Sculptures de la caisse du retable de saint Georges
Sculptures de la caisse du retable provenant du maître-autel de l’église de Sankt Georgen an der Ahr (Tyrol du Sud) : statues de saint André, dans le compartiment dextre, de saint Sébastien (?), dans le compartiment senestre, de saint Georges terrassant le dragon, dans le compartiment central avec reliefs complémentaires fixés sur le fond (château avec le roi et la reine, parents de la princesse, la princesse agenouillée, douze éléments représentant le sol).
- Identification du bois, Centre technique du bois, Paris, et Roger Dechamps, Service d’anatomie des bois du musée royal de l’Afrique centrale, Tervuren (Belgique), 1991.
- Analyses de la polychromie, Laboratoire de recherche des musées de France, Sylvie Colinart, Myriam Eveno, 1991.
- Étude et restauration, Anne Gérard-Bendelé, Aubert Gérard, Pascale Klein, Juliette Levy-Hinstin, Marie-Emmanuelle Méyohas, 1990-1991.
- Observation, Sophie Guillot de Suduiraut, Juliette Levy-Hinstin, Laurence Brosse, 2021.
1.Saint André (compartiment dextre) :
Statue taillée dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, cavité cylindrique (diamètre : 2,3 cm environ) ultérieurement comblée par une pièce de bois ; cavités sous la base (non observée en 2021).
- Revers (non observé en 2021) évidé à la hache.
- Élément assemblé à l’origine : main gauche et livre.
- Retaille : côtés retaillés après la pose de la polychromie, pour adapter la sculpture aux dimensions du compartiment.
- Légère attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Éclats sur le visage, les cheveux, la barbe et les vêtements.
- Interventions postérieures : restitution de trois orteils (le pouce et les deux suivants) du pied droit.
2. Saint Georges à cheval (compartiment central) :
Sculpture taillée dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur le poitrail et la croupe du cheval, sur la tête de saint Georges et le ventre du cheval, cavités cylindriques (diamètre : 3,5 cm environ) ultérieurement comblées par une pièce de bois ; en raison de son format particulier, la sculpture a été, lors de la taille, fixée alternativement selon deux axes différents, d’une part du poitrail du cheval à sa croupe, d’autre part de la tête du saint au ventre de sa monture (sous le ventre, la pièce de bois a été sciée après l’application de la polychromie).
- Revers (non observé en 2021) partiellement travaillé ; revers de la tête du saint évidé.
- Éléments assemblés à l’origine : trois jambes du cheval assemblées par chevillage ; jambe gauche du saint clouée et retaillée, plusieurs petites pièces assemblées ; sur le devant du turban, au centre, plusieurs petites cavités : probablement traces de fixation d’un plumet.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : l’extrémité du pouce, de l’index, du majeur et de l’auriculaire la main droite ; la lance tenue dans cette main ; extrémité du soleret droit ; éclats.
- Interventions postérieures : restitution partielle du harnais du cheval ; restitution de l’extrémité de l’annulaire de la main droite et de plusieurs petites pièces de l’armure.
3. Le dragon (compartiment central) :
Sculpture taillée dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle) avec éléments secondaires assemblés.
- Revers (non observé en 2021) : traces de hache et de gouge ; sciage et retaille (?) côté senestre.
- Dessous (non observé en 2021) : fentes radiales rayonnant à partir du cœur de l’arbre en partie centrale ; traces de sciage ; plusieurs cavités.
- Cou : fente comblée par un flipot ; cavité (diamètre : 0,5 cm environ) avec clou forgé.
- Sous la gueule : cavité (1 cm x 0,5 cm environ).
- Éléments assemblés : oreilles ; langue (manquante) ; queue.
- Manques : langue ; extrémité de l’oreille gauche ; éclats.
- Interventions postérieures : oreille droite restituée ; oreilles recollées ; queue recollée et clouée.
4. Le château avec le roi et la reine (compartiment central) :
Relief taillé dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle).
- Revers (non observé en 2021) : partie centrale plane, parties latérales en biais ; traces de scie et de hache ; plusieurs cavités ; un clou forgé en bas à dextre.
- Éléments assemblés : les mains (manquantes) ; éléments (restitués) sur les architectures.
- Relief fixé à l’aide de chevilles et de clous forgés sur le fond du compartiment.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : les mains ; éclats.
