Colonial de Pondichéry, renommé Collège Français

Lieu institution : 
Commentaire Lieu institution : 

Établissements français de l’Inde, dits « Inde française » ; aujourd’hui Territoire de Pondichéry

Date d'activité : 
1909 - 1941
Biographie
Commentaire biographique : 

Auteur méconnu d’une des œuvres les plus originales de l’indianisme du XXe siècle, Gabriel Jouveau-Dubreuil (1885-1945) fut constamment en marge des écoles et des doctrines officielles. Personnage excentrique, archéologue passionné et poète dans l’âme, voyageur et collectionneur, il écrivit à propos de l’Inde, peu avant sa mort en 1945 : « J’ai fait tout le temps des découvertes dans ce pays. Je me suis oublié pour ne penser qu’à Elle. Elle fut ma passion – elle mérite cet amour. Je lui ai rendu des services » (archives privées, s. c.). C’était le résumé d’une vie : son dévouement à la recherche scientifique, l’accumulation de découvertes exceptionnelles et le culte voué au sous-continent indien, et en particulier à Pondichéry, sa patrie d’adoption.     

Né à Saigon le 1er janvier 1885, second des quatre fils d’un médecin de la Marine, Jouveau-Dubreuil est issu d’une famille française de vieille souche établie en Guadeloupe depuis les années 1830. Il passe ses jeunes années entre les Antilles et Paris, avant d’entamer une carrière au ministère des Finances. Les musées parisiens éveillent sa sensibilité : il fréquente le Louvre mais aussi le « musée des religions » d’Émile Guimet, où naît sans doute sa fascination pour le monde indien. En 1909, il obtient un détachement dans les Établissements français de l’Inde, en tant que professeur de physique au prestigieux Collège colonial de Pondichéry (Roustan Delatour C., 1995).

À peine installé dans cet ancien comptoir au charme désuet, Jouveau-Dubreuil entreprend une exploration méthodique du sud du Dekkan, le pays dravidien. Infatigable, il consacre ses congés à parcourir seul, parfois dans un dénuement extrême, ces régions qu’il désigne « par le nom assez vague » de Sud de l’Inde. Il visite les centres religieux, participe aux fêtes, s’émerveille de la bourdonnante confusion des villes, à Madras, Bangalore ou Cochin. Il cherche bientôt à s’éloigner des sentiers battus. Dans la campagne de Pondichéry, tout d’abord, où on l’aperçoit juché sur une jutka cahotante derrière son poney fringant, ou bien dans la traditionnelle charrette tirée par son bœuf » (Renault J., 1953, p. 9). Pénétrant dans l’intérieur des terres, il découvre au hasard des étapes un univers dont il n’a soupçonné ni la beauté ni l’importance, un monde secret et hors du temps : l’Inde des villages. À l’écart des grands sanctuaires du sud, tels que Tanjore ou Maduraï, il y découvre des temples inconnus dont l’étude reste à faire… C’est la révélation de sa vocation : il sera indianiste. Ces monuments à l’histoire incertaine, qu’il croise au fond de la jungle comme dans les bazars les plus achalandés, il tentera désormais « non seulement de [les] faire voir, mais de les faire comprendre » (Jouveau-Dubreuil G., 1914, p. 4).

