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Compagnie française des Indes orientales

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pguyot
Dernière modification
27/03/2024 13:47 (il y a environ 1 mois)
Type de personne
Type de personne : 
Noms
Nom : 
Compagnie française des Indes orientales
Organismes
Date création / fermeture établissement : 
1664 - 1795
Adresses
Type d'adresse : 
Date de l'adresse : 
1719 - 1795
Adresse : 

8 Rue des Petits Champs

Code postal : 
75002
Ville : 
Commentaire Adresses : 

Hôtel de la compagnie des Indes orientales, ancien hôtel Tubeuf puis hôtel Mazarin

Professions / activités
Type de profession / activité : 
Thèmes d'étude
Période étudiée : 
Aire géographique étudiée : 
Commentaire Thèmes d'étude : 

[Objets commercialisés] Etoffes, porcelaines, laques et papiers peints de Chine et du Japon.

Commentaire Thèmes d'étude : 

Une compagnie des Indes était une société commerciale bénéficiant de privilèges, particulièrement d’un monopole, pour commercer entre un pays d’Europe et une région lointaine, principalement les Amériques, ou Indes occidentales, et l’Asie, ou Indes orientales.

Plusieurs compagnies des Indes orientales virent le jour au début du XVIIe siècle avec la compagnie anglaise (1600-1858), suivie par la hollandaise (1602-1795), puis la danoise (1616-1772). La compagnie française des Indes orientales, créée en 1664 par Louis XIV (1638-1715) et Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), arriva donc tardivement sur un marché très concurrentiel (Sottas J., 1994, p. 7-14 ; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 5 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 23-27 ; Estienne R., 2013, p. 28-41 ; Castelluccio St., 2014, p. 228-231). Sa direction comprenait une chambre générale basée à Paris, constituée de douze directeurs, et quatre chambres particulières de province à Bordeaux, Nantes, Lyon et Rouen. Une contribution d’au moins 20 000 livres permettait d’être élu directeur par les actionnaires ayant apporté au minimum 6 000 livres. Le pouvoir souhaita au moins trois quarts de marchands dans la direction centrale, mais refusa la présence de deux membres d’une même famille. Le port d’attache et d’armement de la compagnie fut fixé à Lorient (AN, col/C/2/2, f° 48-48 v°. Sottas J., 1994, p. 10-11, 20-22 ; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 19-45, 95-139 ; Estienne R., 2013, p. 42-47, 96-117).

La direction parisienne se révéla trop bureaucratique, timorée et incompétente en matières commerciales et maritimes. De plus, la trop forte présence de l’État entraîna des choix dont les mobiles politiques, coloniaux et religieux s’opposaient souvent aux intérêts commerciaux de la compagnie, telle la désastreuse politique coloniale sur Madagascar. À tous ces handicaps s’ajouta la guerre de Hollande laquelle gêna considérablement le commerce maritime de 1672 à 1678, au point de compromettre définitivement l’équilibre financier de la compagnie (Sottas J., 1994, p. 15-16, 26-27, 36, 40, 44-45). La compagnie ne put jamais armer une flotte suffisamment importante et puissante pour assurer des retours réguliers et assez conséquents pour faire des bénéfices chaque année. Tous les ans, ils revenaient un à trois vaisseaux dans les années 1670, jusqu’à cinq la décennie suivante, pour ensuite retomber à trois et moins. Parallèlement, la compagnie hollandaise envoyait dix à vingt-cinq navires par an (Dufresne de Francheville J., 1738, III, p. 11).

Au début des années 1680, la compagnie des Indes se voyait financièrement épuisée, au point que, par un arrêt du Conseil du 6 janvier 1682, Louis XIV ouvrit aux particuliers le commerce des Indes orientales, à condition de se servir des vaisseaux de la compagnie (AN, col/C/2/5, f° 31). Si la compagnie céda une partie de son monopole, elle conserva deux prérogatives : l’exclusivité de la navigation vers l’Inde, qui lui permit de percevoir une taxe sur le fret embarqué par les particuliers, et le privilège exclusif de la vente des marchandises rapportées, qui devait se tenir conjointement et dans le même lieu que celle des cargaisons ramenées pour le compte de la compagnie, à l’exception des perles, des diamants et des pierreries, remis à leurs propriétaires à l’arrivée des vaisseaux (AN, col/C/2/5, f° 31. Dernis, 1755-1756, I, p. 355-358 ; Sottas J., 1994, p. 72 ; Estienne R., 2013, p. 47-50).

Finalement, en 1685, devant l’état financier déplorable de la compagnie des Indes, les directeurs appliquèrent un drastique programme d’économies avec la réduction du personnel au strict nécessaire, la conservation des seuls sites de Lorient en France, de Surate, Pondichéry et Chandernagor en Inde, et l’abandon des comptoirs de Bantam, Tilcery, Rajapour et Masulipatam (AN, col/C/2/5, f° 72-75, 76 v°-77 v°, 119-137, 138-140. Sottas J., 1994, p. 78-84 ; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 47-50 ; Estienne R., 2013, p. 142-157, 166-171). Désormais, les douze directeurs n’étaient plus élus par les autres intéressés, mais nommés par le roi parmi les actionnaires ayant apporté au moins 30 000 livres de capital. Louis XIV souhaitait mettre la direction de la compagnie entre les mains d’un petit groupe de personnes dont la fortune confortable leur permettait de satisfaire à d’éventuels nouveaux appels de fonds. Le souverain escomptait qu’aucun d’eux n’abandonnerait l’important capital déjà versé en cas de graves difficultés. Les anciens directeurs parisiens perdirent leur poste, tandis que les chambres régionales, estimées trop coûteuses, furent supprimées. Louis XIV conserva à la nouvelle compagnie le monopole et les privilèges de l’ancienne et interdit tout transport de marchandises de particuliers sur ses vaisseaux (AN, col/C/2/3, f° 184-189 v°. Sottas J., 1994, p. 86-90). Cependant, la guerre de la Ligue d’Augsbourg entrava le commerce vers les Indes à partir de 1688 et ne permit pas à la compagnie d’améliorer sa situation.

La paix, conséquence du traité de Ryswick qui mit fin à ce conflit en 1697, favorisa la reprise du commerce par la compagnie des Indes. Toutefois, faute de moyens propres, elle dut, pendant cinq ans, emprunter pour chaque armement. Or, les bénéfices des retours ne suffirent pas à rembourser emprunts et intérêts. La situation de la compagnie empira, quand la guerre de Succession d’Espagne (1701-1713) lui porta le coup fatal (Sottas J., 1994, p. 403-434).

Dès l’automne 1697, l’armateur Jean Jourdan de Groucé s’était proposé d’armer un vaisseau pour la Chine, pays jamais abordé par la compagnie des Indes, ce qui constituait un subtil moyen de contourner son monopole. Il obtint le soutient du ministre Jérôme de Phélypeaux, comte de Pontchartrain (1674-1743) et arma l’Amphitrite, qui appareilla le 6 mars 1698 et revint le 13 août 1700. La vente des marchandises se tint les 9 et 11 octobre suivants à Nantes (AN, col/C/1/17, f° 44-45 v°. Mercure galant, septembre 1700, p. 205-213 ; Madrolle C., 1901, p. 73 ; Belevitch-Stankevitch H., 1910, p. 49-71 ; Sottas J., 1994, p. 406 ; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 26-30, 50-51 ; Estienne R., 2013, p. 51-55, 220-221 ; Castelluccio St., 2019, p. 48). En raison de l’exploit que représentait cette navigation, la première à joindre la Chine en droiture avec succès par des particuliers, des bénéfices dégagés et des dividendes reversés aux actionnaires et des nombreux produits ramenés directement de la Chine, ce retour marqua durablement les esprits (Mercure galant, septembre 1700, p. 205-213 et août 1703, p. 327-329 ; Savary des Bruslons J., 1723-1730, art. « Compagnie de la Chine », « Course », « Robes », « Soyes de la Chine », « Thé »).

Parallèlement, la guerre de Succession d’Espagne et surtout les emprunts effectués pour les armements avaient épuisé les dernières réserves de la compagnie des Indes qui fit son ultime armement en 1706, avec le Maurepas et le Toison d’or, de retour en 1708, puis le Saint Louis revenu l’année suivante. Désormais incapables d’armer aucun navire, les directeurs de la compagnie des Indes louèrent ses monopoles de la navigation et du commerce avec l’Asie à la compagnie de la Mer du Sud en 1707. Ils signèrent un traité avec les directeurs de cette dernière, lesquels se voyaient autorisés à envoyer des vaisseaux aux Indes, à charge de reverser à la compagnie des Indes 10 % des ventes des marchandises rapportées et 5 % de celles provenant des prises de guerre. En échange, celle-ci mettait ses magasins et ses commis aux Indes à la disposition de la compagnie de la Mer du Sud. Aucun des vaisseaux et des prises de retour n’appartenait plus dorénavant à la compagnie des Indes (Sottas J., 1994, p. 437-456 ; Castelluccio St., 2014, p. 227-242).

