Portrait de François Gonnet, avocat au bailliage d'Amiens
L’identité de l’homme est donnée par une étiquette au revers de la toile et peut être confirmée par l’examen des armoiries, d’azur, à un cœur d’argent accompagné de trois étoiles d’or, posées 2 et 1, qui correspond bien à la famille des Gonnet (G. Vallois, Péronne, son origine et ses développements, Péronne, 1880, p. 225). La toile a été mise à l’ovale pour un rendu unifié d’exposition avec d’autres portraits de la famille plus récents et qui sont passées aux enchères lors de la même vente de 2018. Les Gonnet sont une famille picarde établie entre Péronne et Montdidier, non loin d’Amiens, que l’on suit sur plusieurs siècles. François Gonnet, conseiller au bailliage de Montdidier, occupe également la charge de maire de la ville de 1581 à 1584, en 1585 et en 1589 (V. de Beauvillé, Histoire de la ville de Montdidier, 2, Paris, 1857, p. 161, 197.). Il est aussi député aux Etats généraux en en 1588 et 1593 pour représenter la ville à Blois et à Paris (V. de Beauvillé, Histoire de la ville de Montdidier, 1, Paris, 1857, p. 239, 255). Il épouse Antoinette Tassart et meurt à Amiens en octobre 1617. Ayant joué un rôle actif au sein de la Ligue, il joue un rôle clé pour faire passer Montdidier sous domination royale (V. de Beauvillé, Recueil de documents inédits concernant la Picardie, 2, Paris, 1867, p. x). Dans son Histoire de la ville de Montdidier, Victor de Beauvillé nous raconte que François Gonnet, aux côtés du ligueur Pierre de Bertin, nouveau maïeur et lieutenant général au bailliage, exerce une autorité farouche et intercepte même des lettres que Gabrielle d’Estrées avait envoyées à Henri IV pour les faire remettre à Amiens.
L’ancien maire est représenté ici dans les dernières années de sa vie, dans le format austère qui caractérise le portrait français du début du XVIIe siècle. Comme il exerce en tant qu’avocat au bailliage à Amiens jusqu’à sa mort, nous pouvons supposer qu’il s’y installe dans le courant des années 1600. C’est probablement un artiste de la ville qui se charge de peindre son portrait, le montrant en buste dans un pourpoint noir et son manteau d’avocat de la même couleur, avec une paire de gants dans les mains. Bien que le vernis ait jauni et que l'œuvre mériterait un nettoyage, il nous semble prudemment reconnaître les habitudes stylistiques de Mathieu Prieur, très apprécié par la clientèle amiénoise pour leurs portraits individuels ou collectifs au sein des Puys. Nous pouvons en effet comparer l’effigie de François Gonnet aux hommes représentés dans le Puy de 1601 et 1603. Le portrait de Gonet paraît cependant plus fin, ce qui suggérerait que nous avons plutôt affaire à un membre de l’entourage du peintre amiénois.
ANNO ATATIS / SVA · 66 ·
Drouot, Dijon, Cortot & Associés, 7 avril 2018, lot 37, sous « école française du XVIIe siècle » ; localisation inconnue.