Convaincu que l’Inde dravidienne a engendré un art autochtone, dont l’évolution peut être retracée depuis ses origines jusqu’à l’époque moderne, Jouveau-Dubreuil poursuit ses excursions vers les sites les plus isolés, amassant en trois ans une documentation remarquable et unique, qui fournira la matière d’une thèse de doctorat, publiée en 1914 sous le titre Archéologie du Sud de l’Inde. En 1911, sa rencontre avec l’orientaliste Victor Goloubew (Müller C., 1924) lui permet de confronter ses recherches à l’indianisme institutionnel. Sous la conduite de Jouveau-Dubreuil, Goloubew étudie et photographie les principaux sites du Coromandel (Goloubew V., 1921 ; Malleret L., 1967). Aux lourds appareils photographiques, Jouveau-Dubreuil préfère le dessin. Il y trouve le moyen idéal de se familiariser avec l’art dravidien, d’en ressentir plus intimement, par le tracé précis de sa plume, les formes et les contours. Dans ce rapport direct avec les monuments et leurs décors, c’est la pensée même de l’artiste qu’il veut saisir. C’est pourquoi il se rend aussi souvent que possible dans les temples en construction, notamment à Cuddalore au sud de Pondichéry, afin de s’imprégner des traditions vivantes. D’une curiosité insatiable, il y questionne les ouvriers sur les techniques de fabrication, l’utilisation des outils, l’organisation du travail, l’iconographie. Il observera ainsi, au fil de ses « promenades archéologiques », le développement quasi organique des édifices à travers les âges. Mais l’observation seule ne constitue pas une étude et son œuvre se veut avant tout scientifique : il reste à écrire, selon lui, « l’anatomie et la paléontologie des édifices » (Jouveau-Dubreuil G., 1914, p. 4).

Déclarant qu’il n’a pas « la prétention de faire de la critique d’art », Jouveau-Dubreuil ambitionne avant tout « de faire la science des monuments en recherchant les lois générales par l’étude comparée des motifs d’ornementation » (Jouveau-Dubreuil G., 1914, p. 4). Sa méthode, à la fois simple et rigoureuse, évoque les procédés de classement des naturalistes et surtout de Darwin, auquel son père l’a initié. En dépit de quelques bizarreries évolutionnistes, sa théorie eut l’immense mérite d’adopter le point de vue indien. Elle l’amena à corriger, parfois de six siècles, les datations de ses prédécesseurs. Mais surtout, face à l’opinion générale selon laquelle « l’histoire de l’art en Inde s’est écrite sous le signe du déclin » (Chandra P., 1992, p. 42), elle opposa la notion d’un art indien intelligible et structuré, s’incarnant au fur et à mesure d’une constante maturation en des formes de plus en plus raffinées. Cette idée, appuyée par de rigoureuses démonstrations, contribua à révolutionner la conception des arts de l’Inde.

En mai 1914, fort du succès d’Archéologie du Sud de l’Inde, Jouveau-Dubreuil est élu membre, à 28 ans, de la prestigieuse Société asiatique. Malgré quelques critiques – on lui reproche notamment un vocabulaire intimidant, relevant plus de la biologie que de l’histoire de l’art –, il devient le maître incontesté de son sujet (à une époque où il n’y avait aucun archéologue permanent à Pondichéry). Dispensé des obligations militaires, il passe les années de guerre entre le travail d’érudition et la salle de classe, accumulant au fil de ses explorations une quantité impressionnante de découvertes. Il en tire une série d’études sur les dynasties anciennes du Dekkan, publiées dans la Revue historique de l’Inde française, et un essai fondamental intitulé « Les antiquités de l’époque pallava » (1917-18).

Au cours des années 1920, la réputation de « l’érudit à manchettes » s’impose dans les milieux savants de l’Inde britannique et des États princiers. Intrigué par les énigmatiques grottes excavées du Malabar, il y fait coup sur coup des trouvailles extraordinaires (1919-21) : les peintures pallava de Sittannavasal, les fresques de Bedsa (IIe siècle) et des grottes du temple de Tirumalaipuram à Kandayanallur (époque pandya), les quatre cavernes de Mennapuram. De ces expériences naît un ouvrage controversé, Vedic Antiquities (1922), dont les arguments invraisemblables ne réussiront qu’à masquer l’intérêt… Jouveau-Dubreuil espère démontrer l’originalité profonde de la civilisation dravidienne, voire sa supériorité sur la civilisation aryenne du nord, dont elle fait alors figure de parent pauvre. Sévèrement critiqué, notamment en France, Jouveau-Dubreuil délaisse l’écriture pour la fouille archéologique. Dans ce domaine, son flair est devenu légendaire, si bien qu’en mars 1924 on pouvait lire dans le Madras Mail que « Jouveau-Dubreuil, dans le court espace de trois ans, en a fait beaucoup plus que n’a pu faire l’archéologue officiel de Madras durant les vingt dernières années et cela sans bénéficier d’aucune des facilités ni des commodités de l’archéologie moderne ». Ses intuitions sont souvent récompensées par des découvertes spectaculaires, comme celle des fresques pallava du Kailasanatha de Kanchipuram (1931).