Née en septembre 1698, dirigée par le malouin Noël Danycan de l’Épine (1656-1735), et dans laquelle Jean Jourdan de Groucé avait également des parts, la compagnie de la Mer du Sud se donnait pour objectif le commerce vers le Pacifique, et plus particulièrement le Pérou, comprenant un retour par la Chine. Cette compagnie se développa avec succès entre les mains de Malouins très entreprenants de 1702 à 1713, année du traité d’Utrecht qui ferma le commerce des colonies espagnoles aux étrangers (Dernis, 1755-1756, I, p. 650-660). Parallèlement, le commerce avec l’Asie connut un développement sans précédent, car vers 1700, le gouvernement chinois autorisa les compagnies étrangères à aborder la Chine, avec Canton comme seul port ouvert aux marchands étrangers (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 51-52 ; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 36-39, 54-55 ; Estienne R., 2013, p. 172-177). Cette permission leur ouvrit l’accès au marché de première main. Cela permit tout autant d’élargir le choix des marchandises que de passer des commandes directement aux fabricants et de demander des formes et des décors particuliers et adaptés aux goûts et usages européens. Parallèlement, les grandes compagnies européennes augmentèrent de manière spectaculaire les volumes de leurs importations.

De 1719 à 1725, la compagnie française des Indes orientales se vit intégrée par le financier John Law (1671-1729) dans son ambitieuse opération financière ou « Système », comme garantie de la banque créée parallèlement pour résorber la très importante dette de l’État. La compagnie survécut à la chute du système et connut un regain d’activité à partir de 1731 grâce aux réformes du contrôleur général Philibert Orry (1689-1747) qui limita ses activités aux échanges commerciaux entre la France et l’Asie, diminua le nombre des actionnaires en faisant acheter une partie des titres par le Trésor royal, le roi en devenant ainsi le principal actionnaire, et en simplifia la gestion avec désormais six directeurs, nommés par le roi parmi les négociants et armateurs des grands ports, et un inspecteur ou commissaire, qui surveillait la gestion de la compagnie au nom du roi. À partir de 1745, il y eut deux commissaires avec le ministre des Finances et un maître des requêtes.

La guerre de Sept Ans désorganisa particulièrement le commerce de la compagnie des Indes. Celle-ci tenta en 1764 de reprendre ses échanges commerciaux en faisant appel au Trésor royal et à l’emprunt, mais devant sa situation financière difficile en 1769, le contrôleur général Étienne Maynon d’Invault (1721-1801) et le ministre Étienne François de Choiseul (1719-1785) firent suspendre son privilège commercial exclusif avec l’Asie. Tous les armateurs disposaient désormais de la liberté de commercer au-delà du Cap, à condition de revenir et de vendre leurs cargaisons à Lorient. Après une période de transition, le volume des échanges augmenta régulièrement à partir de 1773. Toutefois, le commerce libre exercé par des particuliers fut accusé de manquer de fonds pour assurer l’envoi de flottes importantes, de faire augmenter les prix en Inde et les transferts de numéraires vers l’Asie, et de diminuer la variété des produits importés.

Le projet de rétablir une compagnie des Indes à monopole réapparut et devint effectif grâce au contrôleur général Charles Alexandre de Calonne (1734-1802). Une troisième compagnie française des Indes orientales fut officiellement créée en avril 1785, avec toujours Lorient comme port d’attache. Son monopole courait sur sept ans, période portée à quinze ans en 1786. Cependant, cette nouvelle compagnie se heurta à l’hostilité et au dynamisme des armateurs privés, qui obtinrent la perte de son monopole commercial en 1791 puis sa liquidation en 1795 (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 5-16 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 33-161 et II, p. 751-815 ; Estienne R., 2013, p. 56-83).

Les conditions de voyage

Les vaisseaux devaient larguer les amarres d’Europe entre novembre et mars pour bénéficier des alizés le long des côtes d’Afrique au niveau de l’équateur. Le plus simple était de se rapprocher des côtes du Brésil, route plus longue, mais plus sûre, afin d’éviter les vents contraires et les plats du golfe de Guinée. Le passage du cap de Bonne Espérance était généralement éprouvant, car souvent tempétueux. Après ces cinq premiers mois de navigation, la route la plus aisée pour aborder en Inde passait par le canal du Mozambique, où la mousson n’était effective que jusqu’à la fin du mois de juillet : les vaisseaux devaient impérativement partir d’Europe au début de l’hiver pour en bénéficier. À l’est de Madagascar, la mousson se faisait sentir plus longtemps et une relâche était possible dans l’île de France ou celle de Bourbon, actuelles îles Maurice et de la Réunion.

Pour aller directement en Chine, les navigateurs prenaient les grands vents sur le 40 ° parallèle puis viraient vers le nord. Ce trajet était praticable en toute saison, mais imposait une navigation de deux à trois mois sans escale. Il fallait ensuite franchir l’archipel indonésienne, soit par le détroit de la Sonde, risqué, car peu profond (8 mètres pour un tirant d’eau moyen de 6 mètres) ; soit par le détroit de Malacca, plus souvent emprunté par les vaisseaux venant des Indes ou n’ayant pas pu traverser celui de la Sonde, mais ce détour allongeait le trajet.

Après quatre à cinq mois en rade de Canton, il fallait repartir fin décembre-début janvier, en raison de la mousson du nord-est, qui souffle depuis le continent entre décembre et avril, et pour franchir le cap de Bonne Espérance avant la mauvaise saison, soit avant mai. Ensuite, les vaisseaux se laissaient porter par les alizés sud-ouest, faisant parfois escale à l’île de Sainte-Hélène et surtout à celle de l’Ascension, où la présence de nombreuses tortues de mer permettait la préparation de bouillons reconstituants pour les malades. Passé l’équateur, la route contournait les Açores vers l’ouest, puis les navires entraient dans la zone des vents dominants ouest qui facilitaient l’approche des cotes d’Europe. L’arrivée a généralement lieu entre août et septembre après 20 à 22 mois de voyage, dont les deux tiers en mer (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 61-75 ; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 31-33 ; Estienne R., 2013, p. 86-95).

LES IMPORTATIONS DE LA COMPAGNIE FRANÇAISE DES INDES

Les étoffes, les épices, le thé, le café

La compagnie des Indes faisait ses plus importants bénéfices sur les étoffes (cotonnades des Indes, soieries de Chine), les épices, le thé et le café (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 77-87 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 287-306 ; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 40-43, 52-53, 102-103 ; Estienne R., 2013, p. 203-211, 228-233). Les objets d’art, porcelaines, laques et papiers peints, bien que minoritaires dans les cargaisons connurent un immense succès (Estienne R., 2013, p. 222-227).

Les porcelaines

En dépit d’un débouché assuré, la compagnie française des Indes n’importa aucune porcelaine avant 1680, à l’exception de 656 porcelaines de Perse en 1672 (AM Lyon, HH 323). Elles avaient été achetées soit aux Indes, probablement à Surate, le port le plus proche de la Perse, soit directement au comptoir perse de Banderabassy (actuel Bandar Abbâs). Cet achat ne fut pas renouvelé, car les curieux de porcelaines estimaient peu les productions perses qui, à leurs yeux, ne pouvaient rivaliser avec les créations chinoises.

Les importations de porcelaines d’Extrême Orient ne commencèrent timidement qu’en 1680 avec 5 520 pièces, puis l’année suivante, les cargaisons en comportaient 15 000. En 1682, les vaisseaux rapportèrent 55 465 porcelaines, puis 153 000 en 1683, mais seulement 133 900 en 1684. Au total, la compagnie n’importa que 363 541 porcelaines entre 1680 et 1685 (Castelluccio St., 2007 ; Castelluccio St., 2013, p. 22).

Les porcelaines au décor bleu et blanc constituaient probablement l’essentiel de ces cargaisons, car les listes détaillent rarement les décors, à l’exception des plats, tasses, assiettes et pots rapportés en 1682 dits « de couleurs figurez », soit probablement ornés de décors d’émaux de la famille verte.

La croissance spectaculaire des volumes importés cachait trois importantes erreurs stratégiques :

– le manque quasi total de variété des cargaisons qui ne comportaient que des pièces d’usage et aucune pièce décorative.

– la trop grande quantité d’un même type d’objet. Ainsi, pendant ces cinq années, les porcelaines importées comprenaient 86 % de tasses, 13 % d’assiettes et 1,6 % de plats et autant de pots.

– le mauvais choix des porcelaines, au point que dans une lettre du 11 mars 1684, les directeurs reprochèrent aux commis du comptoir de Surate leur envoi de « 300 000 tasses à moineau, qui ne sont d’aucun usage pour leur petitesse. Et quant elles auraient esté plus grandes, c’estait trop d’une sorte qui ne peut se consommer »(AN, col/C/2/5, f° 84 ; AM Lyon, HH 323). D’une part, la taille réduite des tasses interdisait leur usage pour consommer toute boisson chaude et, d’autre part, leur trop grand nombre entraînait une chute des prix.

