Leroi-Gourhan, André
126 avenue Philippe Auguste
17 Ebisudani, Kujoyama, Higashiyamaku [actuellement : Villa Kujoyama, 17-22 Hinooka, Ebisudani-chō, Yamashina-ku]
Chercheur invité à la Kokusai Bunka Shinkōkai (Société pour le développement des relations culturelles internationales)
Professeur de philosophie et de littérature françaises à l'Institut franco-japonais de Kyoto
Collecteur d'objets ethnographiques au Japon
Musées nationaux, Musée de l'Homme
André Leroi-Gourhan (1911-1986)
André Leroi-Gourhan (1911-1986) est un ethnologue et préhistorien français. Ses travaux s’appuient sur l’archéologie, l’ethnologie, la technologie et l’histoire de l’art dans un même but : étudier l’homme, de la préhistoire à nos jours. Pour saisir tous les aspects d’un groupe humain donné, il s’appuie sur des approches diffusionnistes puis structuralistes et interroge la production matérielle à partir de trois types de témoignages : vestiges archéologiques, outils et techniques artisanales, arts populaires et religieux.
Dès l’âge de seize ans, Leroi-Gourhan chine sur les marchés aux puces parisiens et se constitue une collection de curiosités qu’il documente au sein de carnets. Cette collection de jeunesse, qui comprend des « objets de métal (poids africains et armes blanches) ou d’os et d’ivoire (eskimo), de pierre et de céramique (Asie et Amériques), mais aussi crânes humains et animaux » (Soulier P., 2018, p. 24), témoigne de son intérêt pour les outils et les vestiges qui seront quelques années plus tard au cœur de ses travaux.
Une formation pluridisciplinaire (1927-1936)
Entre 1927 et 1936, Leroi-Gourhan étudie avec passion plusieurs disciplines des sciences humaines et des sciences naturelles : l’anthropologie, l’ethnologie, la technologie comparée, les sciences religieuses, l’histoire de l’art, la muséologie. Pour ce faire, il suivra les cours de divers établissements tels que l’École d’anthropologie de Paris, l’École nationale des Langues orientales, l’École Pratique des Hautes Études, le Collège de France ou encore la Sorbonne. Au cours de ces années de formation, il rencontre ceux qu’il considèrera comme ses maîtres : Paul Boyer (1864-1949), Marcel Mauss (1872-1950) et Marcel Granet (1884-1940). Très intéressé par les mondes slaves et orientaux, il étudie le chinois ainsi que le russe et participe aux activités des musées Guimet et Cernuschi. Il est également bénévole au musée d’Ethnographie du Trocadéro, où il côtoie Georges Henri Rivière (1897-1985), qui l’initie à la muséographie, et le directeur Paul Rivet (1876-1958), qui lui permettra de passer l’hiver 1933-1934 à Londres pour étudier les collections des musées britanniques (Soulier P., 2018) .
Quelque temps plus tard, Rivet l’invite à contribuer au septième tome de l’Encyclopédie française intitulé L’espèce humaine. Peuples et races (1936). Leroi-Gourhan est l’auteur du chapitre « L’Homme et la Nature », dans lequel il pose les premiers jalons de ce qui deviendra une méthode d’étude des techniques. Dans cet ouvrage, il écrit également les notices qui présentent les peuples d’Europe, du Pôle Nord, du Levant, des Indes et de l’Extrême-Orient. (Comité de l’encyclopédie française, 1936)
La « mission Leroi-Gourhan » au Japon (1937-1939)
En 1937 Leroi-Gourhan est l’un des premiers Français à bénéficier d’une bourse de mobilité offerte par le gouvernement japonais, soucieux de son rayonnement politique et culturel. Au cours de cette expérience de terrain, qui s’étend sur deux années, d’avril 1937 à mars 1939, il conduit une étude anthropologique de la civilisation japonaise et, mandaté par le musée de l’Homme (MNHN, 2 AM 1 K59d), il enrichit les collections publiques françaises. Il est accueilli par l’Institut franco-japonais du Kansai, qui lui fournit un logement sur les hauteurs de Kyoto et lui offre un poste de professeur de lettres. Leroi-Gourhan dispense pendant deux ans des cours de latin, de grammaire historique, de littérature moderne, d’histoire de la littérature française et de civilisation française (MSHM, ALG17).