Pourtant, sa première mission d’envergure, en tant que collaborateur de la Délégation archéologique française en Afghanistan durant l’été 1924, tourne court. Face à la réussite des archéologues britanniques dans la vallée de l’Indus, leurs homologues français se sont retranchés dans les vallées encaissées et sauvages du royaume afghan, où ils ont obtenu en 1922 le monopole des fouilles. Alors qu’Alfred Foucher et Joseph Hackin sont occupés par les fouilles de Balkh, Jouveau-Dubreuil tente sa chance dans la région de Begram, au nord de Kaboul, où Foucher a identifié un site prometteur (Cambon P., 1996). Jouveau-Dubreuil est persuadé d’y retrouver à la fois l’antique capitale de la région, Kapishi, décrite au VIIe siècle par le pèlerin chinois Xuanzang, et la cité grecque d’Alexandrie du Caucase, fondée par Alexandre aux portes de l’Inde. Il rêve déjà d’y exhumer « les déesses de marbre et les héros d’airain » qui témoigneront des conquêtes du Macédonien (MNAAG, Jouveau-Dubreuil, Ms. 3). Hélas, un mois seulement après son arrivée une violente révolte éclate, qui force les Européens à quitter le pays. Jouveau-Dubreuil a tout juste le temps de conforter ses hypothèses par quelques observations. Les fouilles de Begram sont suspendues avant même d’avoir commencé. Le chantier ne sera repris que douze ans plus tard – avec un succès retentissant – par Jean Carl puis les époux Hackin (Cambon P., 1996).

Sa mission avortée, Jouveau-Dubreuil rentre en Inde les mains vides. Il tourne alors son attention vers une région dont il connaît le potentiel archéologique : l’ancien royaume des Andhra (Jouveau-Dubreuil G., 1917), pays de la sculpture bouddhique d’Amaravati. Plus accessible que Begram, cette région n’en dépend pas moins de la Présidence de Madras, où Jouveau-Dubreuil compte déjà quelques rivaux. Il lui faut patienter, obtenir des autorisations… En 1926, il est prêt à fouiller. Mais seul, manquant de temps et surtout de moyens, il ne peut procéder qu’à de rapides sondages. Qu’importe car il a vu juste ! Dans un champ proche du village de Goli, sur les bords de la Krishna, il excave à la hâte un petit stupa au revêtement de pierre richement sculpté. Ailleurs, à Nagarjunakonda et à Ghantashala, il met au jour de nombreux bas-reliefs datant des IIe et IIIe siècles (Hackin J. et Grousset R., 1928 ; Ramachandran T. N., 1929). La frustration de l’historien, encore obsédé par son inextricable théorie dravidienne, cède la place au bonheur de l’archéologue : ces sculptures sont de purs chefs-d’œuvre. Elles seront acheminées pour la plupart au musée de Madras, dont Jouveau-Dubreuil se fait pour l’occasion le collaborateur.

Dorénavant, le jovial professeur sera sollicité et honoré de toutes parts. L’université de Cambridge lui demande d’écrire l’histoire ancienne du Dekkan. Madras le consulte pour le choix de ses jeunes archéologues… Il collabore avec le musée Guimet, diverses sociétés savantes et les organisateurs de l’Exposition coloniale de 1931. Il met au jour les imposantes fondations du Fort Louis, en plein centre de Pondichéry (1928-29). En 1932, il obtient la Légion d’honneur. Affaibli par une maladie, il limite ses prospections aux environs de Pondichéry et passe plus de temps dans les archives de la colonie que sur les terrains de fouilles ; il y fait, là encore, d’heureuses découvertes. Cependant, une pièce maîtresse manque encore à son tableau de chasse : celle qui prouvera, aux yeux du monde, l’intérêt historique de l’Inde dravidienne.

