Caisse et prédelle du retable de saint Georges

La caisse 

1. Bâti de la caisse (pin cembro, dit aussi arolle) constitué de cinq parties (fond vertical, deux faces latérales, dessus, dessous).

- Planches verticales constituant le fond : assemblées à plat-joint (sauf l’assemblage central à rainure et languette) et fixées par des chevilles et des clous ; les deux planches dans la partie centrale sont fixées aux planches latérales par des chevilles ; toutes les planches sont fixées par des chevilles et des clous aux dessus et dessous de la caisse.

- Compartiment central plus profond que les deux compartiments latéraux : au revers, partie centrale du fond en légère saillie (P. 14 cm ; L. : 91 cm) de forme trapézoïdale.

- Planches constituant les faces latérales assemblées à queues d’aronde à la planche formant le dessus de la caisse (sciée en deux postérieurement).

- Utilisation d’une pointe à tracer sur le dessus de la caisse.

- Traces des quatre charnières métalliques (chacune H. 19 cm ; L. 6 cm) qui fixaient sur les côtés les deux volets à la caisse.

2. Intérieur de la caisse divisé en trois compartiments, comprenant plusieurs éléments assemblés : les deux pilastres séparant les compartiments ; les trois dais, les différents éléments du décor architectural ; les soubassements des sculptures (H. 27,5 cm) ; les éléments du décor de l’encadrement de la caisse et des pilastres ; les reliefs fixés sur le fond du compartiment central par des chevilles et des clous (le château, la princesse et douze reliefs représentant le sol et des rochers).

3. Interventions et dommages postérieurs :

- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).

- Caisse sciée verticalement, probablement lorsque le retable a été enlevé de l’église de Sankt Georgen vers la fin du 17^e siècle ; ajout d’une planche sur le dessus de la caisse ; au 19^e siècle, lors du remontage du retable : restitution, en deux parties, de la planche du dessous de la caisse (renforcée par un doublage lors de la restauration de 1990-1991) ; nouvelle fixation des reliefs sur le fond du compartiment central : certains n’ont pas été remis à leur emplacement d’origine ; restitution en tilleul (sans polychromie) de nombreux éléments du décor architectural, qui ont été fixés par des clous : enroulements de rinceaux sur l’encadrement du bâti de la caisse, colonnettes torses des pilastres, pinacles, fleurons, console senestre et une partie haute du pilastre senestre ; des éléments détachés, d’origine ou restitués, ont été remis en place et refixés par collage ou chevillage (en 1990-1991).

La prédelle 

1. Bâti de la prédelle de forme parallélépipédique, constitué de planches de bois (épicéa), avec parties latérales assemblées. Au revers, partie centrale en saillie en forme de console sous la saillie de la caisse (P. : 14 cm ; L. : 74 cm).

- Assemblage à la planche du dessus mouluré et celle du dessous de la prédelle par des tenons passants, bloqués par des coins.

- Utilisation d’une pointe à tracer sur le dessus de la prédelle.

2. Intérieur de la prédelle (observé après démontage lors de la restauration en 1990-1991) :

- Compartiment central (H. : 61 ; L. : 74 ; P. : 27)

- Marques de montage dans la partie latérale dextre (traits, lettres ou formes géométriques tracés à la sanguine).

- Traces de charnières sur les chants externes des parois latérales du compartiment central : deux charnières (H. : 7,5 cm) de chaque côté attestant la présence à l’origine de deux volets mobiles, qui se refermaient sur le compartiment (disparus et remplacés par deux panneaux peints fixes provenant d’un autre retable).

- Traces de la fixation d’un dais (disparu) en partie haute du compartiment central : chevilles et cavités pour des chevilles.

3. Interventions et dommages postérieurs :

- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).

- Interventions postérieures : perte de plusieurs éléments et important remaniement s (dais, volets mobiles, sculptures du compartiment central) et important remaniement (19^e siècle) ; les panneaux fixes de la face de la prédelle, de part et d’autre du compartiment, ont été remplacés par deux anciens volets de prédelle, peints sur leurs deux faces, provenant d’un autre retable (réduits en hauteur par sciage pour les adapter aux dimensions de la prédelle) ; deux planches (bois résineux) ont été ajoutées de part et d’autre du compartiment central et les montants ont été restitués (pin).

Polychromie d’origine sur la face et le revers de la caisse et de la prédelle du retable.

Encollage du bois, par endroits surface du bois incisée et fibres végétales encollées sur certains joints des assemblages, nœuds ou fentes du bois. Préparation blanche (roche dolomitique -carbonate double de calcium et de magnésium- et colle protéinique) appliquée en plusieurs couches.

- Partie supérieure du fond des trois compartiments de la caisse : rinceaux gravés dans la préparation, bol orangé, or ; dans le compartiment central, surface du fond dissimulée par les reliefs appliqués (château, princesse) : laissée en réserve.