- Interventions postérieures : restitution (en bois de feuillu clair : tilleul ?) de la base de la tour senestre et l’extrémité de son toit, d’éléments en saillie sur le toit du bâtiment central.
5. La princesse (compartiment central) :
Relief taillé dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle).
- Revers plat (non observé en 2021) : traces de hache et de gouge ; plusieurs cavités et clous forgés.
- Éléments assemblés : les mains (main gauche manquante).
- Relief fixé à l’aide de chevilles et de clous forgés sur le fond du compartiment.
- Manque : la main gauche
6. Douze éléments représentant le sol rocheux ou herbeux (compartiment central) :
Chaque relief taillé dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle).
- Revers plats (non observés en 2021) : traces de sciage ; plusieurs cavités.
- Reliefs fixés à l’aide de chevilles et de clous forgés sur le fond du compartiment.
- Éclats.
7. Saint Sébastien (?) (compartiment senestre) :
Statue taillée dans une pièce de bois (pin cembro, dit aussi pin arolle) avec éléments secondaires assemblés.
- Traces de fixation dans l’étau de l’établi : sur la tête, cavité cylindrique (diamètre : 2,5 cm environ) ; plusieurs cavités sous la base (non observée en 2021) et trois clous forgés.
- Revers (non observé en 2021) évidé à la hache.
- Éléments assemblés à l’origine : les mains (disparues), le turban, présentant un percement (diamètre : 2, 5 cm environ), fixé par deux clous (un manquant) ;
- Détails sculptés : imitation de fourrure sur le col et le bord du manteau.
- Retaille : côtés retaillés après la pose de la polychromie, pour adapter la sculpture aux dimensions du compartiment.
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : les mains ; éléments sur le bord des manches ; éclats.
- Interventions postérieures : restitution d’une partie d’un pli de la manche droite et de l’extrémité de la chaussure.
Polychromie d’origine et, localement, polychromie postérieure (19e siècle).
Préparation blanche (roche dolomitique) ; couche d’encollage sur la préparation.
1.Saint André
- Manteau : bol, or ; bordure ornée de motifs végétaux gravés dans la préparation.
- Robe : argent, glacis rouge.
- Revers du manteau : sous-couche noire, bleu (azurite).
- Couverture du livre : rouge.
- Sol : vert (terre verte, bleu au cuivre).
- Cheveux et barbe : gris.
- Carnations : rose pâle, avec rehauts plus soutenus ; lèvres : rouge ; yeux : iris gris cernés d’une ligne noire, bord des paupières souligné de brun sombre, cils indiqués par des traits bruns sur la paupière supérieure ; sourcils brun clair indiqués par des petits traits transversaux.
2.Saint Georges à cheval et le dragon
- Armure du saint, boules sur le harnais du cheval : bol orangé, or, couche de colle protéinique ; or parti sur des zones peu visibles.
- Solerets : argent, glacis jaune.
- Bourrelet : alternance or et argent.
- Cheval : couche grise (blanc de plomb) semée de taches plus sombres pour évoquer une robe pommelée (couche grise (postérieure).
- Harnais : rouge (minium, vermillon).
- Dragon : jaune ; vert (malachite), glacis vert.
- Cheveux : bol, or parti.
- Carnations : rose pâle, avec rehauts plus soutenus ; lèvres : rouge ; yeux : iris gris cernés d’une ligne noire, bord des paupières souligné de brun sombre ; sourcils brun clair.
4.Château
- Vêtements et couronnes du roi et de la reine : or.
- Architectures : gris, noir, rouge, bleu.
- Carnations : rose.
5.Princesse
- Manteau : bol, or
- Turban de la princesse : argent, glacis jaune.
- Cheveux : mixtion, or.
- Sol : vert.
- Carnations : rose.
6.Douze éléments représentant le sol rocheux ou herbeux
- Sol rocheux : pigments noirs et mélange de paillettes de mica,limaille de plomb, pyrite de fer.
- Sol herbeux : vert (terre verte,bleu au cuivre).
7.Saint Sébastien (?) :
- Manteau : bol orangé, or ; or parti sur des zones peu visibles (notamment à l’intérieur d’un pli à hauteur de la manche).
- Robe : décors moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués » (colle protéinique, roche dolomitique, feuilles d’étain) rehaussés de motifs vert (glacis vert).
- Chaussures : rouge, glacis rouge.
- Turban : argent, glacis vert.
- Sol : vert (terre verte, bleu au cuivre).