Or, depuis 1935, ses travaux sur Pondichéry s’orientent autour de deux pôles : l’histoire coloniale (Dupleix ou l’Inde conquise, 1941) et le passé antique du comptoir. On savait, en effet, qu’aux environs de l’ère chrétienne l’Inde avait entretenu des relations commerciales avec la Rome impériale. De nombreuses sources antiques (la Géographie de Ptolémée, l’Histoire naturelle de Pline, etc.) en conservaient le souvenir. Inspiré par ce thème, Jouveau-Dubreuil avait imaginé dans L’Inde et les Romains (1921) le voyage d’un marchand romain au Dekkan vers l’an 30 av. J.-C. Mais il prétendait à présent, en l’absence totale de preuve, que les Romains s’étaient installés à Pondichéry même ! La théorie était audacieuse et le symbole puissant. La chance allait lui sourire une dernière fois.

En 1939, alors qu’il prospecte le site d’Arikamedu, à quelques kilomètres de chez lui, Jouveau-Dubreuil met la main sur une petite intaille ovale (Jouveau-Dubreuil G., 1941). Ce simple chaton de bague aux dimensions insignifiantes, trouvé presque par hasard dans un faubourg de Pondichéry, porte sur sa face gravée l’effigie de l’empereur Auguste… Et voici le lien tant espéré avec l’Histoire universelle. L’Antiquité dravidienne sort enfin de sa jungle obscure. Le Gandhara avait ses Grecs ; grâce à Jouveau-Dubreuil, Pondichéry a ses Romains.

Les fouilles d’Arikamedu, entamées en 1940, livreront les vestiges d’un établissement commercial avec des entrepôts, un port maritime et de nombreux objets témoignant d’échanges avec l’Empire romain. Mais c’est à d’autres qu’échoira le privilège de mener ces fouilles : Sir Mortimer Wheeler d’abord, puis à l’équipe française de Jean-Marie Casal (1947-48). Jouveau-Dubreuil ne verra jamais ce qu’il a découvert. Dans l’excitation de la première campagne de fouille, alors que tout semble lui réussir, il quitte définitivement l’Inde, le 9 mars 1941 (Pattabiramin P. Z., 1946).

Contraint par les hasards de la guerre à se rendre en métropole, il s’y retrouve bientôt pris au piège, à court d’argent et sans possibilité de repartir. Commencent alors ses « heures d’exil » : la séparation contre nature avec l’Inde. Pendant deux ans, il séjourne dans différents hôtels de Marseille, vivant d’expédients mais dans une solitude « fort favorable à [l’écriture] » (archives privées, s. c.). Son travail sur une deuxième version de Dupleix ou l’Inde conquise lui permet de garder espoir, tout comme l’atmosphère de la côte phocéenne où il retrouve « la chaleur et le soleil » de Pondichéry. Hélas, la publication de son livre en novembre 1942 passe inaperçue. Gravement malade, il entre bientôt en clinique. On le ramène d’urgence à Paris, chez son frère.

« Au milieu de ce Paris fiévreux d’après-guerre, il ne rêvait qu’une chose, revoir l’Inde, retourner à Pondichéry » (Gaebelé Y., 1946, p. 2). Il sait que ce n’est plus possible : « J’ai fait de grandes découvertes, écrit-il. Les Romains à Pondichéry, c’est sensationnel. Mais pour le moment je suis mort » (Renault J., 1953, p. 27). Gabriel Jouveau-Dubreuil s’éteint à l’âge de 60 ans, le 14 juillet 1945.

Article rédigé par Christophe Roustan Delatour

Commentaire biographique : 

The little-known author of one of the most original twentieth-century works on India, Gabriel Jouveau-Dubreuil (1885-1945) was continuously on the fringes of official schools and doctrines. An eccentric character, a passionate archaeologist and a poet at heart, a traveler and a collector, he wrote about India shortly before his death in 1945: “I have been making discoveries in this country all the time. I forgot myself and thought only of Her. She was my passion – she deserves this love. I gave myself to Her in service” (private archives, s.c.). This summed up his life: dedication to scientific research, the accumulation of exceptional discoveries, and the worship of the Indian subcontinent, and in particular Pondicherry, his adopted homeland.