Finalement, la nouvelle direction de la compagnie des Indes, mise en place au début de l’année 1685, renonça à l’importation de porcelaines. Désormais, celles importées provenaient du commerce effectué par des particuliers ou des compagnies privées ou bien de prises de guerre.

De nouvelles porcelaines n’arrivèrent ainsi qu’en septembre 1688, avec les 13 408 pièces envoyées par Constance Phaulkon, premier ministre du roi de Siam, Phra Naraï. Leur vente, en octobre suivant, paya une partie de la participation du ministre dans le capital de la compagnie (AN, col/C/1/26, f° 7). Phaulkon avait pris soin de varier les formes et les décors des pièces avec des bleus et blancs, majoritaires, et des pièces au décor polychrome, sans doute des porcelaines chinoises de la famille verte. L’envoi de Phaulkon différait toutefois des importations de la compagnie des Indes par la présence de nombreuses porcelaines ornées d’un décor coloré et d’un large choix de vases décoratifs avec 73 urnes et 1 004 vases (AN, col/C/1/26, f° 39-42, 89-94).

En 1695, les deux vaisseaux pris sur les Anglais, le Prince de Danemark et le Seymour, contenaient des porcelaines vendues en mai-juin 1696, mais aucune liste n’en détaille les cargaisons. Cette même année 1696, les captures du Defense, du Succez et du Resolution, de la compagnie anglaise des Indes orientales, permirent de proposer aux enchères 72 316 pièces de porcelaines en septembre (Mercure galant, janvier 1696, p. 154-155). Comme dans les cargaisons de la compagnie française, les pièces d’usage restaient majoritaires et, pour la première fois, étaient proposées à la vente des « pagodes », c’est-à-dire des figures humaines généralement debout, des statues de lions, de chiens, paons, de chats, de coqs et « 30 petites figures de différentes manières », très appréciées pour leur originalité et leur effet décoratif. Peut-être à cause du grand nombre de pièces d’usage, les enchères connurent de nouveau un succès médiocre.

Faute de listes de cargaisons pour les années 1697-1699, il est impossible de savoir si des porcelaines furent vendues avant le retour de l’Amphitrite de la compagnie de la Chine en 1700. La succincte liste de la cargaison de ce vaisseau ne précise ni les quantités de pièces rapportées ni la nature de leurs décors. Ces porcelaines comprenaient les traditionnelles pièces d’usage, comme les jattes, bassins, soucoupes, plats, assiettes, pots à thé, gobelets, tasses, sucriers ou salières. Des nouveautés étaient proposées avec des aiguières, des bouteilles et surtout des « garnitures de cheminée, modes et modèles et divers autres ouvrages » (AN, col/C/1/17, f° 17-17 v°. Mercure galant, septembre 1700, p. 212).

Aucun texte ne donne la composition des deux dernières ventes de porcelaines du règne de Louis XIV, qui eurent lieu en octobre 1703 avec le second retour de Chine de l’Amphitrite, puis en septembre 1715 (Mercure galant, août 1703, p. 327-329. AM Nantes, HH 201.46). Il n’y eut apparemment donc en France que trois ventes de porcelaines entre 1700 et 1715, toutes effectuées par les compagnies privées de la Chine et de la Mer du Sud.

Entre 1732 et 1747, la compagnie française des Indes orientales rapporta entre 123 000 et 868 000 porcelaines par an. Cependant, l’intérêt commercial de celles-ci diminua tout au long du siècle. En effet, leur prix d’achat en Chine augmentait régulièrement alors que leur prix de vente en Europe suivait l’évolution inverse. Parallèlement, leur qualité était estimée de plus en plus médiocre, tandis qu’elles subissaient la concurrence de plus en plus forte des porcelaines européennes (Dermigny L., 1964, I, p. 390-391 ; Mézin L., 2002 ; Shimizu C.-Chabanne L., 2003 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 297 ; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 40 ; Estienne R., 2013, p. 234-239 ; Castelluccio St., 2013, p. 114).

Les cargaisons se composaient essentiellement de pièces destinées à l’usage de la table, avec des services de table complets (AN, col/C/2/23, f° 109 ; C/2/24, f° 50 ; C/2/29, f° 87-87 v° ; C/2/49, f° 87-87 v°. Dermigny L., 1964, I, p. 390 ; Constant Ch de., 1964, p. 329 ; Castelluccio St., 2013, p. 114, 124-127). Les vases d’ornement restaient minoritaires : soit la compagnie n’en importait pas systématiquement ; soit la quantité était si négligeable qu’ils ne présentaient pas un intérêt commercial suffisant pour être mentionnés ; soit les pièces importées répondaient aux attentes du marché et aucun commentaire n’était nécessaire.

Les laques

La compagnie française des Indes orientales importa peu de laques au XVIIe siècle, avec seulement deux cabinets et deux paravents du Japon en 1670 (AM Lyon, HH 323), deux paravents de la Chine en 1687 (Mercure galant, septembre 1687, p. 81), et l’année suivante un cabinet dont l’origine n’est pas précisée (Mercure galant, septembre 1688, p. 96 ; Castelluccio St., 2007, p. 122-123 ; Castelluccio St., 2014, p. 304).

Cette quantité presque négligeable, sept pièces en dix-huit ans, témoigne du désintérêt de la compagnie pour les laques, dont l’offre était réduite et la marge bénéficiaire peu intéressante, contrairement à celles des étoffes et des épices.

Malgré cela, en 1700, de retour de Canton, l’Amphitrite rapporta dans ses cales dix-huit paravents, onze cabinets, 272 cassettes, quatorze caisses de cabarets et bassins à barbe et une écritoire à ramages d’or de relief, le tout de laque de Chine (AN, col., C1 17, f° 17-17 v°. Mercure galant, septembre 1700, p. 210-211).

Au retour d’un second voyage, en août 1703, l’Amphitrite rapporta 78 paravents de la Chine, deux autres du Japon, 45 cabinets, 521 boîtes de la Chine et 2 110 cabarets (Mercure galant, août 1703, p. 327-329 ; Castelluccio St., 2007, p. 123-124).

Même si les quantités et la diversité des pièces ne présentaient rien de comparable avec les importations de la compagnie des Indes des années 1670 et 1680, leur composition demeurait classique, avec moins de 7 % de paravents, de cabinets et de coffres, et une très large majorité de plateaux, boîtes et autres petits objets. En 1700, environ deux tiers des laques étaient chinois et un tiers japonais, proportions justifiées par la facilité d’acquérir les productions locales et par le coût élevé des créations nippones.

Les listes subsistantes confirment l’appauvrissement de la diversité des cargaisons dans le domaine des laques tout au long du XVIIIe siècle. Elles ne mentionnent désormais aucun coffre, tandis que deux à trois cabinets, essentiellement chinois, n’apparaissent qu’entre 1716 et 1723. Deux à six paravents, très probablement originaires de Chine, étaient cités en 1722, 1726, et de 1735 à 1740, puis ils disparurent également (AM Nantes, HH 202.11, 16 ; HH 221.56, 69 ; AN, col/C/1/10, f° 107 ; C/1/11, f° 79 ; C/2/23, f° 109 ; C/2/24, f° 50 ; C/2/25, f° 218 ; C/2/27, f° 102 ; C/2/28, f° 123 ; C/2/29, f° 73v°, 74, 129 ; C/2/49, f° 87, 142 ; C/2/52, f° 235, 258 ; C/2/53, f° 292 v° ; C/2/53, f° 295 ; C/2/54, f° 103 ; C/2/281, f° 111. Mercure galant, septembre 1716, p. 259 ; Le Mercure, juillet 1722, p. 174 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 294, 392-393, 418, 631).

La vente de 1727 à Nantes apparaît comme la dernière à offrir encore une certaine variété de laques, tous de Chine, avec neuf paravents, quarante « commodes de vernis », huit « bureaux idem » et vingt-quatre « caisses différents vernis de la Chine » (SHD Lorient, 1 P 308.78.42). Ces commodes n’étaient pas des meubles d’ébénisterie, mais des « boîtes destinées à recevoir une « sorte de coëffure qui est toujours montée et qu’elles [les femmes] mettent tout d’un coup, comme les hommes mettent leur perruque » (Dictionnaire de l’Académie française, 1740, art. « Commode »). Les « bureaux » désignaient une « espèce de petit pupitre couvert d’une étoffe verte qu’on a devant soit pour écrire », ceux rapportés d’Asie présentant un abattant totalement laqué (Furetière A., 1690, art. « Bureau », « Escritoire »). La légende de l’envoi de meubles depuis l’Europe pour les faire laquer en Orient relève de l’incompréhension des termes « bureaux » et « commodes », car aucune trace écrite ne confirme l’expédition depuis l’Europe de meubles pour les faire laquer en Asie.

