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02/12/2021 Répertoire des acteurs du marché de l'art en France sous l'Occupation, 1940-1945, RAMA (FR)

Sous l’Occupation, de nombreuses ventes aux enchères de biens meubles, parmi lesquels des biens juifs saisis, furent réalisées à l’hôtel des ventes de Paris, qui jouissait alors d’une position de monopole. Ces ventes étaient dirigées par des commissaires-priseurs officiels en collaboration avec des experts reconnus.

Monopole des enchères publiques

L’hôtel des ventes de Paris, dit hôtel Drouot, constitue un cas singulier au sein du marché international des enchères : les commissaires-priseurs qui y officiaient détenaient en effet le monopole des enchères publiques depuis 1801, et étaient donc les seuls habilités à diriger ce genre de ventes en France1. À l’hôtel Drouot, ouvert en 1852 au 9 rue Drouot, toutes sortes de biens meubles étaient proposés en enchères, et plusieurs salles étaient dédiées aux enchères d’œuvres d’art. Les galeristes et représentants des musées allemands y venaient régulièrement acheter des œuvres2. Les commissaires-priseurs étaient en charge aussi bien des ventes aux enchères volontaires que des adjudications forcées de biens mobiliers. Sous l’Occupation, celles-ci concernaient notamment les biens juifs saisis, référencés comme « bien israélites3 ». Parmi ces ventes, citons celle de la collection Alphonse Kann (1870-1948)4. La mise à l’encan du stock de la galerie Bernheim-Jeune5 est un autre exemple de spoliation et de liquidation d’une collection réalisée à Drouot. On peut lire une description de ces ventes aux enchères dans l’ouvrage qu’Emmanuelle Pollack consacre au marché de l’art sous l’Occupation6. La présente notice s’attache à l’institution elle-même, plus qu’aux adjudications particulières, et s’appuie sur un registre en plusieurs volumes répertoriant les adjudications et les œuvres vendues entre 1940 et 1943 pour reconstituer les réseaux de commissaires-priseurs et des experts – marchands d’art pour la plupart – ayant collaboré avec eux, et proposer ainsi une vue d’ensemble du marché des enchères pendant l’Occupation.

Drouot fut fermé à l’été 1940, puis autorisé à rouvrir un peu plus tard la même année7. Par suite de la régulation du marché financier sous l’Occupation, l’hôtel des ventes parisien fut amené à jouer un grand rôle comme plaque tournante de biens matériels8.

Les Juifs furent exclus du marché des enchères pendant l’occupation allemande. L’interdiction d’accéder aux salles de ventes leur fut signifiée par voie d’affichage le 17 juillet 19419. Les experts et marchands juifs furent pris à partie et dénoncés pour avoir poursuivi leurs activités malgré l’interdiction10. En décembre 1941, la charge de Maurice Rheims, le seul commissaire-priseur juif, fut attribuée à André Deurbergue11.

Le rôle exact joué par les nombreux commissaires-priseurs et experts de Drouot a peu intéressé la recherche jusqu’ici. L’étude d’Emmanuelle Polack, centrale en la matière, fournit un tableau détaillé de la question, des principaux acteurs et des ventes les plus importantes12. Kim Oosterlinck a produit pour sa part une étude statistique des aspects financiers du marché des enchères, sur la base d’un répertoire publié des ventes réalisées entre 1940 et 194313. Il s’agit ici de mettre avant tout en lumière le statut particulier de l’hôtel Drouot, de présenter l’état des sources et d’analyser le réseau des commissaires-priseurs et des marchands-experts. Concernant les acteurs individuels, nous renvoyons à d’autres textes du répertoire, consacrés à Étienne Ader, Alphonse Bellier et André Schoeller.

Sources

L’état particulier des sources (registres commerciaux, procès-verbaux de ventes et catalogues) s’explique par la forme spécifique de cette institution. Les commissaires-priseurs étaient toujours en nombre fixe et se succédaient à un même office. Les procédures de nomination à ces charges sont conservées aux Archives nationales1. Les documents commerciaux, comme les procès-verbaux, les listes de ventes aux enchères et les différents catalogues, sont conservés aux Archives de Paris2 et, de façon éparse, aux archives de l’actuel Drouot, actuellement fermées à la recherche. Les documents manuscrits – registres des ventes, procès-verbaux – ne sont pas inventoriés dans le détail, mais archivés de façon groupée. Les catalogues d’enchères constituent une source importante, dans la mesure où ils sont systématiquement inventoriés et numérisés dans de nombreuses bibliothèques3.

Cet ensemble, à la fois vaste et lacunaire, rend nécessaire le croisement des sources. Les catalogues mentionnent les noms des commissaires-priseurs et des marchands d’art sollicités comme « experts ». Dans le cas de certaines ventes, aucun catalogue ne nous est parvenu. Souvent, le nom de la personne au profit de laquelle la vente a été réalisée est absent du catalogue et n’est consigné que dans le procès-verbal (avec son adresse). Les indications des prix et des noms des vendeurs figurent également dans les procès-verbaux. Un grand nombre de ces procès-verbaux sont conservés aux Archives de Paris (Archives départementales de la Seine), mais leur archivage n’est devenu obligatoire que dans la seconde moitié du XXe siècle. Les œuvres vendues sous l’Occupation pour un montant supérieur à 100 000 F devaient être déclarées au Service allemand pour la protection du patrimoine, avec mention précise du nom de l’acquéreur4. Les demandes d’autorisation d’exportation fournissent également des indications sur le marché de l’art5.