Born in Saigon on January 1, 1885, the second of the four sons of a Navy doctor, Jouveau-Dubreuil came from an old French family established in Guadeloupe since the 1830s. He spent his early years between the West Indies and Paris, before starting a career at the Ministry of Finance. The Parisian museums awakened his sensitivity: he frequented the Louvre but also the "museum of religions" of Émile Guimet, where his fascination for the world of Indian was undoubtedly born. In 1909, he obtained an appointment at the French Establishments in India (les Établissements français de l’Inde), as a professor of physics at the prestigious Collège colonial of Pondicherry (Roustan Delatour C., 1995).

Barely installed in this former market town with old-fashioned charm, Jouveau-Dubreuil undertook a methodical exploration of the south of Dekkan, the Dravidian country. Indefatigable, he devoted his holidays to exploring alone, sometimes in extreme destitution, the regions which he designated "by the rather vague name" of Southern India (Sud de l’Inde). He visited religious centres, participated in festivals, and marvelled at the buzzing confusion of cities, in Madras, Bangalore or Cochin. Before long he sought to get off the beaten track. First, in the countryside around Pondicherry, he could be seen perched on a jutka jolting behind a dashing pony, or in the traditional cart drawn by his ox (Renault J., 1953, p. 9). Penetrating into the interior of the land, he gradually discovered a universe whose beauty and importance he had not suspected, a secret and timeless world: the India of the villages. Away from the great sanctuaries of the south, such as Tanjore or Maduraï, he discovered unknown temples which remained to be studied. Thus was revealed to him his vocation: he would be an indianiste. These monuments of uncertain history, which he came across in the depths of the jungle as in the busiest bazaars, he would now try "not only to show, but to make understood" (Jouveau-Dubreuil G. , 1914, p. 4).

Convinced that Dravidian India engendered an indigenous art, whose evolution could be traced from its origins up to modern times, Jouveau-Dubreuil continued his excursions to the most isolated sites, amassing in three years a remarkable and unique documentation which would provide the material for a doctoral thesis, published in 1914 under the title Archéologie du Sud de l’Inde. In 1911, his meeting with the orientalist Victor Goloubew (Müller C., 1924) allowed him to bring together his research and institutional Indian studies. Under the guidance of Jouveau-Dubreuil, Goloubew studied and photographed the main sites of the Coromandel (Goloubew V., 1921; Malleret L., 1967). Jouveau-Dubreuil preferred drawing to lugging around heavy cameras. In drawing he found the ideal way to familiarise himself with Dravidian art, to feel the shapes and contours more intimately, through the precise outline of his pen. In this direct relationship with the monuments and their decorations, it is the very thoughts of the makers that he wanted to capture. That is why he went as often as possible to temples under construction, especially in Cuddalore south of Pondicherry, in order to immerse himself in living traditions. With insatiable curiosity, he questioned the workers on manufacturing techniques, the use of tools, the organisation of work, the iconography. He would thus observe, during his "archaeological walks", the almost organic development of buildings through the ages. But observation alone does not constitute a study, and his work did aim to be scientific: he still had to write about, as he put it, “the anatomy and paleontology of buildings (Jouveau-Dubreuil G., 1914, p. 4).

Declaring that he did not "claim to do art criticism", Jouveau-Dubreuil sought above all "to do the science of monuments by researching general laws through the comparative study of ornamental motifs.” (Jouveau-Dubreuil G., 1914, p. 4). His method, both simple and rigorous, evokes the classification procedures of naturalists and especially of Darwin, to which his father introduced him. Despite some evolutionary quirks, his theory had the immense merit of adopting the Indian point of view. It led him to correct, sometimes by six centuries, the dating of his predecessors. But above all, faced with the general opinion according to which "the history of art in India was written under the sign of decline" (Chandra P., 1992, p. 42), he opposed the notion of a intelligible and structured Indian art, embodying a constant maturation into increasingly refined forms. This idea, supported by rigorous demonstrations, contributed to revolutionise the conception of the arts of India.