- Encadrement de la caisse, dais, pilastres : alternance de dorure (bol, or), d’argenture (bol, argent), de rouge (vermillon) et de bleu (sous-couche noire, bleu azurite) sauf sur les soubassements.

- Côtés des deux compartiments latéraux de la caisse et du compartiment de la prédelle : décors moulés et appliqués, dits « brocarts appliqués », non dorés, au même dessin géométrique (stratigraphie : 1. colle protéinique chargée de roche dolomitique, 2. feuille d’étain, 3. rehaut de glacis rouge) ; sous les décors moulés et appliqués, surface peinte en vert à hauteur des sculptures de la caisse ; localement, motif végétal dans le compartiment central ; silhouettes des sculptures laissées en réserve sur les fonds ; des réserves sur le champ bleu des pilastres indiquent que se trouvaient à l’origine deux sculptures (disparues) placées sous des dais.

- Les réserves dans le compartiment de la prédelle correspondent à la forme des sculptures d’origine (disparues) de dimensions plus réduites, et non à celle des trois figures ajoutées au 19^e siècle ; la couche ocrée, posée sur la préparation sous les décors moulés et appliqués, est apparente dans les réserves ; les contours des sculptures sont indiquées par des lignes peintes en noir sur la préparation ; une draperie tendue sur le fond est évoquée par les motifs des décors moulés et appliqués, par des lignes géométriques peintes en noir dans la partie supérieure et par une frange rouge et verte dans la partie inférieure.

- Bord mouluré de la planche du dessus de la prédelle : moulure supérieure, rouge ; doucine : sous-couche noire, bleu (azurite) ; moulure inférieure : bol, argent (?).

- Voûtes et doucines des arcs des dais, champ de l’encadrement de la caisse et des pilastres entre les compartiments, partie supérieure du compartiment de la prédelle, moulures des parties latérales : sous-couche noire, bleu (azurite).

- Bords externes de la caisse, moulures des arcs des dais, bas des deux pilastres, parties latérales de la prédelle : rouge (vermillon) ; sur les bords de la caisse, motifs floraux (mixtion, argent) exécutés au pochoir sur le fond rouge.

- Partie inférieure du fond du compartiment central de la caisse : touches de vert ou de gris posées directement sur le bois, après la pose des reliefs en suivant leurs contours.

- Revers et faces latérales de la caisse et de la prédelle : grands rinceaux peints en camaïeu vert (pigment vert : cuivre associé à de l’arsenic et de l’antimoine), rehaussés d’accents noirs et blancs, et sur la prédelle, de fruits et feuillages rouges. Au revers de la prédelle, nombreux graffiti des 15e, 16e et 17e siècles.

caisse

Les graffiti inscrits par les fidèles au revers de la prédelle ont révélé des dates (des 15e, 16e et 17e siècles) et plusieurs noms couramment portés dans le Tyrol du Sud, pour certains originaires des environs de Bruneck. Les noms ont permis de déterminer le lieu d'origine du retable, l'église de Sankt Georgenan der Ahr, localité proche de Bruneck, et les dates ont aidé à préciser son histoire.

inscription à la peinture noire indiquant que le retable a été transporté à Bruxelles

Retable provenant de l'église Sankt Georgen an der Ahr, (Tyrol du Sud, actuellement Italie, région du Trentin-Haut-Adige), où il était placé sur le maître-autel consacré en 1483. Retiré de l’église vers la fin du 17^e siècle. Lors de son démontage, ou par la suite, perte du couronnement et des volets de la caisse, et remaniement de la prédelle. Transport à Bruxelles au 19^e siècle. Collection César Fontaine. Acquisition à Lille auprès de l’antiquaire Hourez, 1891.

tome IV, p. 70-78, n° 94 (p. 70 : « Grand Rétable en bois sculpté, polychromé et doré Allemagne XVI^e siècle […]. Acquisition [acheté à Hourez antiq. à Lille]. Proviendrait d’une église de Bamberg ou des environs […]. » ; p. 75 : « Cet important monument de la sculpture allemande au déclin de l’influence gothique est d’autant plus digne d’intérêt qu’il a conservé sa polychromie du temps d’une façon quasi intégrale […]. » ; p. 76-77 : « […] Ce retable possédait autrefois des volets peints […]. Le marchand qui s’était rendu acquéreur du tout, ayant vendu séparément les volets, céda le retable sculpté au Musée de Lille pour la somme de 1700 francs environ […]. »).

p. 20, n° 343 (« […] le grand retable de la fin du XV^e siècle serait la pièce centrale d’un autel de l’église de Bamberg (Bavière) ; au centre, grande figure équestre de Saint Georges encadrée de deux saints, dans un décor d’architecture polychromée et dorée. De caractère allemand également […] »).

p. 37-38, 442 (Tyrol du Sud, caisse : saint Georges, saint André, saint Sébastien [?], vers 1490-1500 ; prédelle : le Christ de douleur entre deux apôtres, vers 1490-1500 ; volets de la prédelle : saint Henri, sainte Cunégonde, vers 1520).