Bien qu’ayant déjà étudié les arts extrême-orientaux, André Leroi-Gourhan n’est pas particulièrement spécialiste du Japon. Pour s’immerger dans la culture visuelle de l’Archipel, il consulte assidument, dès son arrivée, des recueils d’estampes et des ouvrages illustrés dans les bibliothèques (MSHM, 138/2). Il étudie aussi l’archéologie japonaise, ce qui lui paraît primordial en vue de comprendre la manière dont s’est construite la civilisation japonaise du point de vue ethnique et culturel. En janvier 1938, il rejoindra l’équipe de Yawata Ichiro (八幡一郎, 1902-1987) et Akabori Eizō (赤堀英三, 1898-1986), archéologues à l’Institut d’anthropologie de Tokyo, pour participer à des fouilles archéologiques sur le site de Kamikaizuka dans la préfecture de Chiba (Soulier P., 2018, p. 54-55).
Au cours de sa mission, il acquiert de nombreux ouvrages, en japonais et en anglais, qui traitent de la civilisation japonaise et qui ont intégré la bibliothèque de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO, FR EFEO A ALG) en 2018. Au fil de son séjour, il rassemble une importante documentation sur le Japon, présentée sous forme de fiches et conservée depuis 2019 aux archives de la Maison des Sciences de l’Homme Mondes à Nanterre (MSHM, ALG1937). Ces fiches pouvaient consister en des notes et dessins d’observation, reproduire des objets et décors spécifiques, ou encore renseigner des références bibliographiques. Leur étude met en avant le recours récurrent à la Manga de Katsushika Hokusai (葛飾北斎, 1760-1849), qui fait la part belle aux dessins de la vie quotidienne ou d’artisans au travail. C’est pourquoi Leroi-Gourhan voit en Hokusai le « Père de l’Ethnographie japonaise » (Leroi-Gourhan A., 2004, p. 22). Pour trouver l’authenticité nipponne, André Leroi-Gourhan cherche à se doter d’un « œil » japonais, en s’imprégnant notamment des dessins de livres illustrés montrant les arts folkloriques ou décoratifs. Cette étude iconographique lui permet également de définir les objets qu’il souhaite collecter.
Dans ses correspondances (Leroi-Gourhan, A., 2004), Leroi-Gourhan explique vouloir décrire une société japonaise dépouillée d’influence occidentale. Cependant il constate lors de son séjour, au début de l’ère Shōwa (1926-1989), que l’environnement matériel est altéré par la culture occidentale. La politique d’industrialisation du Japon, voulue par les gouvernements successifs depuis la fin du régime shogunal en 1868, lui semble être un obstacle à l’étude de la culture traditionnelle nippone. Ce point de vue n’est pas sans rappeler celui défendu par des anthropologues tels Paul Rivet (1876-1958) et Franz Boas (1858-1942), qui encourageaient à documenter tout ce qui touchait aux identités culturelles menacées par la modernisation via la pratique d’une « ethnographie de sauvetage ».
