Portrait d'un étudiant en philosophie
Le portrait de l’étudiant en philosophie est le premier panneau et portrait connu de Capassini dans l’historiographie. Présent dans les collections du Musée Calvet depuis 1834 après un achat auprès du marchand Guérin, il est mentionné par les historiens dès la seconde moitié du XIXe siècle en raison de la signature au revers, sans que l’identité du jeune homme de dix-neuf ans n’ait pu être élucidée d’après le rébus inscrit sur le tableau. Il est vêtu d'un pourpoint blanc à crevés, d'une large fraise typique de la seconde moitié des années 1570, ainsi que d'un chapeau à haute calotte. Il porte une cape noire sur son épaule gauche, selon la mode de son époque. On ignore dans quelle université le jeune homme suit son cursus, mais l’on peut établir quelques hypothèses au regard du parcours géographique de Capassini. L’Université de Lyon date seulement du XIXe siècle et celle d’Avignon ne possède officiellement une chaire de philosophie qu’à partir de 1666 (fondée par l’archevêque Dominique de Marinis dans la seconde moitié du XVIIe siècle ; V. Laval, Cartulaire de l'Université d'Avignon, 1303-1791, Avignon, 1884, p. xxxix). Il est donc vraisemblable que le commanditaire ait fréquenté les bancs de l’Université d’Aix, qui possède une chair de philosophie dès 1476 (F. Belin, Histoire de l’ancienne université de Provence, ou histoire de la fameuse université d’Aix d’après les manuscrits et les documents originaux. Première période, 1409-1679, Paris,1896, p. 134). Il est probable que Capassini ait établi un réseau sur place avant ou autour de 1564, lorsqu’il est engagé pour participer aux décors de l’entrée de Charles IX et Catherine de Médicis (J. Boyer, La peinture et la gravure à Aix-en-Provence aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles (1530-1790), Lille, 1972, p. 93). Par pure spéculation, on peut relever la présence de la famille Colonia, ou Colonna selon les orthographes, à Aix dès le second quart du XVe siècle et qui serait originaire du Piémont. L’intrigante présence de la colonne au milieu du rébus pourrait-elle y faire allusion ? Plusieurs branches sont documentées et portent pour armes de gueules, à une colonne d’or. Les informations sur les différents membres de cette famille, souvent liés au parlement et à la fonction juridique, sont parcellaires, notamment les dates de naissance (le jeune homme doit naître autour de 1558 car il est dit âgé de 19 ans en 1577). En revanche, si les lettres “I.V.” sont des initiales, cette hypothèse est invalide.
Il s’agit de la dernière œuvre connue du peintre. Malgré sa qualité moyenne, peut-être due en partie au mauvais état de conservation de la matière picturale, elle exhibe les caractéristiques essentielles de la manière de Capassini, en particulier dans les morphologies du nez et des yeux. En revanche, on peut relever le format plus étriqué du corps, qui n’occupe plus l’entièreté de la largeur. Cette évolution pourrait être due à une influence des portraits de Corneille dans la région. Il est intéressant de relever que Léon Horsin-Déon (L. Horsin-Déon, Essai sur les portraitistes français de la Renaissance contenant un inventaire raisonné de tous les portraits du XVIe siècle des musées de Versailles et du Louvres (1483-1627), Paris, 1888, p. 110), en évoquant la production d’Etienne de Martellange, estime avoir affaire à ce dernier face au Portrait d’un étudiant en philosophie du musée Calvet d’Avignon, jusqu’à ce qu’il repère la signature de Capassini au verso. Cet exemple illustre bien à quel point les deux peintres sont proches par leur manière, justifiant le fait que certaines œuvres sont difficilement attribuables de façon univoque à l’un ou l’autre.
1577. I [une boule] V.
peinte en noir
C. [une colonne] I.A.L.M.
a. JP./ Inconnu. N° 7 Portrait d'un jeune étudiant Italien
à la plume, encre brune
oeuvre signée
Hypothèse basée sur le fait que, dans la Vallée du Rhône, seule Aix possède une université avec une chaire de philosophie en 1577.
Achat chez Guérin à Avignon, 1834.
achat chez Guérin à Avignon, 1834 ; Avignon, musée Calvet, inv. 834.4.4
p. 219-220
p. 30-31.
p. 177, 182