Caisse du retable de sainte Anne trinitaire
dépôt du Conseil de Fabrique de la collégiale de Lautenbach au Musée Théodore Deck (Guebwiller)
Caisse du retable abritant les statues de sainte Anne et de la Vierge et l'Enfant.
Observation, Juliette Levy-Hinstin, Sophie Guillot de Suduiraut, Laurence Brosse, Silvia Marcheselli, 2021.
1. Bâti de la caisse (tilleul ?) constitué de cinq parties : les deux faces latérales, le dessus, le dessous et le fond vertical.
- Chaque face latérale est constituée d’une planche assemblée par quatre queues d’aronde à la planche du dessous de la caisse et par quatre queues d’aronde aux planches du dessus.
- Dessus constitué de trois planches (longueur de la planche centrale : 92 cm ; de la planche dextre : 24,5 cm ; de la planche senestre : 28 cm) assemblées de manière à créer une forme cintrée ; de chaque côté, deux cavités comblées par des chevilles qui renforcent l’assemblage entre la planche centrale et les deux latérales ; deux clous forgés placés symétriquement à 27 cm des bords latéraux.
- Dessous constitué d’une planche, qui était légèrement en saillie à l’avant de la caisse (retaille postérieure) et qui, à l’arrière, présente une rainure.
- Fond vertical ajouré (complété postérieurement), formé à l’origine de quatre planches assemblées verticalement, qui s’insèrent à leur base dans la rainure ménagée dans la planche du dessous de la caisse (largeur des quatre planches, de senestre à dextre : 25, 27, 27, 25 cm) ; les parties ajourées formant les trois baies étaient probablement occultées à l’origine par des planches assemblées au revers (remplacées postérieurement).
- Traces de gouge sur le dessus de la caisse.
- Trois traces de fixation sur le dessus de la caisse (probablement pour fixer les éléments d’un couronnement) : au centre, à 7 cm du bord antérieur, une cavité rectangulaire (3 x 4 cm) ; à 5 cm du bord antérieur, à senestre un percement (diamètre : 2,5 cm) comblé par une pièce de bois, à dextre une cavité (diamètre 2,5 cm) ; autour de ce percement et de cette cavité, le bois a été entaillé en forme de demi-cercle (diamètre : 5 cm) pour aplanir la surface et ainsi pouvoir recevoir un élément rapporté, dont la base était semi-circulaire avec une partie cylindrique saillante qui s’insérait dans la cavité centrale.
- Traces des charnières des volets : deux cavités rectangulaires (H. 12 cm ; L. 5-6 cm) sur chaque face latérale de la caisse.
2. Intérieur de la caisse avec éléments assemblés (tilleul ?) pour évoquer l’espace interne d’une église voûtée aux murs percés de baies.
- La voûte sur croisée d’ogives (trois travées à voûtes quadripartites) est taillée dans une seule pièce de bois, sur laquelle sont collés les pièces constituant les nervures (ou ogives), les clefs de voûte et les arcs doubleaux et formerets.
- Les colonnettes recevant les nervures et les arcs sont clouées sur les planches du fond vertical de la caisse.
- Le fond est percé de trois baies avec réseaux gothiques (se détachant aujourd’hui sur des planches ajoutées postérieurement).
- Les deux parois latérales, disposées en biais au-devant des faces du bâti de la caisse, sont ajourées : elles sont percées chacune d’une baie avec réseau gothique qui laisse voir le fond et les côtés de la caisse peints en bleu.
3. Dommages postérieurs
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : le réseau ornemental ajouré, qui était placé en façade devant la voûte, dans le haut de la caisse, et reposait, à senestre et à dextre, sur des colonnettes également disparues (clouées à l’origine) ; deux colonnettes du côté senestre sur le fond vertical ; éclats sur les bords de la caisse.
