Ancezune Cadart de Tournon d’Oraison, André-Joseph d'

[Objets collectionnés]

[Objets collectionnés]

[Objets collectionnés] Période Kangxi.

[Objets collectionnés] Période Transition.

[Objets collectionnés]

En novembre 1719, le marquis d’Ancezune et son épouse achètent à Paris pour 250 000 livres au sieur Duguet un terrain et un hôtel nouvellement édifié par l’architecte Gilles de La Fontaine, dont seules les mansardes sont inachevées (Constans M., 1983, p. 68). Détruit en 1876, cet hôtel est alors situé rue de Bourbon (actuelle rue de Lille), en face de l’hôtel de Torcy, occupé par son beau-père. Cette demeure est construite entre cour et jardin, et comporte deux appartements identiques au rez-de-chaussée et au premier étage. C’est dans ces lieux que le futur duc de d’Ancezune installe ses collections d’objets d’art, de tableaux, de porcelaines et de laques précieux.

On sait peu de chose sur la constitution de sa collection. En effet, bien que son cabinet ait été entièrement dispersé après sa mort en 1767, aucun catalogue imprimé n’a été édité. Seuls les inventaires après décès de son épouse, en 1749, et le sien, en décembre 1767 (AN, MC, ET/CXII/740), nous donnent un aperçu complet de cette collection.

Sa femme Françoise-Félicité meurt le 27 avril 1749. Il s’ensuit un inventaire à partir du 5 mai (AN, MC, ET/I/441). Celui-ci nous dévoile un ameublement riche et de bon goût. En 1749 apparaissent déjà des figures de bronze et des tableaux des plus grands maîtres, comme Albane, Titien, Rembrandt ou Véronèse. La marquise d’Ancezune possédait dans un de ses cabinets des boîtes, des coffres, des bougeoirs en laque rouge probablement chinoise et, sur un plateau de même laque, un cabaret en porcelaine de Chine monté en argent et une théière de terre des Indes, c’est-à-dire en grès de Yixing. On y voit également douze rouleaux, huit urnes et quatre grands cornets en porcelaine « bleu et blanc » de la Chine, ainsi que quelques porcelaines japonaises garnies en argent. Mais la grande majorité des porcelaines acquises par la marquise proviennent de Saxe.

Il en est tout autrement lors du décès du duc en 1767. La prisée de sa collection de tableaux est faite par le sieur Colins, peintre de l’académie, le 14 décembre 1767 et est vendue le 29 février 1768 dans son hôtel rue de Bourbon (Annonces affiches et avis divers, 18 février 1768, p. 145).

Le célèbre marchand-mercier Claude-François Julliot (1727-1794) effectue la prisée des porcelaines, des bronzes et des laques de la collection de feu monseigneur le duc d’Ancezune. On peut ainsi découvrir dans le cabinet au premier étage ayant vue sur la cour, au milieu des vases en porphyre, albâtre et autres pierres dures, des tables de marbre précieux et des sculptures en marbre blanc, quatre vases en porcelaine du Japon à décors kakiemon, deux oiseaux de proie en porcelaine d’Arita transformés en girandoles et plusieurs cabinets et autres meubles en laque noir et or à relief du Japon (AN, MC, ET/CXII/740). Mais c’est dans son salon au rez-de-chaussée, ayant vue sur le jardin, que son cabinet prenait véritablement place, comportant cent soixante porcelaines d’Extrême-Orient. Le duc possédait quelques porcelaines chinoises de Dehua, des céladons et des porcelaines de Chine à couverte turquoise. Mais l’essentiel de son cabinet était constitué par des porcelaines « bleu et blanc » des époques Transition (1620-1683) et Kangxi (1662-1722) et quelques céramiques bleues et blanches datant de la fin du XVII^e siècle et provenant des fours japonais d’Arita. Ces œuvres sont ornées de décors de broderie, de boccage, de modèle ou de jasmin, et la plupart sont agrémentées de montures en bronze ou en cuivre doré d’or moulu. Le duc d’Ancezune possédait plusieurs porcelaines « bleu et blanc » provenant de la prestigieuse collection de monseigneur le Grand Dauphin (1661-1711), fils de Louis XIV, dont l’article 233 cité dans l’inventaire de 1689 (sir Francis Watson et John Whitehead, « An inventory dated 1689 of the Chinese porcelain in the collection of the Grand Dauphin, son of Louis XIV, at Versailles », n^o 233). Il s’agit d’« une grande bouteille en forme de lisbet de porcelaine bleue et blanche de la Chine à broderie garnie de pied et gorge à oves en cuivre ciselé doré d’or moulu » (AN, MC, ET/CXII/740), qui appartiendra par la suite aux collections de Louis-Marie-Augustin, cinquième duc d’Aumont (1709-1782) (vente Aumont, 1782, lot 202). Datant du début de la période Kangxi (1662-1722), cette bouteille est l’un des rares témoignages de la collection du duc d’Ancezune identifiés de nos jours (collection particulière).