À partir de 1741, les plateaux ou « cabarets » demeuraient les seuls laques importés par la compagnie, selon les listes des cargaisons qui en comptent rarement moins de mille. Alors que les agents de la compagnie auraient pu acquérir en Chine une plus grande variété de laques chinois ainsi que des productions japonaises rapportées par les marchands chinois, ils ne prirent aucun risque pour se limiter aux seuls cabarets au débit assuré. La quête d’un maximum de profits explique sans doute le choix des directeurs de la compagnie de se concentrer sur ce type de marchandise.

Les papiers peints

Au XVIIe siècle, les diverses compagnies européennes des Indes se fournissaient peut-être ponctuellement de papiers peints chinois dans leurs comptoirs indiens. Au XVIIIe siècle, le papier peint était vendu à Canton soit en feuilles, soit mis en œuvre, principalement sous forme de paravents ou d’éventails.

L’essentiel des exportations s’effectuait sous forme de feuilles, larges de 80 centimètres environ, pour une longueur oscillant entre 1,45 et 1,75 mètre, certaines pouvant atteindre 1,94 mètre (Duvaux, 1873, II, p. 231, no 2040 ; Castelluccio St., 2018, p. 8-9). Afin de prévenir tout accident pendant la traversée, les feuilles étaient conditionnées soit en rouleaux, soit par paquets de dix feuilles, sans doute placés dans des caisses (AN, col/C/1/17, f° 17 v° ; O1 *3445, f° 107 ; O1 *3341, f° 299 v°-300, no 385-396 ; SHD Lorient, 1 P 258A.111.48. Mercure galant, septembre 1700, p. 209-210 ; Constant Ch. de, 1964, p. 262, 264, 302 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 294, note 231).

Dans les années 1730 et 1740, les importations annuelles de papiers peints chinois oscillaient entre 600 et 1 200 feuilles. De 1750 à 1773, les volumes montèrent jusqu’à 3 600 feuilles, ce qui reste modeste comparé aux dizaines de milliers de porcelaines rapportées par les vaisseaux (AN, col/C/1/11, f° 79 ; C/1/17, f° 17 ; C/2/24, f° 5 ; C/2/25, f° 218 ; C/2/28, f° 115 v° ; C/2/29, f° 129 ; C/2/52, f° 258 ; C/2/53, f° 295 ; C/2/54, f° 103 ; C/2/281, f° 65, 243 ; SHD Lorient, 1 P 305.70.150. Mercure galant, septembre 1700, p. 209-210 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 294, note 231 ; Castelluccio St., 2013, p. 114).

Les paravents apparaissent rarement dans les cargaisons, peut-être en raison de leur taille et de leur fragilité. Au XVIIIe siècle, seuls deux paravents semblent avoir été apportés en 1772 (SHD Lorient, 1 P 260.27.129).

Les éventails de papier appartenaient à ces petits objets d’importation d’un encombrement et d’un coût réduits et à la vente assurée. Comme pour le papier peint, ces éventails étaient fabriqués par avance et les agents des diverses compagnies des Indes les achetaient dans les boutiques de Canton, ce qui leur faisait gagner un temps précieux. Aucun chiffre n’est donné pour ces éventails, sans doute importés par centaines.

LES VENTES DES CARGAISONS

Les vaisseaux revenaient dans le courant de l’été et la vente de leurs cargaisons avait lieu durant les mois de septembre et octobre suivants. Les directeurs de la compagnie française des Indes orientales ont repris le principe des ventes aux enchères de la compagnie hollandaise des Indes, dans quatre lieux successifs :

Les premières ventes se déroulèrent de 1669 à 1673 au Havre, ville commerçante aisément accessible depuis Paris, afin d’attirer le plus grand nombre de marchands de la capitale.

En raison de la guerre de Hollande, la Manche devint moins sûre, car la flotte hollandaise y croisait, aussi la cargaison du Soleil d’Orient fut-elle vendue à La Rochelle en 1674 pour éviter sa prise par les vaisseaux ennemis. Toutefois, faute d’enchérisseurs en raison de l’éloignement de La Rochelle, la vente fut médiocre et une partie des marchandises demeura en magasin.

Les ventes eurent ensuite lieu à Rouen, de 1676 à 1688, port marchand encore plus proche de la capitale que Le Havre. Le succès des ventes confirma la pertinence du choix de Rouen pour leur déroulement, ville retenue par la compagnie durant toute la période de paix qui se prolongea jusqu’en 1689, début de la ligue d’Augsbourg.

Toujours pour éviter la Manche où croisaient les flottes ennemies anglaise et hollandaise, les ventes se déplacèrent à Nantes de 1689 à 1734. Puis, pour limiter les transbordements des marchandises de Lorient à Nantes, à partir de 1735 et jusqu’à la Révolution, les ventes se tinrent désormais à Lorient, port d’attache de la compagnie depuis sa création (Sottas J., 1994, p. 396 ; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 77-87 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 307-312).

LA PRÉPARATION DES VENTES

Comme le constatait l’un des membres de la compagnie des Indes, « il n’y a que la concurrence des marchands qui soutient les prix », aussi les directeurs avaient-ils tout intérêt à donner le plus grand retentissement à ces ventes publiques. Dès 1669, la Gazette puis le Mercure galant, tous deux contrôlés par le pouvoir royal, annonçaient assez régulièrement l’arrivée des vaisseaux de la compagnie des Indes, avec un délai variant de trois à quinze jours après leur arrivée.

À partir d’août 1684, le Mercure galant publia irrégulièrement les listes de cargaisons, recopiées textuellement (AN, col/C/1/17, f° 17-17 v°.Mercure galant, août 1684, p. 81-83 ; septembre 1687, p. 77-81 ; septembre 1688, p. 91-96 ; octobre 1695, p. 318-324 ; novembre 1695, p. 182-191 ; septembre 1696, p. 186-191 ; septembre 1700, p. 205-213 ; septembre 1701, p. 303-310 ; août 1703, p. 327-329). Cette diffusion, lancée en 1684 par les directeurs de la compagnie au bord du gouffre, témoignait de leur volonté de faire connaître au plus grand nombre les dates et le contenu des ventes afin d’attirer le plus d’acheteurs possible. Au XVIIIe siècle, le Mercure de France publiait les noms des vaisseaux arrivés à bon port, mais plus de listes de cargaisons, lesquelles apparaissaient plutôt dans les revues spécialisées comme la Gazette du Commerce.

La publication de listes décrivant succinctement le contenu des cargaisons une à trois semaines après l’arrivée des navires, selon un usage hollandais, constituait l’étape suivante (voir l'illustration en début de notice). Ces listes, qui visaient les marchands et autres acheteurs potentiels, comportaient toutes les informations pratiques nécessaires pour préparer leur déplacement et leurs achats : les noms des vaisseaux, leur date d’arrivée à Lorient, le lieu et les jours des ventes, ainsi que la période de temps durant laquelle les marchandises seraient exposées avant les enchères. Ces listes très lapidaires commençaient par les étoffes, puis les épices et les autres marchandises diverses, les laques et les porcelaines fermant la marche.

Parallèlement, « le tems de cette vente est notifié aux marchands et négocians par des affiches que l’on fait apposer dans les lieux publics des principales villes du royaume » (Savary des Bruslons, 1723-1730, art. « Toiles »). Les retards des ouvertures des ventes étaient également portés à la connaissance des marchands et des négociants par voie d’affiches (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 87-93 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 307).

LES ENCHÈRES

Si aucun texte n’indique l’endroit où se déroulaient les ventes au Havre et à Rouen, à Nantes, elles se tenaient « en l’hôtel de la Bourse ». Après leur transfert définitif à Lorient, une salle des ventes fut construite dans un pavillon, lequel existe toujours.

Quelques jours avant la vente, un échantillon représentatif du contenu de chaque type de marchandises était extrait des caisses et présenté aux acheteurs potentiels, afin qu’ils puissent juger de leur qualité, de leur état et de sélectionner celles qui les intéresseraient. Au début des années 1670, cette présentation durait huit jours, pour être ramenée à six en 1676 puis se réduire à trois jours au début des années 1680 (AM Lyon, HH 313, 323).

Les ventes s’effectuaient de 9 heures du matin à 8 heures du soir, duraient plusieurs jours jusqu’à épuisement des cargaisons, et toujours en présence de deux à trois directeurs venus de Paris (AN, col/C/1/24, f° 91 ; C/2/6, f° 170 ; Arch. mun. Lyon, HH 313, f° 125, 162 et HH 318, 27 septembre 1684. Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 87-93 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 307-308 ; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 56-57 ; Estienne R., 2013, p. 240-249).

LES ACHETEURS ET LE TRANSPORT À PARIS

Les commerçants de Nantes et de Lorient constituaient la majorité des acheteurs, certains achetant pour des confrères parisiens, rarement présents en raison de l’éloignement et du coût du voyage et du séjour (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 87-93 ; Haudrère Ph., 2005, I, p. 308-327 ; Estienne R., 2013, p. 240-249).

Depuis Nantes, les ballots de marchandises étaient conduits par bateau, donc à moindres frais, jusqu’à Orléans par la Loire, puis transbordés sur des charrettes pour leur transport à Paris.