In May 1914, on the strength of the success of Archéologie du Sud de l’Inde, Jouveau-Dubreuil was elected a member of the prestigious Asian Society, at the age of 28. In spite of some criticisms - one reproaches him in particular for an intimidating vocabulary, relating more to biology than to the history of art -, he became the undisputed master of his subject (at a time when there was no permanent archaeologist in Pondicherry). Exempted from military obligations, he spent the war years between scholarly work and the classroom, accumulating an impressive amount of discoveries over the course of his explorations. From this work he drew a series of studies on the ancient dynasties of the Dekkan, published in the Revue historique de l'Inde française, and a fundamental essay entitled "Les Antiquités de l'epo pallava" (1917-18).

During the 1920s, his reputation as a “headline scholar” was established in scholarly circles in British India and the princely states. In the enigmatic excavated caves of Malabar, he made extraordinary finds in quick succession (1919-21): the pallava paintings of Sittannavasal, the frescoes of Bedsa (2nd century) and the caves of the temple of Tirumalaipuram in Kandayanallur (pandya era), and the four caves of Mennapuram. Out of these experiments came a controversial work, Vedic Antiquities (1922), whose implausible arguments only managed to dampen interest. Jouveau-Dubreuil hoped to demonstrate the profound originality of the Dravidian civilisation, even its superiority over the Aryan civilisation of north, of which it was then a poor relation. Severely criticised, particularly in France, Jouveau-Dubreuil abandoned writing for archaeological digs. In this field, his flair became legendary, so much so that in March 1924 the Madras Mail one could read that "Jouveau-Dubreuil, in the short space of three years, has done much more than the official archaeologist of Madras for the past twenty years, and this without benefiting from any of the facilities and conveniences of modern archaeology.” His intuitions were often rewarded by spectacular discoveries, such as that of the pallava frescoes of the Kailasanatha of Kanchipuram (1931).

However, his first major mission, as a collaborator of the French archaeological delegation in Afghanistan during the summer of 1924, was cut short. Faced with the success of British archaeologists in the Indus Valley, their French counterparts entrenched themselves in the deep and wild valleys of the Afghan kingdom, where in 1922 they obtained the monopoly on excavations. While Alfred Foucher and Joseph Hackin were busy with the excavations at Balkh, Jouveau-Dubreuil tried his luck in the Begram region, north of Kabul, where Foucher had identified a promising site (Cambon P., 1996). Jouveau-Dubreuil was persuaded to find there both the ancient capital of the region, Kapishi, described in the 7th century by the Chinese pilgrim Xuanzang, and the Greek city of Alexandria in the Caucasus, founded by Alexander at the gates of India. He already dreamed of excavating "the marble goddesses and the brazen heroes" who would testify to the conquests of the Macedonians (MNAAG, Jouveau-Dubreuil, Ms. 3). Sadly, only a month after his arrival, a violent revolt broke out, forcing the Europeans to leave the country. Jouveau-Dubreuil barely had time to confirm his hypotheses with a few observations. The Begram excavations were suspended before they had even begun. The site would not be taken over until twelve years later – with resounding success – by Jean Carl and then the Hackin couple (Cambon P., 1996).

His mission aborted, Jouveau-Dubreuil returned to India empty-handed. He then turned his attention to a region whose archaeological potential he knew: the ancient kingdom of the Andhra (Jouveau-Dubreuil G., 1917), land of the Buddhist sculpture of Amaravati. More accessible than Begram, this region nevertheless depended on the Presidency of Madras, where Jouveau-Dubreuil already had a few rivals. He had to wait, obtain authorisations, and so on. In 1926, he was finally ready to dig. Alone, lacking time and above all means, he could only carry out rapid surveys. And yet his hunches turned out to be right. In a field near the village of Goli, on the banks of the Krishna, he hastily excavated a small stupa with a richly carved stone covering. Elsewhere, at Nagarjunakonda and Ghantashala, he brought to light many bas-reliefs dating from the 2nd and 3rd centuries (Hackin J. and Grousset R., 1928; Ramachandran T. N., 1929). The frustration of the historian, still obsessed with his Dravidian theory, gave way to the joy of the archaeologist: the sculptures were pure masterpieces. Most of them would be sent to the Madras Museum, with whom Jouveau-Dubreuil was collaborating.