Fidèle aux enseignements du musée d’Ethnographie du Trocadéro et de Marcel Mauss (Mauss M., 2002), Leroi-Gourhan collecte en priorité des objets du quotidien ou issus de l’artisanat et des arts populaires. Il estime que « sur le plan quotidien [l’art populaire] est essentiel : ce qui est vécu, chaque jour et par chaque homme, en tout pays, ne porte pas de signature et ce qui fait d’une grande œuvre une œuvre française, italienne ou chinoise c’est ce par quoi elle tient à ces millions de bricoles anonymes qui sont le capital journalier d’un peuple » (Leroi-Gourhan A., 2004, p. 286). Les arts populaires sont effectivement considérés par les folkloristes comme étant distincts des beaux-arts, qui s’adressent à une élite restreinte et cultivée. La considération que Leroi-Gourhan accorde aux arts et coutumes des classes populaires s’inscrit dans les préoccupations de son époque : depuis le milieu du XIXe siècle en Europe, divers courants artistiques et politiques s’éveillaient en réaction au développement de l’industrie, qui menaçait la pérennité de l’artisanat, mais aussi pour défendre l’affirmation des identités nationales et régionales. Il découvre au Japon le « mouvement des arts populaires », ou Mingei (民芸運動), qui fait la promotion de l’artisanat traditionnel japonais et dont la création a été inspirée par le mouvement Arts and Crafts venu d’Angleterre. Leroi-Gourhan visite le musée des arts populaires (日本民藝館, Nihon mingeikan) à Tokyo, mais il qualifie le Mingei de « courant de snobisme d’art paysan » (Leroi-Gourhan A., 2004, p. 40). Il découvre également les « études sur les arts populaires et folkloriques » (民族学, minzokugaku) de même que l’Attic Museum, qui était à la fois un musée et une société d’ethnologie s’intéressant à la culture matérielle japonaise. Leroi-Gourhan acquiert treize bulletins de l’Attic Museum, parus entre 1934 et 1938, qui lui permettent de se renseigner sur l’état de la recherche au Japon. Il s’intéresse particulièrement aux rapports d’enquêtes ethnographiques effectuées en zones rurales ainsi qu’aux Entretiens sur les ustensiles folkloriques (1937) et Instructions pour les collectionneurs d’ustensiles folkloriques (1936), rédigés en langue japonaise et illustrés.
Leroi-Gourhan travaille entre 1937 et 1939 à un important traité d’ethnographie japonaise, Vie esthétique et sociale du Japon nouveau. Cependant l’étude des objets et coutumes folkloriques le conduit, vers 1938, à se lancer dans la rédaction d’un ouvrage qu’il souhaite intituler Formes populaires de l’art religieux au Japon mais qui restera inachevé et ne sera publié qu’à titre posthume dans Pages oubliées sur le Japon en 2004. Dans ce recueil, il cherche à comprendre le folklore nippon à partir du catalogage et de l’étude des motifs qu’il a observés dans les arts populaires et religieux.
Retour en France et travaux ultérieurs (1939-1986)
De retour en France, il poursuit les divers travaux qu’il avait entamés tout au long de son séjour et œuvre à un projet d’exposition ayant trait à la civilisation japonaise. Il écrit plusieurs chapitres de Formes populaires de l’art religieux au Japon dont la parution est annoncée par l’éditeur, les Éditions d’art et d’histoire, en 1943 (Leroi-Gourhan A., 1943). Divers facteurs institutionnels, politiques et méthodologiques le conduiront finalement à s’en détourner. Si Leroi-Gourhan ne publia aucun livre traitant spécifiquement de la culture japonaise, ses activités de collecte d’outils et d’observation des techniques alimenteront en grande partie un ouvrage général de technologie comparée, intitulé Évolution et techniques (1943-1945), mais également sa thèse de doctorat Archéologie du Pacifique-nord qu’il soutient en 1944. Dans les années qui suivent et au fil de ses activités d’enseignement et de recherche, Leroi-Gourhan se spécialise en ethnologie préhistorique. Il sera nommé à la chaire d’ethnologie coloniale à Lyon (1944) puis à celle d’ethnologie générale à la Sorbonne (1956) et obtient finalement, en 1969, la chaire de Préhistoire du Collège de France, autrefois occupée par l’abbé Breuil (1877-1961). (Soulier P., 2018)
Son ouvrage le plus connu est Le geste et la parole (1964-1965). Publié en deux tomes, celui-ci débute aux origines de l’humanité, s’étend jusqu’aux périodes contemporaines, et expose des perspectives d’avenir quelque peu alarmistes. Leroi-Gourhan y présente une étude anthropologique globale, pour laquelle il fait appel à l’ensemble des disciplines qu’il avait explorées jusqu’alors : anatomie, archéologie, technologie, linguistique, mythologie, histoire de l’art, sociologie ou encore sciences religieuses.