À partir de 1735, des voituriers par terre, ou rouliers, assuraient le transport des marchandises depuis Lorient jusqu’à Paris par la route. Voituriers par eau ou par terre répondaient du délai de livraison et du bon état des marchandises à l’arrivée, sauf accidents exceptionnels (SHD Lorient, 1 P 284A.105.1 ; 1 P 284A.111.21 et 22 ; 1 P 288A.175.29 et 53. Savary des Bruslons J., 1723-1730, art. « Roulier », « Voiture » et « Voiturier »). Les jours de départ dépendaient du roulier, qui attendait sans doute que son véhicule fût plein. Il était également possible d’envoyer la marchandise par les messageries aux jours de départ fixes, mais le coût était alors multiplié par cinq.

À Paris, le débit au détail des porcelaines, des laques et des papiers peints relevait de la compétence des corporations des marchands merciers et, des faïenciers pour les premières.

Conclusion

Le commerce vers les Indes et la Chine qui se développa au XVIIe siècle préfigurait le grand négoce international. Les compagnies des Indes orientales assuraient l’essentiel de ces échanges et représentaient une grande aventure politique, économique, technique, géographique et sociale : elles furent les premières sociétés avec des actionnaires ; leur monopole permettait de réunir les très importants fonds nécessaires qu’un simple particulier ne pouvait fournir, afin de concentrer les capitaux, les énergies et les compétences ; les rotations régulières et des volumes importés allèrent croissants tout au long du siècle, évolution qui s’opposait aux envois ponctuels du XVIe siècle. La compagnie française des Indes orientales fut une création éminemment politique due à la volonté de Louis XIV et de Colbert et la part de l’État y demeura importante. Cette présence étatique explique le manque de souplesse de l’administration de la compagnie et sa difficulté à s’adapter à l’évolution des conditions commerciales, stratégiques et politiques dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (Haudrère Ph., 2005, II, p. 819-825).

Parmi les produits importés, les étoffes, les porcelaines, les laques et les papiers peints influencèrent profondément le goût et l’art européen, tant d’un point de vue esthétique que technique. Les porcelaines d’Orient stimulèrent les recherches pour leur imitation dans les manufactures de faïences, puis de porcelaine tendre, afin de découvrir la technique de la véritable porcelaine dure, devenue effective avec les découvertes de gisements de kaolin à Meissen en 1709, puis à Saint-Yriex, proche de Limoges, en 1769. Les laques furent à l’origine de la technique du vernis Martin, tandis que le papier peint chinois incita les manufacturiers à dépasser le papier dominoté. Les recherches sur le papier peint à Paris dans la seconde moitié du XVIIIe siècle aboutirent au développement de grandes manufactures fin XVIIIe siècle, dont une des plus célèbres était celle de Réveillon. Les productions nationales supplantèrent peu à peu les importations chinoises, lesquelles retrouvèrent une certaine vogue dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Les recherches esthétiques dépassèrent les domaines techniques et les apparences se croisèrent : les décors bleu et blanc du Trianon de porcelaine et de son mobilier reprenaient la polychromie des porcelaines alors si à la mode. Parallèlement, les meubles de vernis Martin imitaient le laque tout en reprenant le principe du décor bleu et blanc des porcelaines, tandis qu’à Sèvres certains décors de porcelaine imitaient ceux en laque, et certaines marqueteries les papiers peints. Ces derniers participèrent également au développement du goût pour les couleurs claires au XVIIIe siècle et à leur imitation par les grandes manufactures de porcelaine.

Les motifs orientaux ont également constitué une source dans laquelle puiser un nouveau vocabulaire ornemental, repris et adapté par les artistes européens. Ils élargirent le champ de création vers plus de liberté, de fantaisie et de curiosité amusée vers cet ailleurs par essence fascinant, mais très généralement fantasmé.

Article rédigé par Stéphane Castelluccio

Commentaire Thèmes d'étude : 

A Compagnie des Indes was a commercial company enjoying certain privileges, particularly that of operating as a monopoly, regarding trade between a country in Europe and another a distant region, primarily the Americas, or the West Indies, and Asia, or the East Indies.

Several Compagnie des Indes emerged at the beginning of the 17th century, first the English (1600-1858), followed by the Dutch (1602-1795), then the Danish (1616-1772). The French Compagnie des Indes was created in 1664 by Louis XIV (1638-1715) and Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), thus arriving late into a very competitive market (Sottas J., 1994, p. 7-14; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 5; Haudrère Ph., 2005, I, pp. 23-27; Estienne R., 2013, pp. 28-41; Castelluccio St., 2014, p. 228 -231). Its management included a chambre générale or main office based in Paris made up of twelve directors, and four provincial offices in Bordeaux, Nantes, Lyon, and Rouen. A minimum contribution of 20,000 livres allowed one to be elected director by the shareholders who themselves contributed a minimum of 6,000 livres. At least three quarters of the merchants were expected to be on the direction centrale or main board, but participation of two members from the same family was refused. The company's main port and outfitting port was based at Lorient (AN, col/C/2/2, f° 48-48 v°. Sottas J., 1994, p. 10-11, 20-22 Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, pp. 19-45, 95-139; Estienne R., 2013, pp. 42-47, 96-117).

Over time, the Parisian management proved to be too bureaucratic, timorous, and incompetent in commercial and maritime matters. In addition, the overbearing presence of the state led to decisions whose political, colonial, and religious motives often opposed the commercial interests of the company, such as the disastrous colonial policy of Madagascar. In addition to these setbacks, the war with Holland considerably hampered maritime trade from 1672 to 1678, to the point of indefinitely compromising the financial security of the company (Sottas J., 1994, p. 15-16, 26-27 , 36, 40, 44-45). The company was never able to arm a fleet large and powerful enough to ensure return trips regular and substantial enough to generate a yearly profit. In the 1670s, one to three ships came back each year; in the following decade, up to five; then the numbers fell back to three and less. At the same time, the Dutch company sent between ten and twenty-five ships annually (Dufresne de Francheville J., 1738, III, p. 11).

At the beginning of the 1680s, the Compagnie des Indes saw itself financially exhausted, to the point that in a decree of the Council of January 6, 1682, Louis XIV opened up trade in the East Indies to private individuals, on condition that they use the ships of the Compagnie des Indes. (AN, col/C/2/5, f° 31). Although the Compagnie ceded a part of its monopoly, it retained two prerogatives: the exclusive right of navigation to India, which enabled it to collect a tax on the cargo of individuals, and the exclusive right to sell the imported goods, both of which were required to be stocked with the cargo brought back on behalf of the company. The exception concerned the stocking of pearls, diamonds and precious stones which were returned to their owners upon arrival of the vessels (AN, col/C/2/5, f° 31. Dernis, 1755-1756, I, pp. 355-358; Sottas J., 1994, p. 72; Estienne R., 2013, pp. 47-50).

Finally faced with the deplorable financial state of the Compagnie des Indes in 1685, the directors applied a drastic savings program reducing personnel to the bare minimum and retaining only the sites of Lorient in France, Surate, Pondicherry and Chandernagor in India, and the many the trading posts of Bantam, Tilcery, Rajapour, and Masulipatam (AN, col/C/2/5, f° 72-75, 76 v°-77 v°, 119-137, 138-140 Sottas J., 1994, pp. 78-84; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, pp. 47-50; Estienne R., 2013, pp. 142-157, 166-171). Subsequently, the twelve directors were no longer elected by the other parties involved, but appointed by the king from among the shareholders who had contributed at least 30,000 livres of capital. Louis XIV wanted the management of the Compagnie in the hands of a small group of people whose fortune would allow them to finance any future needs in funding. The sovereign expected that none of them would give up their large capital, in the case of serious difficulties. The former Parisian directors lost their positions, while the regional chambers, deemed too costly, were abolished. Louis XIV retained the monopoly and privileges of the old Compagnie himself, as well as prohibiting any transport of private goods on its vessels. (AN, col/C/2/3, f° 184-189 v°. Sottas J., 1994, pp. 86-90). However, the War of the League of Augsburg hampered trade to India from 1688 and consequently did not improve the Compagnie’s financial situation.

Peace, a consequence of the Treaty of Ryswick which put an end to the conflict in 1697, favored trade for the Compagnie des Indes. However, due to lack of resources, it had to borrow funds for each shipyard for five years. Still the profits were not enough to repay loans and interest. The Compagnie's situation worsened with a fatal blow dealt by the War of the Spanish Succession (1701-1713) (Sottas J., 1994, p. 403-434).