- Interventions postérieures : planche dextre du fond vertical de la caisse remplacée (bois résineux) et complétée par une étroite planche (bois résineux ; L. 5 cm) ; au revers de la caisse, ajout de quatre planches en bois résineux (hauteur maximale : 56 cm) obturant les fenêtres ; sur chaque face latérale de la caisse, deux pièces incrustées (tilleul ?), à hauteur de l’emplacement des charnières ; bords latéraux de la caisse et bord antérieur de la base rabotés d’environ 1 cm (galeries d’insectes taillées dans la longueur et polychromie interrompue) ; parties latérales du dessus de la caisse rabotées pour supprimer le bois vermoulu.
Polychromie d’origine :
1. Extérieur de la caisse
- Dessus et revers : rouge sans préparation (la couche est incomplète au revers, probablement car des planches doublaient le fond à l’origine et occultaient les baies ajourées).
- Faces latérales : préparation blanche, bol.
- Moulures de la face : préparation blanche, rouge, bleu, or (bord supérieur) ; préparation blanche, bleu, or (bords latéraux).
2. Intérieur de la caisse : voûte
Préparation blanche avec traces de ponçage (outil à lame dentée).
- Façade de la voûte (qui était visible sous le réseau ornemental ajouré) : sous-couche noire, bleu azurite.
- Voûtains : sous-couche noire, bleu azurite parsemé d’étoiles à six branches (parchemin ou papier, or) collées.
- Nervures, clefs de voûte et arcs : bol, or.
3. Intérieur de la caisse : paroi latérale interne senestre et extrémité de la planche du fond derrière la baie senestre
Préparation blanche très fine, sous-couche noire, bleu azurite (couche bleue épargnée à l’emplacement de la colonnette soutenant le réseau ajouré qui était en façade de la voûte).
4. Intérieur de la caisse : fond vertical et parois latérales obliques
- L’or est épargné sur les surfaces qui étaient non visibles car masquées par les sculptures.
- Parties ajourées : préparation blanche, bol, or.
- Parties pleines : contour des deux sculptures tracé par une ligne rouge (sanguine ?) sur le bois nu ; préparation blanche ; motifs gravés dans la préparation blanche ; incisions indiquant les contours des surfaces à dorer et hachures sur les zones à ne pas dorer ; bol ; or ; ocre sur les bords des parties laissées en réserve où l’or a été épargné.
5. Intérieur de la caisse : planche de la base
- Sur le bois nu, contours incisés des sculptures indiquant leur emplacement.
- Sur les surfaces visibles : rouge (bol ?) sans préparation.
Lautenbach (15)
à la craie blanche
Sainte Anne et la Vierge et l’Enfant s’apparentent stylistiquement à des œuvres attribuées à l’atelier de Hoffmann telles que la Vierge des Vignerons de Thann et la Vierge à l’Enfant de Kingersheim (Sophie Guillot de Suduiraut, communication orale, 1993).
Suisse, Bâle (Basel)
Provient de l'ancienne collégiale Saint-Michel et Saint-Gangolphe de Lautenbach (Haut-Rhin), devenue l'église paroissiale Saint-Jean Baptiste après la Révolution. Retable placé avant 1950, par Charles Haaby curé de Lautenbach de 1925 à 1967, dans la chapelle haute (la salle des archives) située au-dessus de la sacristie, au nord du chœur de l'église : retable (caisse et sculptures) inséré en remploi dans un autel du 17e-18e siècle (d'après Charles Haaby, le retable proviendrait à l'origine de la chapelle Saint-Jacques ou St. Jacobskapelle am Berge). Classé au titre des Monuments historiques le 4 novembre 1971. Dépôt du Conseil de Fabrique de la collégiale de Lautenbach, 1986.
p. 410 (15e siècle ; Sainte Anne, et la Vierge et l’Enfant dans la salle des archives de la collégiale de Lautenbach).
p. 71 (Haute-Alsace ?, dans la lignée de Nicolas Gerhaert de Leyde ; œuvre rapprochée du Saint Thiébaud aux pèlerins de Thann et mise en relation, en raison du drapé du manteau de la Vierge, avec la Vierge à l’Enfant de Thyrnau et une Vierge à l’Enfant assise du musée de Fribourg-en-Brisgau, inv. S 25/1).
p. 53 (le drapé de la Vierge et l’attitude de l’Enfant évoquent des motifs voisins sur les gravures L. 79 et L.81 du Maître E.S.).