L’œuvre d’André Leroi-Gourhan compte une vingtaine de livres en français portant sur la technologie, l’ethnologie et la préhistoire, tels que L’homme et la matière (1943), Milieu et techniques (1945), Ethnologie de l’Union française (1953), Les religions de la préhistoire (1964), L’art pariétal, langage de la préhistoire (1992), Préhistoire de l’art occidental (1995). Certains ont été traduits en dix langues. S’ajoutent à ces ouvrages plusieurs centaines d’articles, de nombreuses préfaces, des participations à des publications collectives, des fascicules et des compilations des cours dispensés au cours de ses années de professorat (Bulletin de la Société préhistorique française, 1987). Cette importante production écrite aborde l’homme à partir de la diversité formelle de sa production matérielle et cherche à définir des concepts universels. Ainsi pouvons-nous saisir le caractère de Leroi-Gourhan, collectionneur d’objets, de motifs et d’expériences. Seules la multiplicité des exemples et leur comparaison, dans le temps et l’espace, étaient à même de satisfaire sa quête qui visait à qualifier l’essence de l’homme par l’étude de sa culture matérielle.
Article rédigé par Marion Di Santi-Masson
Biographical commentary
André Leroi-Gourhan (1911-1986) was a French ethnologist and prehistorian. His work was based on archaeology, ethnology, technology and art history with the same goal: to study man, from the prehistoric period to the present day. To grasp all the aspects of a given human group, he relied on diffusionist then structuralist views and questioned the material production from three types of testimonies: archaeological remains, tools and craft techniques, popular and religious arts.
From the age of sixteen, Leroi-Gourhan hunted around in Parisian flea markets and built up a collection of curiosities that he documented in his notebooks. This early collection, which included “objects in metal (African weights and edged weapons) or of bone and ivory (Eskimo), stone and ceramics (Asia and the Americas), but also human and animal skulls” (Soulier P., 2018, p. 24), was testament to his interest in tools and remains that would be at the heart of his work in the following years.
A multidisciplinary education (1927-1936)
Between 1927 and 1936, Leroi-Gourhan passionately studied several disciplines of the humanities and natural sciences: anthropology, ethnology, comparative technology, religious sciences, art history, museology. To accomplish this, he took courses at various establishments such as the École d’Anthropologie de Paris, the École Nationale des Langues Orientales, the École Pratique des Hautes Études, the Collège de France and the Sorbonne. He met his mentors during these formative years: Paul Boyer (1864-1949), Marcel Mauss (1872-1950) and Marcel Granet (1884-1940). Being interested in the Slavic and Eastern worlds, he studied Chinese as well as Russian and took part in the activities of the Guimet and Cernuschi museums. He also volunteered at the Musée d'Ethnographie du Trocadéro, where he rubbed shoulders with Georges Henri Rivière (1897-1985), who introduced him to museography, and the director Paul Rivet (1876-1958), who allowed him to spend the winter of 1933-1934 in London in order to study the collections of the British museums. (Soulier P., 2018)
Some time later, Rivet invited him to contribute to the seventh volume of the Encyclopédie française entitled L'espèce humaine. Peuples et races (1936). Leroi-Gourhan was the author of the chapter L’Homme et la Nature, in which he layed the first milestones of what would become a method of studying techniques. In this work, he also wrote the notes on the native peoples of Europe, the North Pole, the Levant, the Indies and the Far East. (Comité de l’encyclopédie française, 1936).
The “Mission Leroi-Gourhan” in Japan (1937-1939)
In 1937 Leroi-Gourhan was one of the first French people to benefit from a mobility grant offered by the Japanese government who was concerned about its political and cultural influence. During this two-year field experience from April 1937 to March 1939, he conducted an anthropological study of Japanese civilization and, commissioned by the Musée de l'Homme (MNHN, 2 AM 1 K59d ), he enriched the French public collections. He was welcomed by the Franco-Japanese Institute of Kansai, which provided him with accommodation on the hills of Kyoto and offered him a position as a literature professor. For two years, Leroi-Gourhan taught courses in Latin, historical grammar, modern literature, history of French literature and French civilization (MSHM, ALG17).
Even though he studied Far-Eastern art, André Leroi-Gourhan was not a specialist of Japan. To immerse himself in the visual culture of the Archipelago upon his arrival, he assiduously consulted collections of prints and illustrated works in libraries (MSHM, 137/138). He also studied Japanese archaeology, which seems to have been essential in his understanding of the way the Japanese civilization was built, from an ethnic and cultural point of view. In June 1937, he joined the team of Yawata Ichiro (八幡一郎, 1902-1987) and Akabori Eizō (赤堀英三, 1898-1986), both archaeologists at the Tokyo Institute of Anthropology, to participate in archaeological excavations at the Kamikaizuka site, in Chiba Prefecture (MNHN, 2 AM 1 K59d).
