Bella Matribus detestata
envoi 4e année
Au mois d'août 1871, alors qu'il cherche un sujet d'envoi pour sa deuxième année, Merson arrête l'idée générale du Sacrifice à la Patrie. Il décrit, dans une lettre à son père, ce projet qu'il réservera finalement pour sa dernière année : « un jeune homme mort, une épée brisée à la main et la tête couronnée de lauriers est étendu sur l'autel de la patrie. Une vieille femme, sa mère, ou une femme, son épouse, maudit le ciel, ou bien pire, ou bien pleure, ou bien se bouche les oreilles pour ne pas entendre les éclats de la trompette que sonne une Gloire Militaire placée d'un côté de l'autel, tandis que de l'autre, l'Espérance avec le calice de la Religion, touche du doigt la vieille femme et la jeune ; le tout se passe dans un bois de lauriers desséchés. » (Archives privées Merson, lettre du 24 août 1871) Dès cette époque, Merson a une idée très claire de son futur tableau et l'on voit que la plupart des figures allégoriques sont déterminées ainsi que leur place et leur rôle dans la composition. Entre 1872 et 1873, Merson va affiner son sujet et exécuter de nombreuses études préparatoires, notamment de draperies. Le 15 février 1873, l'artiste commence l'esquisse de son envoi qui est achevée vers le mois de mai, date à laquelle il réalise la transcription de l'esquisse sur un grand carton. A l'enthousiasme de mai vont succéder des mois de doutes et de découragement. L'artiste tâtonne, essaye, prend les conseils de ses camarades, de Joseph Blanc entre autres, et revoit certaines parties de son tableau, notamment le temple placé au fond du tableau dont la réalisation en perspective n'ira pas sans peine. Merson commence l'exécution de son tableau vers le mois d'octobre 1873, mais le travail est ralenti par les changements nombreux que le peintre effectue sur sa toile. Entre les mois de janvier et d'avril, date de l'ouverture de l'exposition à Rome, Merson avance lentement son envoi qui sera exposé inachevé, malgré tous ses efforts, à l'exposition de la Villa Médicis. L'artiste reprend son tableau entre l'exposition de Rome et l'expédition de l'envoi à Paris, au mois de juin 1874. Le Sacrifice à la Patrie est exposé inachevé à l'École des beaux-arts à la fin du mois de juin. De retour à Paris vers le début du mois d'août, Merson reprend son tableau afin de l'achever. Exposé au Salon de 1875 où l'envoi est acheté à l'artiste par un britannique, un certain M. Duncan, pour une somme de 10 000 ou 12 000 francs (Archives privées Merson, lettre du 29 mai 1875). D'après Giraldon, l'envoi se serait retrouvé quelques années plus tard dans un hôtel à Édimbourg, scindé en deux parties par le milieu afin d'orner deux murailles (Giraldon, 1929 ; Lechleiter, 2008, p. 118-121). Oeuvres en rapport : Nantes, musée des beaux-arts : Étude de drapé pour la figure de gauche (recto), crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 34. D. ) ; Étude de drapé (verso), crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 34. D. ) ; Étude d'ailes pour le grand ange, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 127. D. ) ; Étude de bras pour la mère, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » ; Étude de bras pour le jeune homme mort, crayon, fusain avec rehauts de brun sur papier canson bleu gris, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie », h. 44 cm ; l. 29 cm (inv. 983. 21. 4. D. ) ; Étude de buste d'enfant, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 15. D. ) ; Étude de cou et d'épaule d'enfant, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 7. D. ) ; Étude de drapé, Étude d'épaule, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 16. D. ) ; Étude d'homme nu aux bras levés, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (sans n° d'inventaire) ; Étude de mains jointes, crayon sur papier, annoté en bas à droite « le Sacrifice à la Patrie » (inv. 983. 21. 5. D. ). Lille, musée des beaux-arts : Étude de draperie pour le grand ange, graphite sur papier blanc, annoté en bas à droite « LOM/ Étude pour le Sacrifice / à la Patrie », h. 37 cm ; l. 25 cm (inv. P. L. 1566). Collection particulière : Le Sacrifice à la Patrie, esquisse peinte, gouache ou huile sur papier, h. 32 cm ; l. 37 cm (Cat. Merson, 2008, p. 77 ill. 27).
Envoi réglementaire de 4e année (Règlement de 1872). Exécuté à Rome en 1874, exposé inachevé à l'Académie de France à Rome en avril 1874, envoyé directement par l'artiste à Paris pour le 20 juin (Archives de l'Académie des beaux-arts, 2 E 15, 1874), exposé à Paris à l'École des beaux-arts en juin 1874, exposé à Paris au Salon de 1875, Giraldon, biographe de l'auteur atteste en 1929 de la présence du tableau en Écosse. Acquis par un hôtelier écossais dans des circonstances inconnues, le tableau avait été séparé en deux fragments : " les figures debout restaient à peu près intactes, mais le corps du jeune combattant étendu sur le tombeau, était séparé par le milieu, en deux parties " (Giraldon, 1929, p. 14).
EXPOSITIONS : 1874, avril, Rome, Villa Médicis ; 1874, Paris, juin, École des beaux-arts ; 1875, Paris, Salon, n° 1457
Base Envois de Rome FMP, fichier Objets.fp7, notice : £Merson Luc Olivier-5£ Notice créée le : 28/07/2002. Notice modifiée le : 10/07/2018. Rédacteur : France Lechleiter.