In the fall of 1697, shipowner Jean Jourdan de Groucé was contacted to outfit a ship for China, a country yet to be exploited by the Compagnie des Indes, as a subtle way to circumvent their monopoly. He obtained the support of Minister Jérôme de Phélypeaux, Count of Pontchartrain (1674-1743) and outfitted the Amphitrite, sailing on March 6, 1698 and returning on August 13, 1700. The sale of the goods was held on October 9 and 11 in Nantes (AN, col/C/1/17, f°44-45 v°. Mercure galant, September 1700, p. 205-213; Madrolle C., 1901, p. 73; Belevitch-Stankevitch H., 1910, pp. 49-71; Sottas J., 1994, p. 406; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, pp. 26-30, 50-51; Estienne R., 2013, pp. 51-55, 220-221; Castelluccio St., 2019, p. 48). The monumental feat of the voyage, the distinction of being the first to reach China, the profits they generated, the dividends paid to shareholders, and the many products brought back all had a lasting impact on people's minds. (Mercure galant, September 1700, p. 205-213 and August 1703, p. 327-329; Savary des Bruslons J., 1723-1730, art. “Compagnie de la Chine”, “Course”, “Robes”, “ Soyes de la Chine”, “Thé”).

At the same time, the combination of the War of the Spanish Succession and the loans made for outfitting, exhausted the last reserves of the Compagnie des Indes. The final voyages of the Maurepas and the Toison d’or were in 1706, returning in 1708, followed by the Saint Louis that returned the following year. Now unable to man any ship, the directors of the East India Company leased their Asian navigation and trade monopolies to la Compagnie de la Mer du Sud in 1707. They signed a treaty with the latter’s directors, who authorised them to send vessels to India, on condition that they pay 10% of sales of the goods brought back and 5% of those coming from the spoils of war to the Compagnie des Indes. In exchange, the latter placed its warehouses and clerks in India at the disposal of the Compagnie de la Mer du Sud. None of the vessels nor returned goods belonged to the Compagnie des Indes (Sottas J., 1994, p. 437-456; Castelluccio St., 2014, p. 227-242).

The Compagnie de la Mer du Sud was founded in September 1698 and headed by “Malouin” Noël Danycan de l'Épine (1656-1735). Jean Jourdan de Groucé also had shares in the Compagnie de la Mer du Sud, whose goal was trade with the Pacific, and more specifically with Peru, with return travel via China. The company developed successfully in the hands of the very enterprising “Malouins”from 1702 to 1713, the year of the Treaty of Utrecht which also closed trade in the Spanish colonies to foreigners (Dernis, 1755-1756, I, p. 650-660). At the same time, trade with Asia experienced an unprecedented development. Around 1700, the Chinese government authorized foreign companies to enter China, with Canton as the only port open to foreign merchants (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999 , pp. 51-52; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, pp. 36-39, 54-55; Estienne R., 2013, p. 172 -177). This gave them first-hand access to the market. This also made it possible to widen the selection of goods as well as to place orders directly with manufacturers and to request particular shapes and decorations adapted to European tastes and uses. At the same time, the major European companies dramatically increased their import volumes.

From 1719 to 1725, financier John Law (1671-1729) joined the Compagnie Française des Indes and integrated it into his ambitious financial operation or "System", as a guarantee for the bank created in parallel to absorb the very large debt of the State. The company survived the fall of the system and experienced a revival of activity from 1731. This was due to the reforms of Comptroller General Philibert Orry (1689-1747), who limited its activities to commercial exchanges between France and Asia and reduced the number of shareholders by having part of the shares purchased by the Royal Treasury. The King was thus the main shareholder, and the management was simplified with only six directors, appointed by the King from among the merchants and shipowners of the major ports, as well as an inspector or commissioner, who oversaw the management of the company on behalf of the King. As of 1745, two commissioners were appointed to the Minister of Finance, as well as a maître des requêtes.

The Seven Years' War disrupted the trade of the Compagnie des Indes. In 1764, it tried to resume its commercial activities by appealing to the Royal Treasury and borrowing funds, but faced with a difficult financial situation in 1769, contrôleur général Étienne Maynon d'Invault (1721-1801) and Minister Étienne François de Choiseul (1719-1785) suspended its exclusive commercial activity with Asia. All shipowners now had the freedom to trade beyond Cape Town, provided they return to and sell their cargoes in Lorient. After a transition period, trade volume increased steadily as of 1773. However, the free trade conducted by private individuals was accused of lacking funds for the dispatch of large fleets, raising prices in India and transferring money to Asia, and reducing the variety of imported products.

The plan to re-establish a Compagnie des Indes monopoly was brought to the table and became effective thanks to contrôleur général Charles Alexandre de Calonne (1734-1802). A third Compagnie des Indes was officially created in April 1785, with Lorient as its home port. Its monopoly ran for seven years, a period then extended to fifteen years in 1786. However, this new company was met with the hostility of private shipowners, who then lost its commercial monopoly in 1791 followed by its liquidation in 1795 (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, pp. 5-16; Haudrère Ph., 2005, I, pp. 33-161 and II, pp. 751-815; Estienne R., 2013, pp. 56-83).

Travel Conditions

The vessels were to set sail from Europe between November and March to take advantage of the equatorial trade winds along the African coast. The easiest manner of avoiding the headwinds and the flats of the Gulf of Guinea was to approach the coasts of Brazil, a longer but safer route. Navigating the Cape of Good Hope was often difficult due to frequent storms. The easiest route to reach India required vessels to leave from Europe at the beginning of winter and after five months of navigation take the Mozambique Channel, avoiding the end of July monsoon. The monsoon went on longer east of Madagascar, where a break was possible on the Island of France or Bourbon, present-day Mauritius and Reunion Islands.

For a direct voyage to China, navigators took the strong winds of the 40°parallel then turned towards North. This route was possible in all seasons, but required non-stop navigation for two to three months. One then had to cross the Indonesian archipelago, either by the Sunda Strait, risky, because shallow (8 meters for an average draft of 6 meters); or by a longer detour via the Strait of Malacca, often used by vessels coming from India or unable to cross the Sunda.

After four to five months in the harbor of Canton, ships would set sail between late December and early January due to the northeast monsoon, blowing from the mainland between December and April, thus crossing the Cape of Good Hope before the bad season, i.e. before May. The vessels would then be carried by the South-West trade winds, sometimes stopping on the islands of Saint Helena or more often Ascension, where the presence of numerous sea turtles made it possible to prepare restorative broths for the sick. Past the equator, the route bypassed the Azores to the West, with ships then entering an area of the prevailing westerly winds which made it easier to approach the European coasts. Arrival was generally between August and September, after 20 to 22 months of travel, of which two-thirds were at sea (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 61-75; Croix A.-Desroches J.- P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, pp. 31-33; Estienne R., 2013, pp. 86-95).

IMPORTS OF THE COMPAGNIE FRANÇAISE DES INDES

Fabric, spices, tea, coffee

The Compagnie des Indes made its greatest profits on fabric (cotton from India, silks from China), spices, tea, and coffee (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 77-87; Haudrère Ph., 2005, I, pp. 287-306, Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, pp. 40-43, 52-53, 102-103; Estienne R., 2013, pp. 203-211, 228-233). Although a minority among shipments, works of art, porcelain, lacquer, and wallpaper were also successful (Estienne R., 2013, p. 222-227).

Porcelain

The Compagnie des Indes did not import any porcelain before 1680 despite having access to Asia, with the exception of 656 Persian porcelains brought back in 1672 (AM Lyon, HH 323). They had been bought either in India, probably in Surat, the nearest port to Persia, or directly at the Persian comptoir of Banderabassy (now Bandar Abbâs). The purchase contract was not renewed due to the fact that porcelain connoisseurs had little regard for Persian porcelain which they deemed incomparable with the Chinese.

Far East porcelain imports did not begin until 1680 with the small shipment of 5,520 pieces. In the following year, the cargo was comprised of 15,000 pieces. In 1682 the ships returned with 55,465 pieces of porcelain, then 153,000 in 1683, and only 133,900 in 1684. In total, the company imported only 363,541 pieces of porcelain between 1680 and 1685 (Castelluccio St., 2007; Castelluccio St., 2013, p. 22).

Blue and white decorated porcelain probably made up the majority of these shipments, due to the inventories rarely listing decor, with the exception of the dishes, cups, plates, and pots brought back in 1682 called “de couleurs figurez”, probably decorated with green enamels.

The spectacular growth in import volumes overshadowed three major strategic errors:

– the almost total lack of variety in the shipments, which only included houseware pieces and no decorative ones.

– too much of the same type of objects. Thus, during these five years, the imported porcelain was comprised 86% cups, 13% plates, and 1.6% dishes and as many pots.

– the poor choice of porcelain, to the point that in a letter dated March 11, 1684, the directors criticized the clerks of the Surat comptoir for sending “300,000 sparrow cups, which where useless due to their small size. And when they would have been bigger, there were too many to be sold” (AN, col/C/2/5, f° 84; AM Lyon, HH 323). On the one hand, the cups were too small to be able to consume any hot drink, while on the other hand, their large quantity led to a drop in prices.

Finally the new Compagnie des Indes gave up porcelain importing in the beginning of 1685 with the establishment of a new board. From then on, import trade was carried out by individuals or private compagnies or from the spoils of war.

