Relief de la caisse du retable de l’Adoration des Mages.
- Analyse de la polychromie, Yannick Vandenberghe, Centre de recherche et de restauration des musées de France (C2RMF), 2009.
- Restauration, Anne Gérard-Bendelé, Centre Régional de de Restauration et de Conservation des Œuvres d’Art (CRRCOA, Vesoul), 2009-2010.
- Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, 2010.
- Intervention de conservation, 2014 ; 2024.
Relief composé de trois planches principales de bois (probablement tilleul) verticales collées à plat joint avec éléments assemblés ; pièce de bois (probablement d’origine) assemblée sur le bord latéral dextre dans le haut du relief.
- Revers épannelé : traces de rabot.
- Fentes le long des joints d’assemblage des planches, certaines comblées par des flipots et des fibres végétales encollées.
- Éléments assemblés à l’origine : toit et élément de charpente de l’étable (une cavité pour un clou dans la partie supérieure du toit) ; bras droit de l’Enfant ?
- Détails sculptés à la surface du bois : sur le voile de la Vierge, imitation d’une étoffe tissée ou tricotée et de plis amidonnés au bord du voile ; rides aux coins des yeux et sur les mains ; pièces d’or dans la cassette du Mage agenouillé.
- Principaux manques : index de la main droite de l’Enfant ; éclats et usures notamment sur les cheveux, le bord de la base du relief, sur la main et la cassette du Mage agenouillé et sur les fleurons de son chapeau.
- Interventions postérieures : bord dextre du relief complété par une étroite pièce de bois ; localement doublage du relief au revers ; cinq vis pour fixer le relief dans le fond de la caisse (remplacé par des vis en laiton en 2010).
Polychromie d’origine sur les carnations, le sol, l’âne et le bœuf (avec reprises locales) ; polychromie postérieure sur l’étable, les vêtements, les présents des Mages et la mangeoire des animaux.
1) Polychromie d’origine :
Préparation blanche (carbonate de calcium).
- Restes d’or localement sur les vêtements.
- Revers du manteau de la Vierge : sous-couche noire, bleu (azurite).
- Chapeaux et vêtement des Mages, présent du Mage à dextre : motifs gravés dans la préparation (d’origine ?), évoquant sur le pourpoint du Mage noir et la robe du mage dextre une soierie façonnée.
- Sol : sur le fond beige, vert clair et vert plus soutenu (deux couches : jaune de plomb et d’étain, pigments au cuivre), sont peints des brins d’herbe, des plantes et des fleurs (notamment muguet, fraisier, chardon-Marie et plantain lancéolé).
- Mur de l’étable : rouge (laque de garance) ; traits noirs soulignant les joints des pierres.
- Âne et bœuf : noir ; rouge (d’origine?).
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : mixtion, or.
- Carnations : rose pâle, brun clair pour le Mage noir ; rose plus soutenu sur les joues ; lèvres rouges ; iris brun ; bords de paupières brun.
2) Polychromie postérieure (probablement 19e siècle) :
Préparation blanche (carbonate de calcium).
- Manteaux : bol, or.
- Robe du Mage dextre, manches du Mage agenouillé et pourpoint du Mage noir : bol, or avec glacis vert ou rouge sur les motifs.
- Bordure du manteau de la Vierge : bol, or, rouge (cadmium) ; colorant rouge, noir d’os.
- Revers du manteau de la Vierge : couche ocré, bleu (outremer)
- Revers du pourpoint du mage noir : sous-couche noire, bleu (outremer).
- Bordure du manteau du mage dextre et du mage agenouillé : vert (pigments au cuivre).
- Mur de l’étable : rouge sombre (ocre rouge, colorant rouge, pigments au plomb, noir de carbone).
- Cheveux de la Vierge et de l’Enfant : brun clair.
- Barbe et cheveux des Mages : brun, gris,
- Carnations : reprises locales roses ; traits soulignant les rides et les ailes du nez ; carnations du mage noir, brun.
L’évangéliste Matthieu relate la visite des mages à Bethléem, guidés par l’étoile : « Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient les devançait, jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était l’enfant, elle s’arrêta. Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie. Ils entrèrent dans la maison, virent l’enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent, puis ils ouvrirent leurs trésors et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe (2, 9-11). L’épisode s’enrichit ultérieurement de nombreux éléments qui renouvellent l’iconographie au cours des siècles. Ce relief reprend ici plusieurs traits iconographiques devenus traditionnels aux 15e et 16e siècles. La scène a pour cadre une modeste étable aux murs un peu délabrés, rappel du dénuement dans lequel est né le Christ. Derrière le mur de l’étable s’ouvre un fond de paysage. Attitudes, types et vêtements des mages sont conformes à la tradition gothique. Les mages de l’évangile, des sages ou astrologues « venus d’Orient » (Matthieu (2, 1), sont qualifiés de rois dès le 3e siècle ou de fils de roi, et par la suite figurés couronnés, vêtus d’habits dont le luxe va croissant à la fin du Moyen Âge. En référence à leurs offrandes, les rois mages sont au nombre de trois et, peu à peu, ils sont individualisés et considérés comme les représentants des trois âges de la vie et des trois parties du monde jusqu’alors connues, Europe, Asie, Afrique ; ils reçoivent les noms de Melchior, Gaspard et Balthazar, mais au Moyen Âge, les noms des mages ne sont pas entièrement fixés. L’absence d’inscriptions ne permet pas ainsi de donner des noms précis aux mages ici représentés. Le premier mage, chauve et à longue barbe, s’est agenouillé, nu-tête en signe de respect et tend une cassette remplie de pièces d’or à l’Enfant. Le deuxième, d’âge moyen, tient à la main son chapeau ceint d’une couronne et porte un vase inspiré d’un précieux objet d’orfèvrerie. Le troisième mage, dont le turban oriental et la peau sombre évoquent l’Afrique, porte également un vase d’orfèvrerie. Joseph et les bergers sont absents de la composition.
Franconie
Origine inconnue. Collection du peintre Auguste Karl Jos Migette (1802-1884), Longeville. Acquis de la collection Auguste Karl Jos Migette,1886.
p. 272, n°42 (« Triptychon aus Nürnberg, niederrheinische Schule. Gemaltes Hochrelief, stellt in den innern Flügeln die drei Magier, den Stern beobachtend, und den bethlehemitischen Kindermord dar, in den Aussenseiten S. SEWALDVS und S. HELENA » Triptyque de Nuremberg, école du Rhin inférieur. Haut-relief peint, représentant les trois mages observant l’étoile aux trois mages et le Massacre des Innocents à Bethleem sur les faces internes des volets, et sur les faces externe saint Sébald et sainte Hélène).
Hans Schüchlin, peintre actif de 1440 à 1505 à Ulm en Souabe.
p. 67 (Hans Schüchlin, cercle artistique souabe-haut-rhénan, 15e siècle).