From then on, the fortunate professor was solicited and honoured on all sides. The University of Cambridge asked him to write the ancient history of the Dekkan. Madras consulted him for the choice of young archaeologists. He collaborated with the Musée Guimet, various learned societies, and the organisers of the Exposition coloniale of 1931. He unearthed the imposing foundations of Fort Louis, in the centre of Pondicherry (1928-29). In 1932, he obtained the Légion d’honneur. Weakened by an illness, he limited his prospecting to the vicinity of Pondicherry and spent more time in the colony’s archives than on the excavation grounds; here again, he made felicitous discoveries. However, a key piece was still missing from his list of conquests; the one that would prove the historical interest of Dravidian India in the eyes of the world.

However, since 1935, his work on Pondicherry was oriented around two poles: colonial history (Dupleix ou l’Inde conquise, 1941) and the ancient past of the trading post. It was known, in fact, that around the Christian era India had maintained commercial relations with Imperial Rome. Many ancient sources (Ptolemy's Geography, Pliny's Natural History, etc.) preserved the memory of it. Inspired by this theme, Jouveau-Dubreuil had imagined in L’Inde et les Romains (1921) the journey of a Roman merchant to Dekkan around the year 30 BC. But he was now claiming, in the complete absence of evidence, that the Romans had settled in Pondicherry itself! The theory was bold and the symbol powerful. And luck would smile on him one last time.

In 1939, while prospecting the site of Arikamedu, a few kilometres from his home, Jouveau-Dubreuil found a small oval intaglio (Jouveau-Dubreuil G., 1941). This simple bezel ring of insignificant dimensions, found almost by chance in a suburb of Pondicherry, bears on its face an engraving of the effigy of Emperor Augustus. Here was the long-awaited link with universal history. Dravidian antiquity was finally emerging from the shade. Gandhara had its Greeks; thanks to Jouveau-Dubreuil, Pondicherry would have its Romans.

The excavations of Arikamedu, started in 1940, would deliver the remains of a commercial establishment with warehouses, a seaport, and many objects testifying to exchanges with the Roman Empire. But the privilege of carrying out these excavations would fall to others: first to Sir Mortimer Wheeler, then to the French team of Jean-Marie Casal (1947-48). Jouveau-Dubreuil would never see what he discovered. In the excitement of the first excavation campaign, when everything seemed to be going his way, he left India for good on March 9, 1941 (Pattabiramin P. Z., 1946).

Forced by the hazards of war to return to France, he soon found himself trapped there, short of money and unable to leave. Thus began his "hours of exile": the unnatural separation from India. For two years, he stayed in various hotels in Marseille, living on his own but in a solitude "very favorable to [writing]" (private archives, s.c.). His work on a second version of Dupleix ou l’Inde conquise allowed him to maintain hope, as did the atmosphere of the Marseille coast where he found "the heat and the sun" of Pondicherry. Alas, the publication of his book in November 1942 went unnoticed. Gravely ill, he soon entered the clinic. He was brought back urgently to Paris, to his brother.

"In the midst of this feverish post-war Paris, he dreamed of only one thing, to see India again, to return to Pondicherry" (Gaebelé Y., 1946, p. 2). But he knew this was no longer possible: "I have made great discoveries," he wrote. “Romans in Pondicherry, it is sensational. But for the moment, I am dead” (Renault J., 1953, p. 27). On July 14, 1945, Gabriel Jouveau-Dubreuil passed away at the age of 60.

