Prieur, Mathieu
La production amiénoise de Mathieu Prieur, ou Le Prieur, fils du peintre Jean Prieur, se réduit aujourd’hui à sept Puys, dont un fragmentaire, s’étalant de 1600 à 1618. Cependant, son inventaire après-décès de 1619 fait état de « sept cens pourtraictz sur carte, craionnez et esbochez de divers pourtraicts au naturel, tant hommes que femmes, de divers grandeurs, non prisé, pour iceux n’avoir peu au certain estre estimez, et aussy que ladicte Hélène Herbet, vefve, a dict avoir entendu dire plusieurs fois par ledict deffunct Me Mathieu Prieur qu’il avoit receu par advance divers deniers des particuliers représentez ausdicts pourtraicts, afin de les faire et achever ». L’impressionnant nombre de 700 ébauches et dessins de portraits d’hommes et de femmes laisse deviner sa spécialisation dans le genre du portrait, dont les échantillons dans les Puys donnent un aperçu. La gravure du portrait du prélat Geoffroy de La Marthonie, évêque d’Amiens, gravée par un certain A. Dubois d’après Mathieu Prieur (il s’agit de sa seule œuvre signée), atteste également de sa production de portraits indépendants. D’après les documents, nous savons qu’il est reçu maître peintre le 23 février 1579.
Parmi les œuvres conservées, la première connue est le Puy de 1600, Du Jubilé belle ville airs résonne, commandé par Louis de Villers, seigneur de Rousseville et marchand amiénois. Par chance, le tableau est documenté : le 28 février 1600, l’on voit le maître de la confrérie engager Mathieu Prieur et le menuisier Pierre Salle. Bien que le prix-fait ne soit pas conservé, il a été déduit d’un point de vue stylistique que le peintre réalise également le Puy de l’année 1601, Terre d’où prit la vérité naissante, offert par le marchand drapier Jean de Sachy, seigneur d’Hautvillers. Malgré le fait que le Puy de 1602 soit aujourd’hui perdu, nous savons grâce à un document du 24 avril 1602 qu’Antoine Pestel, prieur des Jacobins d’Amiens maître de la confrérie pour cette année-là, passe contrat avec Mathieu Prieur et Pierre Salle pour son tableau, intitulé Vraie doctrine aux humaines annoncée. C’est à nouveau sur Mathieu Prieur que se porte le choix de Jean Boullet, auteur du Puy de 1603 dit Arch triumphal peinct d’histoire nouvelles. A nouveau, aucun contrat n’est conservé mais l’examen de la manière du peintre permet de l’attribuer sans aucun doute à Prieur. Il est intéressant de noter que le catalogue sur Les Puys d’Amiens de 2021 établit avec justesse des comparaisons entre les figures peuplant les arrière-plans des Puys de Prieur avec les gravures de Bernard Salomon. Or, nous avons pu retrouver dans une vieille notice de vente qu’il possédait un exemplaire des Figures de la Bible, illustrees de huictains francoys, pour l’interpretation et intelligence d’icelles, par Guillaume Guéroult et illustré par Bernard Salomon (Lyon, 1565), car son nom figure sur le titre : « Je suis à Mathieu le Prieur, peinture. Amiens » (Catalogue illustré des livres précieux manuscrits et imprimés faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot, Paris, 1878, p. 246). Le peintre est encore responsable du Puy de 1605, Temple illustré de lumière éternelle, commandé par Jacques Destrées, marchand tanneur de la ville, du fragment du Puy de 1607, D’humilité le signalé modèle, où seule Antoinette de Sachy, femme de Rolland de Villers, est encore visible et identifiable par ses armoiries, du Puy de 1617, Le feu sacré que le sainct pui conserve, réalisé à la demande de frère Firmin Pestel, religieux de Saint-Martin-aux-Jumeaux et prieur et curé du Bosquel, et enfin le Puy de 1618, Vierge qui vint la mort lier au monde, par Adrian de La Morlière.
(Pour toutes ces références biographiques, voir Les Puys d'Amiens. Chefs-d'œuvre de la cathédrale Notre-Dame, catalogue d'exposition, Paris, 2021, p. 152-180).
p. 152-180