New porcelain did not arrive until September 1688, with 13,408 pieces sent by Constance Phaulkon, Prime Minister of King Phra Naraï of Siam. Its sale in the following October paid a part of the Minister's stake in the capital of the company (AN, col/C/1/26, f°7). Phaulkon had taken care to vary the shapes and decorations of the pieces with a majority of blues and whites, as well those with polychrome decoration probably being famille verte porcelain. The shipment from Phaulkon differed however from the Compagnie des Indes imports by including much porcelain decorated with colours and a wide choice of decorative vases including 73 urns and 1,004 vases (AN, col/C/1 /26, f°39-42, 89-94).

In 1695, two English vessels were seized, the Prince of Denmark and the Seymour, containing porcelain that was sold in May-June 1696, without a detailed cargo list. The 1696 seizure of the Defense, the Succez and the Resolution by the English East India Company, generated an auction of 72,316 pieces of porcelain in September (Mercure galant, January 1696, p. 154-155). As in the French company’s cargoes, the majority were housewares, yet for the first time, "pagodas" were presented for sale. These were highly appreciated for their originality and decorative aspects including human figurines, generally in a standing pose, as well as statues of lions, dogs, peacocks, cats, roosters, and "30 diverse small figurines". The success of the auction was mediocre, probably due to the large amount of housewares.

It is impossible to know whether any porcelain was sold before the return of the Compagnie de la Chine’s Amphitrite ship in 1700 due to the absence of cargo lists from 1697-1699. The brief cargo list for the vessel did not specify the quantity of pieces nor the nature of their decorations. The porcelain did include traditional housewares, such as bowls, basins, saucers, dishes, plates, tea pots, goblets, cups, sugar bowls, or salt shakers. New products such as ewers, bottles and above all “mantle ornaments, modes et modèles, and other workswere offered for sale (AN, col/C/1/17, f° 17-17 v°. Mercure galant, September 1700 , p. 212).

None of the existing texts list the details of the last two porcelain sales of the reign of Louis XIV which took place in October 1703 and in September 1715, after the Amphitrite’s second trip from China (Mercure galant, August 1703, p. 327- 329. AM Nantes, HH 201.46). There were apparently only three porcelain auctions in France between 1700 and 1715, all of which were by made by Compagnies privées de la Chine et de la Mer du Sud.

Between 1732 and 1747, the Compagnie Française des Indes Orientales brought back between 123,000 and 868,000 pieces of porcelain per year. However, commercial interest declined throughout the century. Their purchase price in China increased regularly while in Europe the selling price decreased. In addition, their quality was considered increasingly mediocre facing strong competition from European porcelain (Dermigny L., 1964, I, p. 390-391; Mézin L., 2002; Shimizu C .-Chabanne L., 2003; Haudrère Ph., 2005, I, p. 297; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, p. 40; Estienne R. ., 2013, pp. 234-239; Castelluccio St., 2013, pp. 114).

The shipments consisted mainly of items intended for dining purposes, with complete dining services (AN, col/C/2/23, f° 109; C/2/24, f° 50; C/2 /29, f° 87-87 v°; C/2/49, f° 87-87 v°. Dermigny L., 1964, I, p. 390; Constant Ch de., 1964, p. 329; Castelluccio St ., 2013, pp. 114, 124-127). Ornamental vases receive little mention, either because the company did not import them systematically, or their quantity was too negligible to garner sufficient commercial interest and gain notice, or the imported pieces met market expectations and no comment was necessary.

Lacquers

The Compagnie des Indes Orientales imported very few lacquer in the 17th century, with only two cabinets and two screens from Japan in 1670 (AM Lyon, HH 323), two screens from China in 1687 (Mercure galant, Septembre 1687, p. 81 ), and a cabinet the following year with unspecified provenance (Mercure galant, September 1688, p. 96; Castelluccio St., 2007, p. 122-123; Castelluccio St., 2014, p. 304 ).

This almost negligible quantity of seven pieces in eighteen years testifies to the company's lack of interest in lacquer, the supply of which was limited and the profit margin unattractive, contrary to fabric and spices.

Despite this, the Amphitrite returnedfrom Canton in 1700 with eighteen screens, eleven cabinets, 272 cassettes, fourteen cases of cabarets and shaving bowls as well as a writing desk in gold leaf, all of which were Chinese lacquer (AN, col., C1 17, f° 17-17 v°. Mercure galant, September 1700, p. 210-211).

Returning from a second trip in August 1703, the Amphitrite brought back 78 screens from China, two others from Japan, 45 cabinets, 521 boxes from China, and 2,110 cabarets (Mercure galant, August 1703, p. 327- 329; Castelluccio St., 2007, pp. 123-124).

Even if the quantities and the diversity of the pieces was nothing compared to the imports of the Compagnie des Indes in the 1670s and 1680s, the choice remained rather classic with less than 7% of screens, cabinets and chests, and a very large majority of trays, boxes and other small objects. In 1700, about two thirds of the lacquer were Chinese and one third Japanese. These proportions were justified by the ease of acquiring local productions and by the high cost of Japanese creations.

The surviving lists confirm the diminishing diversity in the shipments concerning lacquer throughout the 18th century. They no longer mention any chests, while two to three cabinets, essentially Chinese, only appear between 1716 and 1723. Two to six screens, very likely originating in China, were mentioned in 1722, 1726, and from 1735 to 1740 , then they too disappeared (AM Nantes, HH 202.11, 16; HH 221.56, 69; AN, col/C/1/10, f° 107; C/1/11, f° 79; C/2/23, f ° 109; C/2/24, f° 50; C/2/25, f° 218; C/2/27, f° 102; C/2/28, f° 123; C/2/29, f ° 73v°, 74, 129; C/2/49, f° 87, 142; C/2/52, f° 235, 258; C/2/53, f° 292 v°; C/2/53, f° 295; C/2/54, f° 103; C/2/281, f° 111. Mercure galant, September 1716, p. 259; Le Mercure, July 1722, p. 174; Haudrère Ph., 2005, I, pp. 294, 392-393, 418, 631).

The 1727 sale in Nantes appears to be the last to still offer a certain variety of lacquer, all from China, including nine screens, forty "commodes de vernis", eight "bureaux idem" and twenty-four "different lacquered caisses from China". (SHD Lorient, 1 P 308.78.42). These commodes were not woodwork pieces, but "boxes designed for a type of mounted coiffure which they [women] would put on like men put on their wigs". (Dictionnaire de l’Académie française, 1740, art. “Commode”). The "bureaux" had a "small desk covered with green cloth in front of one as if for writing" while those brought back from Asia had a fully lacquered flap (Furetière A., 1690, art. “Bureau”, “Escritoire”). The legend of sending furniture from Europe to have it lacquered in the Orient stems from a misunderstanding of the term "bureaux" and "commodes", because no written record confirms the shipment from Europe of furniture destined to be lacquered in Asia.

According to the shipping lists, trays or “cabarets”were the only lacquer imported by the company as of 1741, which rarely number less than a thousand pieces. While the company's agents could have acquired a greater variety of Chinese lacquers in China as well as Japanese ones brought back by Chinese merchants, they took no risk in limiting themselves to a steady import of cabarets. The goal to attain a maximum amount of profits probably explains the Compagnie’s director’s decision to focus on this type of merchandise.

Wallpaper

In the 17th century, the various European compagnies in the Indies occasionally exported Chinese wallpaper from their Indian offices. In the 18th century, wallpaper was sold in Canton either in sheets or mis en oeuvre primarily as screens or fans.

Most of the exports were in the form of feuilles about 80 centimeters wide and lengths varying between 1.45 and 1.75 meters, reaching 1.94 meters (Duvaux, 1873, II, p. 231, no. 2040; Castelluccio St., 2018, pp. 8-9). In order to prevent accidents during the crossing, the sheets were packaged either in rolls or in packs of ten sheets, probably shipped in boxes (AN, col/C/1/17, f°17 v°; O1 *3445 , f° 107; O1 *3341, f° 299 v°-300, no 385-396; SHD Lorient, 1 P 258A.111.48. Mercure galant, September 1700, pp. 209-210; Constant Ch. de, 1964, pp. 262, 264, 302; Haudrère Ph., 2005, I, p. 294, note 231).

In the 1730s and 1740s, annual imports of Chinese wallpaper fluctuated between 600 and 1,200 sheets. From 1750 to 1773, the volumes rose to 3,600 sheets, which remains modest compared to the tens of thousands of porcelains brought back by the ships (AN, col/C/1/11, f° 79; C/1/17 , f° 17; C/2/24, f° 5; C/2/25, f° 218; C/2/28, f° 115 v°; C/2/29, f° 129; C/2 /52, f° 258; C/2/53, f° 295; C/2/54, f° 103; C/2/281, f° 65, 243; SHD Lorient, 1 P 305.70.150. Mercure galant, September 1700, pp. 209-210; Haudrère Ph., 2005, I, p. 294, note 231; Castelluccio St., 2013, p. 114).