Article by Christophe Roustan Delatour (Translated by Jennifer Donnelly)

Evénements
Commentaire Type d'événement : 

Exploration scientifique à titre privé

Date de l'événement : 
1909 - juillet 1912
Lieu de l'événement : 
Commentaire Evénements : 

Recherches de terrain entreprises à travers la péninsule du Deccan, d’abord à titre personnel puis en préparation d’une thèse de doctorat consacrée à l’Archéologie du Sud de l’Inde (soutenue devant l’Université de Paris en 1912).

Commentaire Type d'événement : 

Exploration scientifique à titre privé

Date de l'événement : 
1917
Lieu de l'événement : 
Commentaire Evénements : 

Prospection dans la région d’Amaravati (État du Maharashtra)

Commentaire Type d'événement : 

Exploration scientifique à titre privé

Date de l'événement : 
1921
Lieu de l'événement : 
Commentaire Evénements : 

Découverte de quatre cavernes excavées à Mennapuram (Menapram ?, District de Kannur, État du Kérala).

Thèmes d'étude
Commentaire Période étudiée : 

Dynasties indo-grecques, IVe siècle avant J.-C. – Ier siècle

Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés]Monnaies

Commentaire Période étudiée : 

Ecole d’Amarâvatî, dynastie Satavahana, Ier siècle av. J.-C. - IIIe siècle

Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés]

Commentaire Période étudiée : 

Ecole de la Krishna, dynastie Satavahana, IIe siècle

Aire géographique étudiée : 
Secteur fondamental d'étude : 
Technique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets collectionnés]

Liens entre personnes
Type de lien horizontal : 
Commentaire Type de lien horizontal : 

Gabriel Jouveau-Dubreuil et Victor Goloubew se rencontrent en 1911. Sous la conduite de Jouveau-Dubreuil, Goloubew étudie et photographie les principaux sites du Coromandel. (Source : notice Agorha « Gabriel Jouveau-Dubreuil » rédigée par Christophe Roustan Delatour)

Victor Goloubew et Gabriel Jouveau-Dubreuil travaillent ensemble à l'interprétation du relief de la pénitence d'Arjuna à Mahabalipuram en 1910-1911. « A Mavalipuram ou Sept Pagodes, non loin de Pondichéry, Goloubew allait concevoir, avec le concours de Jouveau-Dubreuil, une nouvelle interprétation des sculptures de la falaise dite de « La pénitence d'Arjuna » […] » (source : Malleret, Louis. « Le vingtième anniversaire de la mort de Victor Goloubew (1878-1945) ». Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient. tome 53, n° 2, 1967, p. 336-337 ; Goloubew, Victor. « La falaise d’Arjuna de Mavalipuram et la descente de la Ganga sur la terre, selon le Ramayana et le Mahabharata ». Journal asiatique. 11ème série, tome IV, 1914, p. 210-212)

Type de lien horizontal : 
Commentaire Type de lien horizontal : 

Gabriel Jouveau-Dubreuil et C.T. Loo entament un partenariat commercial en juillet 1924. Loo s’intéresse depuis peu à l’art indien et cherche un fournisseur avisé, Jouveau-Dubreuil a besoin d’argent pour financer des fouilles archéologiques : ils s’associent et concluent un accord avec Joseph Hackin afin d’enrichir les collections du musée Guimet. Jouveau-Dubreuil fera parvenir à C.T. Loo plusieurs centaines d’objets de qualité exceptionnelle.

Entre 1925 et 1939, Loo et Jouveau-Dubreuil offrent au musée Guimet, conjointement ou à titre individuel, quelque 42 œuvres d’art. (Source : notice Agorha « Gabriel Jouveau-Dubreuil » rédigée par Christophe Roustan Delatour)

Bibliographies / archives
Sources en ligne
Référence de notice : 
G.H.C. Numéro 77 : Décembre 1995 Page 1500
Date de consultation : 
18/02/2016
Référence de notice : 
12544290
Date de consultation : 
10/12/2021
Référence de notice : 
0000000116309895
Date de consultation : 
10/12/2021
Url document source : 
Source
Institut national d'histoire de l'art (France)
Licence
Attribution 4.0 International (CC BY 4.0)
Rédacteur
Christophe ROUSTAN DELATOUR