[1874, peinture, rapport Institut primitif]Rapport primitif de l'Institut sur les envois de 1874, pe [...]

L'Académie, s'en référant d'ailleurs à M. le Directeur de l'Académie de France à Rome pour les excuses qu'il pourrait juger valables, se voit à regret d'infliger un blâme à l'un des pensionnaires peintres, M. Toudouze, qui a failli à ses obligations réglementaires en ne faisant pas les envois exigés. Elle espère que dorénavant tous les pensionnaires seront exacts à remplir les engagements que le titre qu'ils portent leur impose, et que leurs travaux commencés à temps, seront prêts pour l'époque fixée par les règlements. M. Ferrier (1ère année) / M. Ferrier, qui s'est strictement conformé à toutes les prescriptions de ce règlement, a droit à des félicitations pour son tableau représentant Ganymède enlevé par l'aigle. La composition de cet ouvrage est heureuse, le dessin en est généralement élégant, la couleur agréable et vraie. [mention : observation de M. Cabanel non appuyée et retirée par l'auteur ; rayé : Quant aux observations critiques qu'il y aurait lieu de faire, elles porteraient, si l'on considère l'ensemble du travail, sur ce qu'il a d'un peu insuffisant au point de vue de la franchise et de la résolution dans le style, où si l'on passe à l'examen des détails sur quelques formes un peu incertaines sur la mollesse par exemple, de la jambe gauche, dont la construction osseuse laisse quelque chose à désirer. Le terrain aussi eût gagné à être traité avec un goût plus sévère et, à présenter un aspect ; rayé : plus caractéristique, on pourrait dire plus grec]. Le règlement exige de tout pensionnaire de 1e année l'envoi de deux dessins, l'un d'après l'antique, l'autre d'après un maître. M. Ferrier a obéit à la lettre au règlement, mais il ne semble pas en avoir bien saisi l'esprit. / Son dessin sur fond rouge reproduisant la Vénus accroupie est d'un fini qui ferait présumer chez l'artiste une préoccupation exagérée [rayé : des moyens d'arriver au trompe-l'oeil ; mis à la place : des détails au détriment du caractère général]. Son dessin d'après Raphaël est si peu satisfaisant qu'on pourrait croire qu'il n'a pas été exécuté directement d'après l'original. Ces deux dessins ne sont point ce qu'ils devraient être, de véritables études au moyen desquelles un jeune artiste s'exerce et s'élève à l'intelligence de l'art antique et de l'art des grands maîtres, à la perception intime des beautés que recèlent les chefs-d'oeuvre. Ceci soit dit d'ailleurs moins comme un reproche à l'adresse de M. Ferrier si digne à d'autres égards d'encouragement, que comme un avis dont pourront en général profiter les pensionnaires auxquels le règlement impose sagement ces deux études dessinées. M. Lematte / L'Académie loue le choix du sujet traité par M. Lematte pour l'esquisse dont il devait l'envoi, les Vestales quittant Rome, et la composition ingénieuse de cette scène. Il est regrettable toutefois que le ton des figures manque de solidité dans les ombres, et que certains sacrifices à la recherche de l'agrément pittoresque aient pour résultat d'enjoliver un peu trop l'aspect de la scène, de compromettre la gravité nécessaire en pareil cas, au style. / La copie exécutée par M. Lematte d'après Raphaël manque d'entrain et de force. On ne saurait accuser l'artiste de l'avoir peinte avec négligence, mais on doit regretter qu'il n'ait pas mieux réussi à s'assimiler les qualités de son modèle. M. Merson (4e année) / Le tableau que M. Merson a envoyé et qu'il intitule Patrie, n'est point achevé. L'Académie en loue volontiers la pensée première et l'ordonnance générale, mais elle exhorte vivement M. Merson, quand il reprendra son oeuvre pour la terminer, à se mettre en garde contre les tendances qui semblent aujourd'hui l'entraîner à l'imitation des pratiques exubérantes ou conventionnelles des maîtres de second ordre. Qu'il consulte plus directement et plus ingénument la nature, qu'il s'inspire des monuments de l'art antique et des oeuvres des maîtres souverains, de préférence aux modèles qu'il choisit imprudemment aujourd'hui [rayé : il y va de l'avenir de son talent]. M. Merson, par ses envois précédents, et notamment, par l'esquisse qu'il avait exposé l'année dernière, a donné à l'Académie le droit d'attendre beaucoup de lui. Elle a la confiance qu'il achèvera de justifier ses espérances et que, en réformant à quelques égards sa manière, il mettra d'autant mieux en relief les mérites qui lui appartiennent et les dons naturels qu'il a reçus.