Si, aujourd’hui, les collections d’Extrême-Orient du duc d’Ancezune restent à redécouvrir, au Siècle des lumières, son cabinet était suffisamment renommé pour qu’il soit cité dans les catalogues des plus grandes collections de la seconde moitié du XVIII^e siècle, comme dans ceux de Pierre-Louis-Paul Randon de Boisset (1706-1776), le 27 février 1777, et du duc d’Aumont, le 12 décembre 1782.

Article rédigé par Sylvia Vriz

In November 1719, the Marquis d’Ancezune and his wife bought from Sieur Duguet land in Paris and a recently built mansion constructed by the architect Gilles de La Fontaine, of which only the attics were not completed (Constans, M., 1983, p. 68). Demolished in 1876, the mansion was located at the time on the Rue de Bourbon (now, the Rue de Lille), opposite the Hôtel de Torcy, his father-in-law’s residence. This residence was constructed with a courtyard and garden, and consisted of two identical apartments on the ground and first floor. It was in these areas that the future Duc d’Ancezune placed his collections of objets d’art, pictures, porcelain wares, and precious lacquer objects.

Very little is known about how his collection was assembled. Indeed, although is cabinet was entirely dispersed after his death in 1767, no printed catalogue was produced. Only his wife’s post-death inventories, in 1749, and his own, in December 1767 (AN, MC, AND/CXII/740), give us a comprehensive idea of this collection.

His wife Françoise-Félicité died on 27 April 1749. An inventory was subsequently drawn up as of 5 May (AN, MC, AND/I/441): it attests to rich and tasteful furnishings. In 1749, the collection already included bronze figures and pictures by the greatest masters, such as Albani, Titian, Rembrandt, and Veronese. In one of his cabinets, the Marquise d’Ancezune owned boxes, chests, red lacquer (probably Chinese) candleholders, and, on a plateau in the same lacquer, a Chinese porcelain tea service or ‘cabaret’ with a silver mount, and an East Indies pottery teapot, that is to say Yixing stoneware. There were also twelve scrolls, eight urns, and four large Chinese ‘blue-and-white’ porcelain cornet vases, as well as some Japanese porcelain objects decorated with silver. But the vast majority of the porcelain wares acquired by the Marquise came from Saxony.

It was an entirely different affair after the duke’s death in 1767. The evaluation of his collection of pictures was organised by the Sieur Colins, an Académie painter, on 14 December 1767, and it was sold on 29 February 1768 in his mansion on the Rue de Bourbon (Annonces affiches et avis divers, 18 February 1768, p. 145).

The famous marchand-mercier, or dealer, Claude-François Julliot (1727–1794), carried out the evaluation of the porcelain wares, bronzes, and lacquer objects in the collection of the late Monseigneur the Duc d’Ancezune. Hence, in the first-floor cabinet overlooking the courtyard, amidst the vases in porphyry, alabaster, and hard stones, there were tables made from precious marble and white marble sculptures, four Japanese porcelain vases with Kakiemon decorations, two birds of prey made from Arita porcelain transformed into girandoles, and several cabinets and other Japanese furniture in black lacquer or in relief (AN, MC, AND/CXII/740). But it was in the ground-floor salon that overlooked the garden, that his cabinet was truly established, comprising one hundred and sixty Far-Eastern porcelain articles. The Duc owned some Chinese porcelain objects from Dehua, celadons, and Chinese porcelain wares with a turquoise glaze. But most of his cabinet consisted of ‘blue and white’ porcelain articles from the Transition (1620–1683) and Kangxi (1662–1722) epochs, and some blue and white ceramic wares dating from the end of the seventeenth century, which came from the Japanese kilns of Arita. These works are adorned with decorations of embroidery, groves, patterns, and jasmine, and most are adorned with moulded gilt bronze or copper mounts. The Duc d’Ancezune owned several ‘blue and white’ porcelain pieces that came from the prestigious collection of Monseigneur the Grand Dauphin (1661–1711), the son of Louis XIV, including article no. 233 mentioned in the 1689 inventory (Sir Francis Watson and John Whitehead, ‘An inventory dated 1689 of the Chinese porcelain wares in the collection of the Grand Dauphin, son of Louis XIV, at Versailles’, no. 233). The article in question was ‘a large bottle in the shape of a Chinese blue and white porcelain “lisbet” vase with “embroidery” decorations, adorned at its base and neck with an egg-and-dart motif in chased and moulded gilt copper’ (AN, MC, AND/CXII/740), which was subsequently held in the collections of Louis-Marie-Augustin, the fifth Duc d’Aumont (1709–1782) (Aumont sale, 1782, lot 202). Dating from the beginning of the Kangxi (1662–1722) period, this bottle is one of the rare articles in the Duc d’Ancezune’s collection that has been identified (private collection).

Although, today, the Duc d’Ancezune’s Far-Eastern collections remain to be rediscovered, during the Enlightenment his cabinet was famous enough to feature in the catalogues of the greatest collections of the second half of the eighteenth century, as in those of Pierre-Louis-Paul Randon de Boisset (1706–1776), on 27 February 1777, and of the Duc d’Aumont, on 12 December 1782.

Article by Sylvia Vriz (translated by Jonathan & David Michaelson)