La Prière du Christ au mont des Oliviers
Bas-relief appliqué à l’origine sur la face interne d’un volet de retable, probablement le volet dextre.
- Intervention de conservation, Aubert Gérard, 1988.
- Étude et restauration, Aubert Gérard, Anne Gérard-Bendelé, Martial Morel, 1995.
- Identification du bois, Elisabeth Krebs, 2007.
- Observation visuelle, Pantxika Béguerie-De Paepe, Sophie Guillot de Suduiraut, Juliette Levy-Hinstin, 2022.
Relief composé de trois planches verticales de bois (tilleul) assemblées à plat joint ; revers dressé au riflard.
- Deux percements en haut à dextre dans les rochers : bois transpercé involontairement lors de la taille.
- Traces de fixation du relief sur le volet du retable : quatre cavités (diamètre 0,5 cm environ) ; au revers, planche centrale avec incisions en surface pour renforcer l’adhérence de la colle.
- Élément assemblé à l’origine : la coupe du calice (manquante).
- Attaque d’insectes xylophages (actuellement inactive).
- Manques : extrémité de l’index de la main droite de saint Pierre ; coupe du calice ; éclats au bord des joints d’assemblage des planches et sur le bord inférieur du relief.
Interventions postérieures : sous la base, plusieurs petites cavités et trois tampons de douane ; au revers en haut à dextre, trois pièces de bois collées pour consolider une fente et l’assemblage de deux planches (restauration de 1995).
La polychromie actuellement visible (19e siècle) est homogène, épaisse, probablement à liant huileux. Elle couvre entièrement la surface avec de rares lacunes dans lesquelles se discernent les restes d’une ou deux polychromies antérieures. Le pied du calice, les bordures des vêtements, les éléments ornant le livre de saint Jean et l’épée de saint Pierre sont dorés (mixtion, or). Les couleurs diffèrent de celles des polychromies antérieures.
Tampon circulaire (douane), encre noire.
La représentation de la Prière du Christ dans le domaine appelé Gethsémani (Matthieu 26, 36-46 ; Marc 14, 32-42), au mont des Oliviers ( Luc 22, 39-46), prend pour modèle une gravure de Martin Schongauer (L. 19 ; B. 9). Le relief, comme l’œuvre gravée, réunit des éléments traditionnels de l’iconographie de la scène, principalement inspirée du texte de Luc. Dans un paysage montagneux évoquant le mont des Oliviers, Pierre, Jacques le Majeur et Jean, les trois apôtres venus avec le Christ, se sont endormis pendant que leur maître priait seul, en détresse à l’approche du supplice. L’attitude du Christ, agenouillé, les yeux levés vers le calice posé sur un rocher, illustre le texte évangélique : « […] fléchissant les genoux, il priait : « Père, disait-il, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ! Cependant que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne ! » Alors lui apparut, venant du ciel, un ange qui le réconfortait. » (Luc 22, 41-43). On peut imaginer que l’ange était figuré en hauteur, peut-être peint sur le fond du volet du retable. Au loin s’avancent trois soldats et Judas, avec la bourse de la trahison, annonçant ainsi l’épisode suivant de l’Arrestation du Christ. Deux apôtres endormis sont reconnaissables à leurs types traditionnels. Pierre, chauve et barbu, est allongé au premier plan. Il tient l’épée avec laquelle il tranchera l’oreille de Malchus, le serviteur du grand-prêtre, lors de l’Arrestation du Christ (Jean 18,10). Appuyé sur le livre de l’évangile, Jean est selon l’usage représenté imberbe avec d’abondants cheveux bouclés. Le troisième apôtre, en partie dissimulé derrière un ressaut rocheux, est Jacques, dormant la tête couverte par son manteau.
Rhin supérieur (Oberrhein), Colmar
Le relief prend pour modèle la gravure de Martin Schongauer représentant la Prière du Christ au mont des Oliviers (L. 19 ; B. 9).
Provenant d’Ammerschwihr (?). Acquisition auprès des héritiers de François Xavier Moelher, notaire à Ammerschwihr et Mulhouse (Haut-Rhin), par le prince Hermann de Hohenlohe-Langenbourg (Langenbourg, 1832-1913), Statthalter d’Alsace-Lorraine. Don de ce dernier par l’entremise de Théophile Klem (Colmar, 1849-1923), 1906.
Les trois scènes de la Passion proviennent d’un même retable de moyennes dimensions. Les bas-reliefs étaient appliqués sur les faces internes des volets et la scène de la Crucifixion pouvait occuper la caisse centrale. Bien qu’il manque une quatrième scène de la Passion, il est possible d’imaginer les reliefs superposés deux à deux sur chaque volet. Dans cette hypothèse, la Cène et la Prière du Christ au mont des Oliviers étaient sur le volet dextre, la Flagellation et la scène manquante sur le volet senestre, la caisse du retable mesurant environ 160 x 120 cm.
p. 95, n° 128.2 (16e siècle. Provenance : Ammerschwihr).
p. 92, n° 128.2 (idem).
p. 84, n° 135 (idem).