During his mission, he acquired many Japanese and English books dealing with Japanese civilization, which became part of the library of the École Française d’Extrême-Orient in 2018 (EFEO, FR EFEO A ALG). He also collected a large amount of documentation on Japan, presented in the form of files and kept since 2019 in the archives of the Maison des Sciences de l'Homme Mondes (MSHM, ALG137). These files consisted of observation notes and drawings, reproductions of objects and decorations, or bibliographic references. Their study highlights the recurrent use of the Manga by Katsushika Hokusai (葛飾北斎, 1760-1849), which gives pride of place to drawings of daily life or craftsmen at work. This is why Leroi-Gourhan saw in Hokusai the “Father of Japanese Ethnography” (Leroi-Gourhan A., 2004, p. 22). In search of Japanese authenticity, André Leroi-Gourhan sought to acquire a Japanese “eye”, immersing himself in illustrated books that depicted folk arts. This iconographic study also allowed him to identify the objects to collect.
In his correspondence (Leroi-Gourhan, A., 2004), Leroi-Gourhan explained how he wanted to describe a Japanese society free of Western influence. However he noticed during his stay, at the beginning of the Shōwa era (1926-1989), that material environment was altered by Western culture. Japan's industrialization policy, which was the focus of successive governments from the end of the shogunal regime in 1868, appeared to him as an obstacle to the study of traditional Japanese culture. This point of view is reminiscent of that defended by anthropologists such as Paul Rivet (1876-1958) and Franz Boas (1858-1942), who encouraged documenting everything cultural that was threatened by modernization through their practice of “salvage ethnography”.
Following the teachings of the Musée d’Ethnographie du Trocadéro and of Marcel Mauss (Mauss M., 2002), Leroi-Gourhan primarily collected everyday objects and handicrafts. He believed that “[folk art] is essential on a daily level: what is lived every day and by every man, in every country, is not signed, and what makes a great French, Italian or Chinese masterpiece comes from these millions of anonymous trinkets constituting the daily resources of the people” (Leroi-Gourhan A., 2004, p. 286). Folk arts are considered to be distinct from fine arts, which cater to a restricted and cultured elite. The consideration Leroi-Gourhan accorded to the arts and customs of the working classes is in line with the concerns of his time: since the middle of the 19th century in Europe, various artistic and political currents arose in reaction to the development of industry, which threatened the survival of craftsmanship, but also to defend the assertion of national and regional identities. In Japan, he discovered the “Folk Craft Movement” Mingei (民芸運動), which promoted traditional Japanese craftsmanship and whose creation was inspired by the Arts and Crafts movement from England. Leroi-Gourhan visited the Japan Folk Crafts Museum (日本民藝館, Nihon mingeikan) in Tokyo, yet qualified the Mingei as a “movement of peasant art snobbery” (Leroi-Gourhan A., 2004, p. 40). He also discovered Japanese folkloristics (民族学, minzokugaku) as well as the Attic Museum, which was both a museum and an ethnological society interested in Japanese material culture. Leroi-Gourhan acquired thirteen bulletins from the Attic Museum, published between 1934 and 1938, which allowed him to learn about the state of research in Japan. He was particularly interested in ethnographic surveys carried out in rural areas as well as “Interviews on Folk Utensils” (1937) and “Instructions for the Collectors of Folk Utensils” (1936), published in Japanese with illustrations.
Leroi-Gourhan worked between 1937 and 1939 on an important research paper on Japanese ethnography, Vie esthétique et sociale du Japon nouveau (Aesthetic and Social Life of Modern Japan). However, the study of folkloric objects and customs led him, around 1938, to embark on the writing of another paper, Formes populaires de l’art religieux au Japon (Popular Forms of Religious Art in Japan), which remained unfinished and will only be published posthumously Pages oubliées sur le Japon (Forgotten Pages about Japan) in 2004. In this collection, he wanted to understand Japanese folklore from the cataloging and study of patterns he had observed in popular and religious arts.
