Retable de sainte Anne trinitaire
dépôt du Conseil de Fabrique de la collégiale de Lautenbach au Musée Théodore Deck (Guebwiller)
Trois éléments du retable sont conservés : la caisse et les statues de sainte Anne et de la Vierge et l'Enfant ; les volets, la prédelle et le couronnement du retable ont disparu.
Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, Laurence Brosse, Silvia Marcheselli, 2021.
Dans la caisse du retable est représenté le thème, très populaire en Allemagne à la fin du Moyen Âge, de la sainte Anne dite trinitaire (en allemand Anna Selbdritt) car elle réunit trois personnes : Anne, sa fille la Vierge Marie et son petit-fils Jésus. D’importance égale, la mère et la fille sont assises côte à côte selon une formule iconographique fréquente. Le lien entre les deux personnages s’établit ici par le geste de sainte Anne, bras tendus vers l’Enfant debout sur le point de s’élancer vers elle. Ce type de composition prend souvent place dans la caisse d’un retable d’autel et peut être élargi par l’adjonction de différents membres de la parenté de sainte Anne. Les trois personnages suivent les conventions iconographiques en usage : Anne, l'aïeule, montre un visage marqué par l’âge et, telle une femme mariée, porte un voile dissimulant sa chevelure ; coiffée de la couronne de la reine du ciel, Marie a les cheveux dénoués et visibles sous son voile, allusion à sa jeunesse virginale ; l’Enfant Jésus apparaît nu en rappel de la nature humaine du Dieu incarné. Le drapé entrecroisé du manteau de la Vierge et l’attitude dynamique de l’Enfant évoquent lointainement des motifs voisins sur des gravures du Maître E.S.
Sainte Anne et la Vierge et l’Enfant s’apparentent stylistiquement à des œuvres attribuées à l’atelier de Hoffmann telles que la Vierge des Vignerons de Thann et la Vierge à l’Enfant de Kingersheim (Sophie Guillot de Suduiraut, communication orale, 1993).
Suisse, Bâle (Basel)
Le drapé entrecroisé du manteau de la Vierge et l’attitude dynamique de l’Enfant évoquent lointainement des motifs voisins sur les gravures du Maître E.S., la Vierge à l’Enfant au muguet (L. 79) et la Madone d’Einsielden (L.81).
Provient de l'ancienne collégiale Saint-Michel et Saint-Gangolphe de Lautenbach (Haut-Rhin), devenue l'église paroissiale Saint-Jean Baptiste après la Révolution. Retable placé avant 1950, par Charles Haaby curé de Lautenbach de 1925 à 1967, dans la chapelle haute (la salle des archives) située au-dessus de la sacristie, au nord du chœur de l'église : retable (caisse et sculptures) inséré en remploi dans un autel du 17e-18e siècle (d'après Charles Haaby, le retable proviendrait à l'origine de la chapelle Saint-Jacques ou St. Jacobskapelle am Berge). Classé au titre des Monuments historiques le 4 novembre 1971. Dépôt du Conseil de Fabrique de la collégiale de Lautenbach, 1986.
p. 410 (15e siècle ; Sainte Anne, et la Vierge et l’Enfant dans la salle des archives de la collégiale de Lautenbach).
p. 71 (Haute-Alsace ?, dans la lignée de Nicolas Gerhaert de Leyde ; œuvre rapprochée du Saint Thiébaud aux pèlerins de Thann et mise en relation, en raison du drapé du manteau de la Vierge, avec la Vierge à l’Enfant de Thyrnau et une Vierge à l’Enfant assise du musée de Fribourg-en-Brisgau, inv. S 25/1).
p. 53 (le drapé de la Vierge et l’attitude de l’Enfant évoquent des motifs voisins sur les gravures L. 79 et L.81 du Maître E.S.).