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Marie Albin exploite un magasin d’antiquités, « Au bon vieux temps », comprenant également un atelier de réparation de tapisseries. Parmi ses clients allemands, on compte Josef Mühlmann, Friedrich Welz et Hans Herbst.


Marie Tissandier se marie à Pierre Albin le 20 juin 1901. Les deux époux optent pour le régime de la séparation de biens le 29 mars 1921. Elle exploite un magasin d’antiquités, Au bon vieux temps, situé au 145, boulevard Saint-Germain, comprenant également un atelier de réparation de tapisserie dans lequel travaillent dix ouvrières sous l’Occupation1.

En 1946, elle est citée devant le Comité de confiscation des profits illicites, pour « vente directe aux Allemands ». Elle est alors soupçonnée de fraude du fait d’achats à son nom à l’hôtel Drouot, notamment pour un M. Blary, et de leur absence dans sa comptabilité. Elle nie ces faits, arguant de la possibilité pour n’importe quelle personne de faire établir un chèque dans une banque sans avoir à justifier de son identité2

Par ailleurs le Comité fait le constat d’un important enrichissement de Marie Albin durant la période de l’Occupation : il est évalué à 1 404 114 F. Quant à son époux, il n’a déclaré aucune activité commerciale mais son enrichissement à hauteur de 450 000 F invite le Comité de confiscation à considérer qu’il a profité de la partie non déclarée de la comptabilité de Marie Albin3. De cette comptabilité frauduleuse, le Comité n’est cependant pas en mesure de déterminer quelle part relève de profits illicites, et quelle part a été réalisée avec des clients français.

Plus tard, dans une lettre du 15 février 1949, le rapporteur Michel Martin engage la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration à procéder au classement de ce dossier, puisqu’il ne lui « semble pas possible de retenir à l’encontre de Mme Albin […] l’inculpation d’avoir sollicité la clientèle allemande, ni d’avoir facilité les achats des occupants4 ».

Lors des observations produites par Marie Albin à l’issue de la première décision du Comité de confiscation, elle indique que « l’acheteur allemand qui a été mon principal client avait été conduit chez moi par un commissionnaire SCHEMLER, 21 rue Basfroi, établi depuis longtemps sur la place de Paris5. » Elle a notamment vendu des objets à Josef Mühlmann6, et dans sa comptabilité figurent entre autres les noms de Friedrich Welz et du Dr Hans Herbst7.

À la suite d’un recours devant le Conseil supérieur de confiscation des profits illicites, Marie Albin obtient que la confiscation prononcée contre elle soit ramenée à 429 600 F, et celui de l’amende à 694 000 F8. L’ouverture d’un dossier à son nom auprès de la Commission nationale interprofessionnelle d’épuration n’a par contre pas abouti9.