Return to France and subsequent work (1939-1986)
Back in France, he continued the various works he had begun throughout his stay and worked on an exhibition project relating to Japanese civilization. He wrote several chapters of Formes populaires de l’art religieux au Japon, the publication of which was announced by the publisher, Éditions d'Art et d'Histoire, in 1943 (Leroi-Gourhan A., 1943). Several institutional, political and methodological factors ultimately led him to abandon it. Although Leroi-Gourhan did not publish any book dealing specifically with Japanese culture, his activities of collecting tools and observing techniques would contribute to a general paper on comparative technology, entitled Evolution et Techniques (1943-1945), and also his doctoral thesis Archéologie du Pacifique Nord, which he presented in 1944. In the years that followed and throughout his teaching and research activities, Leroi-Gourhan specialized in prehistoric ethnology. He was appointed Chair of Colonial Ethnology in Lyon (1944) then to that of General Ethnology at the Sorbonne (1956) and finally, in 1969, Chair of Prehistory of the Collège de France, formerly held by the Abbot Breuil (1877-1961). (Soulier P., 2018)
His best-known work is Gesture and Speech (1964-1965). Published in two volumes, it begins with the origins of humanity, extends to modern periods, and discusses somewhat alarming prospects for the future. Leroi-Gourhan presented a global anthropological study of all his explored disciplines: anatomy, archaeology, technology, linguistics, mythology, art history, sociology or science.
André Leroi-Gourhan's work includes some 20 books in French on technology, ethnology and prehistory. These include L'homme et la Matière (1943), Milieu et Techniques (1945), Ethnologie de l'Union Française (1953), Les religions de la préhistoire (1964), The Dawn of European Art: An Introduction to Palaeolithic Cave Painting (1992), and Treasures of Prehistoric Art (1995). Some have been translated into ten languages. Added to these works are several hundred articles, numerous prefaces, contributions to collective publications, fascicles and compilations of the courses taught during his years as a professor (Bulletin de la Société Préhistorique Française, 1987). These important works illustrate mankind from the diversity of its material production in order to define universal concepts. Thus, we can grasp the character of Leroi-Gourhan as a collector of objects, patterns and experiences. Only a myriad of examples along with their comparison, throughout time and space, satisfied his quest aimed to qualify the essence of man through the study of material culture.
Article by Marion Di Santi-Masson (Translated by Banjamin West and Marion Di Santi-Masson)
Chercheur invité par la Société pour le développement des relations culturelles internationales (Kokusai Bunka Shinkōkai), organisme rattaché au Ministère des chemins de fer japonais.
Fouilles du site d’amas de coquilles de Kamikaiduka, encadrées par Yawata Ichiro (八幡一郎, 1902-1987) et Akabori Eizō (赤堀英三, 1898-1986), archéologues à l’Institut d’Anthropologie de l'Université Impériale de Tokyo.
[Objets collectionnés] Textiles, objets du quotidien, jouets, alimentation, mobilier, art religieux, art bouddhique, art shintoïste, ema, ōtsu-e
[Objets collectionnés] Objets du quotidien, alimentation, jouets
[Objets collectionnés] Habillement, objets du quotidien, alimentation, art religieux, art shintoïste, ema, histoire locale, historiographie, histoire de l’art, estampes
Au cours de ses études entre 1927 et 1936, André Leroi-Gourhan rencontre Paul Boyer, qu'il considère comme un maître. (Source : notice Agorha « André Leroi-Gourhan » rédigée par Marion Di Santi)
Au cours de ses études entre 1927 et 1936, André Leroi-Gourhan rencontre Marcel Mauss, qu'il considère comme un maître. (Source : notice Agorha « André Leroi-Gourhan » rédigée par Marion Di Santi)
Dans les années 1930, André Leroi-Gourhan est bénévole au musée d'Ethnographie du Trocadéro, où il côtoie Georges Henri Rivière, qui l'initie à la muséographie. (Source : notice Agorha « André Leroi-Gourhan » rédigée par Marion Di Santi)
Leroi-Gourhan, André. « Le Japon ». p. 7.30-3