- Cheveux : bol, or parti.
- Carnations : rose pâle, avec rehauts plus soutenus ; lèvres : rouge ; yeux : iris gris cernés d’une ligne noire, bord des paupières souligné de brun sombre.
Saint André
Saint Georges à cheval
Le dragon
L’iconographie de la caisse est centrée sur la figure de saint Georges, auquel fut consacré, en 1483, le maitre-autel de l’église Sankt Georgen dont provient le retable. Le saint chevalier légendaire est mis à l’honneur dans le compartiment central de la caisse. L’épisode le plus populaire de l’histoire de saint Georges, diffusée en Occident par la Légende dorée de Jacques de Voragine, est le combat du saint contre le dragon. Les habitants d’une ville étaient menacés par un dragon auquel ils devaient offrir chaque jour deux brebis, puis, quand il en manqua, une brebis et un jeune homme ou une jeune fille tirés au sort. Lorsque la fille du roi fut désignée, elle fut sauvée par saint Georges, un officier de l’armée romaine qui, montant sur son cheval et faisant un signe de croix, attaqua le dragon et le transperça de sa lance. La princesse agenouillée et ses parents accoudés au balcon de leur château sont représentés sur les reliefs appliqués contre le fond de la caisse du retable. Selon un type usuel, saint Georges a un visage juvénile, une abondante chevelure bouclée ceinte d’un bourrelet, il porte une armure médiévale et brandit une lance (disparue) pour tuer le dragon.
Deux saints sont figurés dans les compartiments latéraux de la caisse. A dextre, l’apôtre saint André est reconnaissable à son attribut, la croix en forme de X, instrument de son martyre. A senestre, le jeune saint en costume civil, coiffé d’un gros turban, a perdu ses mains et son attribut, mais il est peut-être identifiable à saint Sébastien. Dans cette hypothèse, il pourrait suivre un type iconographique particulier, qui montre le saint en jeune homme élégant tenant en main les flèches de son martyre. Ce type est fréquent en Allemagne à la fin du Moyen Age, en parallèle aux images du martyr chrétien attaché à un arbre, le corps dénudé criblé de flèches.
Autriche, Tyrol, Tyrol du Sud (Südtirol)
sculptures de la caisse attribuées à un sculpteur travaillant pour l’atelier du peintre Simon von Taisten mentionné de 1489 à 1510 (Guillot de Suduiraut, 1991)
Retable provenant de l'église Sankt Georgen an der Ahr, (Tyrol du Sud, actuellement Italie, région du Trentin-Haut-Adige), où il était placé sur le maître-autel consacré en 1483. Retiré de l’église vers la fin du 17e siècle. Lors de son démontage, ou par la suite, perte du couronnement et des volets de la caisse, et remaniement de la prédelle. Transport à Bruxelles au 19e siècle. Collection César Fontaine. Acquisition à Lille auprès de l’antiquaire Hourez, 1891.
Sculptures de la caisse du retable provenant du maître-autel de l’église de Sankt Georgen an der Ahr (Tyrol du Sud).
tome IV, p. 70-78, n° 94 (p. 70 : « Grand Rétable en bois sculpté, polychromé et doré Allemagne XVIe siècle […]. Acquisition [acheté à Hourez antiq. à Lille]. Proviendrait d’une église de Bamberg ou des environs […]. » ; p. 75 : « Cet important monument de la sculpture allemande au déclin de l’influence gothique est d’autant plus digne d’intérêt qu’il a conservé sa polychromie du temps d’une façon quasi intégrale […]. » ; p. 76-77 : « […] Ce retable possédait autrefois des volets peints […]. Le marchand qui s’était rendu acquéreur du tout, ayant vendu séparément les volets, céda le retable sculpté au Musée de Lille pour la somme de 1700 francs environ […]. »).
p. 20, n° 343 (« […] le grand retable de la fin du XVe siècle serait la pièce centrale d’un autel de l’église de Bamberg (Bavière) ; au centre, grande figure équestre de Saint Georges encadrée de deux saints, dans un décor d’architecture polychromée et dorée. De caractère allemand également […] »).
p. 37-38, 442 (Tyrol du Sud, caisse : saint Georges, saint André, saint Sébastien [?], vers 1490-1500 ; prédelle : le Christ de douleur entre deux apôtres, vers 1490-1500 ; volets de la prédelle : saint Henri, sainte Cunégonde, vers 1520).