Screens rarely appear in cargo, possibly due to their size and fragility. In the 18th century, only two screens seem to have been brought, in 1772 (SHD Lorient, 1 P 260.27.129).

Paper fans belonged to those small import objects of reduced bulk and cost and guaranteed sale. As for the wallpaper, these fans were made in advance and the agents of the various Indian compagnies bought them in the shops of Canton, which saved them precious time. No figure is given for these fans, probably imported by the hundreds.

CARGO SALES

The vessels returned during the summer and the sale of their cargoes took place during the following months of September and October. The directors of the Compagnie des Indes took over the principle of auctions from the Dutch East India Company, in four successive locations:

The first sales took place from 1669 to 1673 in Le Havre, a commercial city easily accessible from Paris, in order to attract the greatest number of merchants from the capital.

Due to the Dutch War, the English Channel became less secure, as the Dutch fleet cruised there, so the cargo of the Soleil d'Orient was sold at La Rochelle in 1674 to prevent its capture by enemy vessels. However, due to the lack of bidders due to the distance from La Rochelle, the sale was mediocre and some of the goods remained in store.

The sales then took place in Rouen, from 1676 to 1688, a merchant port even closer to the capital than Le Havre. The success of the sales confirmed the relevance of the choice of Rouen for their development, a city chosen by the company throughout the period of peace which lasted until 1689, the beginning of the Augsburg league.

Always to avoid the Channel where the English and Dutch enemy fleets crossed, the sales moved to Nantes from 1689 to 1734. Then, to limit the transhipment of goods from Lorient to Nantes, from 1735 and until the Revolution, the sales were now held in Lorient, the company's home base since its creation (Sottas J., 1994, p. 396; Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 77-87; Haudrère Ph., 2005 , I, pp. 307-312).

SALES PREPARATION

As one of the members of the Compagnie des Indes noted, "only competition from merchants maintains prices", so the directors had every interest in giving the greatest impact to these public sales. From 1669, the Gazette and then the Mercure galant, both controlled by the royal powers, announced the arrival of the ships of the Compagnie des Indes fairly regularly, with a delay varying from three to fifteen days after their arrival.

From August 1684, the Mercure galante irregularly published lists of shipments, copied verbatim (AN, col/C/1/17, f° 17-17 v°. Mercure galant, August 1684, p. 81-83; September 1687, pp. 77-81; September 1688, pp. 91-96; October 1695, pp. 318-324; November 1695, pp. 182-191; September 1696, pp. 186-191; September 1700, p. 205-213; September 1701, pp. 303-310; August 1703, pp. 327-329). This distribution, launched in 1684 by the directors of a company on the edge of ruin, testified to their desire to make the dates and content of the sales known to as many people as possible in order to attract as many buyers as possible. In the 18th century, the Mercure de France published the names of ships arriving safely, but no longer lists of cargoes, which appeared instead in specialized journals such as the Gazette du Commerce.

The publication of lists describing succinctly the contents of the cargoes one to three weeks after the arrival of the ships, according to Dutch practice, was the next step. These lists, aimed at merchants and other potential buyers, included all the practical information necessary to prepare their trips and purchases: the names of the vessels, their date of arrival in Lorient, the place and days of the sales, as well as the period of time during which the goods would be displayed before the auction. These lapidary lists began with fabrics and continued with spices and other miscellaneous goods, with lacquerware and porcelain bringing up the rear.

At the same time, “the time of this sale is notified to merchants and traders by posters that are affixed in public places in the main cities of the kingdom” (Savary des Bruslons, 1723-1730, art. “Toile”). Delays in the opening of sales were also brought to the attention of merchants and traders by means of posters (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 87-93; Haudrère Ph., 2005, I, p. 307).

AUCTIONS

While in Le Havre and Rouen the text did not indicate the location of the sales, in Nantes, they were held “in the Hôtel de la Bourse”. After their final transfer to Lorient, an auction room was built in a pavilion, which still exists.

A few days before the sale, a representative sample of the contents of each type of goods was taken from the boxes and presented to potential buyers, so that they could judge their quality and condition and select those of interest. In the early 1670s, this presentation lasted eight days, reduced to six in 1676 and then three in the early 1680s (AM Lyon, HH 313, 323).

Sales were made from 9 a.m. to 8 p.m. and lasted several days, until the shipments were exhausted, always in the presence of two to three directors from Paris (AN, col/C/1/24, f 91; C/2/6, f° 170; Municipal Arch. Lyon, HH 313, f°125, 162 and HH 318, September 27, 1684. Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 87- 93; Haudrère Ph., 2005, I, pp. 307-308; Croix A.-Desroches J.-P.-Guillet B.-Rey M.-C., 2010, pp. 56-57; Estienne R., 2013, pp. 240-249).

BUYERS AND TRANSPORT IN PARIS

Merchants from Nantes and Lorient constituted the majority of buyers, some buying for Parisian colleagues, who were rarely present due to the distance and the cost of travel and accommodation (Haudrère Ph.-Le Bouëdec G., 1999, p. 87-93; Haudrère Ph., 2005, I, pp. 308-327; Estienne R., 2013, pp. 240-249).

From Nantes, the goods were transported by boat, therefore at a lower cost, to Orléans by the Loire, then transferred to carts for transport to Paris.

From 1735, land transporters, or rouliers, ensured the transport of goods from Lorient to Paris by road. Transporters by water or by land were responsible for the delivery time and the condition of the goods upon arrival, except for exceptional accidents (SHD Lorient, 1 P 284A.105.1; 1 P 284A.111.21 and 22; 1 P 288A.175.29 and 53 Savary des Bruslons J., 1723-1730, art. “Roulier”, “Voiture”, & “Voiturier”). Departure days depended on the roulier, who was probably waiting for his vehicle to be full. It was also possible to send the goods by courier on fixed departure days, but the cost was then multiplied by five.

In Paris, the retail sale of porcelain, lacquerware, and wallpaper fell under the jurisdiction of the guilds of marchands-merciers and faïenciers for the former.

Conclusion

The trade with the Indies and China that developed in the 17th century foreshadowed the great international trade to come. The Compagnies des Indes orientales ensured the bulk of these exchanges and constituted a great adventure at once political, economic, technical, geographical, and social. They were the first companies with shareholders; their monopoly made it possible to pull together the very large necessary funds that a simple individual could not provide, in order to concentrate capital, energy and skills; regular rotations and imported volumes increased throughout the century, an evolution that contrasted with the one-off shipments of the 16th century. The Compagnie Française des Indes orientales was eminently political, as the will of Louis XIV and Colbert and the share of the State remained significant. This state presence explains the lack of flexibility of the administration of the company and its difficulty in adapting to changing commercial, strategic, and political conditions in the second half of the 18th century (Haudrère Ph., 2005, II, p. 819-825).

Among the various products it imported, the fabrics, porcelains, lacquer, and wallpapers had a profound influence on European taste and art, from perspectives both aesthetic and technical. Oriental porcelain stimulated research in manufactories for earthenware, then soft porcelain, in attempts to imitate it and discover the technique of true hard porcelain, which became feasible with the discoveries of kaolin deposits in Meissen in 1709, then in Saint-Yriex, near Limoges, in 1769. Lacquers were at the origin of the vernis Martin technique, while Chinese wallpaper encouraged manufacturers to go beyond domino paper. Research on wallpaper in Paris in the second half of the 18th century led to the development of major manufactories at the end of the 18th century, one of the most famous of which was in Réveillon. National production gradually supplanted Chinese imports, which regained a certain vogue in the second half of the 19th century.

Aesthetic research transcended technique and there was a transference in appearances: the blue and white decorations of the porcelain and furniture of Trianon reflected the polychromy in porcelain so fashionable at the time; at the same time, the vernis Martin furniture imitated lacquer while using the principle of the blue and white decoration of porcelain; while at Sèvres certain decorations in porcelain imitated lacquer, and others marquetry wallpaper. This manufactory also participated in the development of the preference for light colours in the 18th century and imitation by the large porcelain manufactories.

Oriental motifs also offered a source for a new ornamental vocabulary, freely taken up and adapted by European artists. They widened the field of creation towards more freedom, fancy, and bemused curiosity regarding this elsewhere, which was endlessly fascinating, as well as the stuff of fantasy.

Article by Stéphane Castelluccio (translated by Benjamin West)

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Claude-Antoine semble se fournir dès 1722 auprès des ventes de la Compagnie des Indes à Nantes, en particulier pour des meubles et des panneaux en vernis ou en laque et très vraisemblable des porcelaines orientales. (Source : Wolvesperges, Thibaut, Le Meuble français en laque au XVIIIe siècle, éditions de l’Amateur : Paris, Ed. Racine, 2000, p. 166-168, p. 220-222 et notice Agorha "Claude-Antoine Julliot" rédigée par Sylvia Vriz.)

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La compagnie française des Indes orientales est créée en 1664 par Louis XIV et Jean-Baptiste Colbert.

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16/03/2022
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16/03/2022
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Institut national d'histoire de l'art (France)
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Rédacteur
Stéphane Castelluccio