Réseaux / plaque tournante

Ce qui suit est une description du réseau des commissaires-priseurs et experts-marchands qui furent actifs sous l’Occupation, faite à partir d’un registre de 501 adjudications réalisées entre l’automne 1940 et l’été 1943. Les catalogues de ventes aux enchères archivés et numérisés à l’INHA, de même que la publication en trois volumes Les Ventes de tableaux, aquarelles, gouaches, dessins, miniatures à l’hôtel Drouot, donnent une idée de ce que fut ce réseau pendant la période de l’Occupation1. C’est à partir de cette dernière source qu’est établi l’index ici proposé des acteurs du marché de l’art depuis la réouverture de l’hôtel Drouot à l’automne 1940 jusqu’en 19432. Ses trois volumes fournissent un ensemble de données de 501 ventes aux enchères de tableaux et d’œuvres sur papier, sur une période allant d’octobre 1940 à juillet 1943. À titre de comparaison : la collection de catalogues de ventes de Jacques Doucet (1853-1929) conservée à l’INHA réunit pour la même période environ 1400 catalogues de genres artistiques divers. L’ensemble de données révèle qu’environ 50 commissaires-priseurs ont travaillé en association avec une quarantaine d’experts sur la période étudiée. Dans de nombreux cas (env. 25 %), le nom de l’expert n’est pas référencé, dans de rares cas le nom du commissaire-priseur n’apparaît pas.

Les commissaires-priseurs actifs sur la période sont : Étienne Ader, Georges Albinet, Fernand Maurice Georges Albinet, René Audap, Denis Baudoin, Henri Baudoin, Alphonse Bellier, André Benoist, Jean-Paul Bezançon, Robert Bignon, Michel Bivort, René Henri Gaston Boisgirard, Hippolyte Bondu, Jean Briens, René Camuzat, Marcel Charpentier, André Collin, André Couturier, Philippe Couturier, Yves Henri Couturier, Morel d’Arleaux, Roger Morel d’Arleux, Jean de Cagny, Louis de Cagny, Edmond Champetier de Ribes, Philippe Delorme, André Deurbergue, Jean Dubourg, Édouard Giard, Roger Glandaz, Pierre Gronier, Henri Hons-Olivier, Robert Jeanneau, Robert Jeanneau, Bernard Jozon, Yves Ledoux-Lebard, Antoine Lenoircy, Maurice Michaud, Paul Pescheteau, Edmond Petit, Georges Pilias, Marcel Prud’homme, Étienne Pruvost, Maurice Quoniam, Maurice Rheims, René Tabourdeau, Jacques Tilorier, Félix Jean Baptiste Varin, Marcel Walter, Roger Victor Walther.

Les commissaires-priseurs officiant le plus souvent sont : Ader, D. Baudoin, H. Baudoin, Bellier, Bignon, Bezançon, Glandaz, de Ribes. Vingt-deux ventes mentionnées dans l’ensemble de données furent réalisées en duo, deux le furent en trio de commissaires-priseurs.

Les experts représentés sont : André Portier, René Claude Catroux, A. Terrisse, Albert Bourdariat, Alfred Page, André Filsjean, André Portier, André Schoeller, Bernard Dillée, Bonnefoy, E. Haro, E. Martin, François Max-Kann, Gaston Dernis, Georges Préau, Georges Terrisse, Gérard de Fommervault, H.-D. Fromanger, J. de Beaumont, Jacques Mathey, Jean Cailac, Jean Thesmar, Joseph Logé, Joseph Subert, L. Cassier, Louis Jacquenet, Louis-Henri Prost, Lucien Charraud, M. Haro, M. Tournet, Maurice Rousseau, P. Damidot, Paul Antonini, Paul Brame, Paul Prolongeau, Paul Proute, René Berthéol, R. Rousseau, René Berthéol, René Claude Catroux, V. Cailac, H.-D. Fromanger, Joseph Subert, R Haro, A. Terrisse, Joseph Logé, Jean Cailac, J. Lacoste, Jean Cailac, P. Damidot, André Filsjean, J. Lacoste.

Les experts intervenant le plus souvent sont : Schoeller, Dillée, Catroux, Logé, Prolongeau, Maurice Rousseau, Caillac, Préau, Georges Terrisse, Max-Kann, Thesmar, Damidot.

Certains binômes de commissaires-priseurs et d’experts reviennent particulièrement souvent, comme Ader et Schoeller, ou Ader et Dillé, de même que Bellier et Mathey. Par ailleurs, certains experts interviennent souvent ensemble : ainsi Catroux et Max-Kann, ou Damidot et Lacoste.

Données structurées

Personne / collectivité

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